Jour après jour il prenait forme dans cet esprit torturé. Et pendant que l'autre se démenait dans une vie qui lui était étrangère, il scrutait, guettait, et se préparait.
Il n'allait pas rester silencieux éternellement, mais il avait besoin de force, et cette force il la puisait à travers lui.

Il avait beau le haïr, pire, le mépriser, il savait qu'il avait besoin de lui. Alors, patient, il était resté là, observant de loin, se retenant d'intervenir dans cette vie qui n'était pas la sienne.

Mais ça allait changer...

Nuit après nuit, ce qui aurait été un cauchemar pour d'autres, était délectation pour lui. Modelant parcelle par parcelle ce cerveau déjà atteint.

Les images défilent à une vitesse vertigineuse laissant le subconscient contaminer chaque recoin de ce qui devient son territoire.

Le sang se déverse, les membres s'arrachent, les orbites vides fixent les globes qui roulent sur un parterre de divers fluides corporels répugnants. Les sourires ne sont que les ultimes grimaces de corps soulagés par la fin de leur souffrance. Les doigts s'enfoncent dans les plaies déjà béantes pendant que les râles étouffés et étouffants de gargouillis écœurants bercent, telle une douce mélodie, les oreilles de l'esprit malsain.

C'est en sueur mais avec un fin sourire aux lèvres que le dormeur se réveille en sursaut. Rêves et réalité reprennent chacun leur place et il se rendort alors qu'une voix jusque là inconnue se fait entendre.

"Bientôt..."

Il est parfois des détails insignifiants dans une vie, qui, si on les analyse bien, apparaissent comme les précurseurs d'un changement radical.

Les détails n'avaient fait que s’enchaîner depuis le début, et l'insignifiant avait repris ses droits.

Dans un taudis aussi insalubre que mal éclairé, un visage que peu reconnaîtraient mais dont certains se souviendront fait face à sa première interaction avec le monde extérieur.

La faible lumière de son écran suffirait à un éventuel spectateur de pouvoir se rendre compte de la lueur qui brille dans son regard. Cette lueur qui ne tromperait personne sur ses intentions. Cette lueur qui met mal à l'aise parce qu'on ne la cerne pas, ou trop bien au contraire. Cette lueur qui aurait fait fuir le spectateur s'il avait été là.

Mais il était seul, et seul son deck était témoin de la démence que reflétait cette lueur.

|Entrée|

Plus pour longtemps...

Ceux qui disposaient d'un AITL pouvaient avoir remarqué cette annonce anonyme bien mystérieuse, qui était apparue dans la matinée...

L'humaine mort-marcheuse parcourait sans cesse les rues du secteur marran. Sans que la moindre émotions sincère ne transparaissent sur son visage fermé et pâle. Son faciès arborait si facilement des sourires amusé, espiègle. Ce n'était que lorsqu'un rictus se dessinait sur ses lèvres qu'une véritable émotion lui échappait. Le mépris.

Ses mains ne cessaient d'effleurer les outils de sa survie. Son Terminal Portable, son communicateur, ses dossiers, son orion ou son lyria, ainsi que son AITL. C'est ainsi que vers le cycle treize, ses yeux parcoururent l'annonce anonyme. Un sourire en coin étirant ses lèvres. Cette annonce lui faisait penser à une histoire...

Elle perd le cours de la réalité, s'enfonçant inexorablement dans ses souvenirs.
~~~~~~~~~~

Revenant lentement à elle, ses doigts caressent l'écran de son orion en une simple commande deck qui lui valurent quelques points de recherche, mais peu importait. Le résultat lui arrache un sourire amusée.

Et il continuait d'errer sous les regards indifférents de ceux qui bientôt s'indigneraient de sa cruauté.

Et il souriait en braquant l'objectif sur l'horreur qui le fixait.

"Maintenant ils se souviendront de toi."

La petite brunette ouvre son AITL, enroulée dans ses draps et la dernière annonce lui fait réprimer un haut le cœur.



Elle sursaute en voyant la seconde vidéo. Ca n'a pas changé.


