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Un parfum familier - 6 (Non référencé)

La luminosité résiduelle, même au milieu de la journée, lui apparut tel un signe funeste, qui lui soulignait la dégradation de sa situation. Par habitude il avait rejoint le bloc qui contenait le T-cast, pour marquer le pas avant d’y pénétrer.

Se pourrait-il que son état l’empêche de fonctionner en toute sécurité ?

Un doute l’envahit, un doute assez important pour le décider à continuer son chemin à pied. Il tourna les talons et se hâta en direction du sud, au milieu de la foule qui lui parut désœuvrée, même s’il comprenait que c’était son reflet qu’elle le lui renvoyait.

À l’approche des premiers vendeurs à la sauvette, les néons et les hologrammes publicitaires s’étaient déjà éclairés. Il se faufila entre les anonymes, évitant le moindre contact avec les gens. Son sentiment d’insécurité toujours présent dans la basse ville, avec en souvenir une silhouette familière qui le prenait pour cible bien ancrée dans sa rétine. Il s’arrêta deux fois, dos au mur pour s’assurer que personne ne le suivait, la main dans son blouson sur la crosse de son pulseur. Il gigotait alors un instant sur place, parcourait du regard les ombres qui défilaient avant de continuer.

Par précaution, il effectua un ultime détour et s’engagea dans la bonne ruelle. Il stoppa enfin devant une porte métallique à l’apparence commune, dont le vautour savait qu’elle pouvait résister à une charge d’antimatière.

Une tanière équipée d’un premier digicode pour délivrer l’accès à un sas. Son propriétaire changeait, tous les jours, la combinaison. Il s’appuyait sur une méthode simple, pour que les initiés puissent venir le visiter sans être obligés de le contacter. L’on pouvait passer pour déposer un objet, en récupérer un, ou encaisser une prime, le tout sans intention de rencontrer celui qui y vivait.

La porte se déverrouilla, accompagnée d’un bruit métallique bien distinct. Une fois à l’intérieur, on se retrouvait dans un sas mal éclairé qui donnait sur trois issues sécurisées. Ici, plusieurs caméras équipées de différentes optiques, vous déshabillez. Inutile de tenter de les duper, elles voyaient tout.

Le vautour, dont les visites se comptaient sur les doigts d’une main dans l’année, eut droit à une voix nasillarde sortie d’un micro, pour l’accueillir.

— Un ramasse merde du centre-ville coincé dans mon sas, qu’elle bonne surprise, tu veux que je te délivre quel accès sac de plumes ?

Plax cogna son poing contre la porte en face de lui.

— J’ai un truc à te montrer, c’est toi que je viens voir.

Un court silence s’en suivit, avant de reprendre, pas convaincu.

— Écoute mec si c’est pour un dékitage ou une réparation pose les à coté, je suis pas mal occupé en ce moment je m’y pencherai dessus dès que j’aurai le temps.

Le vautour qui se doutait de sa réaction insista.

— Rien de tout cela, j’ai besoin de toi et de ton matos pour analyser un artefact.

Il sortit le cube de sa poche et le garda en évidence dans la paume de sa main ouverte, pour qu’il puisse bien l’observer. Pour unique réponse il entendit la porte se déverrouiller.

Ixol, un gnome plusieurs fois centenaire, avait travaillé dans tous les plus grands consortiums ainsi que pour l’imperium, il y a de cela fort longtemps. Cette période lui avait appris à connaître les gens, et finit par le résoudre à se retirer du monde. Les objets qu’il réparait ou manipulait, eux ne le décevaient jamais, disait il quand on lui demandait pourquoi il vivait en reclus. Il ne sortait plus de son trou, avait pris du poids et des habitudes de vieux garçon.

Sa tanière échappait aux standards d’habitation. Plax descendit un long escalier métallique en colimaçon. Ses pas faisaient résonner la structure pour le mener dans un immense espace vide de deux étages, dont les parois étaient couvertes d’une multitude d’appareils d’analyse, d’ateliers de démontage, d’assemblage voir de recherches.

Un silo bunkerisé, un cocon taillé sur mesure. L’unique colonne centrale, reliée au plafond, soutenait un réseau du monorail dont se servait le gnome pour y évoluer, sans jamais avoir besoin de marcher. Deux suspentes élastiques supportaient une sellette raccordée à la toile métallique sur lequel il avait aménagé un système de poulies, mû par un moteur électrique qui le transportait où il désirait.

Au moment où Plax posa son pied sur le sol du silo, une ombre imposante laissa la place à une masse énorme qui apparut devant lui.

— Moi qui pensais que tu avais fini en brochette sur le marché, me voilà fort surpris, commencerais tu as développé ton instinct de survie ?

La poulie grinça, les yeux du vautour s’habituaient à la luminosité diffuse, et l’observa en détail.

— Pas autant que je le voudrais, moi aussi je suis content de te revoir, en un seul morceau, et quel morceau.

Il fronça les sourcils, avait du mal à y croire.

– Sérieux Ix’ t’as passé un cap là, pour t’extraire va falloir agrandir la porte, t’abuses.

