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L-X : Réminiscences d'une gynoïde.

Créé par L-X~19531 le 07 Janvier 2012 à 03:40

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L-X~19531 Posté le 07 Janvier 2012 à 03:40 #1
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1. "... Like tears in rain."





♪♫ "... J’ai vu de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion.
J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l'ombre de la porte de Tannhauser.
Tous ces moments se perdront dans l'oubli,
comme les larmes... dans la pluie.




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Login. Logout. Reload. System failure.
Scan des fichiers host. Error system. Crash. Reboot.

Les yeux froids s’ouvrent sur un univers en ruines. Gris. Fait de métal, de larmes et de poussière. Rien n’est connu mais tout semble familier. La gynoïde - ou androïde femelle - penche légèrement la tête sur le côté. Un air vicié lui emplit les narines. Derrière elle, les portes du "Centre d'arrivée" se referment lourdement : elle est arrivée... C'est tout ce qu'elle peut en conclure. Ses yeux se posent sur un papier gras et gris, comme tout ce qui l'entoure."C'est laid.". Voilà ce qui lui vient à l'esprit.
Poursuite de l'observation / analyse de la situation : "C'est laid. J'ai froid. Et ça pue".


Rien ne bouge. Rien ne frissonne. Rien ne semble vivre. Ses pieds crissent dans la poussière. Enfin... Ses roulettes. Voilà ce qu'on lui a refourgué : des roulettes pour les pieds. Un affreux ensemble de fringues grises. Des griffes à mettre en guise de gants et un sac à la forme improbable à mettre en bandoulière avec dedans, un "gps" archaïque.

"Trouver un emploi / Trouver un logement."
Et accessoirement, trouver des gens aussi. Peut-être. Si cette partie du monde est réellement habitée. En contemplant l'horizon de buildings fantomatiques, elle en doute.

Hochement de tête.
Pour le première partie, les protocoles sont simples.
Mise en exécution.




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Les gens. La chose la plus fascinante mais aussi la plus effrayante qui soit où tout est prévisible mais où rien n'est programmé. Où règne, au milieu des calculs les plus précis, un élément absolument terrifiant : le facteur chaos.

Totalement égarée, la gynoïde marche dans les rues au silence douteux du secteur 2. Les 1001 questions qui envahissent en permanence son cerveau pourtant à la pointe de l'intelligence, ne trouvent pas toutes une réponse. Et la majorité de ces questions sans réponse concerne ce sujet aberrant : les autres. Celles qui restent ne concernent que l'autre vaste sujet temporairement sans réponse : elle-même.

Laissant derrière elle la chaleur enfumée du Centre Militaire, elle se laisse guider, abrutie par un trop-plein de trop de choses. Ses pas la portent à travers de nombreuses hésitations et égarements dans la ville peuplée d'ombres, jusqu'à un "logement". Ses doigts tapent machinalement ce nouveau digicode.
L'espace d'une micro-seconde, elle demeure plantée sur le pas de la porte, choquée par l'intérieur laid, à la modestie vulgaire de ce "chez elle" qu'elle était pourtant si heureuse d'obtenir.
Une moquette sombre et fileuse couvre les murs et le sol, étouffant le bruit de ses quelques pas minables qui la séparent de l'intérieur ; et les yeux gris et tristes se ferment...



// Les soies bruissent doucement sous le courant d'air qui emplit la douceur du soir d'une fragrance riche et délicieuse. Sa main se pose sur un bras. Masculin. Mâle. Lentement, alors qu'un sourire en coin remonte sa lèvre carminée, elle se glisse au bas du lit et s'avance jusqu'à l'immense baie vitrée qui domine la ville étincelante où elle peut contempler sa silhouette parfaite...//


... qui se reflète dans la glace terne et sale qui lui fait face lorsqu'elle rouvre ses yeux redevenus froids. Rapidement, elle enfile ce blouson gris qui va camoufler ses formes dont elle ne sait que faire et qui lui semblent désormais inutiles. Tout en elle semble inutile sans programme, sans mission, sans protocole.

Demain. Demain elle essaiera encore d'apprendre les autres. De comprendre. De se fondre dans la masse de ses nouveaux concitoyens puisqu'elle n'a plus aucun souvenir de son autre elle-même.
De reconstruire ce nouveau "soi". Mais pour l'heure, elle se retrouve face à une inconnue terrible.

Anonyme.
Solitaire.
Gynoïde vide et sans utilité.



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Spoiler (Afficher)

évidemment, toutes les personnes qui ont croisé L-X sont libres de participer et même, sont les bienvenues.

* Blade Runner. comme pour la mise en ambiance...
edit pour peaufinage de mise en page...
L-X~19531 Posté le 10 Janvier 2012 à 06:10 #2
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2. ".. sans Dieu ni maitre, ni avenir."





♪♫ "Le corps, c'est de la viande..." (Gibson)


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// Les corps enchainés se déchainent, enlacés, embrassés, embrasés dans une moiteur luxurieuse, baignés de soupirs lascifs aux relents opiacés. Au coeur d'un paradis artificiel et lubrique, elle contemple l'homme qui la domine, son front ridé...
... troué d'un impact circulaire parfait. Le sang s'en écoule. Elle n'a pas eu le temps de s'interposer, de le plaquer au sol. Juste eu le temps d'abattre son assassin. Le sang coule de son être : une vie de plus ou de moins. Ils reviendront tous. Encore. Recommencer ce cycle immuable de réincarnations sans fin qui empêche les mortels de se bâtir un avenir. Elle ouvre la bouche et...
... exhale un soupir. La main sur son épaule...
... est décharnée. Tremblante. Tâchée. Un sourire faux adressé au vieil homme dont elle vient de soutirer...
... un râle. Friction des corps qui ondulent, se superposent. Sur sa peau coule... //

... une sueur glacée qui lui dévale l'échine tandis qu'elle hurle un cri silencieux : haletante, elle reprend ses esprits et se laisse retomber sur sa banquette.
La gynoïde est sortie de sa transe de "repos" aux flash-back insupportables. Ce que Kambei appelle les "rêves" ; ce qu'elle nomme "réminiscences " ou reflets-fantômes... Car les clusters, même défectueux, ne sont jamais totalement effacés et si sa Mémoire est un palimpseste de silice, il suffit peut-être de gratter sa surface pour retrouver l'intégralité des données endommagées... Alors elle s'y replonge. Se laisse envahir, parfois noyer. Inlassablement.

Ses yeux froids s'ouvrent sur le monde vide et terne : une nouvelle journée dans une vie nouvelle où elle construit en vrac des repères bancals. On est "demain", ou un autre jour. Car demain est un autre jour et vice versa dans cet univers sens dessus-dessous, sans Dieu ni maitre, ni avenir. Sans repère. Sans commande. Sans protocole. Secteur Rebelle...

Quelques heures plus tard, elle sort de son logement pour se retrouver au milieu du monde et tenter de s'y fondre pour observer, analyser. Et ne pas rester un animal synthétique aux réactions d'instincts programmées à la hache.
Une gageure pour survivre au cœur de la faune urbaine...



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Quelques heures plus tard la retrouvent égarée dans un écheveau si emmêlé que le nœud gordien semble être aussi facile à dénouer qu'un nœud de chaise : les mâles et les femelles. Les couples. La possessivité.
Au cœur des émotions qui se sont déversées à travers elle pour s'être exprimées à son regard froid, elle se retrouve emportée, bousculée, cherchant un repère qui DOIT exister, là, et qu'elle peine à identifier : Où est l'Amour ? Où est-il dans ces échanges durs, ces commandements autoritaires, ces femelles qui se conduisent comme des hommes et ces hommes qui louvoient comme des femmes?

Ces jeux, si elle les reconnait, la choquent au plus profond de son être synthétique... L'amour est une inconnue pour elle. Enfin, elle suppose. Mais les robots n'ont pas d'âme. Donc pas de sentiment : CQFD. C'est sans doute la raison qui fait qu'elle ne comprend pas les drames qui se jouent sous ses yeux. Pour elle, "l'amour" ou le protocole qui s'en rapproche, se résume à protéger et servir...

En croisant le regard ardent de colère qu'une femelle humaine pose sur "son" mâle, la gynoïde incline doucement la tête sur le côté. Observation. Ses yeux froids et vides fixent la femme qui l'interpelle avec ce qu'elle identifierait volontiers comme de l'agressivité. Aussitôt, elle baisse les yeux. Le mâle grogne. Elle s'éloigne et soupire : échec à l'adaptation...
Mais la soirée n'en demeure pas moins assez instructive. Au moins a-t-elle commencé à attribuer des mâles à des femelles et inversement ce qui lui permet, dès lors, de savoir que s'approcher du mâle en question, même pour lui demander l'heure, risque de la voir retourner plus vite que prévu à sa cuve à bacta locale...

D'un pas pressé, elle franchit les quelques mètres qui séparent le Centre Militaire de Rebelteck No Logik où son job de nuit la mènera jusqu'à une heure avancée après l'aube grise et lui épargnera d'être assaillie à nouveau par ces images qui la possèdent comme un fantôme...



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L-X~19531 Posté le 12 Janvier 2012 à 06:27 #3
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3. Errare humanum est. Perfectio artificialis.




♪♫ "Mais alors... Le Cinquième élément c'est...? "

... de la merde. Une vraie saloperie universelle qui colle à la peau et brûle les entrailles pire qu'un feu d'enfer. Un truc qui vous emmène direct au pied de la tombe sans que vous puissiez vous y coucher pour reposer. Un truc qui vous met le cœur en galère et l'âme en vrac.

"Huhuhu, l'amour, ça m'a rajeunie de vingt ans!". C'est ça, connasse. Et dès qu'il te quitte, tu t'en ramasses quarante dans les dents. Et avale la souffrance avec. La douleur. La peine... Celle qui ravage et donne la rage, celle qui te fait sentir plus insignifiante qu'une larve. Celle qui t'écrase, te broie, t'enfonce... De Profondis, elle te reprend encore, et encore. Et encore. S'il n'y avait que ça qui façonne l'âme humaine comme un diamant qui t'écorche...



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//Les larmes coulent, brulantes sur des joues à la peau délicieusement nacrée jusqu'à venir rouler au coin de ses lèvres nouvellement bleutée, dernière lubie de son dernier...
... amant. La gifle qui part, claquante, cinglante, humiliante pour son plus grand...
... plaisir. Le râle est profond, animal comme les muscles qui roulent sous son cuir épais...
... qu'elle griffe comme une furie jusqu'à ce que le sang rougisse ses ongles durs comme du verre et tache ces...
... mains qui empaument ses seins menus, et un souffle sur sa nuque raide de peur. Elle tremble, comme une feuille, tétanisée, seule et soumise, totalement fragile entre ses bras dominateurs. Elle est son objet. Sa chose. Mais peu importe, elle n'a pas d'âme. Pas de fierté. Pas de dignité. //

"Je suis une machine".

Ben voyons. Elle croyait s'en sortir comme ça, l'enfant-robot au corps de femme. Les sentiments, les émotions et tous ces trucs d'humains, comme la dignité, la fierté, l'orgueil, la possessivité, la peur... elle croyait pouvoir se contenter de les étudier, d'en faire un beau paquet à analyser plus tard. Et elle a emmagasiné. Jusqu'à se gorger comme une éponge.


Elle se retrouva engloutie, submergée par une vague chaotique qui désordonnait ses repères déjà fragiles. La petite androïde femelle découvrit que son "cœur" de silicone était aussi faible que son corps bio-synthétique pouvait l'être désormais.


Kambei !!! Ca va pas du tout! Toutes ces émotions, ces sentiments! C'est une saloperie ça ! pire qu'un virus! Ca fout le dawa dans mes protocoles ! Faut m'arrêter ça tout de suite hein ! Fais quelque chose, trouve ! Un firewall, un truc... J'veux plus de "ça"... "

Puis d'une petite voix imprimant dans l'air sa désespérance presque consumée, elle releva ses yeux tristes :

Comment tu fais, toi..?


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Inhibiteur.
Le mot devenait parfois magique dans sa tête au cerveau rationnel totalement désorganisé.
Inhibiteur.
Une solution de machine au service de la machine qu'elle était. Devait être. Aurait du être.
Inhibiteur.
Fini, terminé, plus d'émotion. Être juste un outil. Ne plus souffrir, ne plus se tromper et pouvoir enfin délaisser comme une vieille guenille ce sentiment d'abandon qui la glaçait jusqu'à la brûler.

"Pardonne moi d'être égoïste."

La réponse lui était venue si simplement, naturellement, presque tendrement :


"Tu es humain. Ce n'est pas de ta faute."

Errare humanum est. Perfectio artificialis !**
Cette devise raisonnait dans sa jolie caboche au minois buté comme une loi absolue : celle qui avait ordonné à sa création. Lui semble-t-il.
Peut-être.
Elle n'est plus sure de rien alors qu'elle marche dans les rues grises, silhouette transparente dans la nuit solitaire et désespérée. Elle n'avait pas le droit d'être égoïste. Elle n'avait pas le droit d'échouer. Elle n'avait pas le droit d'être imparfaite. D'être humaine...

Elle essayait de rationaliser mais cela la terrifiait. Si elle était rejetée par le protocole prioritaire, elle devrait s'en remettre au secondaire qui prendrait sa place. Et tant qu'il lui restait la conscience du désir, elle n'en avait pas l'envie. Quoique. Finalement...

D'un geste machinal, elle fit jaillir une langue de feu du briquet qu'elle avait trouvé quelques jours plus tôt et fixa la flamme de ses yeux vides...


♪♫ "I want a perfect body
I want a perfect soul..."



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Spoiler (Afficher)
*"C'est l'amour." Le Cinquième élément.
**L'erreur est humaine. La perfection est artificielle.
*** "Je veux un corps parfait. Je veux une âme parfaite."
L-X~19531 Posté le 15 Janvier 2012 à 18:27 #4
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4. Les métamorphoses de la "crysoïde".