~~~~
Etalée au sol, regardant un plafond abandonné, protégée des yeux par une rangée de plantes en pot, elle s'abandonne. Pour oublier, ici : Personne, rien, le silence. Tout est calme.
Oublié.
~~~~


Elle reconnaitrai cette endroit entre mille, celui qui vide, détruit, permet l'abandon et l'oubli aux yeux de tous.

La rousse s'ennuyait ferme... Comme à son habitude... Soupirant allongée sur un grand comptoir en aggloméré. D'un geste mécanique, elle consulta ses EMs, son terminal, puis son AITL. Sourcils froncés, elle se redressa d'un coup. Elle connaissait ce lieu... Et en plus on parlait d'un sujet qui la fâchait plus que tout.

Fauchant son module au passage, elle s'équipa méthodiquement avant de se rendre sur place en se camouflant. Ses doigts gantés effleurent son orion, récoltant de nouveau de points de recherche. Peu importait, une vie était menacé...


C'est les mains tremblantes, et à force d'entrée et sortie de bâtiment toutes les cinquante erreurs qu'elle arriva à entrer en zone digicodé. En effet... Le code crypté refusait de s'afficher...

A moitié épuisée, elle s'avança vers le lieu soupçonné et...

Elle avait beau tourner, retourner, rien n'y faisait. Combien de temps avait-elle passé dans son salon, obnubilée par cette annonce plus qu'étrange qui la fascinait presque autant qu'elle l'effrayait ? Longtemps, très longtemps, aux vues de ses yeux éclatés par l'écran de son AITL.


La curiosité journalistique avait pris le dessus. Et pourtant, elle pouvait le regarder dans tous les sens, elle ne reconnaissait ni le lieu, ni le visage, et à partir de là, elle n'avait au fond rien du tout pour comprendre. L'hypothèse unique qu'elle avait que seuls les NI étaient visés pour une quelconque raison ne lui plaisait ni ne lui convenait. La journaliste aux cheveux rouges cessa finalement d'analyser les mots des différentes annonces visibles. Que donnerait-elle pour aider, ou ne serait-ce qu'approcher, pour assouvir sa curiosité maladive autant que pour éviter les morts qui semblent se profiler à l'horizon ?


Il y a deux mondes. Et ce n'est plus un jeu..

Lorsqu'il avait prit connaissance de la première annonce anonyme, Lucius venait a peine de poster sa réclame d'inauguration de son studio. Aussi avait-il dans un premier temps trouver la coïncidence qu'un message se voulant philosophico-poétique parlant d’œuvre, de connaissance, de foi et de jugement dernier vienne se poser a peut prêt simultanément avec son annonce de galerie d'art et de fond littéraire et intellectuel.

Il songea à ces maîtres de la théorie du complot qui croiseraient sans doute toutes les pistes des médias publics et moins publics pour tenter d'y éclaircir un mystère ancien et phénoménal. Sans doute même qu'il y aurait bien un de ces dégénérés pour venir fouiner dans son nouveau chez lui et saccager ses bibliothèques en espérant y trouver une réponse. Mais pour Lucius, cette histoire n'était qu'une coïncidence. Il ne pouvait s'agir que d'un énième illuminé qui croyait exprimer dans une violence vulgaire et démesurée l'action salvatrice d'une quête d'identité désespérée.
Des tarés, il y en a partout. C'est bien dommage pour les victimes, mais on y peu rien.

Lucius Climax n'était pas un super-héros, il était serveur et artiste à ses heures perdues.
Aussi il se contrefichait pas mal d'un tel fait divers et vient a l'oublier aussi vite qu'il en avait prit connaissance. La prose avait attiré son attention d'un point de vue littéraire, l'individu qui l'avait écrite et les menaces qu'il proférait ainsi n'avait aucune importance.

Lucius leva son bras épais et tatoué sur son bureau et repris ce sur quoi il travaillait.
Des esquisses de corps décharnés sur un fond de ville blafard.
Il avait de l'inspiration ce soir là.

A l'Académie, cycle Horaire 21, Jour 1:

