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EDC de 39093

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Cacher

Toutes les folies ont une fin.

Le froid engourdit les sens. Il ralentit tout.
Il fait taire les battements du cœur. Il tu l’amour, la haine, et la folie.
Cataleya l’avait bien compris.

Elle savait qu’elle ne reviendrait pas. Certains eurent du mal à la croire, car ils la virent toujours revenir.
- Tu vas te cryo une heptade, un an, puis tu ressortiras, comme toujours.

Pas cette fois.
La vie lui était pénible. Se trainant sur la surface pourrie de cette planète, coincée dans cette ville.
- Je mourrais en découvrant ce qu’il y a de l’autre coté, avait-elle dit un jour.
Quelle honte de finir gelée, comme tout le monde.
Elle avait toujours été si différente. En marge des autres. Différentes des Impérialistes. Différente des Rebelles.
Mais c’en était assez. Assez de souffrir, assez de se perdre dans le magma brûlant de la folie...
Centre de Clonage, service de chirurgie, pose d’implants et de prothèses.
Le médecin se penche au-dessus de la cyborg fraichement décongelée. Ses yeux sont clos, maintenue dans un sommeil cryogénique artificiel.
L’outrilien regarde son collègue kobold avec une certaine anxiété.
- Rappellez-moi. Qui a passé cette... Commande ?
- Ne vous en occupez pas, faisons ce qu’on nous dit.
- Quand même. C’est une intervention assez importante. Sans l’accord du patient...
- Cette femme est un danger public. Elle a perpétré des horreurs. Nous n’avons pas besoin de l’avis d’un monstre pour l’arrêter.
L’outrilien considéra la femme endormie.
Son visage était serein, apaisé. Elle en était même presque jolie, si cette vilaine cicatrice ne barrait pas son visage. Il observa le reste du corps de la patiente. Son poitrail était couvert d’une cicatrice qui s’étendait jusqu’aux épaules. Ses bras nus avaient été lacérés. L’une de ses mains était de métal articulé, et luisant, sans défaut, de bonne facture. L’autre était orné au poignet d’une cicatrice boursoufflée, et ses mains, à la peau burinée de par des brûlures, en comportait d’autres, dans la paume, petites et noires.
L’outrilien souleva le t-shirt de l’humaine, se gardant bien de découvrir sa poitrine, respectueux.
Un tatouage ornait son flanc, tout en lignes droites et rectangles. Celui-ci était barré d’une autre cicatrice en forme de croissant.
Le reste de son abdomen était un vrai chantier. Des blessures par balles, des vestiges De coups d’épée énergétique. Son regard glissa encore sur les cuisses, mutilées aussi par des combats inégaux. Et puis, le métal remplacé à nouveau brutalement la chair, dans un éclat parfait.
- Je n’imagine pas comme cette femme à du souffrir.
- Ne commencez pas. C’est une folle cannibale.
Le kobold mis son masque, enfila les gants, et vint se poster près du chirurgien. Il sortit alors une petite boite qu’il ouvrit. De la boite, logée dans un épais gel, il ôta un implant, rond et petit. Il lui suffit de l’effleurer, et le dioptre en forme d’iris se mis à faire ses mises aux points.
- Nous pourrions lui laisser une chance de s’en sortir par elle-même, avant de lui mettre le régulateur de psychoses, dit-il en indiquant l’implant.
- Docteur...
- De qui avons-nous reçu la commande ?
- Docteur. Je vous assure... Faisons ce qu’on nous dit de faire. Et ne cherchons pas à savoir. Croyez-moi, ça vaut mieux.
L’outrilien soupire, et se prépara, enfilant gants et masque.
Il saisit ensuite un petit dispositif en inox, et vient le placer sur l’œil droit de la cyborg, maintenant les paupières écartées.
L’outrilien, un instant, s’absorba dans la couleur froide de l’iris, d’un gris presque blanc.
