"Estré initialise la table de conception on va avoir une longue nuit."

IA du labo High tech de feu SMI enclencha la procédure aussitôt. Les ventilos de la table et les serveurs dédiés démarrèrent doucement.

"Oui Myth’, initialisation dans 7m45s."

"Et me voila embarqué dans cette histoire."

Ce n'était franchement pas le moment pour Myth’, au vu de la pile d’emmerdes qui s’accumulaient à l’horizon pour lui.

Entre Krix en cryo, SMI qui se démantèle, l’économie du secteur qui se casse la gueule, le SAS qui est une usine à gaz, un vrai boulot de gob’ honteux, et pas foutu d’arrêter un écureuil apprivoisé, les cours à l’académie qu’il doit reprendre pour palier un manque de profs. Sans parler de ses récents échecs pour arrêter l'invasion rebelle. Enfin bref … Myth’ était pas mal déprimé.

Myth’ déballe les pièces du fusil harpon, confié par le CdO et les prépare pour un scannage complet.

"Je bosse pour le CdO tu t’en rends compte Estré ? Moi Myth’, vieux dissident du Req’, Je bosse pour les flics… Çà doit en faire rire certain… "

IA resta silencieuse laissant parler Myth’ tout seul.

Ensuite Myth’ fait de même avec la deuxième série de pièces trouvées cette fois ci sur le toit du bâtiment du deuxième enlèvement.

"Et le pire Estré, je ne sais même pas ce que je dois trouver dans tout ce petit merdier. Tu vas voir que si je trouve rien et que leur enquête avance à rien, ils vont me coller ça sur le dos. Chuis prêt à le parier. Je suis vraiment con des fois moi mais merde quoi c’est des NI qu’est que je pouvais faire d’autre…"

Myth’ sourit légèrement et se concentre sur les différentes pièces.

"Bon alors toi le maniaque qu’est que tu essais de nous dire ?"

"Myth’ initialisation terminé la table est opérationnelle et tu devrais prévenir la DI des STVs. "

"Ah oui merde tu as raison, merci. Je lui envoie un com de suite pendant ce temps là scanne moi la première série de pièces et fais moi une modélisation 3D de tout ça.

"Oui Myth’ je lance la procédure de scannage"

Ensuite je ferais une analyse des matériaux utilisés pour ce fusil : Matière, qualité, etc. La totale quoi."

Myth’ met une petite musique pour l’aider à ce concentrer

et regarde quelques secondes un tableau au fond de la salle. Il lui sourit légèrement puis se met au travail.

"Oui la nuit va être longue."

(En cours d'Écriture)

Couverte d’ombres et ciselée par un fin rayon de lumière, la silhouette de Dye se détachait à peine dans l’ambiance tamisée du salon. Assise dans un canapé, elle avait depuis longtemps oublié la cigarette qui se consumait dans le cendrier.
Ce soir, rien ne pourrait éloigner son esprit de ces quelques phrases, lues, relues, apprises par cœur. L’énigme était pourtant simple, au premier coup d’œil. D’une simplicité narguante et bêtifiante, à tel point qu’elle s’était laissée berner par cette impression.
Carte sortie, AITL dressé en évidence sur la table, TP relié au deck Silmérion et hologrammes maniés de mains de maître, elle s’était faite prendre au jeu, depuis cette première annonce anonyme.

Si d’autres faisaient ça pour la gloire, l’héroïsme ou la bravoure, il n’en était rien pour sa part. Tout cela, elle s’en moquait éperdument. Son seul but émanait d’un besoin vital de savoir, cette curiosité typique des Vautours, cette intelligence dont elle se pensait bien souvent, mais peut-être pas à tort, dénuée. Cette fois, il avait été plus malin qu’elle et allait gagner la partie.

Car il est bien question d’un jeu, et Dye s’amuse. Le plaisir qu’elle y prend est même malsain.
L’unique preuve à cette affirmation est celle-ci : Les victimes ? Elle n’en a strictement rien à faire.

Non, c’était cet Écureuil au grain, qui l’intriguait. Lui, ses jeux, cette puissance qu’il avait de faire tourner en rond une bonne partie du secteur, ces inconnus gonflés par l’orgueil et l'audasse, ces naïfs qui s’ignoraient. Ils étaient voyeurs, sadiques, cruels tout autant que cet Écureuil, à la nuance près qu’ils n’en avaient aucune conscience: nuance faisant toute la différence.
Elle n’était, au fond, pas plus malsaine que les autres. Elle l’était juste à sa façon : consciemment.