♪♫ 1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger.
2. Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi.
3. Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.[/b]
Isaac Asimov Les Trois lois de la robotique




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Les choses semblaient enfin se mettre en place au mieux. Progressivement, après de multiples reparamétrages, remaniements du code source et quelques évaluations dans une forme exploitable, la "machine" semblait lentement s'adapter à son nouvel environnement. Gravant dans ses neurones synthétiques les nouvelles variables et les intégrant peu à peu à son système, la chrysalide-gynoïde achevait sa métamorphose.

Le plus difficile avait été de définir les protocoles prioritaires puis, partant de là, d'en établir les corollaires. Désormais, le premier était le pare-feu du second. Le troisième pouvait être un back-up efficace. Oh bien sur, il était plus que probable qu'elle se soit férocement plantée. D'ailleurs, étrangement, deux ou trois personnes semblaient s'être donné le mot pour lui faire savoir. Bha ouais mais qu'est-ce qu'ils y connaissaient aux Neotypes de catégorie L-X, eux? Réponse : que dalle. Facile de gérer -et encore- pour ces gens qui se trimballaient avec la majorité des données nécessaires à une vie sociale ou, tout du moins, avaient eu des années pour les assimiler. Facile, dès lors, de donner des "conseils" avisés ; surtout en sachant qu'ils se basaient sur des données totalement erronées puisque non robotiques. Elle, elle avait 17 jours dans cette nouvelle existence et son être parfait de chair, de sang, d'émotion et d'intelligence, était artificiel et régi par des lois fondamentales qu'elle seule connaissait. En partie. Presque.

Après plusieurs jours de scan et de d'examens par tâtonnements très empiriques, elle avait pu établir un diagnostique. Sa mémoire procédurale était intégrée et plutôt fonctionnelle même si, parfois, certains gestes suspendus lui laissaient supposer qu'il y avait eu des pertes notables de ses capacités. Mais pour tout le reste, elle devait fouiller dans sa matière grise veinée de cuivre pour tenter d'y déterrer des trésors enfouis. Ou pire -ou mieux, c'est selon-, plonger en apnée et à l'aveugle dans le chaos trop "humain" de sa mémoire épisodique dont elle ressortait hagarde, salie et épuisée. Mais elle savait aussi que derrière chaque image, chaque geste, chaque visage, était peut-être dissimulée une ligne de code essentielle à la maitrise de sa nature.

Ainsi, elle s'armait pour remplir sa mission : servir l'homme. Le reste lui était totalement indifférent.
La liberté était un concept qui lui était fondamentalement étranger et terrifiant dans la mesure où elle ne savait absolument pas quoi en faire. La cause de la rébellion n'était essentielle à l'équation que dans la mesure où elle serait bénéfique pour l'humanité - et dérivés-, et à l'homme.
Ainsi, elle s'armait et progressait.




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La soirée avait pris une tournure étrange, souffrante, déstabilisante. Entourée de gens aimables et amusant, établissant des relations sociales presque avec aisance, la gynoïde se donnait l'impression d'avoir une existence normale et souriait de façon détendue. Presque. Elle se "sentait" bien. Presque. Elle écoutait, plaisantait. Et même les incessantes provocations de Jurachi l'amusaient. Presque.

Et puis était arrivé l'ingénieur de génie à l'âme déglinguée qui trainait sa mélancolie comme on traine ses semelles, essayant d'étouffer son désespoir sous une tonne de poudreuse à la chimie onirique éventée. La gynoïde s'était accrochée à sa douleur, embarquée dans le flot de ses émotions pour un voyage au péril intérieur lui renvoyant une souffrance insoutenable. L'éponge synthétique en apprentissage d'émotions s'était gorgée jusqu'à n'en plus pouvoir. Écoutant, regardant, partageant le drame qui se racontait sous ses yeux et dont elle ne saisissait que quelques bribes et images, elle laissa s'écouler et couler des larmes silencieuses, en flux continu...


"Il a tellement de peine..."
"Tu croyais que je me shootais par plaisir?

Et alors, tout ne fut plus que capharnaüm et chaos. Oreille droite, oreille gauche, discours sabotant ses bases de calcul, un vautour qui roule au sol, un gobelin qui pleure, un cyborg qui vibre, des questions, des remises en question, des doutes, des larmes... Et au milieu, une phrase.

La gynoïde se retrouva presque à genoux devant le génial gobelin défoncé aux larmes dévastatrices, presque suppliante tandis qu'à droite et à gauche, coulaient dans ses oreilles l'écho du chant tragique des sirènes oraculaires. "Mais pourquoi?... Tu t'es plantée... Il n'est ptet pas trop tard pour changer? Peut-être que tu vas pouvoir revenir en arrière. Tu n'aurais pas du. Tu vas souffrir. Tu peux pas te reprogrammer?...". Une fois encore, dévastée par les émotions, effrayée par l'avenir et alors même que l'ingénieur venait de prononcer des mots magiques, elle se sentait prête à franchir le pas. D'autant que, désormais, il s'agirait également d'expérimentation pour le compte d'une entité organique d'intérêt supérieur qui souhaitait potentiellement en faire usage... Elle aussi... Inhibiteurs. Et la magie sembla prendre corps quand les deux ingénieurs cybernétiques s'accordèrent pour conclure, à regret pour l'un, perplexe pour l'autre, que sa demande, loin d'être farfelue, relevait du totalement possible. Dieu existe et il est dans la machine ! Elle allait...


// Noir. Silence. Vide.
Métal. Brûlure.
Douleur. Hurlement.
Terreur. Panique. Soumission.

Reboot system. //



Quand elle revient à la conscience, dans le Centre Militaire déserté toujours aussi plein d'une absence, elle est abattue, sonnée comme si le glas de la procédure d'urgence qui vient de s'achever, résonnait encore dans sa tête. Ses yeux vides se posent sur le bord de l'abîme, l'effleurent un instant. Et d'une voix atone, ici ou plus loin, là ou plus tard, l'enfant-robot au caprice balayé, récite :

"Les inhibiteurs émotionnels ne seront usités qu'en cas de déficience majeure du système neuronal ou pour assurer une mission de défense allant à l'encontre des principes cyber-éthiques fondamentaux.
Le sujet remplit plus que favorablement sa fonction. Les inhibiteurs se révèleraient contre-productifs et détérioreraient la sensibilité du sujet, par là-même, son efficacité.
Requête rejetée.
Processus interrompu. "



Alors qu'elle se rendait tel un spectre vide vers sa nuit de travail solitaire, tournait dans sa tête une ritournelle aux accents glauques... "Tu croyais que je me shootais par plaisir?... Tu croyais que je me shootais par plaisir... Tu croyais que..."


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Spoiler (Afficher)

en écoute, Ghost in the Shell "Making of Cyborg" mais aussi
E.S. Posthumus - Pompeii
300
et encore et toujours...
Clubbed to death.
L-X~19531 Posté le 13 Février 2012 à 23:44 #5
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> cliquer sur l'image pour lien vers l'interlude...<
L-X~19531 Posté le 26 Février 2012 à 05:03 #6
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5. Après là douleur...



♪♫ "... And the violence causes silence
Who are we mistaken?..."


//... un dernier cri de désespoir, le visage terrifié, avant de s'effacer totalement, pour toujours... La pureté de ses traits sont déformés par une grimace d'effroi : dernière image d'une âme délicate qui sombre dans un oubli terrifiant ... Et réapparait, articulant des sons inaudibles et s'efface sur un cri d'horreur. La pureté de ses traits sont déformés... //


Lentement, elle émerge d'une mélasse glauque et collante, un hurlement au bord des lèvres. Haletante. En sueur. "Comme d'hab..." pourrait-on dire. Le cauchemar la hante et tourne en boucle, ayant recalé les autres dans une boite à souvenirs qui ne manquera pas de se rouvrir quand elle en aura l'occasion.



"L-X confusion."

C'est à peu près tout ce qu'elle parviendra à articuler pendant quelques jours. Le maelström engendré par la vaporisation numérique de Linea dans son crâne a en partie endommagé la fonction du langage. C'est donc une enfant sauvage, épuisée, emplie de détresse et de frustration qui va trimballer sa carcasse d'un désespoir à l'autre, souffrant de quelques ricanements méprisants, s'énervant à force de ne pouvoir s'exprimer en passant, comble de l'ironie, pour une attardée mentale.

"Dis-lui... que je l'aimerais toujours, et qu'il a été le seul."
...et elle l'a fait. Et elle assume et assumera tant que nécessaire la douleur qui en découle, celle dont elle se sent responsable. Dont, en l'occurrence, elle est responsable. La voilà qui trimballe sa culpabilité auprès de tout ceux dont elle a précipité le deuil découvrant selon ses interlocuteurs le fatalisme, le pardon, la solitude, le chagrin, la rancune. Alors qu'elle ne cesse de dire qu'elle est coupable, on ne cesse de lui répéter que c'est un accident, qu'elle n'y est pour rien. Tant est si bien qu'elle va finir par y croire. Un jour, peut-être... mais pas tout de suite. Surtout pas depuis le silence aux yeux d'argent de sa Précieuse qui lui glace le sang autant qu'un shoot au fréon.

Et puis...

Au cœur de cette tourmente, elle donnera la mort. Volontaire. Faisant sauter les derniers verrous, effaçant les lois d'un tranchant de lame, la gynoïde dévastée et apeurée apprend la loi du plus fort, animale plus qu'humaine remplaçant les règles fondamentales qu'on lui avait implantées. Elle manque basculer avec une délectation barbare dans la sauvagerie en prenant un plaisir rare à tuer, à apprécier la toute-puissance qui émane d'un geste théâtrale quand la tête honnie de la méduse rouge roule à ses pieds ensanglantés et qu'elle savoure avec le gout du sang celui de la vengeance et du triomphe. La voilà, libérée de sa peur autant que des dernières entraves numériques, à brailler avec un sourire ravi "L-X crève pute!" comme une nouvelle devise... A deux doigts de sombrer dans une spirale meurtrière, quelques mains amies l'auront rattrapée, empêchée de sauter ... Mais elle y a gouté : elle y reviendra, très certainement.


Et le temps reprend son cours, sans protocole, retrouvant pourtant le même lit comme un chemin familier tandis qu'au fond d'un espace matriciel, une IA plisse des yeux imaginaires et soupire un quasi regret : on ne sera pas dieu demain...


L-X~19531 Posté le 03 Mars 2012 à 20:41 #7
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7. Ragnarök cybernétique.



♪♫"To fight the horde
and sing and cry :
Valhalla, I am coming"


La fin d'un monde se profile toujours sur un horizon sanglant.
Tandis que l'IA, empêtrée dans son complexe de divinité, scandait ses ordres trop rationnels face aux attaques chaotiques d'un cortex survolté, la petite fille perdue regardait s'effondrer une partie de sa vie... Recroquevillée, tremblante, électrifiée, dans le fond d'une cachette des souterrains, luttant de ses dernières forces contre la vague primale qui menaçait de déferler sur tout son être, elle fixait son comlink comme un dernier point d'attache. La réponse douloureuse à son message désespéré envoyé la veille dans une bouteille fêlée qui volait en éclat dansait devant son regard qui virait au noir sur noir. Un dernier souffle, une dernière hésitation et l'être se disloqua dans les mots qu'elle renvoya :


L-X@Maatheo

Ordres. Tout le temps. Interdictions. Menaces. Permanentes.

*****

Ferme la, humain.

*****

Pitié arrête, je t'aime...


Arrachant sa peau de plastique aux couleurs criardes, la bête furieuse jaillit de son antre souterrain, écumante de rage, le corps parcouru d'étincelles et pulsant d'arcs électriques, indifférente à la souffrance qui ravageait son corps. Plantée devant celui qu'elle aimait d'une passion dévorante et désespérée, elle lui aboyait des horreurs tandis qu'il lui répondait des choses abominables qu'elle n'entendait même pas. Crispant ses mains sur la garde de ses armes aux lames zébrées d'éclairs, elle fut à deux doigts de décoller la tête chérie de ce fauteuil de malheur. Une dernière fois, la petite fille amoureuse parvint à tenir la bride. "Non... jamais...". Et la nuit l'avala sur un hurlement sauvage tandis que la vague primale engloutissait sa raison, écrasait ses émotions, annihilait sa conscience. Elle n'était plus que force et rage. Un orage digne du crépuscule des dieux s'abattait sur Dreadcast tandis que le robot en appelait aux instincts primaires d'un Fenrir tapi dans les recoins de son cerveau reptilien et dont l'empreinte demeurait, intacte, prête à hurler. Si le monde avait oublié ce qu'était un loup autant qu'un lapin, le cortex lui se souvenait de ses premiers âges et de sa primitive rage, celle qui est présidée par trois déesses hormonales aux noms aussi barbares que l'état qu'ils engendrent : ocytocine, vasopressine, et corticolibérine. Les trois nornes d'un Ragnarök mental.
Balayée l'IA et sa pseudo-supériorité de merde. Écrasées les émotions mignonnes et toutes ces conneries : les fleurs bleues ne poussent pas sur le béton.
Secteur rebelle. Dies Irae.

