Deadcast, citée cosmopolite à la population sale et vicieuse, aux actes dictés par la pègre et les malfrats. Ville de salauds, d’enfants de salauds. Comme ce type qui avait ouvert un garage en bas de la rue, Berdok, Berdok Chauffe-Bitume et ses motos’ gonflés à bloc. Son activité tournait à plein régime, comme un moteur bien huilé, il avait embauché deux nouveaux mécanos cette semaine la et promu un de ses gars membre de son club. Ouaip’, son club, président d’un groupe de motards aux dents jaunes et aux gros bras tatoués. Leurs hobbies ? Rouler en vacarme sur les grands axes de la ville et s’arrêter à chaque bar pour se rincer le gosier et au passage faire un peu de propagande pour le garage et le club. Ils étaient venus me voir pour me proposer une "assurance", celle qu’on peut pas refuser si on tient à ses gencives. J’ai donc dit "oui" comme les commerçants du coin, mais voilà, c’était pas gratos et mon bistro perdait de la clientèle, j’pouvais plus honorer mes dettes et ils me sont très vite tombé dessus.
Une nuit, en début de soirée, mon comptoir avait retrouvé un peu de populace et c’est là que j’ai entendu les moteurs grondant comme une meute des Enfers ! J’savais qu’ils étaient venu pour me réclamer l’argent mais ils sont allez plus loin. Pour entrer, l’un d’eux a explosé la porte d’un coup de fusil à pompe créant un mouvement de panique général dans la salle sombre et moite à l’odeur de mauvaise bière et de corps suants. Six malabars ont ensuite fait irruption accompagnés de battes, poings de pugilat, grands couteaux et barres de fer pour semer le grabuge sur leur passage, giflant les rares clients qui s’interposaient. L’un d’entre eux tenait un gros chien par une chaine en acier et déambulait entre les débits au sol, car déjà, le comptoir était retourné, la radio explosée, les enceintes défoncées, les vitres brisées et les murs démontés. C’est seulement après ça que j’ai eu le droit à un passage à tabac dans les règles de l’art Chauffe-Bitume… Coups de battes en bois, de tuyaux de plomb, de rangers et par-dessus tout des coups de poings qui ressemblaient à des boules de démolition. Personne ne pouvait rien faire contre ça. Prévenir les autorités ? A quoi bon, elles sont toutes véreuses, corrompues par l’argent et le seul commissariat qui n’était pas touché par cette misère se trouvait à des kilomètres d’ici… Pour finir, ils ont sorti tout le monde à grands coups de pieds dans le train et ont balancé des briques dans les vitres encore en place. Ensuite, l’un d’entre eux s’est allumé une clope, et en souriant plaça le mégot incandescent sur le chiffon imbibé d’alcool enfoncé dans une bouteille de verre pour enflammer son cocktail Molotov et l’envoyer à travers une fenêtre afin de réduire en cendres mon bistro. Le feu dévora en un instant le petit bâtiment et plusieurs détonations on fait voler les murs en éclats pulvérisant des morceaux de briques un peu partout. Faut prendre son mal en patience... Finalement j’ai payé, et bien dérouillé aussi, mais ils m’ont laissé tranquille…