Son regard se détacha du vide pour venir contempler le compte à rebours qui égrainait les minutes. Plus qu’un demi-cycle, moins même, avant qu’elle ne soit obligée de déclarer son échec. Si l’autre joueur ignorait encore qu’elle avait rejoint le jeu en cours de route, cela n’en rendait pas moins l’insuccès facile à accepter. Une forme de colère sourde l’envahissait un peu plus à chaque seconde perdue, si bien qu’elle se pencha à nouveau sur l’aitl resté en veille pour relire les quelques phrases, ses lèvres se muant se faisant.

Les premières énigmes lui étaient apparues comme étant d’une simplicité évidente, uniquement parce qu’elle savait. Hors, ceux qui ignoraient l’existence de la torche FE et du bâtiment auraient pu chercher longuement sans trouver, il en allait de même pour la première énigme. Cette fois-ci aussi, il était sans doute question d’un endroit peu connu par tout un chacun, que seule une poignée de personnes pouvaient connaître, de près comme de loin. Et de toutes évidences, elle n’en faisait pas partie.

CAI, CdC, Académie, SRI, Ambassade…Ses réflexions l’avaient menée vers toutes sortes de cheminements erronés qu’elle avait dû balayer d’un revers de main rageur. Trop compliqué, trop alambiqué, trop mathématique. Tout cela n'était que des bases et non le lieu-dit, elle le savait. Cherchant parmi les noms de rues d’abord, les numéros des lieux ensuite... Tout cela était plausible sans l’être, logique et illogique à la fois. Mais bien vite, elle avait perdu le fil d’Aryane, égarée dans ce labyrinthe de pistes éventuelles, se résignant à demander de l’aide à d’autres personnes fourvoyées.
C’était sans doute ça qui la rendait davantage furieuse.

Se reposant dans le canapé, le skiwi clapotant dans un verre encore bien rempli, la jeune humaine gronda silencieusement.
Combien de tentatives de meurtre allait-il encore commettre ?

« Dreyer, actualisation des scores. Deux à un.
- Il serait triste de rester sur une défaite.
- Ça n'sera pas le cas. »

Le compteur afficha enfin le « 00:00 » annonciateur de cet échec, clignotant rouge sur fond noir tandis que l’humaine finissait son verre, s'apprêtant pour une quatrième manche.

Entre deux tâches ingrates, il avait réussi à prendre le dessus sur ce qu'il considérait à présent comme son hôte gênant.
Les repérages avaient été fait la veille, il ne restait plus que les détails.
Il passa l'après midi sur place, avec son nouvel "ami".

Il avait pris autant de plaisir à torturer sa victime qu'à la prendre en photo. Énonçant à voix haute et au fur et à mesure, la charade qu'il posterait sur l'AITL:

"Mon premier se dit accueillant."



"Mon deuxième m'a appris tout ce que je sais."



"Mon troisième est la genèse de l'histoire de chacun."



Le CAI, l'Académie, le Centre d'Arrivée, tout était en place. Il posta l'annonce et s'installa aux premières loges, un sourire mauvais aux lèvres.

"Je vous attends..."

Assise a son bureau Au CIPE, Ella comme chaque jour révise les dossiers des NI, les espaces matriciels, le boulot s’arrête jamais.
Un regard sur l’Aitl pour vérifier les annonces comme son habitude et elle s’arrête sur une annonce

Depuis quelque jour un fou s’en prend au NI et arrête pas de publier des annonces anonyme compliqué, va savoir ce qui se trame dans sa tète ou ce qui cloche dedans, s’attaquer au NI ? Faut être tellement dérangé gravement et lâche pour s’en prendre à des faibles.
Ella soupire doucement " comme si leurs vie est pas assez courte et compliqué comme ca "

Déjà qu’une folle s’attaque au CIPE depuis quelque jour et maintenant celui la
Des bribes d’informations, des énigmes rien de plus, elle pourrait enquêter pour en savoir plus mais cette ville à arrêter depuis longtemps de l’étonner, elle a vue de toute les couleurs.