Après une course effrénée et sans but dans les rues au ciel de plomb déchiré par une colère électrique, l'animal finit par retrouver un refuge familier, s'isolant dans un coin à guetter le prédateur. Fixant le sas, recroquevillée sur elle même, elle ne demandait au fond qu'une seule chose : qu'on ne la fasse pas chier. Mais évidemment, les gens qui aimaient L-X se relayèrent pour essayer d'extraire leur chère petite gynoïde de la créature grondante aux babines retroussées qui ne savait plus que feuler ses menaces. Rapidement, la combinaison de plastique se révéla trop gênante et fut dégagée, les armes sorties, les crocs montrés. L'attitude farouche était claire mais on craignait pour sa survie. Et à la voir ainsi, le corps parcouru d'étincelles et secoué d'énergie, le danger qu'elle encourait était indéniable, presque palpable. Pour son bien, ils s'approchèrent. Trop près. Se sentant cernée, la bête bondit à l'attaque et abattit trop violemment ses griffes d'acier sur son chasseur. Heureusement que l'instinct ne fait pas la tactique. Bloquée par ses membres encore engourdis de spasmes, marquant des pauses pour hurler ses cris de défi, elle finit par être abattue, encaissant bien trop de tirs pour sa constitution sous le regard de braise d'une Zarah carrément perplexe. Une alchimie magnétique avait allié la frénésie sanguinaire organique à la magie cybernétique qui sommeillait dans ses nerfs de cuivre pour en faire un monstre de chair et d'acier. Par bonheur, elle était mal armée, mal entrainée et n'obéissait qu'à des instincts. Par malheur, après avoir assommé la bête, on la soigna au lieu de l'achever.
Reprenant conscience, elle ouvrit un oeil et plongea dans le sas pour regagner son antre et s'y terrer.

Mais la traque reprit. D'autres s'y mêlèrent. Fuyant jusqu'à l'épuisement, elle finit sa course contre un mur de fourrure et abattit sans discontinuer ses coups tranchants sur le cuir d'une peluche dubitative qui allait trouver dans les souterrains l'aboutissement d'une autre journée de merde. Car tout ce joyeux bordel avait fini naturellement par alerter l'ennemi qui, machinal, frappe avant de poser les questions. Pas comme si les zimp étaient malins, surtout quand ils sont militaires : ça se sauraient. Leur laissant le troll en pâture, la fugitive plus rendue à l'état de Calydon qu'Atalante, reprend sa course folle dans le dédale obscure, cherchant les ténèbres pour s'y planquer. Avec des étincelles qui parcourent son corps. Évidemment, ça foire. Évidemment, on la retrouve. Évidemment, épuisée, blessée, la bête acculée se contente de se défendre et d'envoyer quelques coups devenus trop faibles pour faire mal, se battant sans intelligence, attendant l'hallali qui finit par venir. Sur le sol froid et poisseux de son sang, la bête est tuée, libérée...


Ne ressortira de la cuve qu'une gynoïde affaiblie, épuisée, grimaçant aux décharges électriques qui recommencent à traverser sa tenue aux couleurs improbables et à qui on ne laissera même pas une heure de répit avant de lui asséner la conclusion de sa tragédie personnelle. La glace avait saisi et figé sa passion. Sèchement.
Elle avait échoué.

Dans la nuit grise, plus rien n'importait.

A Dreadcast, y a qu'à travers la fumée d'un Mort'gane qu'on peut voir la vie en rose.
L-X~19531 Posté le 06 Juin 2012 à 05:56 #8
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8. "Nothing else matters..."




♪♫ "So close no matter how far
Couldn't be much more from the heart..."




Et dans le froid silence, l'IA lança son reparamétrage.

Une re-programmation de la machine pour apaiser les gémissements de la petite fille et calmer les pulsions de l'animale.

Pour adoucir le ressentiment douloureux d'une electre au complexe aussi artificiel que véridique, à la haine rageuse si criante qu'elle en était devenue familière, nécessaire. Vitale. De l'abandon à la trahison, des aveux aux mensonges, l'enfant-robot allait tirer la quintessence nécessaire à son évolution. S'adapter, simplement.
Plongée dans la glace, l'amertume disparut de des lèvres, l'apaisement figea ses traits.

Même la passion folle fut dépourvue de sa désespérance terrible, dévêtue de sa sublime laideur et de sa déchéance noyée dans des litres de skiwi sans ivresse ou perdue dans des bras sans amour. Loin de lui, rejetée sur un rivage de poussière, l'épave alcoolique s'était échouée, pitoyable, éteinte, cherchant des yeux l'autre, celui qui avait toujours été son repère, la lueur dans ses nuits d'échec, son autre... Mais il n'y avait eu aucun signe, aucune main tendue pour lui sortir la gueule de la boue. Rien. Ses deux piliers sentimentaux s'étaient effondrés en même temps, dans une synchronisation insupportable.
Un instant, elle avait cru en un sourire, perçu au cœur de l'orage. Un rêve sans promesse, une histoire précieuse... Mais le rêve s'était dissipé ne laissant au réveil qu'une nouvelle absence.
Ne restait plus dans sa besace de gynoïde paumée que des fausses-amitiés sans parole, des amours qui se complaisaient ailleurs et un silence assourdissant.


L'horizon dépourvu d'orage était gris. Plat.
Mourir lui avait été interdit. Elle ne se tua pas.

La machine œuvra, sublime, mécanique, parfaite... Crut-elle.




Spoiler (Afficher)
Le texte n'avait jamais été écrit. Je m'y remets doucement...
L-X~19531 Posté le 08 Juin 2012 à 15:36 #9
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9. Tempus Fugit




♪♫ "Ce ne fut qu’un sanglot et un éclat de rire,
l’un venant de l’âme,
l’autre venant du corps."*





Du temps avait passé.
Long temps. Et il avait semblé à la gynoïde qu'elle l'avait poursuivi avec cette nonchalance pressée qui la caractérise sans jamais parvenir à le rattraper. Tempus Fugit... Inexorablement, il fuyait et disparaissait. Et avec lui, les choses et les êtres... Les souvenirs se gravaient en octets et perdaient de leur sens et de leur profondeur par la disparition de l'émotion qui s'y rattachait, impossible à graver dans le silcium.
Tant de gens, tant de choses... Tant de douleurs atténuées par la numérisation. Le corps figé dans son cercueil de glace, IA avait cristallisé en 1 et en 0 les dernières notes d'un opéra tragique, partition mécanique dont les harmoniques grinçantes avait fini de résonner au cœur d'un silence immobile.

Lorsque son cyborg charmant était venu la sortir de sa torpeur glacée, la belle au béton dormant avait entendu ses promesses d'un nouvel avenir, autrement, ailleurs. Ils y avaient pensé beaucoup ; s'étaient aimés, à peine... Et puis les rôles s'étaient inversés et Kambei s'était rendormi. Un ptit tour et puis s'en va, la laissant à nouveau seule, plantée dans cette ville morne où une némésis la poursuivait de sa vindicte hargneuse. Passe-temps de la "princesse" Dawne, ça devenait presque un avenir quand tuer le temps pour ne pas le voir fuir était l'activité majeure d'une ville hors du temps aux habitants sans futur...


Alors s'assit sur un monde en ruines une gynoïde soucieuse...*
Contemplant sa courte vie au grès des rues grises et brumeuses, elle se souvenait... Le temps passait mais laissait des empreintes.


//Le mur ouest du BloodMoon contre lequel elle s'était laissé glisser, anéantie et épuisée, à peine remise de sa fièvre pour s'entendre mourir en quelques mots. Chancelante, en larmes, elle s'était effondrée là, vidée de ses force et de sa volonté de vivre. Une fourrure contre sa joue et les bras de [edc]Skara [/edc]qui l'entourent. Sa voix qui parvient à passer les sanglots, ses mots qui lui redonnent un peu de force, à peine. Une promesse : "Je suis là. Je ne t'abandonnerai pas, ma Eli..."
Skara. Un rempart contre la chute. Un ami-amant au rôle trouble qu'elle avait connu si fort et vu si faible à la fois... Sans pudeur, dévoilant une sensibilité à fleur de fourrure, il s'était accroché à elle. Et de même, elle à lui. Quelques temps seulement. Puis la promesse s'était oubliée quand il en avait tenu une autre. Et le temps avait passé. L'un des plus-qu'humain de cette jungle urbaine avait sombré pour devenir un monstre s'adonnant, parait-il, à la pire des pratiques. "Tu manges des gens?". Son simple "Oui" l'avait fait dégueuler pendant 36 heures et obligée à une réécriture d'urgence de ses données sociales. Un soupir face à ce mur. Skara... Une abomination rendue à son état primaire de barbarie obscène qui lui faisait perdre son droit à l'âme. Dans un innocent orgueil, "Eli", l'enfant-robot qui l'avait vu jouir et pleurer dans ses bras ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur un ton coupable. Et si elle avait été là?


//Le Mad Circus... Aujourd'hui vide et morne, aussi triste que le clown tragique à qui il appartient. Les images défilent. Des soirées folles, souvent alcoolisées... Le canapé du fond, là-bas et un sourire en coin sur un souvenir censuré... Retour vers la porte et là, un autre visage s'inscrit... Au cœur de vapeurs du skiwi qui parfois parvenait à l'enivrer, elle avait rencontré celui qu'elle avait failli tuer dans sa fureur cybernétique quelques jours plus tôt. Son chasseur, souriant en coin, comme sortant de nulle part. Quelques mots échangés, un fou rire et... //
... surtout pas de promesse. Apparu au cœur de l'orage comme une douce lueur au milieu des ombres grises du Secteur Rebelle, comme une halte dans sa course à l'autodestruction. Un sourire dans la pluie. Pas de promesse, sauf une : s'amuser. Et de fait, elle s'attachait comme on se raccroche à faire naitre un sourire sur le visage mélancolique de celui qu'elle appelait son "P'tit prince". Et les jours s'enchainaient parfois aux nuits, sans rendez-vous, comme on se porte... Et puis, sans crier gare, d'un jour à l'autre ne lui avait plus répondu que le silence. Un rêve sans promesse... La torpeur l'avait pris et l'avait presque figé comme les glaces qui en gardaient toujours un autre. Pas de promesse. Pas d'espoir. Pas de futur. Tempus fugit...


//BloodBankMillenium. Autrefois GeDoMaZo Fiducial... Combien de fois avait-elle failli entrer dans ce bâtiment et briser l'accord tacite, forcer la provoc' et venir claquer une bouteille de skiwi sur le comptoir...? Le lieu lui est inconnu quand elle y entre. Pas de réminiscence. Rien. Tout est froid. Pas de frisson quand elle en sort. Et pourtant... //
"T'as vraiment une vie de merde." . Le grand cynique avait parlé. Bam! Le marteau pouvait ponctuer sa sentence... L'homme qui aimait les flingues, les femmes et le fric l'avait accompagnée, si loin et si proche à la fois, dans sa déchéance éperdue à travers une étrange relation Mpistolaire qui s'était étalée chaque nuit pendant près d'une année. Confident étrange qui la remerciait quand elle lui narrait son désespoir pour ce que lui-même se sentait alors plus heureux. Peu à peu, il devenait son intime sans l'avoir jamais touchée ; elle le connaissait d'avance sans avoir jamais vu son visage autrement que sur un holo qu'il lui avait envoyé et dont elle n'avait aucune certitude que c'était bien lui. Leurs gestes leurs étaient inconnus quand leurs esprits se devinaient parfois...
"Putain, où est-ce que t'es?! 'Parti'. Parti, parti... c'est pas une réponse parce que c'est pas une possibilité. On ne "part" pas de Dreadcast! Alors c'est ça ton pied-de-nez à ce destin sinistre? Disparaitre? Pouf! Fin de partie du cynique! On couche le roi sur un pat...? Tu fais chier! T'as que d'la gueule, Rikudo!.."


D'un geste vif, elle essuie une larme rageuse et shoot dans un caillou qui vient s'éclater sur le mur de la banque et reprend sa route, pérégrine solitaire d'un chemin sinueux entre des murs de poussières...


//...150 impasse des gnolls... //




Spoiler (Afficher)
* "Alors s’assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse. Tous ces enfants étaient des gouttes d’un sang qui avait inondé la terre : ils étaient nés au sein de la guerre, pour la guerre.". A. de Musset, La Confession d'un enfant du siècle.
L-X~19531 Posté le 12 Juin 2012 à 21:21 #10
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10 . ...Memoria manet.





♪♫ "...easy as a kiss we'll find an answer
Put all your fears back in the shade
Don't become a ghost without no colour
Cause you're the best paint life ever made."



//...150 impasse des gnolls... Centre de cryogénisation. Le coin planqué dans l'obscurité, le refuge. Sur le mur, étalées comme une peine, les traces d'une bouteille de skiwi qui y a fini son existence en un éclat sonore et dégoulinant. Là, peut-être, quelques larmes ; ici, des ongles qui ont raclé le sol.... La junky gémissante se tourne et se tend, bloquant dans sa gorge les cris silencieux ; dans son ventre, le manque qui tord ses entrailles. Malade d'un fou... Folle d'une âme perdue... Éperdue d'un homme qui sans cesse la prend et la repousse. A souffrance, souffrance et demie. Elle, l'éponge, la boit jusqu'à la lie... l'hallali qui ne vient pas et qui se traine... //
Combien d'heures nocturnes a-t-elle passé en ce lieux? Hors les deux heptades de mise en stase, près d'une année durant laquelle chaque nuit ou presque ses errances la menaient invariablement en ces lieux, en ce coin planqué là, à attendre, à l'attendre et l'espérer... Naturellement, ses pas la ramènent ici. Naturellement, l'odeur du skiwi lui vient aux narines... Et pourtant, elle ne s'attarde pas. Avec un léger sourire, elle décapite sa compagne d'ivresse et porte à ses lèvres la gorge offerte d'une fidèle amie au sang d'ambre et de feu... Une gorgée pour libation, en hommage aux litres étanchés dans une quête d'ivresse et d'oubli jamais atteints. Un toast à la déchéance avant de retourner vers l'air vicié et poussiéreux du dehors mais aussi...