Zalaniz attend de pouvoir donner sa classe pour les NI, aucun ne vient au rendez-vous et elle consulte en patientant l'Aitl. L'annonce anonyme la perturbe, elle semble vraiment différente de celles qui se trouvent normalement dans ce pot-pourris qu'est l'Aitl.
Zalaniz visionne les yeux écarquillés les deux prestations qui sembleraient l'oeuvre d'un dérangé furieux.
Au delà du spectacle sanguinaire et de sa morale, son esprit s'accroche sur le décor. Elle reconnait la physionomie des lieux.
Betred qui l'attendait, ils s'accordent: "J'ai reconnu l'endroit et bien allons-y à la rencontre du tueur, discrétos." Elle l'enlève direction du bar désaffecté ou est-ce lui qui la tire hors de l'Académie?


21.15, intrusion discrète avec Betred, et analyse de la situation à l'Antre du Psychopathe

Ils n'étaient pas les premiers arrivés, sur place.
Surpris ils tombent sur Gecko et Hazel, en conversation avec un Haut-Parleur.
La voix du meurtrier... il semble jouer.
La victime inconsciente est à sa merci.


21.30, à l'Antre du Psychopathe, le meurtre

Il est trop tard à quelques secondes prêtes, vision de post-horreur: la mise en scène a eu raison de la victime.
Une Troll inconsciente pas avantagée par la nature était enchainée, maintenue avec des anneaux en acier aux mollets, poignet et au cou, alors que quatre fusils à harpon montés sur des axes se déclenchèrent, suite à une manipulation de Hazel. Elle qui coupant un fil rouge, croyant bien protéger la victime avec des boucliers, l'envoie connaitre le sort qui lui était destiné.
"Tchack, Tchack, Tchack, TCHACK", un harpon ne manque pas sa cible, malheureusement.
Zalaniz ne peut sauver l'agonisante, ni Hazel, son corps est évacué au Centre de Clônage.
Outrée elle accuse Hazel d'avoir agit cavalière toute seule et précipitamment.
Derrière arrivaient peut-être les renforts, ils auraient pu appeler un ingénieur capable de désamorcer le piège... qui sait? L-X et Miah venaient de se pointer.
Betred dixit "L'enfer est pavé de bonnes intentions"

Vient le moment de l'investigation. Ils fouillent la pièce, et rassemblent les éléments de preuve, le mécanisme du piège et sa structure confiés à Betred, Fantassin du CdO.
Il n'y a rien d'autre à trouver à l'Antre du Psychopathe.
Gecko: "il y en aura d'autres de victimes"


21.45, Centre de clonage du Secteur Impérial, intérrogations

Qui était la victime, comment a-t'elle connu son prédateur? Zalaniz se dépêche au CdC accompagnée de Miah et L-X interroger le termial et la victime:
Trolessa
ID 49455
Age: 20 ans
Sexe: Féminin
Race: Troll
Taille: 2m10
Une Nemo-Intra, une inconnue, tout comme la première, sorties à peu près en même temps du centre de réveil.

La Troll ne sortira pas de cuve, ce soir... jamais plus?

Lady Ethayel arrive énervée, et vient lui/leur mettre les points sur les i et pour comprendre ce qu'il s'était passé :"de quel droit menez-vous vos propres enquêtes, possédez-vous un badge du CdO?"
Zalaniz du genre lui répond sans trop s'en faire: " ... non je ne faisais que mon devoir... puis quand quelque chose se passe autour de moi, je préfère comprendre."

22.00
L'Elfe envoie une demande de renseignement à la DG de la DreadCastienne qui est propritétaire de l'Ancien Bar. "L'Antre".
Elle espère que Chérachum aura des renseignements sur un potentiel intéressé à ce bar... qui lui aurait paru suspect de quelque manière.

Fin de la Soirée, du premier acte pour Zalaniz, attendant des réponses.

"Perdu!"
Ce qui s'était passé la veille n'avait fait que réconforter l'esprit malsain dans ses élucubrations aussi tordues que macabres. Il avait du mal à définir si c'était la vue de tout ce sang qui s'écoulait de la cage thoracique de la victime ou les visages en décomposition des "sauveurs" qui le faisaient le plus jubiler. Mais une chose était sûre, le jeu ne faisait que commencer.

Bien que l'autre l'empêchait d'être totalement libre de ses mouvements, il savait pertinemment qu'il gagnait du terrain de jour en jour. Chaque erreur, chaque chute dans le monde conscient, n'était qu'une victoire de plus sur ce qui serait bientôt son territoire.

