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EDC de 65442

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Vraiment ?

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Vraiment ?
Ou
Pseudo-réflexion sur la vacuité du concept de vérité



La main hésite sur l'holo-carnet, 'comment qu'on fait ?', les doigts résistent. Angoisse que la page flanche, imbibée du poids des répétitions comme un ancien blasé qui raconterait pour la millième fois son unique bagarre des temps passés. C'est qu'on savait y faire, à l'époque, tandis que maintenant, hein, où y sont les vrais, les vrais,

, les vrais impérialistes, les vrais rebelles, moi j'aime bien, au final, c'est comme si toutes les personnes présentes actuellement étaient factices. Mélanges de portraits comme on en voit dans les musées des deux Secteurs, et de champignons en pot en mode Serre d'Orion. Une déco du meilleur goût, tu te sens naïve, un peu, tu te dis, ah mais ce type, il joue très bien le Haut Dignitaire pourtant, il a les kits de haut dignitaire, l'ego de haut dignitaire, la libid'haut dignitaire...



Puis on te dit ça, aucun n'est vrai, t'as un peu envie de tapoter, voir si ça sonne creux en-dessous. J'ai testé, un jour, histoire de voir, enfin, c'est vrai, ça sonnait un peu creux, j'ai été un peu en taule... Je n'ai jamais entendu parler de discussion sur la prison qui était mieux avant, tiens, mais celle-là aussi, au final, c'était pas – mal – hein. Mais un peu un mélange, centre de torture, de thérapie, de réinsertion pour criminels et pour soldapoliciers ratés, baisodrome, arène et j'en passe,


Ca faisait également un peu factice, mais maintenant que je suis repassée en Orion, je pourrai faire le comparatif, je vous dirai quoi. Le temps est cyclique, pas linéaire, je sais pas si une masse critique de personnes a capté, enfin, bon, j'ai traversé visiblement de façon forcée, pèlerinage entre secteurs stériles. Peut-être, ça se conte, avec un autre style.




Un truc comme ça. Bon, c'était une chouette histoire. Je trouve. Non ? Ça me rassure de me dire que je n'ai pas trop perdu la main. Ça aussi c'est peut-être faux ceci dit. Tant pis. Je vivrai avec, plutôt bien, même, on avait eu de longs échanges avec je-sais-plus-qui sur le fait que selon moi, des fois, la vérité nous échapperait indéfiniment. Comme une bouteille de skiwi, tu peux voir qu'une face, pour décrire l'intégralité de la surface en simultané y'a besoin de quelqu'un d'autre. Du coup l'harmonie c'est parfois tout aussi important que la prétention au vrai.


Ahlàlà. J'ai presque l'impression d'avoir planqué le vrai texte sous une couche de délires divers. Conceptuels. Je redresse la tête (à l'entrée de la prison d'Orion, donc, faut suivre). Et là. Un elfe. Casquette de Haut-Dignitaire, uniforme de haut-dignitaire, air pédant de... Enfin bref, je la refais pas toute entière, l'idée y est.

-Bonsoir.
-Bonjour, plutôt.

Une copie conforme de haut-dignitaire. Je vérifie mon AITL, quand même, histoire d'être sûre d'être dans le bon Secteur, parce que se couvrir de ridicule en allant se rendre dans la mauvaise prison par distraction c'est encore dans mes cordes.

-C'est le soir selon le faisceau horaire des Souterrains.
-Encore une prêtresse du Rat. (…)

En plus, il est beau, enfin, selon les critères elfes, c'est un Apollon. Chevelure blonde de premier de classe mais un peu mystérieux quand même, tiré à quatre épingles, la geste d'un viril avec une sensualité un poil androgyne. Il est beau, et il le sait. Insupportable mais ça je sais pas si il s'en doute. De ces personnes, je sais pas si vous avez connu, allez, je suis sûre, elles vous sont détestables, mais c'est en partie pour ça que vous vous les taperiez bien, quitte à regretter ou faire semblant de rien après.


Heureusement, ma libido est restée dans les souterrains, j'évite même d'avoir des torsions bizarres du ventre ou des regards en coin quand il me passe les menottes, tranquille, puis devant les trois autres flics, hein, l'indécence a des limites, même si l'officière là... Ah. Et me voilà dans une cellule. Je sais pas si c'est une vraie prison, mais ça en a l'apparence, pas de meuble, mur de béton, la fraîcheur et pour seul compagnon le clignotement d'une messagerie.

-Tu es vraiment là ?

Qui sait.

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