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EDC de Siouka~35641

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Au nom du père

Depuis sa décryogénisation, Siouka n’avait pas osé encore franchir la porte de l’Île de la Moule, sans doute torturée par la peur d’y affronter les fantômes du passé.
Mais ce soir elle s’était éveillée toute contusionnée, à moitié morte, probablement rouée de coups. Elle avait compris que du jour au lendemain elle pouvait disparaître, ne plus laisser qu’un souvenir qui - sans l'aide de ceux qui l'avaient aimée - agoniserait lentement. Le plus intolérable c’est que son âme ne pourrait se pardonner de reprendre son envol sans qu’elle ait revu au moins une fois ce lieu qui ne symbolisait rien moins que ses plus heureuses et insouciantes années.
Alors la gobeline sortit dans le fog et ses pas douloureux la menèrent jusqu’aux portes de l’ïle. Elle emprunta le couloir d’entrée et déboucha dans la grande salle.
Sa gorge se noua, son souffle se fit rauque, son cœur se rétrécit. Ses yeux s’ouvrirent à n’en plus finir, jouant au ping-pong avec sa mémoire : elle contemplait le bar en U et se revoyait en cuisine, debout sur une caisse, elle voyait la piste de danse et se remémorait les soirées mousse de Vénusia. Le silence assourdissant de l’énorme bâtisse était spasmodiquement balayé par une vague de conversations, de cris et de rires émergeant du passé au rythme du sang tambourinant dans ses tempes.
Elle s’assit au bord de la piscine, retira ses chaussures et glissa un pied dans l’eau devenue glaciale. Les reflets de vieux démons nageaient sur l’onde, se confondaient cruellement avec la réalité morose.
Elle revint au bar et escalada un siège pour s’asseoir, leva les yeux et croisa le regard de Don Philippe. Mais ce n’était plus lui, ce n’était que son portrait. Un putain de portrait remplaçait aujourd’hui celui qui l’avait guidée, protégée et aimée. Un putain de portrait qui ondula, devint flou et scintillant au fur et à mesure que les larmes de la gobeline affluaient à ses yeux.
Elle souffla juste « papounet » sans pouvoir en dire plus malgré l’intensité des pensées qui l’assaillaient. Elle chercha vainement la silhouette de Vénusia, celle de Prune. Il lui sembla que le désert ambiant était sa punition pour n’avoir pas été là, dans sa famille, parmi ses proches lorsqu’il disparut… pas là pour dire au revoir... pas là pour soutenir sa mère…
A jamais, le nom qu’elle portait – Siouka Dunkan de Merline de Moncéliande – lui rappellerait à quel point elle était une fille indigne.
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Ecrit le 1er Novembre 2014 - en souvenir de celui avec qui j'ai tellement joué, tant dans l'Empire que chez les rebelles.

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