Une pensée à un certain joueur de carte lui traverse l’esprit et elle marmonne
Lui au moins savait jouer.

Ella balade son regard su l’annonce et ricane, Pourquoi ? Parce que tu manque d’affection ? Parce que t’es taré ? Ah si parce que t’es tombé sur la tète en sortant de maturation.
Un lamentable tentative d’attirer l’attention sur son ego démesuré en s’attaquant a des NI, il tente peut être de compenser un défaut caché ?
Ella soupire à nouveau et se reconcentre sur son travail grinçant légèrement des dents
Tu finiras par venir ici... Je t’attends...

En rang devant l'officier, une discussion s'amorce. Encore. La rousse observe l'officier et un coup d’œil se jette pour dévisager ses trois frères et sœurs d'arme. Cela promettait d'être long.
Affichant un air neutre, les mains dans le dos, elle observe, attend. C'est à ce moment précis que son communicateur décida de leur transmettre un message qu'elle consulta rapidement.



Un regard glissé sur l'officier, une demande de disposer pour une urgence et la jeune femme sort rapidement du bâtiment, la mine soucieuse.


Arrivant rapidement sur les lieux, la rousse tiqua enfin... Et si... Une main qui saisit l'AITL, elle effleure rapidement l'écran, posant ses yeux alors sur l'annonce anonyme. Première interprétation, panique... Non, il n'allait pas s'en prendre au CAI, si ? Montée d'adrénaline, l'agent qui ne répond plus...
Est-ce un piège ?
Sursaut à l'apparition de l'orc, puis détente... Il faut trouver un document suspect... Chose qui ne tarda pas.

Le vaut' regardait son AITL. Détente régulière, nécessaire. Surveillait. Notamment ces annonces anonymes. Pas un bout de piste pour lui, ni sur le coupable, ni sur les victimes. Et pourtant ! Hujan sait que le premier l'intéressait.

Un esprit retors. Torturé. Tortionnaire. Quelqu'un d'idéal tant pour surplomber la table d'opération que pour s'allonger dessus. Le scientifique réfléchit, l'espace d'un instant, à la façon de le contacter. Ne trouve guère, n'a pas davantage envie de le découvrir en perdant ses doigts, en viendrait presque à regretter de ne plus faire partie du CdO. Presque.

Continue de suivre l'affaire. Avidement. Attendant l'occasion qui, peut-être, se présentera, souhaitant bien des erreurs aux personnes en charge de la traque. L'animal n'a sans doute fait montre que du début de son potentiel.

La rousse faisait les cent pas dans les rues. Elle n'en pouvait plus de ne rien faire pour ses nemos intras en danger... S'en voulait de la mort de la première qu'elle avait déclenchée en pensant pourtant l'avoir assez bien protégée...
Il fallait absolument qu'elle fasse quelque chose mais quoi ? S'arrêtant et s'asseyant à même le sol au bord d'un trou de fouille, elle s'appliqua à visionner et revisionner la dernière vidéo.
Cela était morbide, la scène assombrit... La difficulté augmentait... Pratiquement aucun indice de donné, il fallait cherché. Le lieu paraissait abandonné depuis longtemps. Un taudis ? Une entreprise désaffectée encore ? Après tout... C'était son mode opératoire.

Quelques messages d'échanger avec le Cercle de l'Orient, pas moyen on ne veux ou ne peux l'aider pour avoir cette fichue carte de vision satellite du secteur. La seule chose qu'on lui "recommande" c'est de ne pas faire d'acte héroïque sous peine de finir incarcérée...
Armée de son deck, la rousse s'avance dans les rues, prenant des photos et les joignant sur son Terminal Portable pour former petit à petit sa carte.


C'est avec la carte finaliser que l'humaine s'avance de nouveau pour faire le tour de la ville, s'engouffrant dans les lieux abandonnés ou malfamés pour vérifier une commande deck.




Minutieuse, la jeune femme s'avance encore et encore, le visage fermé. la carte emplie de rayure... Ses yeux se lèvent, l'air lasse mais la volonté inébranlable. Son regard se pose sur la bâtisse suivante...



