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EDC de 65442

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L'Horl0g£r_. et autres ruines





Aujourd'hui, c'est une tête de l'hydre qui se détache d'elle-même. Hier, c'était une autre qui partait au frais, et l'avant-veille, d'autres encore et demain sans doute encore d'autres. Puis il ne restera que la dernière, celle qui songe et qui mord à l'aveuglette, rendue folle par l'isolement, ça a déjà commencé, c'est déjà terminé, d'une certaine façon, et c'est presque triste.


C'est drôle. Les groupes se sont entretués, les bâtiments ont changé de main, les cuves se sont amoncelées, les révoltes ont grondé et se sont inclinées de guerre lasse, et tout ça pour ça, un monstre qui s'effondre de lui-même, lentement, vaincu par son propre poids. Eyh. C'est peut-être mieux comme ça, Azula. Sans nemesis pour te définir, il te serait resté quoi ?...




J'aime bien les ruines. Surtout celles du bar d'Elfe. J'aime bien sentir leur odeur de déjà-vu-déjà-oublié, fouler aux pieds les tessons de cuvée du chef. C'est agréable de fouiner pour les premiers champignons, d'écouter les chansons du bâtiment qui agonise, de griffer le zinc déjà enterré.


Depuis que toi et l'autre conne êtes partis en cryo, je respire déjà plus sainement. Hey. Je me rappelle de ton sourire quand tu m'as mis une balle dans le buffet. Et maintenant, c'est moi qui collecte les douilles dans le tiens. Peu à peu tout ce que tu as construit, tout ce que tu as chéri passe sous mes petons, voué à l'oubli.

Ne pas repenser. Ne pas angoisser. Ne pas gerber. Ne pas paniquer, se retrouver comme une idiote le souffle court, pétrifiée face à un spectre.


J'ai sacrifié un rat nouveau-né au smog et nourri les champignons avec. Ca marche toujours.

...T'es sérieuse ?



Je le suis Syiane, mais tu sais, je comprends, plus personne n'à le temps d'y croire, à ces choses-là, aux murs qui dévorent les passants, au smog qui étouffe les malfaisants, aux failles qui s'ouvrent sous les pieds imprudents, et aux causalités qui les lient. Plus personne n'a envie d'y croire, il faut des 1 et des 0, des fusils lasers, des arcs électriques, ça c'est des trous ma belle, tu relâches la corde et ça cuve, ça c'est concret.


Mais j'ai appris une chose, moi aussi, c'est que la puissance perceptible nécessite une proactivité qui fait tout à coup endurer le poids de l'éternité. Dans nos conflits, ce n'est pas qui frappe le plus fort, mais qui tiendra le plus longtemps, et c'est là que les faibles âmes comme nous l'emportent.


Construire nécessite des efforts. Détruire aussi, dans une moindre mesure. Moi, je n'ai qu'à patienter, laisser agir et voir venir. Même l'horloger ne semble pas avoir pris en compte cette mesure du temps : les puissances et pouvoirs vont et viennent...
Mais la dégradation et la décomposition sont inéluctables ; l'oubli les suit de près.




Il suffit de laisser faire, et de donner un coup de pouce quand l'envie t'en prend.

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