Un rire gras envahit le local, le gnome manqua de basculer en arrière, il s’agrippa au dernier moment à ses suspentes qui gémirent de façon inquiétante.

— Pourquoi voudrais-tu que je sorte, même l’imperator c’est cryo pour ne plus voir la merde dans laquelle on patauge, l’immortalité tu veux que je te dise…

Plax qui connaissait son discours le devança.

— Oui, le plus dur, c’est la fin, je sais, t’as toujours pas changé d’opinion, mais j’avoue qu’avec le temps je commence à la partager. Parfois je me demande si ce n’est pas l’extérieur qui a bâti les murs autour du secteur pour ne plus voir nos sales gueules.

Il sortit le cube de sa poche et l’envoya au gnome qui s’en saisit avec une satisfaction non feinte. C’était son plus grand plaisir. Dénicher des objets d’un passé à jamais révolu, des artefacts devenus inutiles pour la plupart, mais qui le ravissaient par leur ingénierie avancée.

Malgré son obésité morbide, il l’attrapa au vol avec une habilité étonnante pour son gabarit, accompagné d’un gloussement d’excitation.

— Ah bien, voilà notre nouvel invité, il est temps de faire connaissance.

Il fit basculer d’un hochement de la tête ses lunettes d’analyse à multiple spectre, et comme à son habitude se mit à marmonner en l’inspectant.

— Hum, qu’avons-nous là… tu veux bien me livrer tes secrets mon bébé…

Puis, sans prévenir s’éleva dans le silo, pour allumer plusieurs appareils, avant de jeter un œil en bas sur Plax et de se contraint à le rejoindre au niveau du plancher. Il l’invita à s’approcher de ce qui semblait être une sorte de four micro-ondes.

— Arrive le vautour, on va vite savoir ce qu’il a dans le ventre. C’est une première pour moi, je n’en ai jamais vu auparavant, avec ça…

Il le plaça dans la cabine d’analyse, le cube se dressa alors sur un sommet.

— On va connaître sa composition.

Plax l’observait les mains au fond des poches, son regard allait de l’un à l’autre avant de s’arrêter sur Ixol.

— Hey rassure moi, tu vas pas le faire fondre ?

Le gnome sortit un clavier et commença à pianoter dessus à grande vitesse en même temps qu’il continuait à lui parler.

— Je doute, il semble mieux paré que nous pour résister à la chaleur.

Le cube se mit alors en rotation sur son axe.

— Et non tranquillise toi, ça calcule son poids sa densité et en tournant ça va récolter des atomes pour en définir l’alliage. Ensuite il va lui faire un rayonnement pour tenter de deviner ce qu’il y a dedans, ça ne sera pas très long.

Sa vitesse augmentait pour ne donnait qu’une image en deux dimensions, des voyants clignotèrent, des bips résonnaient et le visage d’Ixol se fit perplexe à l’énoncé des informations qui s’affichait sur un écran. Un graphique illisible pour le vautour qui ne déchiffrait qu’un seul résultat compréhensible en continu « négatif, négatif, négatif… » Il finit par grimacer et lui demanda.

— C’est moi ou j’ai l’impression que ça ne marche pas ton truc ?

Ixol arbora une moue peu satisfaite et continua d’accélérer sa rotation, avant de lâcher peu sûr de lui.

— Ouaou mon pote, là j’ai un souci, à l’allure à laquelle il tourne l’air devrait à son contact le décomposer comme si on le frottait à du papier de verre, et pourtant rien n’en échappe. Tous les métaux et les alliages connus sur cette verrue de secteur passent ce test sans problème, attends, je vais vérifier autre chose.

La cabine d’analyse commença à siffler de façon stridente, le gnome pianota sur son clavier à toute vitesse. Le cube plongea dans le noir, pour tenter de faire apparaître son spectre. Un laser rouge le parcouru du haut vers le bas puis la couleur changea en même temps que le sifflement s’intensifia à en devenir pénible pour les deux observateurs.

Ixol lui expliquait la manœuvre en même temps qu’il opérait.

— J’essaie autre chose, je lui envoie différentes fréquences d’ondes pour le sonder.

Le vautour se plaqua à présent les deux mains sur ses oreilles et oscilla de la tête pour lui indiquer qu’il suivait.

Le gnome sursauta sur sa sellette et coupa les rayons lumineux avant de réduire la vitesse du cube, comme s’il venait de trouver une autre piste, puis se tourna vers le vautour, sidéré.

— Il parle, il émet quelque chose !

Lâche-t-il avant d’abandonner le clavier en signe d’impuissance.

— Hein qu’est-ce que tu racontes ?

— Il émet un signal j’te dis, y communique quoi.

Un trouble envahi le vautour, ses jambes se mirent à trembler, il lutta pour conserver son équilibre, un goût étrange se répandit dans sa bouche. Sa vision se trouva saturée par des interférences comme un écran cathodique mal réglé. Il tituba, ses yeux tournèrent au blanc, avant de s’écrouler au milieu du silo.

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