Puis s'écarquillent, la bouche entrouverte. Mais... Mais... Quelle conne ! Pourquoi j'y est pas pensée plus tôt !! L'humaine entre rapidement à l'intérieur et effectue la commande deck. Mais quelle conne... Quelle conne... Le résultat s'affiche positif... Le CdO mit au courant et...

Un indice, un raisonnement d'une logique "implacable" et une chemise impeccable, j'avais tout pour moi. C'est donc le torse bombé de l'écureuil fier que j'ai demandé à voir le Commissaire.

Ce soir c'était le grand soir, celui où on allait enfin reconnaître mes talents, le soir de ma consécration, ce soir j'allais intégrer les forces de l'ordre. Il ne pourrait en être autrement.

Et pourtant...

♪ ~ ♫ ~ ♪
Un, deux, trois
Tu seras bientôt à moi.
Quatre, cinq, six,
Au fond de l'abysse.
Sept, huit, neuf,
A boire du sang neuf.
Dix, onze, douze
[...]

♪ ~ ♫ ~ ♪

Zala n'a pas forcément l'esprit déplacé
comme ce compteur-tueur forcené
elle continue à rimer sur la chansonnette
se déconcentre sérieusement en elfette:
"Un, deux, trois
Tu seras bientôt à moi.
Quatre, cinq, six,
Au fond de l'abysse.
Sept, huit, neuf,
A boire du sang neuf.
Dix, onze, douze...
..Partouze?"
Ce n'est quand même pas l'épouse,
mademoiselle qui chante serait-elle jalouse?
D'un geste délicat Zalaniz réajuste sa blouse,
sans doute que bientôt auront-ils des News ?


♪ ~ ♫ ~ ♪

Il devait être de service ce soir-là.
Quelques heures avant de se rendre au Carpe Diem, il s'adonnait a la représentation d'un homme illustre du passé qu'il devait présenté dans l'heptade lors d'une soirée commémorative. Il venait d'achever de donner des traits à un homme qu'il n'avait jamais connu mais que toutes les lèvres murmuraient avec respect. Il n'avait pour cela fait qu’éplucher la presse, les archives, lire et relire les discours et les ouvrages, visionner encore et encore les conférences, retourner en tous sens une biographie pour mieux s'en imprégner.
Assez satisfait du résultat, il apposa son cachet en guise de signature et s'en détourna pour se préparer à prendre son service. Il n'habitait qu'une rue sous le bar, mais il aimait avoir toujours un peu d'avance.
Sa veste en cuir sur le dos, son vieux chapeau de cow-boy bien enfoncé sur le crâne il sortit alors comme il le faisait chaque soir. Quelques pas à peine plus loin, il ne faisait pas attention.
Une douleur vive vint surprendre sa marche, puis le néant.

***
Il s'était éveillé quelques heures après dans une pièce lugubre mal éclairée et jonchée de déchets. L'odeur y était insupportable, l'air lourds et humide, portant des germes étouffant dont il ignorait la nature.

Surgit alors l'ombre de celui qui serait bientôt sa Némésis pour près de 24 cycles horaires.
Une douleur lancinante lui tambourinait le crâne, il levait la tête incrédule et sonné sans comprendre ce qu'il faisait là.
Tout ce qu'il savait de son agresseur, c'est qu'il était plus grand que lui. Mais la sorte de cape large composée d'un patchwork de chemises qu'il portait ne laissait pas même d'indice quand à sa carrure. L'obscurité ne laissait rien distinguer d'un visage qui était de toute façon totalement masquer sous une capuche. Il s'exprimait par l'intermédiaire d'un changeur de voix, lui donnant un timbre métallique que l'environnement rendait effroyable.
Il, Elle ? Lucius ne pouvait pas même émettre de supposition.. mais pour ce qu'il se passa ensuite, il en fit une succube aux noms divers. La souffrance, la douleur, la conscience, la vérité. Sa Némésis.

S'il s'essaya dans les premiers temps a impressionner sa tortionnaire par son indifférence, Lucius déchanta bien vite.

- "Je m’intéresse peu aux faits divers.."
- "Qu'est ce que ça fait d'être devenu un fait divers, alors ?"

Commença alors la torture, qui durerait un temps qui lui semblait infini. La violence des coups, de ses cris, des mots que lui assénait sa persécutrice pour le détruire au dedans autant qu'au dehors.

- "Je ne suis personne.. personne ne viendra.."
- "VOUS N'ÊTES PAS PERSONNE !!!"

