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EDC de 65442

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Cacher

Moyen-âge Elfologique





Il y a un immeuble en chantier en Ville, un peu plus intimidant que les autres, terré dans une ruelle distante comme une mégère acariâtre qui surveillerait de sa fenêtre les allers et venues des passant.e.s. Il paraissait en chantier, en errant à la sortie du Centre Hospitalier, dans ces lieux où la lumière se faisait plus rare.

Il ne payait pas trop de mine, avec ses fenêtres brisées, ses échaffaudages ornés de plaques d'acier rivetées à la va-vite pour prémunir les maîtres-d'oeuvre des pluies acides et des jets de boulons, avec ses portes dévergondées comme une noble dans un Centre d'accueil. Même dans une basse-rue comme celle-ci, les autres bâtiments semblaient distants, évitant à l'instar d'une peste cette mauvaise fréquentation susceptible de nuire à leur réputation.


Un jour, deux, trois, une lumière avait tremblotté par une fissure entre deux pans d'échaffaudage blindés, et il avait fallu se rendre à l'évidence : le chantier faisant maintenant partie intégrante de l'immeuble, ses étages transformés en chambrées, ses recoins en postes de guet, l'outillage devenant ustensiles de paix et de guerre autant que de réparation. Le chantier avait paralysé la tour, le gratte-ciel avait dévoré et absorbé la zone de travaux, ou les deux à la fois, qui sait.


Dreadcast n'a plus connu d'enfants depuis un bail, sauf exceptionnelles aberrations. Mais il y a sans doute une adolescence, cet âge bizarre et un peu monstrueux. Plus assez naïve, pas encore assez vieille. Des rêves qui s'étiolent, la mémoire qui flanche et déjà le radotage qui s'épanche. Foutue période aussi ingrate que le décolleté de l'elfette. Ils font comment, les autres, pour la traverser ? Pour ne pas que les chantiers parasitent les ossements de leur identité ?

Tout semblait bien plus simple lorsque le smog faisait encore tousser, que les yeux se perdaient dans l'horizon bouché. A ne pas se douter que les machines puissent rêver, et le bleu et le rouge se superposer au prisme des indifférence mortifères. Que ce qui distancie les grandeurs est misères est le statut d'à qui son derrière est offert. Et que parfois, la guerre est la seule atmosphère qui puisse donner sens à ces efforts offerts, à faire cache-misère au nom de la lumière.


Ca y'est. Un élan grandiloquent de lyrisme gratuit. Car tout n'est pas perdu, non, tout n'est pas perdu. Ici, le smog se lève sur tous, et on y croit.


On vénère un rat géant, on ricane des vener' et maladies vénériennes en se repaissant de tout ce qui se délite et se décompose, et puis, un jour, on mesure ce que cela implique. Quand les autres viennent, frôlent, passent, trépassent, et qu'on est toujours là. A ne pas vouloir, finalement, les accompagner pour sombrer, l'éternité, c'est long, d'accord, on avait promis, on ne savait pas, on était naïves toi et moi, des p'tites connes de NA's. Piétinons les doigts des rêves qui s'accrochent, et longue vie au roi.


De toute façon, si une fine connaisseuse des égoûts de la Ville se servait du réseau pour s'infiltrer dans les caves du bâtiment, elle comprendrait vite que les fondations en sont pourries, posées à même le sol fangeux aux relents souffreteux. Parasite, symbiote. Car sans échaffaudages, la tour s'effondrerait. L'âme est en travaux à durée indéfinie. La carnassière, sereine dans un réduit puant, tend l'oreille, bercée par le chant du monde qui se décrépit. Comme tou.te.s ici, elle a le temps.

◊ Commentaires

  • Manerina~6356 (1567☆) Le 25 Août 2017
    Les descriptions c'est chiant...

    ...Sauf quand on a du talent! ♥
  • Flÿnn (538☆) Le 25 Août 2017
    J'étoile rarement des articles, mais forcé de devoir en mettre une ici, j'ai bien aimé.
  • Vostro~62916 (64☆) Le 25 Août 2017
    Une étoile par ici, j'ai pris plaisir à te lire .