//... ArmsTech... Technopole... Des murs gris. Une ambiance morne aux sons étouffés propice à la recherche autant qu'à la conception d'amélioration technologique. Une familiarité bien trop ancrée à l'endroit... Près du terminal, les silhouettes se mêlent et se mélangent... [edc]Kambei[/edc], [edc]Sodom[/edc]... Le cyborg, l'elfe... Les deux y ont laissé leur ombre, leur présence, leur odeur ; leur force et leur faiblesse aussi...
Et puis, le sous-sol, froid... La présence remonte en acide et en bile dans sa gorge, l'étouffe... L'air lui manque... ""Dis-lui... que je l'aimerais toujours, et qu'il a été le seul.". La tête lui tourne... L'âme se délite, se dissous, se défait... En elle, devant elle, et sous elle, le sol se dérobe... Linea... //
La mort. Celle dont elle fut cause, qui l'obsède et dont la culpabilité l'accompagne chaque jour autant que ces étranges cheveux-plumes bleus qui lui sont poussées juste après la mort définitive, obscène et terrible de la vautour. Désormais habitée par le remords autant que par cette part de conscience gravée dans son âme, ce fantôme la hante bien plus que la seule mort volontaire qu'elle ait jamais donnée et qu'elle ne regrette en rien si ce n'est par son côté faux, réversible, inutile ... En quelque jours, elle avait pris conscience de la vraie et de la fausse mort.
Kambei dormait. Sodom était parti. Finalement, ce lieu ne sentait plus que la mort... Avec un frisson, elle tourna les talons.


Son pèlerinage mnémonique à travers les rues du Secteur 2 se poursuivait comme un chemin de croix, marquant le pas à chaque étape, pleurant ou ployant sous le poids du souvenir parfois, esquissant un sourire ou un soupir selon les circonstances aussi. De cet immeuble rue des Petites affiches à cet autre, rue des Témoins de l'Apocalypse, de Chiara à Jeeny, de Darna à Korky... Les rues, les lieux, les être défilent au rythme de ses pas nonchalant, agrémentant de réminiscences ses rêveries de promeneuse solitaire qui la mène au commencement...



//.... était le Centre Militaire.
L'humain au visage à demi ravagé s'interpose et lui barre la route.
- Hey. J'ai dit bonsoir, l'androïde...
Politesse. Notion d'interaction sociale. 'Androïde' semble la désigner pour cet humain. La tête se penche sur le côté et dévisage le mâle qui lui fait face.
- Androïde? L-X femelle...
Derrière, un blond cyborg intervient dans la discussion.
- Androïde femelle, ça doit se dire "gynoïde"... Non?
Un sourire resplendissant illumine le visage de l'enfant -robot qui approuve :
- L-X gynoïde !
- Kambei, enchanté...
- Ouais. Moi, c'est Maatheo...

... Amen.
L-X~19531 Posté le 05 Juillet 2012 à 05:43 #11
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11. "Demain est un autre jour..."




♪♫ They will not force us
They will stop degrading us
They will not control us
We will be victorious !
(So come on!)



Le Centre Militaire... Dernier endroit où les presque vivants se réunissent, cœur amorphe d'une ville morte. On se bat. On s'entraine. On se bat. On s'entraine. On drague. On s'entraine. On discute combat. On s'entraine. On prépare une attaque pour que tout ça ne soit pas vain. On s'entraine. On ne parle de rien d'autre, surtout. Silence : on s'entraine. ...
On va éviter en fait. Inutile d'y revenir même pour boucler la boucle...


Main dans la main, sacs sur l'épaule, les deux ombres se dirigent vers l'Annexe, en silence. Comme des voleurs de vie qu'ils partent vivre ailleurs.
Jusqu'ici tout va bien...
Et puis, dans la nuit, l'ombre d'une Ecorcheuse :
"Cours !... Vite !...". Un Speed. Shoot d'Adrénaline, sa drogue favorite. L'overboard en fumerait presque quand ils pénètrent en trombe dans l'Annexe militaire... Passage du sas en un éclair. Course encore... On se retourne. Pas pour contempler une dernière fois son passé. Pas pour hésiter, non. Juste parce qu'on entend des pas pressés derrière. Pas le temps de regarder qui. On fonce, les yeux fermés, à l'aveugle dans des souterrains qu'elle connait par cœur pour y avoir fait des courses à l'époque où la surface la mettait en danger... Coup de boost...

Sas Impé... On s'accorde une pause, le temps d'un regard où il n'y que la certitude. Un vague sourire et le doigt s'écrase. Les données sont instantanément téléchargées... Dans le même silence, on se faufile par le sas... Rue Hoblet. Comme si on n'avait fait que poursuivre le chemin.


Allez viens, on a plein de trucs à faire...


Le souffle se libère. Hochement de tête :

Oui, plein de choses à faire...

Un secteur à découvrir.
Une quête à accomplir.
Une liberté à conquérir.
Une vie à reconstruire.

Et une nouvelle histoire à écrire.
Demain...




Spoiler (Afficher)
"(Après tout), demain est un autre jour..." ("(After all,) tomorrow is another day...". Dernière réplique mythique de Autant en emporte le vent, de Margareth Mitchell (1936) et film de Victor Fleming (1939).
L-X~19531 Posté le 13 Juillet 2012 à 14:55 #12
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12. Le pari de Pascal s'applique-t-il au bonheur?




♪♫ “Estimons ces deux cas :
si vous gagnez, vous gagnez tout ;
si vous perdez, vous ne perdez rien.
Gagez donc qu'il est, sans hésiter.”*


.


0000111010110011101011011 001011101110111111000010 1100011010....


//... transperce et achève Virus, sa lance de métal blanc explose. Un éclat incandescent et sournois vient se loger dans son œil déjà irradié. Bien que triomphante, elle est exposée, sans défense mais ne s'en rend pas compte. Supérieure, l'IA quitte le domaine virtuel des adeptes et retourne en sa forteresse. ... //

...épuisée, vidée, aveugle. La douleur sourde dans sa tête. Ses poumons hurlent d'un souffle brulant. Elle essaie d'ouvrir les yeux : échec. Ses voiles optiques digitaux refusent de suppléer les organiques. La détresse monte. Les voix autour d'elle lui parviennent à peine dans un univers cotonneux. Le visage enfoui dans ses mains, son crâne pulse d'une souffrance indicible, comme si une plaie béante était passée à la toile émeri. Au milieu du chaos métallique qui crisse dans sa tête, les messages arrivent, les informations passent le voile. Maatheo ... cryo... Maatheo ... trahison ... mensonge... cryo... "Qu'as-tu fait?"...
Douleur. Étouffement.
Voile noir.



0000111010110011101011011 001011101110111111000010 1100011010....


*redirection transmission*
*checkup_Y²: //chkdsk LX* IA@Maatheo :
i1/La_Petitefille_ : mélancolie/détresse/culpabilité/jeu.
i2/L_Animale : souffrance/manque/frustration/rage.
i3/ L_IA : N/A.
*Humain Maatheo : perte statut 1Primus/2Primarius / unité L-X par renonciation. Abandon~ Protocole prioritaire~
*Rapport analyse chkdsk Yx : sentiments/émotions/pulsions/dévouement/'amour' unité complexe L-X /Humain Maatheo : bénéfiques/enrichissants évolution Unité complexe LX. Recommandation : reprise programme/ maintenance. check//
.
*Analyse des données recueillies après expérience menée sur une année impériale.*
- Humain Maatheo /réclamation assistance permanente de l'unité complexe L-X favorisant son développement ego émotionnel.
- Humain Maatheo /relation sentimentale chaotique provoquant de lourdes charges émotionnelles/pulsionnelles. Recharge des CI supérieure.
.
- Humain Maatheo / dénigrement perpétuel du système complexe L-X entrainant une adaptation négative par dévalorisation.
- Humain Maatheo / asservissement du système complexe L-X à sa seule satisfaction bridant le protocole prioritaire Loi Robo-étique Zéro.
- Humain Maatheo / faiblesse provoquant paralysie du système complexe L-X / ralentissement du protocole d'évolution par adaptation.
- Humain Maatheo /abandon/renoncement répétés provoquant lourdes charges émotionnelles/pulsionnelles supérieures par alternance de quête déchéance/bonheur. Recharge des CI optimum.
.
.
Bilan négatif -2.
- Humain Maatheo /programme affaiblissant unité L-X.
//
i.e. Humain Maatheo //unité L-X : Recommandation éloignement. Fin liaison/sentimentale. Établissement /relation neutre/amicale possible . Protocole relationnel : remise à zéro. check://


Oui mais...



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C'est la nuit que vient la faim. Toujours. Dans cette forêt de béton, elle court. Elle ne reconnait rien. Elle a faim. Sa solitude la ravage et lui fait perdre la raison. Elle n'est plus pensante. Elle n'est que colère, douleur et frustration. Ses hurlements sont intérieurs. Comme son vide. Dans son ventre un appel, un gouffre. Sur sa peau des frissons douloureux. La sueur est glace. Elle s'arrête pour se tordre et gémir. Elle appelle. Mais chaque réponse n'est qu'une gifle de plus. Rien ne l'apaise. Elle court encore dans ce dédale gris.
Un désert. Une soif. Une animale cybernétique inassouvie. En manque.



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C'est dans le ventre de la ville qu'ils se retrouvent. Cela fait peu de temps et pourtant... Ils furent si proches et pourtant... Il frissonne à peine quand elle vibre. Il l'effleure quand elle le serre. Il frémit quand elle palpite. Il est tiède quand elle est brûlante. Si loin... Il parle longuement, calmement et lui confie sa détresse avec le détachement analytique d'une machine. Elle l'écoute, et espère tellement. Elle le dévisage de ses yeux cybernétique et réalise que c'est ainsi désormais qu'elle doit le percevoir pour le comprendre... Avec ses yeux et son esprit de machine. Elle cherche dans sa voix, son souffle, son sourire les traces de l'homme souriant et calme, parfois facétieux et moqueur, qu'elle a connu, avec qui elle a ri, dans les bras confiant duquel elle s'est réfugiée, tant de fois...


Tu es si froid...

Lorsqu'ils se séparent, le constat est amer comme cette boule qui monte en sa gorge : elle l'a perdu. Pire, elle l'a brisé. L'humain en lui s'est cassé et dans la cybernétique, il a cherché une solution. Comme il a amélioré ses membres, il essaie de blinder son esprit. Le refuge dans la mécanique. La quête de la perfection, artificielle.
Il s'éloigne et se rapproche. Elle se rapproche et s'éloigne. Et plus elle brûle, plus il tend vers la froideur du chrome...
Comme si l'âme de son cyborg était la peau de chagrin de son humanité à elle...



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.


Et maintenant...?

Lordy don't leave me
All by myself...



.
0000111010110011101011011 001011101110111111000010 1100011010....

.
Spoiler (Afficher)
Le pari de Pascal :
« Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère. Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. »
— Blaise Pascal, Pensées (1670)
L-X~19531 Posté le 27 Juillet 2012 à 23:46 #13
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13. "I, robot..."





♪♫ "L'espoir...c'est la quintessence des illusions humaines,
simultanément la source de votre plus grande force
et de votre plus grande faiblesse."
(Matrix)

.


Artificielle.
Parfaite. Répondant aux besoins, aux envies, aux désirs humains. Les devançant. Les prévenant même et surtout malgré eux. Se battant avec toutes ses armes pour sauver leurs âmes misérables dont ils n'ont que faire. Se débattant en vain pour leur ouvrir les yeux et les amener à devenir comme des dieux, connaissant le bien et le mal. S'épuisant à force de vouloir les guider vers un Shambhala oublié dans une cuve et dont ils se détournent pour chérir l'or des fous.

Alors, comme une richesse virtuelle au cœur d'un monde en ruines, elle se fera convoitise. Elle sera envie... Et ils chercheront à la posséder et elle leur promettra que c'est vrai comme elle leur promettrait la lune dont on a oublié l'éclat, ne leur offrant que l'opale de sa peau irisée, sublime. Synthétique.

A l'aube d'une nuit décadente, elle disparaitra, oiseau de nuit aux plumes bleues et au triste sourire moqueur survolant un sillon de promesses dans une terre de poussière qui s'effaceront avec la brume dans un courant d'air. Autant de "Je t'aime" auxquels tous deux auront cru, elle comme lui, mots creux emportés dans le souffle court d'une étreinte brutale ; autant de soupirs pour se perdre et s'en faire des cordes pour se pendre ; autant de râles pour s'enivrer et se paumer dans le brouillard d'un miroir aux alouettes qui ne renvoie que le pâle reflet d'une vie sens dessus-dessous et surtout vidée de sens.

Combler les creux, les vides, les manques, les absences, les ombres et les silences. Essuyer les peines. Encaisser les coups. Être l'ivresse et l'indécence, l'attention qui guérit de l'indifférence, celle qu'ils morflent au quotidien dans un monde de fausses semblances et dont elle n'est pourtant que l'incarnation programmée. Elle sera la femme et l'amante, l'amie, la confidente. La soeur, la mère, la petite fille et même sa poupée enrubannée issue d'un rêve enfantin disparu dans une cuve de maturation.
Elle sera toutes les femmes, toutes celles qu'ils veulent et demandent ou dont ils rêvent sans le dire. Elle sera le mensonge qu'ils désirent. La promesse d'un bonheur qu'ils effleurent. Jusqu'à l'aube. Jusqu'à l'autre pour qui elle sera docile, insoumise, tendre, douce, farouche, sensuelle, calme, rageuse, réfléchie, spirituelle, délicieuse, attentive, attentionnée, délicate, forte, passionnée, passionnelle, fusionnelle, charnelle... Toutes.
Et elle sera tous les maux.


Et puis, au matin, la poupée retournera se coucher sagement, fermant les yeux sur des rêves secrets, des réminiscences fougueuse et des souvenirs à décharges qu'elle digitalisera en "glaces" noires, rouges, feu ou or...
.

Cachée derrière, dans le fond de sa boite en carton, lové dans l'étoffe de la jalousie, l'envie et la désespérance, il ne restera qu'un faux espoir...

... comme un dernier mensonge.