Ses deux genoux avaient été brisés a coup d'outils mécaniques primaires, deux de ses doigts coupés avec une brutalité maitrisée. Il avait finit par s'évanouir sous la pression et la douleur. Sa peau poisseuse portait la marque de toute la misère humaine dans un mélange de crasse, de sueur, de sang, et de liquide lacrymale.
Il avait alors été abandonné à sa triste condition, sanglé dans sa solitude.
L’indifférence qu'il avait éprouvé a l’égard des précédentes victimes, la populations la répercutait à son égard. Son bourreau avait raison, même s'il n'avait pu l'admettre.

Il était une petite bougie qu'on laisse fondre seule dans une petite chambre noire.
Illustre aliénée s’élevant avec fluidité à l'altitude limite de la folie ainsi ligoté de ses liens de douleur.



***
Le Cercle de l'Orient avait fini par le trouvé. Scène dont il avait à peine conscience.
Il avait été soulevé, tel un jouet désarticulé, emporté jusqu'à l’hôpital pour y être réparé.
Mais il y aurait toujours des pièces manquantes.
Ses genoux seront remplacés par des prothèses artificielles. Ses doigts resteraient absents.
En attendant, il se trouvait de nouveau sanglé dans un fauteuil roulant maintenant fermement ses jambes raides entre deux attelles.

"Je porte le deuil de mon âme".
Mots qu'il n'avait pu dire tant la parole lui semblait alors aussi abjecte que douloureuse. Trop de cris, de pleurs, de peur, de honte, d'indifférence et de souffrance, étaient sortis d'entre ses lèvres en ces quelques jours de captivités. Il ne pouvait se résoudre à autre chose que se cloitrer dans un silence qu'il espérait salvateur, laissant bouillonner toute sa haine, son incompréhension et son angoisse bien silencieusement pour mieux laisser exploser la mixture sur une page, une toile ou dans le reflet d'un miroir.

"J'ai a imager ce que je ne peux dire.
Cette heptade je fais le deuil de mon âme.
Le silence s'impose.
Jusqu'à ce que mes jambes me portent à nouveau.
Et que je me dresse en homme de foi.
En moi même et en tout le reste."

Il était à la fois le plus fou et le plus conscient des êtres peuplant cette ville putride.
L’expérience l'avait changé, en quoi, il l'ignorait lui même et il lui faudrait longtemps pour en dessiner les contours.


Une fois rentré chez lui, dont il ne pouvait plus bougé, il avait attendu, longtemps. Médité. Puis trouvé à son chevet un coffret contenant son majeur sectionné. Traumatisme et mutisme. Il avait alors pris les armes, les mots, qu'il maniait et remaniait avec le plus grand soin, ayant prit conscience de leur pouvoir.
Il commença la rédaction de ce qu'il nomma "La règle du Je".

Allongée sur une table d’opération, entre deux évanouissements, les pensées se bousculent sous les paupières de la jeune humaine.
Elle n’avait jamais voulu entrer en contact direct avec les évènements. Juste s’en approcher d’assez près, mais rester méfiante, toujours. La fameuse mise en garde du feu : ne jamais trop s’en approcher, au risque de s’y brûler.

« Recrue, suivez-moi ».

Mais les ordres sont les ordres, elle avait suivi, réticente malgré la curiosité, anxieuse sous ses sourires goguenards. Personne ne pouvait deviner, cacher était devenue un art qu’elle maniait à présent aussi bien que son unique autre talent.
Répondant aux ordres, Dye était donc entrée, avait suivi son collègue dans les décombres, sans perdre des yeux la victime sur la chaise. S’approcher du danger, rester toujours éloignée, un peu, juste assez pour éviter ce qui allait arriver. Prévisible, tellement, pourtant.
Une seconde d’attention détournée vers cette plante suspecte qu’elle avait deviné, parmi les décombres. La féliciterait-on ? S’en fichait-elle ? Bien plus, à présent.

Ses doigts valides palpent le tissu d’un costume trop grand pour elle, déchiré, décousu, brûlé, tâché de sang. Mort. L’évanouissement fait suite à un accès de colère triste, à nouveau.

