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Un parfum familier - 11 (Non référencé)

Une lueur d’espoir se glissa dans son regard au moment où il découvrit qu’elle se trouvait toujours à la même place. Il poussa la porte, aussitôt les bruits de la rue se turent. Sa respiration se calma, il parcourut l’intérieur d’un pas lent.

L’endroit était désert.

Un malaise diffus se propagea avec la mélodie sonore des œuvres exposées, il la traversa pour se diriger en direction de l’ascenseur, et l’actionna pour se rendre au premier palier.

La cabine se stabilisa, les portes coulissèrent en silence, il franchit le seuil, découvrit l’appartement entrouvert. Un mauvais présentiment l’envahit, il pénétra avec prudence dans le lieu, appela.

— Jessica !

Sans réponse de sa part, il continua d’avancer. Sur le sol, une traînait rouge écarlate. Il la suivit jusqu’au corps de l’elfe allongé sur le dos. Un couteau gisait dans une immense flaque de sang à ses côtés. Elle pressait de ses mains l’un des multiples impacts qui l’avaient perforé. Son regard braqué sur lui, chargé d’angoisse, de peur et surtout d’incompréhension.

Il s’agenouilla, dévaster, glissa une main sous sa nuque pour l’aider à parler.

— Jessica, que s’est-il passé, qui est venu ?

Sa bouche se noyait dans le sang, elle articula avec peine.

— Pour… pourquoi m’as-tu fait…

Son regard parti dans le vide. Ses dernières paroles résonnaient en boucle dans sa tête, il craignait de comprendre. Son souffle devint saccadé, un bruit provint de l’entrée.

Il se tourna, surprit une silhouette furtive se glisser hors de l’appartement. Il n’était pas seul. Une rage sourde s’empara de lui. Le crime venait d’être commis, s’il restait une personne, cela ne pouvait être que son agresseur. Il se redressa, se saisit de son pulseur et s’élança à la poursuite de cette ombre malfaisante, méthodique et sournoise, obstinée à lui retirer bout à bout chaque parcelle de son identité.

Arrivée sur le palier, la cabine de l’ascenseur se referma. À sa grande surprise, elle ne descendait pas. Il scrutait le décompte des étages et parti dans une course folle dans l’ascension des escaliers. Quatre à quatre, son souffle se fit vite bruyant, poussé par la rage et la détermination de mettre un visage sur cet imposteur, ainsi qu’un terme à ses exactions.

Au fur et à mesure qu’il se hissait, l’état de l’immeuble se délabrait. Open-spaces désaffectés, mûrs suintants, courant d’air froid. La cabine de l’ascenseur, stoppée au dernier, semblait l’attendre. Il parvint à l’ultime palier, scruta les environs avec attention, le pulseur braqué. Une issue donnait sur le toit, entrouverte, comme pour le lui indiquer où il devait se rendre.

Du bout de la main, il la fit pivoter, avant d’en franchir le seuil.

Le vent et la pluie lui giflèrent le visage dès qu’il posa un pied sur le toit de l’immeuble. La vision qu’il contempla lui parut cauchemardesque. Des éclairs de multiples couleurs zébrés le ciel, pour s’attaquer au bouclier qui maintenait le secteur en sécurité. Un flot de particules ionisé formait des vagues aux reflets émeraude d’un bord et écarlate de l’autre. Une tension titanesque assaillait le dôme. L’enveloppe fragile et dérisoire face aux intempéries magnétiques qui l’asservissaient peinait à résister.

Le vautour déglutit, le pulseur braquait, il avançait avec précaution, fouillait du regard les armatures métalliques supportant les encarts publicitaires qui trônaient sur le toit de la bâtisse. Il tentait en marmonnant pour lui-même de se convaincre que ce spectacle n’était pas réel, qu’il n’existait que dans sa tête.

Un éclair rubis traversa le bouclier pour venir s’écraser à une dizaine de mètres. Flash intense, il découvrit la silhouette sur le bord de l’immeuble, les bras dressés au ciel, les jambes écartées, elle semblait invoquer le cataclysme qui se répandait autour de lui.

Il s’en approcha avec difficulté, le vent tourbillonnait et se renforçait à chaque pas qu’il effectuait, comme si une main surnaturelle voulait l’empêcher d’avancer. C’est à cet instant qu’il entendit son rire, son rire dément et hystérique qui accueillait une autre manifestation bien plus inquiétante. Des trombes d’eau s’abattirent en même temps que la résonance à l’amplitude titanesque sortit des entrailles de la Terre. La même entendu dans le passage souterrain la nuit où tout avait débuté, semblable à une porte métallique qui s’entre ouvre entre deux réalités.

La silhouette se tourna pour lui faire face. Un vautour aux traits identiques aux siens, avec un regard fou chargé de haine, le scrutait d’un air malsain. Plax noyé dans une tension nerveuse qui l’asservissait sentait tous ses muscles tétanisés. Il continuait de marmonnait pour lui-même les seuls mots qu’il arrivait encore à prononcer.

— C’est impossible…

L’autre descendit du rebord pour s’approcher, il s’adressa à lui sur le ton glacial d’un couperet qui s’apprête à tomber.

— Regarde Plax, admire la rencontre de nos deux univers, la cannibalisation de ta réalité.

Le mât d’une antenne cria sous la force du vent, il repensa au tunnel, aux lieux qui se modifiaient, aux personnes qui disparaissaient et surtout à Jessica.

Le relais métallique plia au même moment où il appuya sur la détente de son pulseur. La décharge arracha un jet d’étincelles contre l’armature qui s’interposait, le sosie en profita pour esquiver, et se dissimulait plus loin entre un local électrique et des manches à air géantes qui parsemait le toit.