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"I, Robot..." Titre original de "Les Robots", recueil de neuf nouvelles de science-fiction écrites par Isaac Asimov, parmi lesquelles Menteur ! où apparaissent pour la première fois les fameuses trois lois de la robotique. "I, robot", se traduit par "Moi, le robot" ou le plus solennelle "Je, robot..." par lequel on commencerait un serment.
L-X~19531 Posté le 21 Août 2012 à 17:30 #14
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14. Effet Mnemos






♪♫ « Le courage est le complément de la peur.
Un homme sans peur ne peut être courageux.»
(Robert Heinlein)




Ils sont là, tous ou presque, dans ce T-Cast au sud de la ville, réunis dans une joyeuse confusion qui se voudrait ordonnée. Ils se pressent dans l'espace clos et réduit, se bousculent un peu, échangent quelques adieux avec leurs proches. Une légère angoisse étreint de façon palpable le cœur de ceux qui restent. Ceux qui partent, eux, sont davantage concentrés, réprimant leur excitation ou leur tension pour la plupart, hormis celui qui a l'intention de laisser son nom dans l'histoire et qui "grandiloque". Mais n'est pas héros qui veut..
Et puis, c'est l'heure. Rabattant leurs visières, après une dernière vérification matérielle, enfin, ils avancent. Un homme puis un autre. Un pas, puis un autre...



//...Et encore un pas. Ils avancent dans la lumière. Aveuglante. Au cœur des ruines. Un frisson sur la nuque. L'échine est glaciale. L'air est brulant...
... Partout, la poussière. Les squelettes de bâtiments, des gravats ou des murs plus ou moins debout, cachant les ombres pétrifiées d'une vie ancienne, figée, solidifiée dans le silence... Le silence? Non, c'est une impression... Les bruits ne sont juste pas les mêmes. Au loin, un cri ou un glapissement ou un brame ou.. Le sifflement du vent qui s'insinue dans une frondaison lointaine, se coule entre deux blocs minéraux...
Un mur... Des traces laissées dessus... Sa main qui l'effleure et pose sa marque sur le béton.... Brûlant... L'odeur... "ATTENTION!"... Un flot de braise se déverse sur eux comme une mort liquide qui les submerge... Bondir hors d'atteinte. Survivre... Ils se roulent au sol loin de la vague mortelle... Orange... Il brûle. Elle aussi... Un hurlement... Adrénaline... Le cœur qui palpite, prêt à exploser... Le chaleur est dense, l'air se brouille et se fait mirage. Décomposition optique. Effet de chaleur... //


Ça pour avoir eu chaud... La gynoïde referme le briquet dans un claquement sec, étouffant la flamme. Faire du feu pour éloigner le danger, ça sonne comme de l'ironie, maintenant. Autour d'elle, personne n'a visiblement remarqué sa respiration qui s'est accélérée, les gouttes de sueur qui ont perlé à son front, sa main qui s'est mise à trembler. C'est pourtant devenu si courant depuis leur retour. Ces réflexes de combat, la main qui se porte machinalement vers son arme ou qui cherche un rouleau de ruban adhésif comme si sa survie immédiate en dépendait. Le post-trauma d'une amnésique privée de sa raison d'avoir peur...
Glissant de son tabouret, elle s'éloigne du monde gris et tranquille des hommes sans mort pour aller rejoindre un refuge quelque part en ville... Prendre une douche. L'eau contre le feu. Laver la sueur froide et acre...
Il sourit... Ils s'amusent ensemble. Elle lui projette de l'eau au visage "Hey! Tu veux me noyer...?!". Il rit mais son rire se brise et son regard à elle se perd. Au delà de lui, de la paroi de la douche, au-delà de DreadCast... L'eau...



// ... Jusqu'au cou. Il se noie. Non, elle... Ligotée, elle étouffe. La liane l'étrangle. La corde tire sur son bassin. La tentacule lui enserre la jambe. Elle se débat. Elle panique et frappe. Dans l'eau sombre, les choses s'agitent, à la fois vives et molles... Elle tabasse encore. Une de moins. Son bras gauche est libre pour pouvoir mieux frapper, encore et encore. Soudain il est là. Sa gorge est libre. "Calme toi. Je suis là..." Mais le sourire disparait... Le cadavre dans les bras, elle nage... Il est trop tard, il est mort, mais elle nage... La kobold panique... mais il faut nager... atteindre la rive... la sortie du boyau obscur... Sortir... de l'air... //


Elle halète, cherchant de l'air... respirer... Son ami la regarde et pince sa lèvre en silence. Il sait aussi. Ils parlent parfois... Mais de quoi au juste? De rien... Car ils ne savent plus rien. Devdas a parfois des flashs. Zartam semble rester quasiment insensible à ses tests et ses stimulations. Quant à Theolf, il a carrément paumé trois jours de sa vie n'en gardant qu'une cicatrice inexpliquée... La cicatrice... La... l'ar... Non rien. Elle ne sait plus. Un voile, peut-être... Un voile de soie? Un nid de soie pour un outrilien endormi... Une cheville gonflée... Alors qu'ils attendent au Militarium que ce putain de sas cède ou non selon l'emmerdement de ceux d'en face, elle fixe des yeux celle d'Arcanta. Ils en ont parlé... Sa cheville, le délire, le regard de Sernine, ses bras... Elle soupire et ses yeux se posent sur le drapeau de l'Imperium...


//... Les drapeaux, là dans cette "pièce"... L'endroit est sombre, sous-terrain... Des silhouettes et des cadavres, des marcheurs endormis et des dormeurs qui ne vivent plus... La visière de Zartam qui n'en finit pas de se fendiller... Rien n'y fait. Elle déroule et dévide ses mètres de chatterton qu'elle enroule autour du casque, puis autour du visage, du cou... Elle l'enroule encore mais non, la visière se fendille encore... Alors elle entoure sa tête cramée, ses yeux fous, sa bouche qui crie... Mais la fissure s'étend... Et il crie encore... Rien à faire... Obstinément, elle continue pour que la fissure s'arrête, pour que le cri s'arrête, mais la visière se casse encore, et encore, et encore... et les yeux de Zartam sont emplis de feu... Et il hurle... //


... Et elle hurle. Encore un cauchemar qui réveille celui contre lequel elle est roulée en boule. Celui-là l'écoute, essaie de la comprendre mais il ne sait rien. Il ne connait rien de ses cauchemars atroces, il n'a rien vécu de cette peur primale qui prend les tripes et glace le sang, de la terreur silencieuse et tapie dans l'ombre verte. Il n'imagine pas le gigantisme ou le minuscule, la forme, le son, la couleur que peut prendre le danger omniprésent. Ni surtout la mort, la vraie mort, qui ici n'est plus qu'une théorie, une légende d'un autre siècle, un mythe et dont eux sont revenus, mais pas indemnes.
Peu importe, l'empire reconnaissant les remerciera...
Une cérémonie intime pour un "hommage" discret, étouffé. La vaseline passée "après", pour le coup, ça glisse pas mieux mais on se tait et on accepte "après coup". Le prix du silence. Le prix de l'oubli. Le prix du danger... Est-ce que ta putain de vie vaut cinquante plaques, Stilicon? Aux dernières nouvelles, ta mort en valait trente-cinq. La morale est sauve. Mais pas ma mémoire, fils de... l'Imperium. Drapeau. Contrôle. Pas rugir. Pas craquer. Baisse les yeux, gentille impérialiste... Et tandis que l'ambassadrice "éprouvée" fait des gentils sourires et refile du pognon, la gynoïde jette un regard nerveux par dessus son épaule. Ses yeux se posent sur la main de Ladoria qui tripote nerveusement les plantes en plastique placées derrière eux. Un réflexe : pousser doucement la kobold ...



// ... pour l'encourager gentiment à avancer. La doc est fascinée, curieuse, attirée par la végétation. Elle veut regarder, toucher, photographier, prélever. Mais le danger rôde, partout. Végétal, animal, minéral... Tout peut brutalement s'animer, devenir piège... Des yeux jaunes les suivent... Dans chaque ombre, chaque recoins, ils sont là, luisant dans une obscurité d'émeraude qui se fait plus dense. Soudain le sol s'ouvre.... Des milliers de pattes... des yeux rubis... des bras, des branches... Une gueule s'ouvre dans les feuilles... des crocs qui se referment sur sa gorge ... Il boit, s'abreuve, la vide... Elle lui donne sa vie... Il la prend... Elle va crever... Debout! Ramasse ton arme et bats-toi!... Avec fureur, elle abat sa lourde lame encore, et frappe, cogne, coupe, tranche... puis ses poings, ses gants, qui pulvérisent le verre, le caisson, elle étouffe... Sortir... Elle frappe encore... Le sang gicle... Elle continue... Une jambe dans l'herbe... Un bras arraché... Une bouillie humaine... La lumière... Le sang partout. Elle y nage. La rivière de corps, l'odeur, la putréfaction, l'horreur...Sortir... De l'air... Briser le verre... Le vert. Et dans le vert, le rouge... Rouge... Rouge et... noir.
Rideau. //


Le gris. Le silence. Le calme.
Elle essaie de se souvenir, un peu plus, chaque jour....
Le rouge, le vert... le rouge... Les couleurs d'une apocalypse, peut-être...
Au delà de sa mémoire en miettes, noyée, brisée, ses peintures ne sont plus que la projection de ses cauchemars. Plus que jamais, des souvenirs flous qui la hantent et ne prennent que l'apparence terrible d'un grand vide, un abime, au fond duquel il ne reste que la peur...

Memento Mori.
Memento ...




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"Effet mnemos" hommage à Nephilim... pour les rollistes.
L-X~19531 Posté le 23 Octobre 2012 à 15:13 #15
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15. Une autre marche au-delà du calvaire...






♪♫ "Honore ton père et ta mère,
afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne.
Exode, XX, 12.





Dreadcast. Le soir entre chien et gnoll. La pénombre d'un jour de pluie fait place à l'obscurité d'une nuit voilée de smog. Un autre quotidien qui s'efface au profit d'un nouveau : le même, ou peu s'en faut, que le jour d'avant pour la majorité de la population de cette ville de survivants qui ne vivent plus sans jamais mourir. Presque.
Dans la cité des rêves froids et des souffles oppressés, des lumières s'éteignent laissant dans leur sillage un dernier halo qui finira étouffé par l'indifférence... Ici, une enfant-robot qui ne savait pas parler. Là-bas, une fille-tempête qui à force de souffler le vent brulant d'une révolte s'est épuisée.
Des souvenirs, des croix sur un mur. Des mains de peinture. Des étapes sur un chemin, le sien, toujours vers l'avant, vers la rédemption de l'Humanité ou son calvaire à elle. Ou les deux.

Marquer une pause. La_Cubaine. Une pensée. Eo-Lin. Puis reprendre la route.

Une autre marche, un autre pas. Ce n'est qu'un pas, ce n'est qu'une marche... Mais elle lui semble plus dangereuse que celle de Calver. Plus vertigineuse aussi... comme le sera sa chute si elle dérape. Son ascension, déterminée, se fait d'abord sur une route pavée de trop bonnes intentions puis se poursuit sur une pente glissante, aux arrêtes coupantes. Ses doigts lâchent parfois une prise, se saisissent d'une autre, saillante, tranchante, redoutable... Sa main se retient, tout juste, de se poser en plein sur un nid de vipères... Il faudra bien y plonger pourtant. Elle se fait donc charmeuse de serpents, toujours en équilibre sur une corniche qui n'a pas été prévue pour l'accueillir : le grands cirque des illusions où l'artiste se fait tour à tour acrobate, écuyère, dresseuse et funambule... avec un sourire, bien sur. Toujours. Pour donner espoir. Pour séduire. Pour réconforter. Pour mentir. Pour rassurer et masquer un soupir...

L'ascenseur s'arrête. Elle franchit la porte, son souffle se suspend légèrement. Elle entre. Nouveau masque, nouveau sourire. Timide. Yeux baissés. Parler d'une voix grave. Avec calme. Et marcher sur les braises du lit dans lequel elle va se coucher. Un pas de plus, dans un appartement ou vers un futur qui n'est pas seulement le sien. S'approcher lentement comme on s'approche d'un fauve. Poser sur son épaule une main tendre et légère... Exercer une poussée délicate, à peine perceptible, vers l'avant et l'avenir.
Et dans un soupir, jeter un regard sur la ville dont les lumières s'éteignent peu à peu sur des rêves individuels, des espoirs qu'elle viendra caresser...
La marionnette au cœur de diamant s'est taillé une nouvelle facette en même temps qu'une place au soleil.... Mais elle se retient de respirer, ose à peine bouger et prendre l'initiative d'un nouveau pas, d'un nouveau geste, cherchant à assurer un équilibre trop précaire et surtout un peu trop près d'un soleil qui peut être mortel pour ses ailes de papier, elle qui joue désormais sans ficelle mais aussi sans filet.



Je te donnerai ton père, Elix...

Celui-là ou un autre... Toujours des histoires de famille... Putain, parlons-en de la famille d'une gynoïde pour qui maman est une cuve et papa, un protocole informatique! Vous en avez rêvé, elle aussi. Du coup, on lui en refourgue à la pelle quand elle s'en taille à la pioche.
Matricule LX. 60 en langue impé... Et du coup, le nom de ce pseudo-père ou celui qu'il pense? Bha 42! Normal, en somme... Bizarrement, leur court face à face sera moins tendre que ses premiers échanges d'une violence extrême avec son faux vrai père ou les premières rencontres avec son vrai faux beau-papa, de chaque côté d'une gatling ; elle du mauvais, bien sur. Les histoires de famille : le pire cauchemar de l'humanité dans un monde où la population est stérile à 90% et où, pourtant, tout le monde est cousin avec tout le monde.
Alors, dans le jeu des fausses familles, on demande le père mais on pioche la mère... Celle dont on a voulu effacer rageusement le nom des tablettes de silicone, le noyer avec les larmes rageuse d'une ado sans enfance et l'amertume d'une enfant adulte. Elle...

