Haute Cité. Bar de l'Armacham Plaza.

H.T. Morduch était affalé comme à son habitude dans un fauteuil confortable, dans un coin de la salle, dégustant un verre de Skiwi de la réserve spéciale que l'androïde N2CV – une connaissance précieuse – lui avait mis de coté. Tout en contemplant les reflets du précieux liquide bouclant dans son verre une sérénade moirée, Morduch ruminait. Plus précisément, il ressassait la frustration qui était sienne depuis quelques jours.

Il ne s'est rien passé... Voilà tout ce que les autorités avaient à dire au sujet des "événements" des derniers jours. Morduch avait pourtant eu vent d'une étrange épidémie s'étant répandue dans certains quartiers de la ville. Certains de ses contacts au CDO lui avait même parlé d'"incidents"...

... jusqu'à ce que les gros bras des services secrets impériaux débarquent.

Fin du jeu. Circulez, Il n'y a rien à voir, civis; rien à récolter .. sauf peut-être une balle en pleine tête, au fond d'une ruelle, si vous posez la question de trop.

Brusquement, toutes les sources de Morduch étaient devenues muettes, réduites au silence aussi sûrement qu'une dalle coulée sur un tombe. Et voilà donc maintenant Morduch laissé à ses interrogations, un goût amer dans la bouche, que son meilleur skiwi ne parvenait à faire fondre.

Un bruit de fond attira son attention. Dans une alcôve incrustée dans le mur, un écran holographique branché sur DCN retranscrivait le dernier discours de Lady Elea, l'ambassadrice actuelle. Face à elle, les soldats du Militarium, alignés en formation de parade, tiraient une teinte livide – comme si l'ambassadrice venait de leur annoncer que les frères Enclism étaient revenus dans la cité et avaient décidé de rejoindre la rébellion. Puis il écouta le discours:



Morduch tiqua légèrement. Bouder ? Est-ce que "bouder" serait bien là la seule réaction que craignait la politicienne de la part d'une élite guerrière habituée aux débordements les plus sanglants – d'après ce que les archives avait pu lui apprendre sur cette "glorieuse armée impériale" ?
Morduch avait passé suffisamment de temps à consulter les archives impériales et certains ouvrages anté-apocalypse pour savoir qu'un corps armé d'élite, brutalement congédié, pouvait avoir d'autres réactions plus conséquentes que "bouder".

Morduch sourit légèrement en écoutant la suite du discours. Visiblement, le pouvoir impérial n'envisageait pas une seconde la possibilité d'un coup d’État. Dommage, se dit-il à lui même en contemplant son verre de Skiwi. Ce serait pourtant très bon pour l'audimat.


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