Profitant de l'emprise éphémère sur ce corps qu'il convoitait, il traquait déjà sa prochaine proie, entre impasses sombres et ruelles malfamées. Et quand vient la nuit, salvatrice pour certains, angoissante pour d'autres, il retrouvait son élément. Maître d'une pensée qu'il maîtrisait et manipulait à sa guise, au creux de rêves dont il était l'auteur.

Et pendant que le marionnettiste onirique commençait à mettre des visages sur les corps démembrés, le dormeur se retournait dans son lit, tel un cadavre dans sa tombe.

Une voix brève, professionnelle, colérique.

Début Enregistrement - Affaire 018 - Meurtres anonymes. Cycle 02.30 - Point temporel 19.03

« La curiosité est mère de bien des abus.
La précipitation mère de trop d'erreurs.

Une population se laissant avoir par les actes insensés d'un être consumé par la folie.
Ils se précipitent tous vers un lieu que le commanditaire savait reconnaissable. Tout cela pour attirer l'attention, il avait tout calculé. Mais un rien attise la curiosité des foules, des petites gens comme des Nobilis ou Directrices.

Il suffit d'un dossier traînant un peu trop pour se rendre compte que l'on devient la quasi dernière informée.
Quelle ironie quand on est Déléguée de la Police Impériale.
A grands coups de remontrances, aussi bien personnelles que collectives, j'ai dû leur rappeler leur place à tous. Ils ne se rendent même pas compte que tout est un jeu pour ce névrosé, que la population haletante, terrorisée, présente non loin de lui et de son "oeuvre" le fait jubiler.
Je ressens quelque chose de malsain en cet acte. Et il y en aura d'autres. Autant avertir la population, souvent trop occupée à la monotonie de leur quotidien. »

Enregistrement en attente.

Une communication officielle plus tard...

Reprise.

« Les ordres sont passés. Ils sont informés à présent.
C'est à nous de faire notre travail, bien que mes agents me laissent perplexe aujourd'hui, je ne sais pas encore pourquoi.
Je verrai bien si les habitants font preuve de cohérence et de bon sens. Que les actes héroïques et isolés cessent.
Je suis presque à vouloir qu'un d'eux se retrouve entre les mains de ce psychopathe, que dans leur souffrance, ils espèrent que la Police va intervenir bientôt pour les secourir, avant la fin de leur clone.
Cette trolle a dû ressentir cela, jusqu'à qu'une inconsciente abrège inutilement sa vie...

Il est l'heure d'agir, le névrosé a déjà pris bien trop d'avance... »

...
..
.

Fin de l'enregistrement - Cycle 03:15

Dans un clic, la Commissaire pose son dictaphone numérique. Quelques correspondances plus tard, la voilà sur une piste très intéressante...

Jour 4 de l'an 241/3, la soirée est bien entamée.


La naine a rendez-vous. Elle file dans les rues, traits tirés après une rude journée. Sur le trajet, son comm hurle en boucle, les messages pleuvent. Les sempiternelles "Ché, autorisation pour ? tu valides ?" ... "on me propose 4 millions pour quitter Arma"... " "Bon alors voilà, je voulais savoir comment ça avançait Il y a des chances pour qu'il récupère un vendeur fixe un jour ou pas ? Non parce que je m'inquiète pour lui, cette histoire le stresse et il décolle pas de son terminal .." ..."Il te faut ça pour quand ?"... "Prends soin de toi Chéra" ...."Je suis très attristé par votre annonce et tenais à vous adresser mon respect pour l’œuvre..".... "Salve, Courageux et honorable de la part de vous tous. Chapeau" .... "L'annonce postée relève des propos dissidents envers plusieurs envers l'Empire et ses Institutions, blablabla... J'attends prestement vos réponses."

Et dans le lot, un message de lady Zalaniz au sujet d'un meurtre, à l'Antre. Elle aimerait savoir si les rapports de caméra sont accessibles, si un acheteur louche s'est présenté.
Chérachum répond rapidement.

"Plein d'acheteurs.