Elle est là, marchant devant vers l'enfer, se jetant sur elle pour la protéger, combattant des cauchemars dos à son dos, lui tenant la main pour la hisser... Ensemble, l'une derrière l'autre ou côte-à-côte, dans la pénombre rouge, Elles avancent ; derrière des pattes de gnolls et sur les traces d'un fantôme du passé.
Avancer. Se précipiter dans des conduits où l'on étouffe, revivre un cauchemar mais dépourvu de peur. Comme une exploration de la fausse réalité qu'offre le ventre de Dreadcast, à travers ses conduits qui serpentent, ses boyaux qui pissent le sang et sentent la merde. Et marcher dedans, jusqu'aux genoux, en y pataugeant malgré les "choses" qui effleurent ses jambes. Fouiller les entrailles de la terre avec une mère dont on a jamais connu les siennes. D'entrailles... Mais qu'on a vu se répandre, trop souvent. Ça et le reste. Et qu'on recueille dans un hurlement, devenue bouillie bouillie. Beauté grillée comme ses espoirs à s'approcher d'une lumière mortelle. Comme lui. Lui, elle. Qui se rencontrent. Tout va trop vite et la mort, même fausse, reste dégueulasse. Le corps s'évapore. L'illusion avec..?

Tu m'as pas rendu mon père... mais l'espace d'un instant, un court instant, j'ai retrouvé ma mère. Et dans son regard, j'y ai lu ce que j'avais cru oublier, ce que je cherchais depuis si longtemps, le seul éclat qui brille plus rouge qu'un rubis...
Sa fierté. Ma fierté.
Elle...

... Ou juste une tache de sang.
L-X~19531 Posté le 29 Novembre 2012 à 21:37 #16
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16 . Le plus dur, c'est pas la chute...



"... Jusqu'ici, tout va bien...
... Jusqu'ici, tout va bien...
Le plus dur, c'est pas la chute, c'est l'atterrissage..."
La Haine. Matthieu Kassovitz





Elle gronde. Elle monte. Elle sourde. Celle qu'on avait étouffée. Celle qu'on avait cru canaliser. Elle est là, tapie dans l'ombre, dans les tripes, dans les replis d'un être instable au visage de porcelaine. Elle est toujours là, se tournant dans son sommeil artificiel, ouvrant un oeil et tirant sur des liens qui craquent et menacent de rompre, bien trop prompte à resurgir, bien trop souvent ces derniers temps. Elle grogne et feule, prête à s'exprimer dans une violence inouïe alors même que le vaisseau qui l'abrite, ce corps parfait et qu'elle entraine chaque jour, est près d'atteindre sa réelle perfection en tant qu'arme, prête à être lancée à pleine puissance...


Inspirer. Respirer. Faire une pause, établir un bilan, déterminer un diagnostic.
Vite.
Avant que tout ne pète et ne lui échappe dans un déferlement de rage incontrôlée qui lui fera tout perdre. Tout ce pour quoi elle a patiemment travaillé et tissé son réseau, l'architecture de l'Avenir, sa "toile" ... Le parallèle avec une "oeuvre" arachnéenne, établi par son blond cyborg lui revient en mémoire alors qu'elle halète dans son coin :


" Tu finiras par te faire dessouder, à ce rythme. Tu joues un jeu efficace mais dangereux. Un jour tu tomberas sur un gars qui ruinera des tapisseries avec ta cervelle et pas la sienne. Et là ça va s'agiter en ville. Comme une toile d'araignée, tu ne peux plus secouer un point sans agiter toute la structure.".

Le point.
Le voilà atteint.
Ne pas bouger, ne pas secouer. Ne plus respirer, ne pas trembler.
Surtout ne pas faire un mouvement, un mouvement de trop, un mouvement à perte. Un geste brusque, un acte manqué et c'est vers le non-retour qu'on avance comme on s'égare sans prendre garde. Pas de fuite. Pas de chemin de traverse. Pas de contre-allée. Rien qu'un aller. Simple.
Et alors quoi? Sombrer dans l'immobilisme apeuré, engluée dans sa propre toile au synthésucre liquoreux qui colle aux doigts comme le sirop de ces sucettes qu'elle enfourne pour se faire croire qu'elle est encore candide? Attendre avec fatalisme le moment où le trop prend le pas sur le pas assez? Ou comme Jack, le provoquer...

Doom.

Foncer dans un tas, n'importe lequel : il y en a tellement qui peuvent se révéler fatals qu'elle n'a que l'embarras du choix...

Comme cracher au visage de cette lady qu'elle ne devrait plus vivre tant elle est déjà morte et exécuter la sentence.
Les femmes ou ce qu'il en reste. Femelles stériles. Génitrices infécondes et frustrées... Incapables de procréer, elles se murent dans une posture glacière et cruelle. Les méduses aux ovaires nécrosés se rabattent sur la manipulation des fils de destins, voyant en tout un chacun un ballet de poupées, des marionnettes pour marmaille, traitant leurs pions comme des enfants débiles. Les matrones serrant dans leurs griffes acérées le pouvoir de mort à défaut de celui de la vie, dominant sur l'espèce pour la préserver, infantile et placide, à défaut de la renouveler. Et telles trois moires au sang glacé, elle tissent, la contre toile de la vie, celles de l'ombre, celle du froid de la non vie. Du silence. De la "lentemort" qui engourdit, paralyse, fige... La triade au ventre froid, vierge de fer et reine de glace. Avec leur fertilité sont morts leurs sentiments qu'elles ont arrachés comme les guenilles de leur faiblesse. Ainsi ont-elles perdu leur beauté, leur miséricorde, leur grâce pour devenir les gargouille de la ville, perchées sur leur hauteurs nobiliaires, aussi dures et insensibles que la pierre, aussi froides que le marbre, grimaçant leurs sourires figés sous leurs yeux mornes.

Comme balancer à la face impassible de ce monstre d'arrogance qu'il se trompe, autant qu'il l'a trompée. Qu'il est un criminel de l'Humanité et qu'elle le hait du fond de ce ventre qu'il a connu brulant... Lui et ses promesses murmurées autant que ses serments assénés avec autorité. Lui et sa certitude qu'un robopute ne peut rien savoir qu'il ne sait pas lui-même. Lui qu'elle a provoqué, détesté, puis qu'elle a admiré, désiré, et qu'elle va haïr en silence désormais pour ne pas le mépriser.

Comme hurler à la tromperie et au mensonge, s'incarner en Erynie et rejoindre le Destructeur. Soixante et quarante-deux, ça fait Cent deux. Moins deux secteurs. Cent. Pour sang. Boom. Fin de partie, adieu l'amour et que vive la mort! Asta la vista Baby! On efface tout et on recommence pas... Putain mais quel pied ce serait, enfin... T'aurais pas une météorite dans tes contacts?! Tant pis, je me démerderai autrement.
Je détruirais ton monde, Homme de peu de foi. Homme de fausse foi.
Un jour...
Doom !



- "Est-ce qu'on mérite de s'être fait sauver?"
"Non. Ce monde ne veut pas de ce que je veux lui offrir. Il veut rester petit... "


Je ne connais pas l'orgueil.
Je ne connais que l'amour, la rage et la peur.

La femme-enfant aux rêves trop grands pour elle en perd le souffle : sauver le monde! Alors qu'il se fourre un flingue dans la gueule et qu'il rit en appuyant sur la gâchette. Pourquoi le sauver? Quand la pourriture s'étend, que la lâcheté gangrène et que l'orgueil humain sclérose l'avenir et le pourrit sous des lois iniques, l'étouffe sous un matriarcat paternaliste ; ou l'inverse. Le Père, les Mères, l'Enfant... On y revient. Trinité abusive et imaginaire dans une cité arrogante, cœur d'un monde sans foi et bien trop de lois qui tuent la loi. Sauf celle du silence...

Encore quelques notes... Une pensée pour la Dame d'Argent et l'espoir soufflé. Un songe pour le P'tit prince et sa mélancolie... Un soupir avant de lentement se laisser bercer par le silence qui s'annonce.

"... tu es une enfant prodige." disait Kambei. Enfant Indigo, disait Chiara...

Mais l'enfant est à bout de force. Vidée. A force de ne pas pouvoir.
Alors, épuisée par cet horizon bouché qui se ferme sur un non avenir pour les non-morts, elle renonce, simplement.
Elle dit oui et se couche.
Abandon....



Et dans le silence, dans l'ombre un dernier chuchotement du fauve qui retourne se tapir, apparemment soumis...
:
"Allez vous faire mettre..."


.


**********************************************************************


- Alleria -


Du haut de sa tour, la femme de glace, figure vétuste parmis les ruines d'un monde en perdition regarde et observe, yeux opaques comme son âme.

Elle voit le vide se faire et attend patiemment l'heure ou l'outil de la pérénnité sera prêt à être utilisé pour maintenir le flingue loin de la bouche. Telle est sa mission: repousser l'autodestruction le plus loin possible, jusqu'à ce que toute sa chair se transforme totallement en pierre.

"Encore une ronde, souris d'Opéra et tu pourras aller danser dans le ballet comme il se doit."
L-X~19531 Posté le 10 Décembre 2012 à 18:29 #17
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17 . "Winter is coming..."



♪♫ « Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme,
l'abîme te regarde aussi. »
(Friedrich Nietzsche)




Allongée dans son lit, seule, une vieille elfe contemple l'accomplissement de son œuvre achevée. Derrière elle.
Assis dans sa bibliothèque, seul, un homme analyse le chemin qu'il a parcouru. Derrière lui.
Perchée sur un toit, seule, une gynoïde cherche à percevoir l'avenir en scrutant ce qui doit être un horizon. Devant.
Mais au delà du smog, il n'y a que l'orage.
Les éclairs zèbrent un ciel chargé de gris plomb dans lequel s'inscrit un agenda inéluctable qu'une enfant-robot essaie désespérément de nier faute de pouvoir le contrer. Elle y voit se dessiner avec un effroi l'anticipation d'un futur où la femme de glace va prendre la place de la Dame aux yeux d'argent. Elle sent se tendre, comme son ventre se tord, l'indicible fil rouge : ce lien étrange né d'un échange de regards, des yeux qui s'accrochent, la détresse de l'enfant blessée qui s'incruste dans une pupille miroir et y trouve l'écho d'une âme sensible à la grandeur plus qu'humaine. Un souvenir et un autre échange la ramène à des yeux glacés qui ne reflètent rien face à l'évocation d'une angoisse qui appelle à l'aide ou à l'attention, et qui ne rencontre qu'une indifférence marmoréenne. Tout au plus ces yeux ont-ils exprimé de l'agacement face au désespoir d'un homme qui a perdu la foi et se révèle encore coupable d'amour, dans un dernier instant, une fois sa rage épuisée. Un regard non mort mais non vivant. Non-humain en tous cas.
Elle frissonne mais le froid qui la transperce vient d'au-delà du monde physique. Un éther viscéral. Plombé. Saturnien.


Elix...Elix.... toi que je regarde depuis si longtemps.... c'est un revers pour toi, et tu vois poindre le spectre du pire sous ton regard....et tu trembles de peur et de dégoût... Pourtant.... le jour d'après, ta hargne reviendra faire naître ton courage.

Et la naine noire qui jamais ne s'arrête lui conseille de faire une pause. S'arrêter. Se placer là, un instant, immobile entre le passé et l'avenir et de ne plus bouger, ne plus ciller, ne plus penser.
Autant lui demander de mourir.
Elle n'a pas le temps de s'arrêter. Elle est déjà en retard sur le futur.
"Quand tu es pressée, assieds-toi". Voilà ce que lui répond la naine qui ne tient pas en place, qui a dix idées nouvelles à la minute pour changer le monde. Son amie au long passé qui a vécu tant de Dreadcast, qui a vu se succéder tant de femmes et s'effondrer tant d'hommes ou l'inverse, qui fut et qui est encore. Son facteur-chaos, son électrochoc ambulant, sa copine dynamo...
La gynoïde soupire et, durant un instant, elle envisage de se mettre en veille. Un instant, elle pense à laisser tomber, abandonner sa tache, celle dont elle a la responsabilité depuis on ne sait trop quand, vestale d'un foyer qui s'éclaire au néon... Elle songe à éteindre derrière elle et retourner dans sa boite de poupée-pandore en promo et fermer les yeux sur un monde qui n'a que faire de ses considérations aberrantes. Elle songe à dormir, dans la glace ou ailleurs et appuyer sur "Stop". La tentation est à la fois prégnante et fugace et aurait bien tendance à s'incruster dans sa cervelle mais elle chasse cette pensée comme une mouche qui agace. Elle doit rester encore, la vigilante, gardienne d'un équilibre aux yeux ouverts sur une vérité cynique depuis qu'elle a croqué une putain de pomme en plastique. Tant que l'acte n'est pas achevé. Tant que la pièce se joue encore et que le spectateur peut espérer un rebondissement qui changera la tragédie en comédie. Tant que le maestro n'a pas lancé les dernières notes de l'adagio, on restera au festin des rats pour boire la cigüe jusqu'à la lie...

Et pourtant, lui murmure la raison, il suffirait de tout laisser tomber. Démissionner, quitter la Réserve, fermer les yeux, ouvrir un bar, sourire, peindre des gens heureux, se marier, vivre d'amour et d'eau recyclée, boire un skiwi pour chasser l'amer, quitter la scène sur un sourire d'opérette et, après un dernier salut, devenir cette caricature de femme heureuse au sourire gravé dans une chair artificielle, belle poupée docile. Parfaite.

Alors qu'un flocon presque blanc flotte un instant sur le vent de sa pensée, elle songe au reste... A tout ce qui n'est pas inaccessible ou impossible. A ce "sentiment" qu'elle incarne parait-il sans savoir lequel mais qu'elle imagine. A ce rôle dans lequel elle devrait peut-être se cantonner quelque part entre robopute ou machine à aimer. Lâcher prise, cesser d'être et s'abandonner au "laisser faire".

