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Le ruban Möbius - 14 - (Non référencé)

La dernière portion pour s’extraire de la jungle, moins importante sur la carte, fut tout aussi longue à parcourir. Le Titan avançait au pas, ses immenses roues autonomes franchissaient les obstacles avec une régularité métronomique.
Corkos, concentré sur le pilotage, ne lâchait pas un mot.
Faire basculer l’engin ici les aurait tous condamnés, et c’est avec un certain soulagement qu’il put constater que la végétation se raréfiait. Pour finir par laisser apparaître de larges bancs de sable ainsi que d’anciennes structures en ruines. Autant de signes lui indiquant qu’ils étaient sortis d’affaire.
La lieutenante se détendit un peu.
— Parfait, nous y sommes presque, garde le cap, on va arriver sur l’objectif en même temps que la nuit. On va s’y introduire sans attendre, l’intérieur doit être clos, nous n’aurons pas à craindre la faune nocturne.
Le Titan parvint en bordure du désert de Galibran, pour finir par s’immobiliser. Devant eux, une étendue de sable infini sans la moindre goutte d’eau.
L’antithèse de leur lieu de vie qui baignait dans une humidité constante.
Ils se ravitaillèrent et procédèrent à un rapide inventaire de leur paquetage avant de sortir de l’habitacle sécurisé du Titan. La chaleur les assaillit aussitôt, et rendit leur respiration plus difficile, pour bien leur témoigner qu’ils n’étaient pas les bienvenus ici.
Nuissandre localisa sous le sable, un endroit que les drones avaient repéré. Un point qui en raison de sa faible couche de béton pouvait leur permettre à l’aide d’un explosif de s’introduire dans le complexe enterré depuis des milliers d’années.
Pour prévenir du moindre danger, Scalp et Corkos couvraient sa position, leur fusil à l’épaule, léchés par un vent brûlant qui sifflait dans leur oreille au travers de leur casque émetteur. Parasitage désagréable qui créait des sons étranges, comme des plaintes de suppliciés échappées d’une géhenne du passé.
Le manteau nocturne les enveloppa et c’est avec un certain soulagement qu’ils entendirent le bruit sourd de la charge perforer la structure pour leur libérer l’accès.
Chacun savait ce qu’il avait à faire, et c’est sans un mot qu’ils se mirent en mouvement. Le Troll ouvrait la marche, il jeta un coup d’œil rapide avec son éclairage frontal, et s’introduisit en premier. Suivi par le Vautour et rejoint par l’Elfe.
Ils se situaient dans un couloir étroit plongé dans l’obscurité, passèrent en vision infrarouge. Nuissandre leur indiqua la direction d’un geste de la main, pendant que Corkos installait un piège au pied du trou qu’il venait de réaliser. Pour assurer leurs arrières au cas où une créature déciderait de s’y engouffrer.
Leur premier objectif, descendre dans les entrailles de la structure. Ils évoluaient en petite foulée, trouvèrent deux portes face à face. D’un côté, coulissante que Corkos força sans peine pour découvrir une cage d’ascenseur, sans cabine. Dans l’autre des escaliers en colimaçon, qu’ils empruntèrent tous après que le Vautour eu posé un mouchard pour leur indiquer de quel côté ils provenaient.
La progression se poursuivit sans ennui, pour aboutir à un cul-de-sac. Surpris, ils changèrent de mode de vision et rallumèrent leur lampe torche. Ils aperçurent une trappe qui se profilait sur le sol dans le béton.
L’issue était couverte d’une poussière séculaire, le Troll s’accroupit, la balaya avec sa main, repéra une poignée métallique qui lui permit de la soulever sans encombre. C’est le Vautour qui remarqua le symbole dessiné dessus, et ce sont les premiers mots qu’ils échangèrent depuis qu’ils étaient entrés.
— J’ai déjà vu ce motif.
De l’autre côté émanait une faible luminosité, mais pas suffisante pour estimer la profondeur.
Corkos lâcha.
— Balance un mouchard pour savoir combien on a sous nos pieds, et fais-moi plaisir, arrête de cogiter pour rien.
Scalp qui n’aimait guère se faire rembarrer lui lança un regard noir, puis décida d’ignorer la réflexion pour fouiller dans son sac et en sortir une sonde. Il l’activa et laissa tomber par la trappe tout en gardant un œil sur le lecteur positionné à son avant-bras. La distance croissante s’afficha alors pour s’arrêter à 19 mètres avant de s’éteindre. À écouter le bruit que tous perçurent, elle venait de s’éclater sur le sol.
Il annonça.
-19 mètres et je dirais béton à l’arrivée, si on s’en tient à son dernier soupir.
Nuissandre oscilla de la tête en observant la trappe.
— C’est faisable en rappel, en revanche c’est trop étroit avec notre barda.
Déposez vos sacs, Corkos tu ouvres la voie, je serai sur tes talons, toi Scalp tu resteras en haut pour descendre nos équipements et tu fermeras la marche.
Le Troll se débarrassa, sortit une perforeuse, planta un piton, déroula une corde et s’assura à un mousquet. Il disparut par la trappe, accompagnée du sifflement de la suspente sur ses vêtements.
Arrivé en bas, il jeta un rapide coup d’œil autour de lui, l’endroit était désert, vaste et mal éclairé. Il annonça au micro de son casque.
— RAS, vous pouvez rappliquer.
Il eut à peine le temps de terminer sa phrase que la lieutenante glissait déjà à ces côtés. Elle fouilla aussitôt les lieux avec une torche. Les dimensions de l’espace ne lui permettaient pas de distinguer les murs. Pourtant elle pouvait deviner des néons accrochés aux parois, en hauteur très loin de leur position, et aussi, détail plus intrigant, le sol sous était en pente douce.
Scalp avait remonté la corde et il s’attelait à faire une guirlande de leur matériel. Il s’appuya les fesses sur le rebord de la trappe, et posa ses pieds de l’autre côté, pour s’assurer une posture sécurisée avant de commencer à les faire glisser tous en même temps. Le poids conséquent de chacun d’eux lui fit vite réaliser qu’il avait surestimé sa force. Ses bras se mirent à trembler sous l’effort, pendant qu’une vilaine grimace s’affichait sur son visage.
Il rageait.
— Et merde !
Plus les sacs descendaient et plus la tension augmentait. Une de ses mains finit par échapper la corde partie d’un seul coup dans le vide, pour se raidir autour de sa cheville qui se trouva enroulée.
Les yeux écarquillés, il n’eut le temps que de lâcher un cri avant de plonger à son tour.

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