Elle est là, avec les nains, les inspecteurs, la victime. Mauvaise coordination, comme toujours, mais ce n’est pas à elle de donner les ordres, alors elle se tait, tout bonnement. Son seul intérêt va pour cette plante, propre, qui n’a rien à faire là. C’est évident, c’est pour ça qu’elle s’en amuse et il le sait sans doute.
Plus tard, elle apprendra pour le micro. Mais pas encore. Ou peut-être pas du tout. L’orc s’empare du pot avant qu’elle n’ose faire un geste, toujours cette histoire de feu dont il vaut mieux se tenir éloigné. Elle aurait pu s’en aller, mais risque de déclencher un piège ne l’enchantait que trop peu : bien d’autres choses se jouaient pour elle, en cet instant, dans cette pièce. Donc la plante s’en va, avec l’Orc, et ils soulèvent l’humain sur la chaise.
Puis le petit bruit. Ce roulement qu’elle connaît, pour l’avoir déjà entendu, mais où…Trop tard pour se souvenir. Trop tard pour se mouvoir. Son regard se porte sur ses collègues, la seule pensée qui la traverse, identique, toujours : il vaut mieux que ce soit moi.
Ailleurs. Un salon. Elle lâche un verre qui se brise, répand son contenu sur le sol sale d’un bar éclaboussé de son sang.
Ici, ce bruit, du verre brisé, son corps en miette, son bras par terre et la douleur inexistante, le cri muet, la stupeur : uniquement la stupeur.
L’attroupement, le pas de course, tous les risques balayés sous les pas des nains et de l’humaine qui court pour sauver la victime, ceux qui l’emportent au passage pour la sauver d’un trépas qui n’aura pas lieu car il est déjà trop tard. Jamais elle n’avait voulu risquer sa vie pour cet inconnu, jamais elle n’avait voulu serrer les doigts sur la flamme.

Ses yeux s’ouvrent sur les deux elfes et l’outrilien. Se referment dans un murmure : « Le bras d’Ion. Je veux le bras d’Ion ».

Elle avait commis deux erreurs, terribles.
Il ne restait plus rien du costume de Preus ; pourtant dans ses songes de morphine, enveloppée de l’unique étreinte de Morphée, la Vénus de Milo avec un bras en trop sent la large chemise sur ses épaules. «Ca va, t’es en sécurité ? » « Tu m’connais, ça va toujours. S’qu’un bras. »

*

Le réveil douloureux, les messages échangés, cet handicap qui la maintient éloignée de tous. L'enquête n'est pas terminée, mais les noms s'enchainent et de mélangent, forment de nouveaux indices, de nouvelles suppositions qui taraudent son esprit, dans un corps douloureux. Le jeu, car il faut garder à l'esprit qu'il ne s'agit que de cela.
Qui sont ceux qui jouent ? Que souhaite-t-il gagner, ou faire perdre ?

Plus le temps passait, plus elle était sur les nerfs. Et pour cause.

Voilà plusieurs jours qu'ils avaient eu affaire, de loin, à Lui. Cet être monstrueux comme on pensait ne plus en faire. Indifférents tant que cela ne nous touche pas ? Si seulement.
Elle lui aurait donné, sa fichue interview, si elle l'avait pu. Mais ? Mais non. Simplement non, on ne participe pas à la démonstration de la folie d'un psychopathe, voilà la raison qu'il lui avait donné.

Et, plus tard dans la nuit, un grand « Ce sont les ordres » résonne dans son salon. Si ça n'avait tenu qu'à eux, ils y seraient allés. Mais les ordres venaient de trop haut visiblement. Et on ne désobéit pas aux ordres, parait-il.

Une chose la chiffonnait cependant. La victime avait depuis été retrouvée, fort heureusement, mais sa collègue, elle, restait tout bonnement introuvable, et ne répondait plus à aucun message. Elle avait simplement disparu. Et elle tournait en rond.
Jusqu'à ce que quelques mots lui revinrent en mémoire, juste avant que cette dernière n'aille se barricader chez elle. La colère qui l'habitait, sa volonté de tuer..

- Je refuse d'y croire.
- Moi aussi. Mais cela m'effraie..

22:04 : Pendant la nomination officielle du nouvel Ambassadeur, alors que tous les agents du CDO sont mobilisés pour la défense de l'Ambassade, une autre annonce du psychopathe sort de l'eau.