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EDC de KorSkarn

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L'œil du maelström - Opération Scrapping




Une brusque inspiration, une crispation du corps entier, les oreilles déchirées par le bruit d'une alarme. Dans ma main le poids rassurant de Griselda, et sur mon corps celle de ma prison grise, alors que j'ouvre l'œil brusquement, grognant, tiré d'un songe.

Je me détends immédiatement en reconnaissant le bureau submergé de feuilles de papiers griffonnées sur lequel je me suis endormi, l'écriture fine et illisible, les tracés malhabiles des schémas faits a la main, tandis que mon dos au travers l'armure rencontre le dossier de mon fauteuil.

Un long soupir souffle au travers de mon nez de métal, venant me frotter le coin de l'œil, inconfortable, alors que je regarde le cycle dans ma vision. Ça va, j'ai le temps...
Mon regard cependant, trouve le reflet qui me fait face dans la baie vitrée martelée par les gouttes d'eau, attirée, et fixée, comme par un aimant.

Le portrait d'un homme vieillissant, mal rasé, rides naissantes, grisonnant, submergé d'un bordel de feuillets, de decks, et d'appareils hétéroclites désassemblés, de bouteilles souvent vides, et une assiette posée sur le bureau.
Pour autant qu'on fasse comme de rien, peut-on avoir l'air de ne pas être seul ?...

Un ricanement fuse quelque part derrière mon épaule, dans un coin de la pièce pourtant pas vraiment très illuminée en dehors du bureau.

: "Ce sera pour l'Éternité toi et moi KorSkarn, disent-elles toutes !..."


Je soupire à nouveau longuement, ayant appris depuis longtemps a la laisser parler, main métallique se tendant lentement pour fourrager dans l'assiette un biscuit.

: "Combien de fois l'avons-nous entendu, gros crétin ? Combien de fois je vais pouvoir me moquer de toi, m'he he he he..."


Oui. Je savais depuis longtemps ne pas me laisser perturber par la plus pure moquerie, mépris a l'état pur de ses propos. Savoir que cela reste 'moi', en quelque sorte, aide probablement après tout, me ressassais-je alors que je me levais pour enfiler mon cosmo', et vérifier mes armes.
Mais bien évidemment, cela va dans les deux sens. Elle savait que je l'écoutais malgré tout...

: "Si tu n'étais pas faible à l'endroit des femmes, ça ferait longtemps que tu leur aurais fait passer le goût des mens..."


Cette fois-ci, je me tournais vers elle pour la fixer durant un instant, invoquant son silence... Mais répondant avec un calme profond, impassible.

: "Si elles ne veulent plus être avec moi, qu'est-ce que ça peut me faire ? Tu vas vraiment me répéter la même chose durant des décennies ? J'ai eu des bons moments, et tu sais très bien pourquoi ça ne dure jamais. Cela ne dépend pas de moi."


Un éclair de rage fulgura dans son expression, vite remplacé par un nouveau sourire moqueur. Je la connaissais par cœur, et n'opposer aucunes émotions à son déferlement, c'était la mettre en échec. Je me demandais d'ailleurs si elle n'était pas en partie jalouse, parfois... Une pensée un peu glauque.
Mais les émotions, les sentiments, fluent et refluent sans cesse, et alors que je me penchais pour fouiller derrière le bureau, je sentais ses doigts délétères, glacés comme le vide, étreindre mes épaules, revenant à la charge...

: "Elles mentent tout de même. Et tu continues encore maintenant..."


Je lance un énième soupir, venant me frotter la tempe, sachant très bien que je creusais un peu plus les rides de mon front. Agacé, mais aucunement par le discours déjà tant entendu...

: "Mais elles y croient sur le moment. Maintenant fout moi la paix si ce n'est pas pour m'indiquer où j'ai mis le Thanatium..."


Elle s'éloigna, et un instant, étrangement, je sentis un déchirement, un sentiment de perte, une absence soudaine qui semblait avoir toujours été là mais... Muette. Je cillais en la regardant flotter contre le mur opposé, interdit.

: "Et qu'est-ce que tu vas laisser ? Un autre bouquin censuré ? Une autre invention volée ? Une autre tribune démentie ? Est-ce que nous sortons de cette armure, a part pour baiser et se laver ?...
... Il est dans la planque d'opé', ton foutu explosif."