Une solution désespérait venait de s’insinuait dans son esprit. S’il arrivait à tuer cet individu, il pourrait mettre fin à toutes ces manifestations, et tout rentrerait dans l’ordre. Il lui sembla que c’était la seule façon de mettre un terme à ce cauchemar, pulvériser cet usurpateur. Son arme émit une série de bruit sourd et puissant, il faisait feu sur toutes les ombres qu’il voyait bouger, sans distinction, et se rendit compte qu’il hurlait en même temps.

Il hurlait qu’il voulait le tuer.

Son accès de rage ne lui permit pas de discerner la barre métallique se dresser et lui frapper l’arrière du crâne. Il s’effondra sous les trombes d’eau qui diluèrent un mince filet de sang à l’endroit de sa blessure. Son pulseur glissa sur le sol et fut aussitôt écarté d’un coup de pied par son ombre menaçante.

Le choc le laissa à moitié inconscient, il papillonnait des paupières pour tenter de rester lucide, essaya de parler, mais aucun son ne sortait de sa bouche.

L’autre l’observa, un court instant, s’efforcer de ramper pour se soustraire à l’inéluctable.

— Tu ne peux pas t’échapper, c’est inutile, contemple autour de toi, ta réalité est en train de s’annihiler.

Plax s’appuya sur un coude pour reculer le regard rivé sur cet autre, lui, qui s’accroupit en le scrutant d’un air misérable.

— Mais avant que tu ne disparaisses, je dois récupérer ce qui m’appartient, donne-moi mon l’artefact, et j’abrégerai ta fin.

La douleur s’était propagée dans son crâne, il se souvint de cet objet étrange qui le reliait aux songes créatifs de Jessica. Il déglutit, glissa sa main dans son blouson, sentit le contact froid du cube. Sa tête vacillait, il ferma les yeux un court instant, lutta pour ne pas perdre conscience. Dans un ultime réflexe défensif, au moment où son interlocuteur se pencha, il détendit son bras pour lui asséner un coup sur le crâne avec ses dernières forces et toute la rage qu’il lui montait en songeant à Jessica agonisante. L’angle du cube percuta sa tempe de plein fouet, le faisant s’écrouler comme un sac mort à ses côtés.

Stimulait par cette nouvelle donne, il oublia la douleur de son crâne qui le lançait et lui altérait l’équilibre, pour retourner se saisir de son pulseur avant que le corps allonger sur le sol ne retrouve ses esprits.

Ce qu’il découvrit quand il le dévisagea lui glaça le sang. Le vautour inconscient lui ressemblait trait pour trait, un sosie parfait, un jumeau dont il ignorait l’existence.

Au-dessus d’eux, l’orage magnétique s’intensifiait. Les trombes d’eau envahissaient le secteur, en même temps que le feu se déclarait à de multiples endroits, créant des gerbes de flammes de plusieurs dizaines de mètres de haut dans un ronronnement destructeur.

La douleur dans son crâne le lançait, il tendit son bras, le pulseur dans sa main en direction du vautour allongé sur le sol. Trempé par la pluie, il tremblait, sans même s’en rendre compte. L’arme lui signalait en clignotant qu’il ne lui restait qu’une décharge, il s’apprêta à tirer.

– C’est inutile.

La voix le surprit. Elle était neutre, posée, sans agressivité. Il se pensait seul avec son ennemi, redressa le canon pour la braquer en direction de l’individu.

Un vautour, identique à lui, émergea du néant.

— Il est déjà mort.

Poursuivit une nouvelle silhouette qui venait d’apparaître à côté de la première.
Il faisait à présent face à deux sosies, allait de l’un à l’autre avec son pulseur, dérouté par ces apparitions.

— Qui êtes-vous ?

La question était superflue, il les reconnaissait, se reconnaissait, mais son esprit n’arrivait pas à assimiler l’information.

Le premier s’accroupit au pied du corps qui gisait sur le sol, s’assura que son pouls avait bien cessé de battre.

— Tu sais très bien qui nous sommes, nous étions à sa poursuite. Le cube lui a fait perdre la raison, il s’était mis en tête d’anéantir toutes les lignes de temps que les six dimensions lui ouvraient, bon boulot Plax.

Le vautour baissa son arme, autour de lui l’œuvre de destruction s’étendait sans relâche.

— Mais pourquoi le secteur continue-t-il de se modifier ?

Les deux sosies échangèrent un regard, avant que l’un ne lui réponde.

— Les propriétés de cet artefact dépassent tout ce que tu pourrais imaginer, en te le confiant, il a fait entrer en collision vos deux temporalités. S’il ne mentait pas sur un point, c’est bien celui-là. Ta réalité est condamnée, elle est en train de s’effacer, c’est irréversible, désolé.

Une vibration parcourue le sol, autour d’eux Plax vit des immeubles s’effondrer dans un bruit titanesque comme des châteaux de cartes. Les éclairs et le vent s’intensifiaient. Paniqué, il se remémora la chronologie des évènements, un détail lui interdisait d’accepter ces paroles.

— C’est impossible, je l’ai trouvé par hasard, même moi j’ignorais ou j’allais fouillait ce jour-là !

Ils échangèrent un nouveau regard, et l’une des silhouettes disparues. Le toit du bâtiment trembla sur ses fondations toujours plus fort.

— Toi non, mais lui connaissait par avance cette information, le cube le lui avait montré, et au fond de toi, tu sais de quelle manière. Ces capacités sont infinies.

Il s’estompa à son tour devant ses yeux, au moment où l’édifice tout entier commença à vaciller. Le grondement devient insupportable avant qu’il ne s’effondre à son tour, emportant avec lui le vautour hurlant son désespoir.

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