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XXVIII. Insanis

XXVIII. INSANIS
[Ambiance ♫ ~ Legend]
« Raison ? »
« Oui Pied Noir ? »
« Pourquoi est-ce si douloureux d’être seul ? »
« Peine de cœur ? »
« Non, peine d’Empire. »

Il réajusta sa cravate face au miroir. Il croisa son propre regard, le reflet de son âme le jugeait de ses ébènes. Que voyait-il ? Si ce n’est un homme parmi tant d’autres, se préparant à un rendez-vous. Ses songes se perdirent quelques instants à d’insidieuses pensées. Ses iris brûlaient d’une irrémédiable envie d’en découdre, loin de son stoïcisme naturel. Il y avait quelque chose de changé sur ce visage, une haine montante, latente, du système qu’il avait lui-même contribué à faire exister. Une sombre colère de voir Son héritage lentement dépérir vers la décrépitude. La rage lui animait des sentiments profondément difficiles à exprimer.
Il passa méticuleusement ses mains sur sa chemise, la tendant par endroit, ne supportant le moindre pli. Il lui fallait être plus irréprochable qu’irresponsable.
« Laisse ta colère parler, elle est saine, elle t’ouvre à de nouveaux horizons. »
« Au contraire, laisse là sur ce miroir, reprends-toi, œuvre avec bienveillance, comme tu l’as toujours fait. »
Le Passager noir n’a pas toujours Raison.
Cette soirée pouvait lui donner tort, lui causer du tort.

Sur le chemin, dans le taxi, il relisait ses notes. « Fonctionnaire fidèle, impliqué et proactif », « Une excellente fonctionnaire, brillante et intelligente. Très impliquée. ». Sur le bord de son cahier, deux photographies bordaient chaque commentaire, une jolie brune et un homme blond à l’allure négligée. Quelques dates éparses étaient inscrites non loin de ces petits textes.
Le chauffeur laissa trainer son regard vers le sombre lord, comprenant instantanément.
« Je vous emmène dans l’arène Lord ? »
« Comme à chaque fois » lui répondit-il.
« Dure soirée en perspective ? »
« Comme jamais. Comme jamais »
Sur la route, il se perdit à penser à toutes les possibilités, toutes les éventualités qui découleraient de ce rendez-vous. Absorbé par la beauté nuptiale de cette ville qui accouche chaque jour son lot de problèmes, il aimait à se dire qu’il ne pourrait pas empêcher l’inévitable.
Son COM vibrait, de façon incessante, de nuit comme de jour.
Le peuple gronde, ne comprend pas qu’il soit délaissé, il espère intimement le retour d’un Imperium fort et efficace. Il scande à tout va que tout était mieux avant, que leurs ancêtres auraient honte de l’état dans lequel était l’Imperium. Si seulement il pouvait connaître ne serait-ce qu’une fraction de seconde ce que cela fait de diriger l’Empire.
« Envoie tout valser, tu sais que tu vaux mieux que cette peuplade décérébrée. »
« Non justement, tu dois les guider pour les sortir de l’obscurantisme, je compte sur toi.  »
Il prit place dans l’antichambre du cirque.
Autour de lui, multitudes de sièges vides lui rappelle la solitude de ses passions. Quelques pairs viennent ici et là garnir les rangs, sans remplir l’amphore.
Les premiers balbutiements se firent entendre. Il est question du renouveau de leur institution. Ils conversent de la difficulté de trouver quelques âmes pour remplir ce purgatoire.
« Pour les attirer, il faut commencer par remplir ses devoirs nobiliaires. »
Les hostilités furent lancées par son Ambre.
Une perche tendue à l’Ombre.
«  Peut-être est-il fait référence à notre incapacité de respecter les codex. » Lança Pied noir.
Les voilà qu’ils furent coincés dans une impasse mexicaine. Les regards se croisèrent, la main sur le revolver, pour voir qui aurait été le premier à tirer, à se mettre à découvert. Les silences alimentent ce qu’ils pensent. Il y avait un problème. Pied noir devint blême.
Un tir provint soudain de sa droite. Il leva son codex qui saigna. La loi venait d’être abattue.
« Dis-leur ! Dis-leur ! »
« Calme toi Oeclyde, tu dois te concentrer sur l’avenir, ne les laisse pas te mettre en colère. »
Il se leva, et prononça :
«  Souvenez-vous du dernier ambassadeur qui a considéré les codices comme un hochet. Il est devenu LR rebelle. »
La messe était dite. L’assemblée resta pantoise quelques instants. Les visages demeuraient sombres. Personne n’osait répliquer. Mais cela ne parut pas choquer outre mesure. Son regard se perdit un instant sur la mine déconfite de ses pairs, avant que la présidence n’amorce un autre sujet.
Il effleura ses codices meurtris du bout de ses doigts, l’air passablement agacé. Son énervement pouvait se lire dans ses yeux, comme un livre ouvert.
 « Mais les Codex sont mal foutus ! »

« Qui dirige l’Imperium depuis 20 ans ? »
L’assaut était mené, les balles fusaient, chacun se protégeant avec un bout de fauteuil qui lui avait été gentiment attitré.
La passe d’armes dura de longs cycles minutaires, finissant sur une conclusion douce amère.
Sur le bureau, gisait ici bas la loi. Sous son regard, elle a été violée.
Tout va bien en Empire.
« Sauve là Oeclyde ! »

« Non, laisse-la mourir, de toute façon, plus personne ne la respecte, même ceux d’en haut. »
Et elle resta là, sans vie, sans âme.
Dans le taxi au retour, le chauffeur refusa l’argent.
« Je ne l’ignorerai pas » lui adressa-t-il.
La fin fut une délivrance, la retrouver fut une évidence.
Elle aussi partage ce passager noir. Plus sombre et tumultueux que tout.
Il lui fit une simple offrande, une délicatesse lui étant adressée personnellement.
Un rien, pour oublier l’horreur.
Ils partageaient cette rage et cette noirceur.
« N’oubliez pas que je vous aime. »
Le passager noir a entendu raison.
La grande leçon de la vie, c’est que parfois, ce sont les fous qui ont raison.
Winston Churchill

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