Je frissonnais, grognant alors que mes pas me portèrent vers la sortie, secouant la tête avant d'en coiffer le heaume, refermant totalement l'étui gris entre le monde, et moi.


***
**
*



[Data Expunged], en face du 153 Boulevard Agderon (Site compromis de 'L'ASICS') - 6/303.4 - 03ch56


Armé jusqu'aux dents dans une pièce totalement vide, j'étais parfaitement immobile.
Assis en lotus, mains levées et doigts croisées, méditant tranquillement devant la baie vitrée depuis laquelle se profilait la cible.

: "Tu penses qu'il vas y avoir du grabuge ?"


La silhouette l'avait suivi, seules ses yeux luisants visibles dans les ténèbres, il les imaginait aisément, laissant libre court a ses pensées. Ses pensées surtout fixées sur sa cible, le bâtiment d'intérêt devant lui... Surveillé, comme ses membres, depuis quelques temps.

: "Si on en trouve un, il faudra lui faire quelque chose de vraiment exemplaire... Ca fait longtemps après tout, des années non que tu n'en as pas liquidé ?..."


C'était plus une supplique qu'autre chose, je le savais, et je devais me forcer à ne pas laisser poindre de l'amusement si je devais la décevoir, ou décevoir ma réputation et ceux qui la construisent dans le même temps, si quelqu'un s'amusait à dormir dans un cercle du régime pourtant aussi reculé.

: "Oeclyde il faisait bien souvent cela... Tu te souviens même qu'avant encore, il dormait dans un bureau du cercle qu'on avait avec notre femme ? Tu sais, le cercle où y a une agente qui veut pas nous parler mais qui squattait les accès jusqu'à il y a 2-3 ans ?
On aurait dû lui défoncer le crâne sur le bureau. Ou le décapiter dans un tiroir."


Cette fois-ci je ne put m'empêcher de sourire.
Desdenova ne comprenait pas grand-chose aux principes comme 'ne pas punir un crime pas encore commis', ou la rétroactivité, à l'instar de pas mal de ''juristes''.
De toute façon, le cycle avait sonné, réalisais-je en rouvrant l'œil et me levant, prenant une profonde inspiration en revérifiant une dernière fois mon attirail, comme avant une descente de sas, puis m'étirant de tout mon long.

Bottes résonnant dans l'escalier d'immeuble, je descendais les marches décrépies, noircies de pollution, activant mon module pour traverser la rue de l'Extrême Sud désert à cycle et temps, d'un pas vif, mu par une certaine énergie.
Ça faisait longtemps... Prendre un peu plus de risques pour l'Humanité...


***
**
*



[Data Expunged] - 6/303.4 - 06ch24


- "Bordel de merde." Soupirais-je audiblement en laissant tomber le sac au sol dans la vaste pièce illuminée, mais noire, totalement, de sol comme de murs, si ce n'est des sortes de projecteurs allumés au plafond.
Un digicode sur la dernière série, et plus d'un cycle a détruire des portes blindés, pour un demi-butin de réquisitions...
Je me laisse tomber au sol en grognant, rompu. Pourtant pas faute de s'entraîner quotidiennement...

Mais il y était arrivé.

Quoi que...

Un mouvement dans un coin de ma visière, à droite. Et un autre à gauche. Qui s'approchent.

- "Déjà ?"

Lançais-je, regardant doucement derrière moi pour voir une troisième silhouette s'avancer, posément, également l'épée au clair tenue a deux mains, en garde moyenne... Une silhouette entièrement noire comme les deux autres, masquées, des ombres comme sortis, vomis des murs.
Une main sur le sol, l'autre, métallique sur la poignée de Griselda, je me lève tout aussi calmement, alors qu'ils ne font pas un bruit. Pas un mot. Pas un geste superflu, s'arrêtant à quelques mètres, en triangle autour de moi...
Le vieux fou va être satisfait...
Mais il fallait bien tenter de faire grimper les mises.

- "... Alors dansons."

C'est le souffle pourtant contrôlé, que ma main ouvre soudainement le jeu.
Volant a ma ceinture, azmat crachant dans le même geste son assourdissant torrent alors que je me lance tout entier sur le même rythme...
Le sourire aux lèvres.


Spoiler (Afficher)
Bla bla bla, inconnu de vos personnages (sauf si...) !
J'essaye de reprendre, doucement, l'écriture d'EDC !...

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