Au levé du jour, les nuages furent maculés de sang. Il y eu cette nuit quelques uns de ces massacres que la cité redoutait, que sa population craignait. La veille, et tôt dans la matinée, une rivière rougeâtre emplissait les cavaux, une marée d'hémoglobine ne fit plus qu'un avec les égouts de la ville. La ville s'était embrasée, les corps jonchaient à même le sol, les balles fusaient encore dans les rues. La panique s'installait peu à peu, le crime faisait régner la terreur dans les grandes avenues, et s’adonnaient à d'horribles rites barbares dans les sombres ruelles de la ville. Les forces de Police et celle du Militarium contenant la vague, pouvaient tenir tête, mais combien de temps encore le pourraient-elles ?

Ainsi, il était temps d'agir. La dirigeante ne pouvait rester insensible à ces odieux actes que portaient ces inconscients, déstabilisant, non plus le gouvernement, mais la paix tout entière du secteur un. Ce n'était plus uniquement l'affaire de l'Empire, mais de Dreadcast. Cet appel aurait donc pour objectif de provoquer un relan de patriotisme, comme ce fut le cas, il y a bien longtemps, lors de l'Heresia Ceremonium. Tel un seul homme, la population sera amenée à se battre pour la défense de l'Empire.

Dans un lieu tenu secret par les autorités, résidence officieuse de l'Ambassadrice dont la sécurité devint prioritaire après les divers attentats qui eurent été commis dans la journée, était aménagée une salle de conférence vidéo sobre. Un bureau disposé au centre de la salle faisait face à une caméra de télévision. Deux drapeaux de l'Imperium croisés étaient accrochés au mur, derrière le bureau. Les deux gardes du corps quittèrent la pièce, laissant l'Ambassadrice seule devant le bureau. Un compte à rebours était affiché sur le dispositif d'enregistrement. Soixante seconde avant le début du direct, elle allait s'adresser à l'ensemble de la population, et cela en direct, interrompant l'ensemble des communications de la ville. Elle était debout, quelque peu nerveuse : Non pas que s'adresser à des milliers de concitoyens la dérangeait, mais la situation palpable faisait qu'une pression supplémentaire pesait ses épaules. Elle avait laissé le haut de forme et le tailleur, et arborait une tenue plus guerrière, une armure expérimentale aux effets de lumière particuliers. Ses cheveux étaient attachés à l'arrière de sa tête, et les traits de son visage étaient sévères.

Un signal sonore se fit entendre, et au dehors, les holo-écrans scandaient l'hymne de l'Empire. A l'écran, l'Ambassadrice, droite, la tête haute fixait la caméra. L'heure de vérité approchait, elle entama son discours.



L'Ambassadrice adressa un salue militaire à la populace, l'image et le son cessèrent, un long silence s'en suivit. Elle regardait sa montre à gousset, la soirée ne faisait que commencer, la nuit sera longue.

« Ambassadrice, il semblerait que les rebelles aient fait une erreur. »

Trois jours après les attentats qui touchèrent la cité, la ville avait retrouvé un calme relatif. Le grand banditisme avait cessé, les dissidents avaient été arrêté, les gardiens s'étaient défoulés. Les rebelles tentèrent parfois de forcer le passage ces derniers temps, mais il faut croire que leur nouvelle leader rebelle ne faisait pas l'unanimité. Quelle extrême gentillesse d'apporter aux citoyens de l'Empire des nouvelles venant de l'autre coté.. On enfermerait les impérialistes par là bas.

La matrice est une passerelle large, on peut tout y trouver, et parfois, il suffit de simplement jeter un coup d'oeil, par hasard, pour trouver certaines pages intéressantes. Nul besoin de hackeur reconnu, l'on nous sert désormais l'information sur un plateau d'argent et serviette de soie. On trouve certaines pages.. comme celle ci, ou celle là. A défaut d'être utiles ou intéressantes, les mésaventures de l'ennemi prêtent à sourire.

L'humaine faisait ses cartons dans un silence pesant. Son regard était vide, mais sa démarche était assurée. Elle regroupait ses effets personnels, et mettait de l'ordre dans ses affaires. Elle se saisit de quelques dossiers, et fit la lecture des premières lignes de chaque ; elle soupira, nostalgique, avant de jeter tout cela dans la corbeille. Elle ouvrit l'un des tiroirs de son bureau, et y prit quelques photos.. elle en sortit quelques unes du paquet, qu'elle garda sur soi, tandis que le reste finissait avec le reste des dossiers clos.
Elle prit place sur sa chaise de bureau, et contempla cette corbeille à moitié pleine. Elle glissa sa main dans l'une des poches de sa veste.