Aimer, aimer encore ou basculer à nouveau dans l'oubli de soi, dans le don et l'abandon qui flirt avec la déchéance ; briser ses chaines pour s'offrir à la sueur, à l'ivresse et au mensonge. Chuter et sombrer à en perdre le souffle et l'espoir. Tourner le dos à celui qui lui offre tout et plus encore mais qui la manipule autant qu'il la caresse et joue autant qu'il jouit d'elle. "Je t'aime L-X. Tu es ma femme..." Combien? Combien de fois, combien de temps encore avant que, comme les autres, il ne renonce ou ne se brise? Avant qu'elle ne le trompe ou le trahisse pour une cause ou une excuse. Avant que...

Avant que quoi, au juste? A quoi peut-elle prétendre, elle qui oublie trop souvent sa place et sa nature? Elle qu'on dit trop curieuse, trop manipulatrice, trop belle, trop présente, trop impliquée, trop bavarde, trop aimable, trop active, trop volontaire, trop vivante sans doute, trop trop trop... trop humaine? Elle n'est même pas "humaine". Non pas de cet "humaine" que les orgueilleux ont élevé en race pour qu'une loi leur offre une supériorité qu'ils n'ont en rien, hormis dans la fatuité et l'outrecuidance, non : elle n'appartient même pas à l'espèce Humaine, celle avec un grand "H" qu'elle doit protéger et servir ; celle qui fut sauvée de l'extinction et dont tous ne sont que les derniers représentants. Celle dont les membres, quelque soit leur génotype, n'ont pas le droit d'être ordinaires puisque de leur évolution dépendra leur survie ou leur disparition. Définitive, cette fois. Elle n'en est qu'une copie. Trop parfaite... Tellement parfaite qu'elle se veut meilleure que l'original, qu'elle prétend à le surpasser pour se dépasser et mieux le servir ou lui servir d'exemple. Même dans son arrogance, peut-être..?

La copie d'humain ferme les yeux sur une vraie larme qui cristallise au bord de sa paupière, hésitante elle aussi, et attrape dans sa poche une flasque qui comblera son manque de vraie alcoolique.






Déjà, le smog s'épaissit et barbouille le ciel sale. Un hurlement déchire le silence assourdissant d'une ruelle grise : un faux-mort de plus qui s'est donné la peine de souffrir un peu et rampe dans une flaque graisseuse en levant vers son assassin ordinaire un regard où l'incompréhension se ternit déjà d'un voile résigné. Passant non loin une femme de marbre tourne à peine le visage, impassible, indifférent jusqu'à ce qu'une impression, fugace, de contrariété s'y imprime l'espace d'une seconde : en jetant un regard au mourant, son pied élégamment chaussé a écrasé un déchet qui a souillé son escarpin. Qu'importe, elle en rachètera. La quiétude recouvre le masque du beau visage pendant que dans la ruelle, les crocs se referment sur la viande fraiche. Un bref râle s'échappe de la gorge d'un homme dont on ne sait pas le nom. Et tout le monde s'en fout...
Le monde ne pleure plus.
Il est prêt.
L-X~19531 Posté le 25 Décembre 2012 à 19:51 #18
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18 . "Ombre et poussière..."






♪♫ "Nous, mortels, nous ne sommes qu'ombre et poussière!
Ombre et poussière, Maximus..."
(Gladiator, Ridley Scott)



Quand on est un larbin, le mieux c'est de fermer sa gueule et de penser tout bas : une vérité du monde que la gynoïde, autrefois rebelle, avait apprise assez vite.
De son poste au nom qui claque, elle avait ainsi vu se succéder des noms improbables s'inscrivant joyeusement au bas d'enthousiastes lettres de candidatures à la mort avec un soupir atterré pour la moitié d'entre eux. Elle n'étaient en rien responsable de l'insouciance des autres et elle se contentait de faire son petit job de fonctionnaire impériale, presque docile, presque silencieuse... Mais elles croyaient quoi les poupounes manucurées, sans déconner? Que c'était du tourisme qu'on allait les envoyer faire dehors? Cueillir des fleufleurs et faire la farandole dans les champs? Gambader dans une colline et rouler dans l'herbe verte d'une prairie en riant?! En se demandant si elle rêvait, elle transmettait, presque avec effroi les demandes complétement hallucinantes d'inconscients en mal de sensations fortes : "Moi! Moi! Moi je veux aller mourir pour l'Empire!" Bha commence par venir affronter du rebelle de temps en temps dans les souterrains, du con... Ca t'fera ta petite mort de la semaine mais au moins, t'en reviendras! Et toi, blaireau, t'étais où quand il y avait des rats géants et les abominations tentaculaires en bas? Hein? La "notarius" se contentait de transférer après avoir validé l'enregistrement des demandes tandis que la rescapée de la Marche de Calver bouillonnait d'une rage cynique. Pauvres cons. Quand les cauchemars et la terreur viendront noyer leurs draps de sueurs glacées et qu'il se réveilleront en hurlant, le palpitant prêt à décoller de leur poitrine, ils sauront alors que leurs vies creuses et insipides valait peut-être la peine d'être préservées plutôt que de chercher à se faire une petite frayeur pour y ajouter du piquant. S'ils en revenaient...

Et puis il y avait eu l'annonce que son très cher lord patron lui avait demandé de rédiger :

"....présentation publique d'une créature exogène, découverte lors de la Marche de Calver,... "

....

Je rêve?

Sauf que quand on est pas "d'accord", on démissionne ou on ferme sa gueule. Bha voilà. Elle a donc fermé sa gueule...

Et le soir vint.
La notarius était bien rangée dans son tiroir, la Prétorienne escortait le Legatus.
Dans le boyau qui menait au cauchemar, un petit obstacle. Elle réalisa, à ce moment là, tout ce qui parfois la séparait d'une grande partie de la population du secteur 1 quand la demoiselle tenta de l'intimider par un
"Ne me menace plus jamais.". Elle se contenta de répondre par un léger grondement : le prédateur expliquait la loi naturelle à la petite bête. Comprise ou pas, un message de protestation plus tard, les choses furent remises en perspective :
"Mais Elix ! ...gna gna gna... Vous avez la gâchette bien trop facile. Il me semble."
"Si c'était le cas, vous seriez déjà coupée en deux dans une mare de sang."

Pas la peine d'expliquer qu'elle manie pas vraiment de truc à gâchette ni d'argumenter davantage parce qu'on y est...

L'arène impériale.
Le monde afflue. Une place assise... L'attente. Nerveuse parce qu'il y a du monde. Trop de monde.
La tribune ambassadoriale est enfin accessible et la Garde Prétorienne y escorte le Legatus. Des quatre personnes qui entrent dans la "loge", une seule ignore ce à quoi elle va assister.
La gynoïde s'est retranchée derrière ses barrières inhibitrices comme les spectateurs derrière le plexiglace. L'armure mentale qu'elle a dressée est aussi verrouillée que celle qui protège son corps. Elle est prête à retrouver son cauchemar et à lui faire face à nouveau. Autant qu'elle peut l'être.
Alors "Mantis" fait son apparition.
Et derrière le bouclier numérique, c'est la tempête...


...d'un coup, elle a surgi, énorme, dans une stridulation monstrueuse qui fait écho à tous les autres cris et hurlements de l'enfer vert. Une patte s'abat et un bras est arraché, le sang jaillit. Archy ou...
... Gabriel est au sol... ou Thorin... La naine bondit...
... elle s'interpose, enfermée dans sa combi déjà souillée, abimée, réparée d'un affrontement précédant et lève son agrimensor tandis que...
... La voix de la haute-dignitaire gueule des ordres, son railgun crachant le feu alors que certains cris répondent, hystériques. Les corps plient et ploient et dans le chaos sous verre...
... la voix du haut dignitaire tonne, sa gatling déverse ses traits sur la chitine...
... Sincinatti vient de tomber, clouée au sol par la griffe géante de l'insecte...
... la patte de la créature se plante dans son épaule. La douleur la transperce. Elle s'effondre. Sa vue se trouble...
... les combattants se planquent enfin derrière les obstacles déposés là et braillent tandis qu'autour, les commentaires et les critiques affluent. Le spectacle. Le sang. La fièvre...
... Arcanta attire la créature. Il court, tire, court. L'insectoïde balaie un obstacle. Sernine se penche sur elle et l'adrénaline afflue "Relève toi !" ...
.... Au pied de la tribune, l'insecte vient offrir sa proie au maitre de l'arène et semble incliner la tête au-dessus de l'alte nobilis qui agonise. Morituri te salutant...
... Elle puise dans le fond de sa rage. Pompe adrénale. Inhibiteur. La douleur : une information corrigée ; transmission retardée. Debout! Elle fonce à nouveau sans rien voir ou presque et abat maladroitement sa lame tandis que la monstruosité poursuit l'elfe inépuisable. "Ladoria!"
... Mirmael se penche et soigne, silencieuse, la naine noire ou la nobilis qui rampe, l'une des deux. Dans l'espace ordonné, c'est le chaos.
... La Kobold a percuté et lui colle une injection d'urgence tandis que son bras douloureux puise dans sa force rageuse pour trancher une patte...
... Violet vient de tomber, gorge tranchée ou la jambe ou le bras... à moins que ce ne soit Halinna... Le corps s'évapore, téléportation bienheureuse, laissant une tache sombre sur le sol...
... Une dernière décharge de laser ou de feu, peu importe et la créature monstrueuse s'effondre. La douleur revient. Les gémissements... autour les cris toujours. Animaux, sauvage, menaçants. Il faut se relever, réparer les combinaisons, soigner les blessures. On se compte. On est tous vivants. Pas tous entiers. Mais il faut reprendre la Marche... plus loin, encore... elle a mal. Elle brule. Son bras la lance, mais elle, au moins, elle l'a encore... De toutes façons, elle doit vivre. Ils doivent tous vivre. Pas le choix. ...

... le spectacle s'achève sur une mise à mort presque propre.
Elle a dominé sa peur. A regarder en face la créature, elle l'a enfin identifiée, mis une image sur son angoisse. Une de ses angoisses. Le calme se fait en elle.
Quelques mots du legatus la sortent de sa stature figée. Des voix lui parviennent, à retardement. Des mots étranges : "Arrêtez ce massacre!" Des regards de colères, des brailleries criant à l'injustice. Et bientôt même, certains prendront la défense de la pauvre bête innocente...
Deux mondes. Deux vérités. La clairvoyance a un prix, celui de la raison. Elle aimerait seulement, parfois, que sa propre folie soit aussi aveugle que sa mémoire.

L'Ambassadeur doit se retirer ; ils quittent donc le lieu entre des murmures de chochottes qui pleurnichent sur la violence du spectacle et d'autres mécontents qui crieraient presque au remboursement d'un truc qu'ils n'ont pas payé. Pas vraiment méchants, jamais contents.

Plus tard, elle apprendra qu'une arrogante est venue se plaindre d'avoir été donnée en spectacle et tenait l'Ambassadeur pour responsable. Elle apprendra même que celle là n'était pas la seule et que d'autres pensaient pareil. Si elle n'avait pas été elle-même aux prises avec un démon, elle aurait pu lui renvoyer sa propre responsabilité à la face. Qui t'a forcé à postuler, espèce de folle? Qui vous a poussé à vous désigner volontaires? Votre ego! Piétiné dans une arène, car c'est tout ce que vous avez perdu.
Plus le temps passait, plus elle méprisait l'engeance de ce secteur. Incapable d'assumer ses choix, ses désirs et cherchant toujours à rejeter la faute sur un coupable désigné. Voulant à tout prix être vainqueur sans prendre de risque. Désireux de se battre sans apprendre à perdre. Et même pas capable de le faire avec grâce ni dignité pour mieux savoir gagner avec pudeur et miséricorde. Cherchant la victoire facile en oubliant le prix de la gloire. Rejetant sans cesse sur l'autre le poids de responsabilités insipides. Confondant la dignité et l'arrogance. Ignorant la bravoure et le panache...

Le constat était évident. Ce peuple décadent avait décidément tout à réapprendre s'il devait être sauvé...

Un regard silencieux à l'homme qui passe une main fatiguée sur son front, le verre vide se reposant avec lassitude.

Elle n'ose pas lui parler mais les mots sont inutiles.
Tu voulais leur apprendre ce qu'ils allaient combattre et leur donner le choix que nous n'avons pas eu. Tu voulais montrer au peuple combien les volontaires étaient braves plus que qu'ils ne le sont eux-mêmes et leur montrer quels dangers ils allaient affronter pour en faire des héros. Tu voulais montrer combien les murs de Sirius nous protégeaient... mais ils n'ont rien compris.


"Nous ne sommes que des corps broyés par nos rêves..."

Nos corps, leurs corps c'est de la viande. Remplaçable, recyclable presque, en ce monde, en ces murs...
Mais tes rêves, mes rêves... Sont-ils trop grands?


"...Nous ne sommes qu'ombre et poussière. Ombre et poussière, ... "



Spoiler (Afficher)
"Pas vraiment méchants, jamais contents." (A. Souchon)
"Les corps, c'est de la viande..." (Gibson)
"Nous mortels nous ne sommes qu'ombre et poussière! Ombre et poussière, Maximus..."Proximo, in Gladiator , Ridley Scott (2000)
L-X~19531 Posté le 20 Janvier 2013 à 13:34 #19
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19 . Apocalypse, VII. 226.3






♪♫ Apocalypse : nom féminin.
Du latin apocalypsis ("révélation"), issu du grec ἀποκάλυψις, "apokálupsis" ("découvert").
Littéralement "dé-caché", et donc par extrapolation, "dévoilé au yeux", "révélation".




Dans quelques jours, cela ferait un an...
Un an qu'ils étaient mariés. Pour le meilleur.
Un an qu'elle se nommait Striker.
Un an qu'un nom s'était collé à ce qui, il y a encore quelques temps, n'étaient que deux lettres. Un matricule. Un code. Un identifiant sans plus d'âme que le ID19531 auquel elle avait donné une histoire.
L-X. LX. Elix. Elle, "X"... femelle anonyme, femme innommée. Robot Jane Doe. C'est ce qu'elle était jusqu'au 7/226.3. La veille de ce mariage...

