A peine réveillée, je vois tous ces corps errer au centre d'arrivée. Après m'être reprise et avoir repris quelque peu mes esprits, je trouve enfin la sortie.
Cet endroit est triste et complètement vide. Suis-je la seule en vie?
Encore des corps endormis ici et là.

J'ai peur et j'ai froid. J'ai dans mon sac une veste en cuir mais je n'arrive pas à la porter.

Il faut que je sois quelqu'un. Je ne voudrais pas mourir de froid et être retrouvé sans identité, puis jetée derrière ces portes qui me retiennent ici. Je trouve un bureau où je peux obtenir une carte. Mes souvenirs sont flous. J'ai déjà vécu mais la vie m a reprise pour me redonner.

Choisir un nom. Pourquoi personne ne l'a fait pour moi?

Je suis quoi au juste? Une femme? Un gynoïde? Je me regarde mais je m'y perds.

Il n'y a pas un seul bruit, pas une âme, pas un corps. Je tourne la tâte et un bruit accompagne ce mouvement. Plus aucun doute, je suis une femme qu'en apparence. Je lève ma jambe pour l'observer mais là quelque chose m'interpelle. Pas de bruit...si des craquement, pas d'assistance électronique dans cette partie de mon corps. Alors je suis robotisée mais il y a en moi une grande partie d'humanité.

Je suis grande. J'imagine que les deux mètre me frôlent. Je voudrais enlever mes lunettes mais la lumière me brûle.

Un nom, je ne suis toujours pas nommée. Sans raison je pars dans un brouillard de souvenir accompagné d'un bruit cristalin. Des ombres, des cris, mon coeur qui bat. J'avais donc un coeur.

Ces cris, ils ne m'effraient pas. Ce sont ceux d'un enfant...non plutôt deux. Des bébés, des filles. Ces prénoms qui me caressent les oreilles au milieu de ce vacarme. Naomy et Ludovic.

Qui sont-ils? Serait-ce ces enfants? J'entendais deux filles. Mes pensées à ces cris sont touchantes, je ressens une pression et une douleur au fond de mon ventre. Puis je m'effondre.

Je rêve embué. Un homme charmant que je semble aimer. Deux filles magnifiques, des jumelles. Nous sommes dans un lieu sale mais rien ne nous perturbe. La joie qui nous habite ne peut être altérée. Jusqu'au moment où un personnage de grande taille m'arrache mes petites filles des bras et les emporte loin de moi sans que je puisse bouger. L'homme que j'aime s'en va à leur recherche. Je n'ai plus de raison de vivre. Ils sont tous partis.

Je reprends conscience. Ce rêve m'a révélé quelque chose. J'ai perdu bien plus que ma personnalité. Je crois savoir qui je suis. Je prends alors mon identité. Désormais je suis Crystalyne.

Il me faut un travail. Je passe quelques rues et j'arrive au CIPE. Je ne sais rien faire.C'est ce que je pense du moins et surtout je ne connais personne. Je n'ai toujours rencontré personne d'éveillé. On me propose une place au CIPE pour un salaire raisonnable et il n y a aucun critère de recrutement. Je me mets directement au travail.

Mais il n y a personne. L'ennui s'empare de moi et je m'endors encore.

Un rêve brumeux revient me hanter. Il y a cette chose d'une taille énorme qui tient une jeune femme les bras dans le dos. Elle est magnifique et je suis sûre de l'avoir déjà vue. Derrière lui il y a quelqu'un d'autre assis sur une chaise de dos. C'est une jeune femme ligotée avec de longs cheveux noirs. Elle ressemble à la première. Il me demande de choisir l'une d'entre elle. Je décide finalement de prendre celle debout. Il la détache et la pousse vers moi. Je crie Naomy et la prends dans mes bras. L'horrible personnage relève les cheveux de cette jeune fille assise et lui fait un tatouage dans la nuque. Je l'entends hurler. Je veux m'avancer pour l'aider mais l'être se retourne et me regarde si sombrement que j'en tremble. Je veux sortir mais il nous a enfermés. Ces cris de douleurs, Naomy en pleures. Ce supplice dure des heures. Il termine et me laisse voir ce qu'il a imprimé sur sa peau.