Oublier... surtout ne pas se retourner...

Comme ai-je pu en arriver là. Tout avais bien commencé pour moi pourtant. Lorsque je suis né, ma famille était au complet. Mes parents n'était pas toxicos ni repris de justice. Je n'ai pas été battu pendant toute mon enfance par un père porté sur la bouteille ni abusé par un oncle attardé. Alors quoi ? Pourquoi est-ce que je suis devenu l'adolescent imbécile qui s'est retrouvé à trainer dans tous les mauvais coups que les gamins de mon quartier pouvaient fomenter.

J'ai fait quelques conneries d'adolescent. Rien de grave. Mais j'avais le doigt pris dans l'engrenage. Un fois adulte j'ai commencé à toucher à des affaires plus... importantes. Vol à main armée, braquage... etc. J'ai toujours échappé à la police. Je ne sais pas comment j'ai fait mais j'ai toujours su comment m'en tirer à bon compte, quand abandonner une prise lorsque tout mes sens me criaient que tout était perdu. Ça m'a souvent sauvé la vie...

Mais on ne peut pas jouer au chat et à la souris éternellement, je le savais. Tôt ou tard les flics me coinceraient. Tôt ou tard les gangs rivaux viendraient se frotter à nous. Tôt ou tard...

Et puis je ne sais pas. J'ai du être quelqu'un de sympa dans une autre vie car l'univers a décidé de me donner une chance de sortir de tout ça. Une porte de secours. Un signe suffisamment important pour me remettre en question et me demander si cette vie était vraiment la mienne. Vous savez, le genre de signe avec de long cheveux roux, des yeux verts émeraude, des seins fermes et des fesses rebondies juste comme il faut. Un signe qui s'appelait Lydia.

Je l'ai rencontré d'une façon très naturelle... enfin pour moi. Elle était caissière de banque. Quand je lui ai pointé le canon de mon python sur le visage j'ai eu un moment de réflexion qui ne m'avait jamais traversé l'esprit. Si elle bouge... vais-je vraiment priver le monde de ce visage ? Bon, l'instant de réflexion a été plutôt court puisque, perdu dans mes pensées, je n'avais pas remarqué que l'alarme silencieuse avait été déclenché.

Je ne suis pas le genre de mec à prendre des otages mais là... je n'avais juste pas envie de partir et de ne plus voir sa peau blanche parsemée de toutes petites et discrètes tâches de rousseur. Je lui intima gentiment l'ordre de se lever et de me suivre sans faire d'histoire. La peur au ventre, elle s'exécuta.

La suite n'est pas vraiment la partie la plus intéressante de l'histoire. Comme je l'ai dit plus haut, les flics ne m'ont jamais coincé. Cette fois-ci ne fit pas exception à la règle. Par contre, cette expérience allait bouleverser ma vie. Rapidement, Lydia se rendit compte que je ne comptais absolument pas lui faire du mal. Elle chercha plutôt à connaître les raisons de mon acte. Elle fut effarée de voir qu'il n'y avait pas de raison plus profonde que : « Bah ! Ça rapporte un max ! ». Ce n'était pas le point de départ idéal pour construire une relation mais pourtant nous avons ressenti très vite une sorte de proximité. Son empathie à mon égard me désarmais complètement. Contre toute attente elle accepta de me revoir...

Je ne souhaite pas m'étaler sur notre idylle naissance car ces souvenirs restent douloureux. Je préfère juste sauter directement au passage qui est à l'origine de mon arrivé à Dreadcast. Pour commencer, mon goût de changer de vie n'était pas vraiment partagé par l'ensemble de la communauté criminelle de mon ancienne ville. Mes amis craignaient que je deviennent bavard avec le temps et mes ennemis étaient plutôt rancuniers. Le résultat de tout ça et qu'un soir en pleine nuit, trois hommes cagoulés firent irruption dans notre appartement. Je ne savais pas de quel bord ils venaient. De toute façon à cette instant ils étaient devenus des ennemis.

Je n'oublierai jamais le visage de Lydia à l'instant où la balle est entrée dans son cœur. Je n'oublierai jamais l'expression de ses yeux lorsque le voile triste de la mort s'est déposé sur elle. Oui j'ai tué de mes propres mains les trois hommes. Oui j'ai découvert leur identité. Oui je vous raconterai peut-être une prochaine fois la manière dont j'ai fait payer les commanditaires. Mais rien de tout ça ne m'a rendu Lydia. Rien de tout ça ne m'a rendu ses caresses ou ses baisers. Elle ne me prendra plus jamais dans ses bras. Nous ne passerons plus la nuit à disserter sur nos projets de vie. Elle ne me criera plus jamais dessus parce que j'ai laissé mon verre de bière sur la table. Si c'est la main de cette homme qui a appuyé sur la détente, ce sont mes actions qui les ont fait venir. J'ai cru que je pouvais changer de vie en en construisant une nouvelle avec elle. J'ai compris de la plus douloureuse des manières que je me nourrissait de fantasmes.

Alors après l'avoir vengé, après avoir fait couler beaucoup de sang sans que mes sentiments ne puissent s'apaiser, j'ai décidé de partir. Si j'avais pris cette décision un an plutôt Lydia serait vivante. Je ne l'aurais pas connu mais... elle serait vivante.

C'est de cette façon que mes pas désespérés m'ont conduit à Dreadcast. Un ville nouvelle pour une vie nouvelle. Je veux me reconstruire. Peut-être que cette ville me permettra d'avoir la deuxième chance que Lydia m'avait offerte. Je suis mort et je reviens à la vie... tel un ange déchu je me réincarne pour purger ma peine dans ce monde de douleur... Il me faut un nouveau nom... si je suis tel un ange... et bien se sera Tenshi.

Oublier... surtout ne pas se retourner...