« Grand bien m'en fasse. »

Alors qu'elle prononçait ces mots, elle sortit un briquet zippo de sa poche, qu'elle alluma avant de le lâcher dans la corbeille. Son contenu s'embrasa rapidement, et de vives flammes jaillirent du foyer. Le visage de l'humaine se fit plus écarlate, illuminé par l'incandescence des flammes naissantes.

Les aléas de la politique sont impitoyables. Il aura fallu trois ans et un oral hypocrite et partial pour que ses deux ex-amis eurent enfin réussi leur machiavélique plan. Elle semblait sereine, ni colère ni compassion. La vengeance ? Ce n'était pas digne. Le dédain ? Qu'est ce que cela lui aurait apporté ? Alors, elle s'était résignée, elle patientera de voir son heure venir.

Tandis que le combustible s'amenuisait de seconde en seconde, elle se redressa. Elle s'approcha du carton, qu'elle prit dans ses mains. C'est dans un silence religieux qu'elle regagna la sortie de l'Ambassade, à priori définitivement.



Elle passa le pas de la porte, posant ses clés à coté de l'entrée. Elle y déposa le carton relativement léger délicatement, avant de rejoindre le salon. L'endroit était sobre et épuré, il n'y avait pas d’extravagance, car étaient disposés ici une table longue, quelques commodes, un bureau et quelques étagères.

Elle se dirigea vers le bureau, où attendait sagement une caméra portative numérique. Rien à voir avec les mastodontes du Dreadcast network, elle n'avait vraisemblablement pas besoin de cela. Elle se chargea de l'installer sur un trépied en face d'un siège.

« Squiiick !»

Elle tourna les talons. C'était Squilly, son écureuil de compagnie. Quel ventre, il avait déjà fini sa ration protéiné, résidu de l’équarrissage des écureuils mort dans les cuves. Cela expliquait en partie les quelques poils fluorescents qui parsemaient son pelage.

Elle apposa ses mains sur l'animal pour le saisir dans ses mains. Celui ci se laissa faire, assez passif finalement. Elle le sortit de sa cage, et le déposa sur un pouf, ce dernier dans le champ de la caméra.
Alors, elle s'installa devant cette dernière, et ferma les yeux.

Ainsi commença un long discours, qui n'était pas en direct, mais qu'elle publierai sur les canaux de l'Empire quelques temps après.



L'humaine se redressa et quitta la pièce. La caméra tournait encore, une pièce vide et un écureuil fluorescent. Ce dernier sortit de sa torpeur, et se plaça à la place qu'occupait l'ex-Ambassadrice lors du discours. Squilly se leva sur ses deux pattes, et il regardait la caméra.

« Squiiick !»

Les récents évènements et la relative lenteur des institutions impériales avaient conduit à l’avènement d'un pic de criminalité saisissant, mais dont le modus operandi était sensiblement le même que toutes ces petites frappes qui se targuaient d'être les libérateurs, les sauveurs. Il n'en était rien, car ils commirent une erreur, une erreur fort regrettable, après tout, quel était l’intérêt de frapper la population et non la Noblesse par exemple ? La solution de facilité sans doute.



Une annonce fut rapidement postée, afin de mettre au clair la situation. Elle avait fait opposer deux visions claires et précises. Alors, quelle voie choisirez vous ?

« On récolte ce que l'on sème.. Cependant.. »

Elle répétait.
Son écureuil mordillait l'un des doigts de sa main perdue sur le bureau.
Cela ne devait pas être bon, ou trop froid, puisque monsieur a rapidement cessé de faire des bétises, couronnant son intervention d'un squiick mal-habile.

Elle n'avait pas l'habitude de répéter. A son habitude, les mots sortaient comme ils venaient. Elle n'avait jamais préparé ses interventions, ses discours, et s'en dégageait une franche honnêteté, sauce Impérialiste bien entendue.

Son regard était perdu, emplit d'amertume et de dégoût, mais aucune expression de transparaissait de son visage blanchâtre, presque blafard. Et puis, devant la caméra, elle se prononça. Ainsi voyait-on son bureau, ordonné, cartésien jusqu'au bord.. enfin, presque puisque la boule de poil logeait sur le coté droit du meuble. De quoi remonter le quota sympathique d'une annonce qui l'était moins. Ainsi, ses habitudes reprirent. Elle s'exprimait ainsi :



La caméra rompit le contact aussi brusquement qu'elle s'était allumée.
L'écureuil dormait, encore.