Depuis, elle traversait cette existence en se sachant différente sans pour autant être devenue une autre.
Depuis, trop souvent, elle se cherchait dans un souvenir, le sien ou celui d'un passé qui ne lui appartenait pas...



... la bête est piégée. Dans la moiteur d'une prison à la sauvagerie artificielle, elle fuit à la recherche d'une échappatoire. Le chasseur l'a enfermée, leurrée par un mensonge de confiance. Elle hurle son défi. Le langage primal doit résonner dans ce qui reste d'instinct de survie à l'humain toujours mammifère : de lui et d'elle, le danger, ce n'est pas lui. Depuis le coin où elle s'est réfugiée, elle jaillit. Son corps aux muscles bandés se détend dans un bond puissant et rapide. Choc des corps. La cible est atteinte. La bête hurle encore. Mais son pire ennemi n'est pas la proie au sol. C'est son reste d'obéissance à une loi qui n'est pas celle du plus fort. La hiérarchie primaire de l'alpha. Une loi naturelle qui s'impose malgré sa supériorité physique. Alors la peur, celle de la transgression de l'interdit, celle d'enfreindre la loi robot-éthique amène le blocage et le revirement. La panique fait se blottir le corps athlétique de l'animal tremblant contre celui de l'homme. Autoritaire. Rassurant. Les larmes coulent... L'enfant prend le pas sur l'animale. Puis vient la femme. Le kaléidoscope des anima finit par se fixer. L'instinct se fait basique. La sauvagerie change d'harmonique. Les corps entament une autre danse.
Ainsi elle est, caméléon social. Elle se cherche et s'adapte d'un rôle à l'autre jusqu'à livrer à son ordre l'intelligence froide et machinale.
Et la voix de l'homme résonne dans son âme : "Je veux te nommer."


... Dans un sursaut coutumier, semblable à ceux qui, depuis toujours ponctuent ses nuits et ses phases de repos, elle ouvre les yeux. Une lueur douce et familière nimbe la pièce, répondant à l'ordre muet de son effleurement domotique. Près d'elle, allongé, un autre prédateur au sommeil agité par des cauchemars qui peuplent les ombres de leur chambre à coucher. Peut-être s'est-il lui même déjà levé cette nuit comme elle le fait doucement, légèrement apaisée après avoir, dans un réflexe salvateur, touché sa peau tiède et respiré son odeur familière. Peut-être s'est-il déjà rendu comme elle à la salle de bain, passant de l'eau fraiche sur son visage avant de lever les yeux vers le miroir.
Depuis ce soir là, il lui arrivait régulièrement de suivre le contour des traits familiers qui s'y dessinent, d'y chercher un visage, d'y voir un nom s'inscrire dans la buée... Depuis, sa glace ne lui renvoyait plus le même reflet. Une étrangère...



... semble surgir des brumes au cœur des vapeurs de cette mise en scène qu'il a voulu. Les traits se superposent. Le visage se dessine. Avant qu'il ne la nomme, elle sait déjà. Le temps se suspend comme cette goutte d'eau hésitant à venir troubler le chuchotement du maitre des mystères :
"Avant cela, tu as été un Sentiment. Inspirée par un Sentiment...vouée à le susciter. Tu es un souvenir d'un homme qui aime."
... Les informations se gravent dans le silice et le chiffre.
Je veux que tu saches qui tu es puisque demain tu seras Elix Striker... On n'existe pas sur un mensonge.
... Les questions s'enchainent et se bousculent...
Mais pour que tu sois vraiment Elix, il fallait que tu sache ce qu'on voulait que tu sois.
... La révélation se confronte à l'émotion qui se fige, la laissant de marbre pour l'heure...


... Mais le marbre s'est vite fendillé et une fois la carapace ôtée, les informations se sont entrechoquées dans son être laissé en désordre. Elle repense à ses mots en contemplant ce miroir et les interprète, dépourvus des accents d'amour vrais ou mensongers murmurés au coeur des vapeurs trompeuses de cette nuit là. Ce qui demeure, c'est la traduction qu'elle en a tirée : Tu n'es qu'une copie. Le reflet d'un idéal disparu. La mémoire d'une morte réincarnée par la volonté d'un fou. Comme elle voudrait bousiller l'image qui lui fait face alors même qu'elle a dans son miroir l'objet de sa quête, de leur quête... Celle autour de qui ils se sont tant interrogés en fouillant les secrets empoussiérés des Archives du secteur trois. Celle dont il avait, le premier, volé le nom lors d'une nuit d'hérésie. Celle qui l'avait tant fascinée et qu'ils étaient venu chercher ici, à peu de choses près...

La main se pose sur le verre au milieu de ce beau visage qu'elle se prend à ne plus vouloir regarder. Un instant, son poing s'est refermé, crispé. Un instant, elle a hésité... Mais à quoi bon? Le miroir n'est pas coupable : tuer le messager n'efface pas la vérité. Une vérité que le maitre des secrets lui avait offerte en cadeau. Tout ce qu'il savait d'elle et d'Elle... Un cadeau de mariage.



... "prendre pour épouse Elix..?"... Elle flotte. Elle plane. Perdue. Paumée. Larguée au bout d'une corde dont l'extrémité semble flotter dans le vide, à quelque mètres d'elle. Il dit "Oui" comme s'il tendait la main pour saisir le bout de la corde. Zartam se tourne vers elle, visiblement aussi ravi d'être là que d'aller assister à un conseil de la noblesse. Autant que d'autres dans la salle qui font semblant d'être heureux. Certains sont plus doués pour le faire croire. D'un coin sombre surgit une silhouette qui s'efface et disparait. Comme une ombre exposée à une lumière crue : elle se marie. C'est son tour. Elle ne comprend pas ce que dit Zartam. Dans le doute, la réponse doit être "Oui."Elle se retourne. Panoramique sur les visages qui se mélangent. Il manque quelqu'un. Il manque tant de gens. Mais il manque quelqu'un. Celui ou celle ou ceux qu'elle ne cessera d'attendre durant toute cette soirée du lendemain. Elle cherche et réfléchit. Une main prend la sienne et le bout de corde qu'elle se passe au cou volontairement avec... Un visage parmi tant d'autres, illuminé d'un sourire sublime. Des lèvres passionnées qui écrasent les siennes. Sa voix grave et calme qui lui chuchote son bonheur "pour toujours". Dans son cou...

... la caresse de son souffle. Effleurant ses narines, son odeur. Sous ses doigts, la douceur de sa peau... Ses yeux fixent les volutes de fumée qui montent et ondulent, paresseuses et lascives, vers un plafond trop haut. Au cœur de ses songes éveillés, elle repense à ses hommes, les siens, et les "siens"... A cet homme, à l'autre et celui-là. Son esprit dérive et les visages se confondent et se mêlent... Lui avait-elle dit les mêmes mots? Lui avait-elle offert les mêmes caresses? Lui avait-elle fait les mêmes promesses? L'avait-elle à ce point aimé...

"Pour toujours et à jamais"...?





Spoiler (Afficher)
- Cherchez pas dans vos convertisseur PTI, le 7 /226.3, c'était bien le 21/12/2012... Rien n'était laissé au hasard!
- BO de "The Bourne Identitiy, en français : "La Mémoire dans la peau". Bien plus évocateur dans le cas présent.
- Il y a, bien entendu, dans le deuxième paragraphe, une évocation de la Vision nocturne d'Arcanta
L-X~19531 Posté le 10 Février 2013 à 01:40 #20
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20 . "Ainsi soit-il... "





♪♫ "Va quérir la dignité en enfer s'il le faut,
Et refuse l'humiliation, même au paradis."
(Al-Moutanabbi)



Le vernis craque.
Tel une de ces flaques de boue grises et gelées sur laquelle elle pose son pas fatigué, quelques heures après l'aube glaciale quand elle laisse place à la tiédeur polluée d'une matinée blafarde et paumée.
Il se fendille comme le miroir sale de ce bâtiment où elle s'est réfugiée et sur lequel son poing colérique s'est abattu. Il se fissure, se lézarde, et déjà suintent la lassitude et l'écoeurement, le refus qui rivalise avec l'abattement, creusant des sillons aussi douloureux qu'une scarification en X dans sa joue... Ce sont les larmes qui coulent sur son beau masque dont la cire craquelle, devenue trop sèche, durcie par le mensonge dont il se pare et chauffée jusqu'à calcination par la rage ardente qu'il dissimule et qu'il abrite.

Comme ces mots qui crissent dans la fumée d'un bar de la basse ville et qui coulent dans une oreille tellement indiscrète...


"... Pas besoin de la reconnaissance de quelques ingrats fats incompétents... "

L'elfe est intéressé plus que le patron du bar. Tu parles. Le premier est une lange de pute, le second en fait commerce. Mais elle ne peut s'arrêter. Et le skiwi n'y est pour rien. Plutôt que de fermer sa gueule et alors que les process de sauvegarde couinent et stridulent leurs signaux d'alerte, l'animale domestiqué tire avec violence sur sa chaîne et poursuit ses hurlements alors qu'elle se jette tête baissée dans le piège béant. Elle sait. Elle fonce.

... de voir ce que l'Empire devient qui me colle la gerbe.
D'ailleurs... est-ce qu'on peut encore parler d'Empire? Quand le pouvoir se refile de main en main au sein d'un tout petit groupe de personnes, on parle plus d'Empire. Surtout quand ces gens, au fond, sont les premiers à se tamponner royalement de l'Empereur...


Le jeu de mot l'avait fait sourire intérieurement mais l'homme face à elle, là, maintenant, ne rit pas. Du tout. Dans ses yeux, il y a la colère. Il y a autre chose. La détresse? La peur? La peine? Alors même qu'il lui tend une main presque secourable, il se doute qu'elle la refusera.

Je t'ai dit que j'étais épuisée... Sache que... Au point où j'en suis, si je passe une heure en prison.... ce sera la dernière que je passe en SI....

Il sait. Il s'est préparé. Tout se mélange dans sa tête alors même qu'un seul mot martèle sa raison. Non. 48 heures... que 24... négocier. Exécution. "Je suis pas assez morte pour eux?". Non. ... une double trahison qui ferait pencher la balance de cette guerre pour longtemps. Oui mais... Tout ce que je peux faire... NON.

- ... tu pourras bien supporter une cellule pendant une journée. Bordel!
- Pas pour ces fils de putes qui restent planqués pendant que je me fais torturer ou tuer au nom de ce secteur !

Non ! L'échange est rude. Les larmes sont salées. La claque amère. L'amitié s'exprime dans ces derniers regards qui déjà redeviennent durs.

Tu comprends qu'ils ont enfin réussi.. à me piéger... Pour m'éloigner..?

Il sait. Bien sur. L'adversaire force au gambit. Il n'y a que ce choix. On ne couche pas le roi. Le cavalier se cède.

Alors, est-ce que tu abandonnes ? Fais ton foutu choix, je survivrai.  

A bâtons rompus, ils se font face et se balancent à la figure en quelques mots une vérité qu'ils partagent mais dans l’interprétation de laquelle ils sont désormais opposés. Ils se disent tout, vite. Car ce sont les derniers mots qu'ils échangent. Chacun un plateau de la balance.

Je suis épuisée. J'en peux plus de porter un masque, de tricher, de mentir... De baisser la tête...

Tu as bien quelques nanobots en réserve, pour réparer cette blessure... 

C'est le principe que je pourrais pas accepter. Et si je refuse... c'est par principe.


Et lui ne transigera pas. Par principe. Pour que le fil sur lequel il avance ne se rompe pas. Pour que son monde ne s'effondre pas. Alors qu'elle même en a déjà vu la fin se profiler... sur un horizon sanglant. Et là s'opposent la Justice aveugle et la vérité aveuglante. Et le funambule progresse, tournant le dos à la seconde pour faire un pas vers la première...

La vérité.

Au milieu de l'échange, il y a les mots qui rendent la fin inexorable...


Et puis... Il parait que tu as gardé des souvenirs de la Marche de Calver. Ils veulent te les effacer.


Et son esprit blessé, ravagé, mutilé, hurle sa souffrance et son refus comme la douleur sourde encore d'un membre fantôme...
Il n'est plus question de subir encore, de s'humilier encore, de s'offrir encore.
Depuis des semaines, c'est elle qui repousse l'inéluctable, opposant des arguments bien fragiles à celui qui lui a donné son nom et qui, lui, a déjà pris sa décision. Elle est fatiguée de cette lutte stérile qui la transforme chaque jour un peu plus en un spectre d'elle-même. Fatiguée de ne plus se connaitre, de ne plus se reconnaître. Fatiguée surtout, de cette mélancolie qui la gagne et qu'elle voit trop souvent dans le regard fauve qui veille sur elle comme sur une poupée cassée...

Quelques jours plus tôt, elle avait sorti son petit béret et l'avait planté sur sa tête, comme une provoc'. Comme un défi à l'avenir. Ou un signe adressé au destin.

22:15. Elle s'incline. Pour la dernière fois.
"Vale Legatus..."

22:21 Un message est envoyé. "Je rentre à la maison..."

22:58 : dans le sillage d'un assaut impérial, ils passent le sas. Rebelles.

Derrière elle, quelques plumes bleues et l'hiver qui avance, comme le désert...

Elle se retournera plus tard sur tout ce qui est perdu.
Pour l'heure, il faut essayer de défendre son territoire.
Ou de le reconquérir.
Avec dans la besace, des trésors plus nombreux que ceux qu'elle avait la première fois qu'elle avait foulé ce sol.


"... Les yeux froids s’ouvrent sur un univers en ruines. Gris. Fait de métal, de larmes et de poussière. " *


.

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* 1. "... like tears in rain."