- Des yeux si beaux...
Il soupira, et s’empara d’une pince aux dents arrondies. Lentement, il la plaça sur le globe oculaire, avec une certaine réticence. Puis il le saisit, et le tira doucement, s’aidant d’un scalpel pour dégager l’œil.
Le sang coula, et tandis qu’il sectionnait le nerf optique là où il rencontrait l’œil, le corps eut un sursaut.
Le médecin, connaissant son travail, ne s’en inquiéta guère, et pinça rapidement le nerf à l’aide d’une autre pince.
Il considéra l’œil dans la pince, avec un profond regret.
Puis, son équipier lui tandis l’implant.
Le minuscule robot, de la même dimension que le globe oculaire, possédait des sortes de tentacules que s’agitaient doucement.
Le médecine l’approcha du nerf optiques, et les prolongements happèrent le nerf et s’enroulèrent étroitement dessus.
Le globe fut replacé, les paupières refermées, et un pansement s’enroula autour de la tête de la cyborg.
- Elle était jolie...
- Pas vraiment, rétorqua le kobold. Qu’en fais-t-on à présent ?
- En salle de réveil. On lui expliquera la situation dès qu’elle ouvrira les... euh, l’œil.
*
Salle de réveil, deux jours plus tard.
La cyborg était allongée là, dans une des annexes du CdC, dans le plus grand secret.
Lentement, elle sentit sa conscience émergée, devenant peu à peu consciente de ce qui l’entourait.
Elle ouvrit un œil... et pas l’autre.
Intriguée, elle leva sa main de chair pour vérifier ce qui lui obstruait la vue.
Du tissus... un pansement.
Une vague d’angoisse remonta de son ventre au creux de sa gorge.
La porte, soudain s’ouvrit. Un outrilien et un kobold entrèrent.
Cat’ les considéra de son seul œil. Et les deux hommes eurent un mouvement de recul.
Dans ce regard tronqué, on sentait de la rage, de la colère, et la haine la plus noire. Mais il était aussi empli de tristesse, de peur, et d’amour. Mais ce qui dominait surtout... était cet air de folie. On la sentait prête à tout, n’importe quand, et de la pire des façons.
Ils se décidèrent ensuite à entrer, prenant soin de ne pas refermer la porte.
La cyborg enfouissait déjà sa main sous les draps, et la glissa sur l’une de ses prothèses. Au toucher, une fine lame brillante se dégager de la surface métallique. Elle reposa son poing enroulé sur l’arme, par-dessus les draps, fixant les deux médecins.
Ceux-ci déglutirent. Ils n’étaient absolument pas des combattants. Et même si Cataleya Armsworth était loin d’être la meilleure des combattantes, elle pouvait cependant se montrer aussi folle et impitoyable qu’on le disait.
- Mademoiselle Armsworth... commença l’outrilien.
Un grondement monta de la gorge de la femme, comme un avertissement. Ils écarquillèrent les yeux en la considérant, et le kobold marmonna :
- Ce n’est pas une humaine, c’est une gnolle...
- Mademoiselle Armsworth, reprit le premier. Nous sommes ici pour vous expliquer ce que vous faites ici.
La cyborg ne réagit pas, immobile, sans expression fixe les dérangeant.
- Vous n’êtes plus un sujet sain, selon Thallys. Pour vous éviter de... De vous voir effacée à votre prochaine cuve à cause des défauts accumulés, nous vous avons implanté un régulateur psychotique... à la place de votre œil gauche.
Elle arqua un sourcil, fit voler les couvertures et se leva, en slip blanc et t-shirt.
L’outrilien voulu la retenir, craignant qu’elle en tienne sur ses jambes, mais les prothèses la portèrent aisément.
Elle s’engouffra dans la salle de bain, et se penchant vers le miroir, s’observa, silencieuse.
Les deux autres n’osèrent piper mot, la détaillant, plein de curiosité.
Soudain, elle arracha les pansements, avec une violence inouïe. Le bruit du tissu déchiré craqua dans l’air.