La DAI a voulu en finir avec l'Antre qui ne faisait de mal à personne. Je refuse de vendre l'Antre pour qu'elle soit récupérée par des mains sales.
Elle retournera un jour à Maatheo ou à un proche d'Angel.
Je n'ai les signalements d'intrusion que parce que je suis DG de la Dread. Mais pas accès au digi ni au rapport de cam. Je ne peux même pas entrer dans les locaux"

Elle finit par refermer son comm, se pose enfin, prête pour cet entretien, râle intérieurement parce qu'elle a oublié de prendre une bouteille de skiwi. Un verre, là, ne serait pas de trop.
Et au beau milieu de la conversation, voila que son interlocuteur dévie sur cette affaire de prise d'otage.
La naine ouvre des yeux ronds.
Gnii ! mais c'est quoi tout ce foutoir pour une NI ? Pourquoi ça fait un tel flan ce truc ?

La seule réponse : "Préviens tes employés, ça va recommencer"

Shivah ne lisait pas son AITL la plupart du temps. Ca lui évitait de devoir se farcir les annonces mercantiles entrecoupées de discours biaisés. Encore un outil que l'Empire aurait dû avoir les moyens de contrôler, mais c'était comme le reste. Tout tombait en ruines, alors à quoi bon ?

Zalaniz parcoure la ville, utilise ses talents de sniper pour observer les toits et se dirige en priorité vers les bâtiments les plus élevés, balayés par quelque lumière provenant des cieux, pour tenter de trouver le lieu très prochain du crime.

Elle monte et remonte des escaliers pour accéder aux toits, surplombant la ville et regarde au travers de la lucarne de visée de son fusil pour voir sur le toit plus loin, et ainsi de suite.

Elle pense qu'elle pourrait le trouver vers les installations des boucliers qui protègent la ville installés en hauteur ou accroché à une antenne.

Un bâillement, une main qui cherche à tâtons, qui trouve au bout d'un instant. La lumière surgit du zippo gravé. Elle tire une longue bouffée de nicotine avant même d'avoir ouvert les yeux, allongée dans un canapé au pied duquel traine une paire de bottes, un couple de bouteilles de Skiwi.

« Rmr...Dreyer, les nouvelles du jour.
- La nécro' d'abord, donc. Tu es morte.
- Nan mais ça, cimer hein, crétin ! J'le sais, j'y étais.
- Blague à part, les annonces. Ca va t'plaire, p'tite. Le "P'tit écureuil au grain" a posté une nouvelle annonce. »

Un nuage de fumée s'évapore vers le plafond où un hologramme s’enclenche. D'un grognement, le noir le plus complet reprend possession de la pièce.

« T'es malade d'allumer comme ça, crétin...Lis-le, plutôt. »

La voix de l'I.A. s'élève à nouveau, sur le fond d'une mélodie toute choisie pour cette allocution. Mais même si cela pousse la jeune femme à esquisser un sourire, celui-ci se fade bien vite, laissant place à un froncement de sourcil, lui même suivit d'un soupire nuageux.

« M'ah, l'con. Il est où mon com', bordel d'merde...
- J'ai bien une réponse appropriée, mais...
- Nada, ta gueule. Bon, rends-toi utile. Contacte L'Lord Boudiné... »

Derrière ses paupières toujours closes, l'image de la ville vue d'en haut lui revenait, accompagnée de sons et de souvenirs. Des mots, des gestes, des êtres. Plus qu'à espérer qu'ça d'vienne pas une attraction touristique...

Un nain attaché au bout d'une grue, sur le toit d'un gratte ciel.
C'était plutôt original.

L'équipe de policiers s'était présentée sur le toit, y trouvant un individu sur place. Derrière lui, la grue.
Bien que le petit homme est du genre à ne pas faire confiance à sa propre mère, il s'était abstenu d'exprimer les soupçons qu'il soutenait face à l'individu, qui leur avait prodigué quelques conseil au court de l'opération.

On l'avait fait grimper sur la grue, étant donné qu'il était le plus léger de tous.
Attaché à son coéquipier Orc, le vieux nabot avait entreprit son ascension, direction le pauvre bougre ligoté la tête en bas.

Le vent soufflait, et la vue était magnifique. Enfin, qu'en sait-il. Il était grandement plus préoccupé à chasser ses visions de lui-même s'éparpillant sur le trottoir lointain sous ses pieds. L'avancé était maladroite, dangereuse, stressante. La grue grinçait méchamment et se balançait au rythme du vent, comme un écureuil obèse au pattes courtes voulant se débarrasser de ses puces.

