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EDC de Siouka~35641

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Surfer sur la crête du temps

Surfer sur la crête du temps… Pour Siouka le temps était une vague, une onde qui se propageait à l’infini et le secret de la vie c’était de pouvoir rester sur sa crête. Si tu perdais de la vitesse tu te laissais rattraper par le passé et tu sombrais dans la nostalgie, le pessimisme, la dépression, ce qu’elle appelait « le trou gris ». Si tu te penchais trop en avant tu risquais de tomber dans l’idéalisme, te faire avaler par le rouleau de la désillusion. Non, dans cette folle course qu’était la vie il fallait à tout prix rester les deux pieds sur sa planche en équilibre dans l'écume du temps, être continuellement attentif, actif et réactif : pagayer au bon moment pour éviter un récif, profiter de l’air et de la portance que seul pouvait vous procurer le présent... Ah ! Le "bon" moment, il n’y avait que là que l’on pouvait cueillir des sensations, des émotions, parfois positives, parfois négatives, peu importait car il n’y avait pas d’émotions bonnes ou mauvaises, il fallait savoir toutes les accueillir. Il n’y avait aucune honte à avoir peur, à avoir mal, à rire, ou à pleurer quand le besoin s’en faisait sentir. La vraie honte, c’était de rabâcher ses souvenirs ou de se construire un palais illusoire.
Siouka préférait s’entendre dire : « J’suis cuisineuse au R’paire du Sud. » - plutôt que : « J’étais bien dans l’temps à la Moule .» Pourtant, il ne se passait pas une journée sans qu’elle ne pensât à Venusia sa mamounette chérie, à son père, à sa sœur… mais ce n’était pas pour pleurnicher, c’était pour mieux sentir le présent, pour se dire qu’ils seraient fiers de voir qu’elle était bien présente et bien vivante. C’était avec l’espoir aussi qu’un de ces jours elle les croiserait peut-être à nouveau - attention, pas « l’illusion », « l’espoir ».
Maintenant, elle sentait le corps tiède et assoupi du gob contre lequel elle était revenue se blottir après une nuit de travail au Repaire. Elle pouvait le frôler, l’effleurer, sentir son parfum et sa chaleur. Elle l’entendait respirer. Elle souriait bêtement en le voyant endormi dans la chambre… pas sur le lit, mais sous les plantes, comme elle. Trouver un gob sain dans cette ville était déjà presque une gageure, alors en trouver un qui dorme sous les plantes relevait franchement du miracle.
Elle se tourna délicatement vers lui, déposa un baiser sur le coin de ses lèvres et, avant de s’endormir à son tour, lui murmura : « Apprécions aujourd’hui… simplement. »

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