- Mademoiselle !!
L’outrilien voulu se ruer sur elle, Pour l’empêcher d’infecter la plaie, mais sa course fut vite raccourcie par la lame que la femme brandit vers lui, sans même lui accorder un regard.
Il se tut, mains levées, reculant lentement, nerveux.
Les paupières étaient rougies, et mouillées de larmes.
La cyborg ouvrit lentement l’œil, douloureusement, et considéra l’implant.
Celui-ci fit quelques mises au point, ajustant la vue.
Et étrangement, pour la première fois depuis longtemps, Cat’ resta relativement calme.
Sa voix s’éleva alors, calme, légèrement grave. Une voix monocorde, morte.
- Qui vous a dit d’me faire ça ?
- Nous ne savons pas, intervint le kobold. L’ordre venait de plus haut... On ne sait pas qui l’a émis.
Contre toute attente, l’outrilien avança vers elle, esquivant la lame tendue. Son regard était empreint de compassion.
- Je suis sincèrement désolé d’avoir du... vous faire ça. Je n’avais pas le choix.
Elle se tourna alors vers lui. Elle le dévisagea.
- Les monstres comme moi n’ont pas d’avis à donner. Mon corps est une toile... Et z’avez donné l’dernier coup d’pinceau.
L’outrilien nota l’accent sudiste léger, imprégné dans chaque mot de la femme.
- Ceci est votre seconde chance. L’implant vous empêchera de faire des choses que vous regretteriez. Seulement, c’est un prototype. Dans une heptade, vous devrez venir le remplacer, et nous vous poseront la version finalisée.
- Une heptade... répéta-t-elle plus bas.
Elle sorti de la salle de bain, et considéra le casier à côté de son lit.
Elle contourna les deux hommes qui s’empressèrent de s’écarter prudemment de son chemin.
Elle ne broncha pas. Elle commençait à avoir l’habitude d’inspirer ce genre de réaction.
Elle ouvrit le casier, prit ses affaires. Sans la moindre pudeur, elle s’habilla.
Elle se tourna ensuite vers eux, et les regarda encore une fois.
- Vous devriez patientez avant de partir...
Aucune réponse. Son regard gris clair chaotique disparu, alors qu’elle rabattait sa capuche sur sa tête.
La cyborg n’était plus en vue. Ils se retournèrent sur la porte, et... Non, rien. Partie.
- Nous ne la reverrons plus, murmura l’outrilien.
- Eh bien, bon vent ! Elle est complètement dérangée.
Les épaules de l’outrilien s’affaissèrent, d’un air las. Soudain, il parut dix années de plus.
- Cette femme aura pu être quelqu’un.
- Elle l’a été, Docteur. Vous savez, ce sont les situations qui interviennent dans notre vie qui nous façonne. Cette femme n’a pas eu de chance. Elle aurait pu être quelqu’un de bien, quelqu’un de... Grand. Et elle est devenue une criminelle de la pire espèce. Une traitre, adepte de la torture, du massacre, du meurtre, du cannibalisme et du viol. Mieux vaut pour tous qu’elle disparaisse.
- Une heptade. Je lui ai dit une heptade.
- Allons... Pas tout ça, mais y a ma série qui passe sur DCTV dans trente cyclominutes !
Le kobold s’empressa de sortir de la chambre, tandis que l’outrilien s’attarda, regardant la salle de bain, la voyant encore penchée vers le miroir, à regarder son visage mutilé sans la moindre expression.
Il soupira, tourna les talons, et referma lentement la porte derrière lui...

◊ Commentaires

  • Electron~41435 (156☆) Le 12 Avril 2014
    "Merci, Elec'. Merci pour tout. Pour avoir tuer le temps avec moi.

    Fais attention à toi."

    Bref et efficace, le dernier d'Elec. Très bel article louloute... Qui m'a fait un pincement au coeur. *
  • Djino~31724 (155☆) Le 12 Avril 2014
    Pauvre Djino. Si elle savait... smiley Puis sinon, bah, tu crains de faire la fin de Cataleya!
  • Domingo~10990 (0☆) Le 19 Mai 2014
    Mouahaha