Malgré le son acharné du vent d'altitude et l'odeur piquante d'uranium du smog, Cadet Donovahn pouvait se concentrer assez pour entendre ses coéquipiers au loin discuter. Pario, Le Major de la Cyber-Agence, hackait les commandes de la grue, concentré.
Un compte à rebours rouge clignotait, narguant l'équipe. Après un moment, Le Major parvint cependant parfaitement à déjouer les défenses du système, et à prendre le contrôle des manœuvres. Le compte à rebours s’essoufflait, alors qu'on activait le système de rotation. 2.....1....0.

Et la grue tournait, au même moment où le câble à lequel était attaché le nain lâchait.
Chute libre, le nain tombe. Le Cadet court-sur-patte a plongé, et a agrippé le bougre au vol, avant de percuter violemment la mur du building, laissant Betred subir leur poids combiné. Le nain s'était cogné la tête, et avait perdu conscience. L'humain s'était fracturé une côte , lâchant un râle bruyant à l'impact, étouffé par la corde à laquelle il était attaché, lui ayant coupé le souffle.
l'Orc avait cependant réussit à les retenir tout les deux, rien de bien étonnant de la part d'un gus de cette trempe.
Après les avoir remonté avec l'aide du reste de l'équipe, le coéquipier vert avait transporté le nain malmené vert l'hôpital, suivit par le vieil humain boitillant et grimaçant.

Assis sur le sofa près du lit d’hôpital où repose la victime inconsciente rescapée du tueur, l'humain se tenait les côtes douloureusement, veillant ledit rescapé.
Un léger sourire planait sur son visage légèrement crispé.


"Du moins, il respire."

...

"Ça s'est plutôt bien passé."

"Par tous les premiers nés, il n'y a donc aucun flic de réveillé à cette heure?"

Face au grand test de compassion, la population avait préféré ce combat qui ne connaissait d'autre vainqueur que la faucheuse. L'histoire de Dreadcast la grande condensée en une soirée qui n'allait pas manquer de renforcer le tueur dans ses convictions.
Les messages s'enchaînaient sans jamais recevoir de réponse positive.
L'enquêteur amateur se redressa et sortit de l'appartement vide et poussiéreux qui lui servait d'abri pour monter les dernières marches vers la danse macabre. La danse du marionnettiste... celle où la victime, en dépit des apparences, n'était pas la seule accrochée à quelque fils dans le but de jouer le funeste scénario.

Après avoir cherché une clé à l'énigme seul pendant un moment, il fut rejoint par des agents plus concentrés sur leur calibre que sur leur mission. Magnifiquement taillés pour l'excès de zèle qui précipiterait le nain dans le vide, pensa le blond, se gardant toutefois d'exprimer cette pensée.
L'heure s'écoula et peu à peu, les efforts s'unirent pour couper les fils du destin et sauver celui de qui la vie ne tenait plus qu'à une corde.

En redescendant les marches de cet immeuble, c'est amusé qu'il songea à toute cette opération qui avait fini par devenir un succès grâce à la coopération de parties si différentes.

"Au final, ce type n'est peut-être pas aussi dément qu'on le prétend."

Nitromaltos, un mélange de Nitroglycèrine, d'Ovomaltine et de Speculos.

Nitromaltos, dit "Nitromaltos le Clairvoyant".

Le nain inconnu qui se prenait pour un vautour illustre. Le paranoïaque qui fuyait les caméras du gouvernement depuis son éveil. La deuxième victime du terrible... tueur de NI ! *coup de tonnerre*

Il avait survécu, grâce aux efforts des agents du Cercle. Ces derniers avaient des tas de questions à lui poser, mais le vieux Nitro n'entendait pas les choses de cette façon.

Défait de ses fameux datajack qu'il avait toujours utilisé d'une manière bien obscure (n'étant pas implanté mais croyant l'être), le nain allongé dans ce lit de l'hôpital impérial vivait un rêve éveillé...