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EDC de 39093

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Cacher

Je voulais juste exister.

« Calme-toi, Cat’. »
« Calme-toi. »
« Laisse ce gars tranquille, il veut refaire sa vie. »
« Fous la paix à la kob’, arrête de l’emmerder. »
« Vous êtes sadique. Pourtant, nous aurions pu bien nous entendre. »
« Je pense que vous êtes désagréable parce que vous cachez quelque chose. »
« Tu n’as pas de comptes aux Caves Koboldes ? Je peux pas te réengager. »

Merde.
Merde, merde, merde, merde...
J’ai cryo pour que les choses passent... Parce que ces souvenirs, ce poids... Cette culpabilité... me pesait.
Et là... Là j’en peux plus.
A partir du moment où tu acceptes de jouer les bourreaux, tu es catalogué comme tel.
Bourreau, victime. Bourreau victime...
Le premier est méprisé. Le second est considéré comme un déchet.
Quoique tu dises, quoique tu fasses. Le passé rattrape inexorablement.
*
L’humaine aux jambes de métal sort délicatement une paire de lunettes noires de son trench. Elle les triture pensivement, recroquevillée dans un coin d’un vieux bâtiment désaffecté, poussiéreux. Un vieux matelas défoncé dans un coin, couvert de tâches aux provenances mystérieuses et qui feraient bien de le rester.
Des déchets, des cannettes de glukoz, des papiers gras... Des tags sur les murs où on peut lire « L’Imperium est mort ! Elea suce des queues de gobelins ! »
Des éclaboussures de vieux sang, de la crasse, une charogne d’écureuil... Et une odeur nauséabonde.
Un lieu peu fréquenté, isolé, calme.
C’était là qu’elle était bien.
Ses yeux gris et clairs, qui avaient été si beaux n’avaient plus aucun éclat. Ternes, et mornes. Le regard d’une personne brisée qui tente... qui essaie de grimper une pente raide pour pouvoir remonter au sommet. Elle n’avait jamais eu qu’une seule chose de belle. Ses yeux. Et aujourd’hui, avec les cernes qui noircissaient ses paupières et cet air brisé, elle était simplement horrible.
Et ces yeux fatigués étaient fixés sur l’écran de son com’, admirant la photo de son frère.
Ion.
Elle ne savait pas même sourire. Elle avait beau chercher, de lui elle n’avait que de mauvais souvenirs. Que des déchirures, des fractures, des pleurs, des cris, du désespoir, de la tristesse. Mais pardessus tout ça, tellement d’amour qu’il n’était pas mesurable.
Un soupire, et la photo suivante apparu.
Un sourire charmeur, un regard enjôleur, des lèvres pleines qu’on veut embrasser, que l’on veut sentir sur les siennes, que l’on veut sentir frôler notre peau. Ou que l’on veut voir s’étirer dans un sourire, en attendant la phrase qui nous fera éclater de rire.
Child.

Elle était au bord de la rupture. Le passé et le présent s’accumulaient. Elle ne savait plus par où prendre les choses, le bon comportement à adopter, comment parler et à qui.
Tout ce qu’elle entreprenait, elle le ratait. Le SI, sa citoyenneté. Le SR lui filait aussi entre les doigts.
Au cours de son voyage, elle avait perdu énormément.
Incapable d’aimer encore, et pourtant, le vouloir si fort.
Incapable de relayer ses pulsions au second plan.
Toujours submergée par l’envie de tuer, l’envie de blesser, l’envie de baiser, l’envier de laisser parler sa folie, l’envie de hurler.
Ils avaient voulu l’aider. Un seul encore essayait. Elle les avait tous rejeter, alors que tout ce qu’elle désirait, c’était qu’ils restent. Mais s’ils restaient, ils finiraient par partir. Et si elle se laissait aider, ils verraient à quel point elle n’est rien. On ne peut apprécier ce qui n’existe pas. Et elle n’existait plus. Elle n’avait que rage, et colère en elle. Mêlée à la peur, la honte.
Essayer de mourir sans y parvenir... Qu’y a –t-il de plus pitoyable ?
La cyborg était un point d’interrogation géant. Elle n’avait jamais su quoi faire, qui suivre. Elle n’avait jamais atteint aucun des buts qu’elle avait pu se fixer.
Elle n’avait jamais su garder personne auprès d’elle.
Et plus le temps passait, plus tout ceci s’aggravait. Toujours plus seule, toujours plus folle. Toujours plus demandeuse d’attention, d’amour, pour toujours mieux le repousser par peur.
Elle était dans une impasse. Tout en sachant qu’elle tombera plus bas encore, bientôt.
Dans une telle situation, impossible de s’en sortir. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était... oublier... juste un cycle ou deux...
*
J’ai toujours aimer et détester cette sensation à la fois. Le moment... où l’aiguille perce ma peau.
Je l’aime parce que je sais que pendant un instant, j’ouvre temporairement la voie du bonheur. Plus rien ne compte, ni n’a d’importance.
Je le déteste parce que je sais que le prix à payer est fort. Et parce... que cette aiguille sous mon épiderme... C’est une autre marque sur mon corps.
Mais le produit glisse en moi. Je soupire, ferme les yeux. Ca y est... Je commence à tout oublier...
Je n’ai jamais eu de frère. Je n’ai jamais aimé un homme au point de regretter son absence chaque jour. Je ne me suis jamais laissée bernée par un autre qui a refusé de me sortir d’une mort quasi certaine et définitive.
Je n’ai jamais été amputée, mutilée, lacérée, abusée, brûlée, brisée, insultée, méprisée, détestée, ignorée.
Je ne suis plus là. Je n’existe plus. Et c’est à la fois reposant, et angoissant.
Car tout ce que j’avais voulu, au final, c’était exister pour quelqu’un.

◊ Commentaires

  • Amar (211☆) Le 29 Décembre 2013
    * mais se prépare a aller en SR filer deux trois coups de pieds au cul de sa patiente qui a rechuté.
  • Ethayel~30165 (769☆) Le 29 Décembre 2013
    Très plaisant à lire! *
  • L-X~19531 (1540☆) Le 29 Décembre 2013
    Encore un sacré shoot...
  • Hazel (363☆) Le 29 Décembre 2013
    Si dur... Si dur... Foutue vie.
    *
  • Varel~45144 (0☆) Le 29 Décembre 2013
    *
  • Law (103☆) Le 17 Janvier 2014
    Okay tu sais quoi ?
    J'étais sur le fofo. Je lisais un truc marrant sur Kot kot kot. Sans faire exprès parce que je suis connecté via mon portable je missclic sur "Vers mon EDC". Je tombe sur ce que je crois être ta présentation.
    Et ce n'est que vers la vingtième ligne de lecture que je me rends compte que ce n'est pas le cas.
    Je te déteste pour avoir écrit un article aussi dur.
    Mais j'adore. Magnifique. Étoile.

    EDIT : J'ai misscliqué DEUX fois en fait -_-