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Cacher

Un parfum familier - 1 (Non référencé)

Certains considèrent le glanage et la fouille comme des occupations à haut potentiel rémunérateur, qui s’appuient sur deux outils dont l’ensemble des ramasse-merdes se réfèrent.

Le premier est la carte. Mise à la disposition de chacun, elle indique la valeur de la position, et peut à l’occasion amener son utilisateur à des hubs prolifiques, ou à des zones vidées du plus misérable déchet. Lieu maudit gangréné par la présence de toutes sortes de champignons aux spores mutagènes, dont il fallait s’éloigner au plus vite si on ne voulait pas voir sa peau se couvrir de pustules. Signale de l’arrivée de parasites, avant de se transformer dans la plus anarchique division cellulaire, en fongoïde agressif.

Le second, la chance, et là, que l’on croie ou non à sa bonne étoile, on peut reconnaître une chose. Il en faut une étincelle dans toute entreprise, même lorsque cela concerne une activité aussi insignifiante que celle de glaner.

C’est sur cette pensée que le vautour décida de clôturer ses recherches. Il se redressa une fois extrait de la trappe plongée dans le noir pour jeter un coup d’œil circulaire.

Il avait depuis longtemps laissait sa carte au fond d’un tiroir, pour n’utiliser que son instinct afin de le seconder dans sa réussite. Réussite, qui ce jour-là, il du bien le reconnaître ne fut pas convaincu par sa nouvelle idée. Choisir l’endroit le plus isolé ou personne n’allait jamais fouiller, en mode urbex, car sa cible ne viser pas un terrain vague malodorant, mais l’intérieur de complexes industriels désaffectés.

Quand il s’était glissé dans les décombres d’un autre âge, la lumière lavasse du ciel diffusait encore de quoi se repérer. À présent qu’il ressortait son nez dehors, il réalisa un peu désappointer que l’obscurité couvrît le paysage.

Le lieu laissait apparaître des ombres menaçantes, comme autant de créatures innommables qui résidaient à l’extérieur des murs de la cité. Dans l’incapacité de se souvenir par quelle direction il avait pénétré dans ce piège aux relents de produits toxiques, il choisit de se rendre vers les éclairages les plus proches de sa position. Ses pas le conduisirent jusqu’à une enseigne lumineuse qui se maintenait avec difficulté sur une façade décrépie, dont la dernière lettre du néon s’obstinait à clignoter avec résignation.

Black Hat

Le sud du secteur abritait un no man’s land que l’empire avait déserté depuis des éons. Les échoppes clandestines y pullulaient, sans que personne n’y trouve rien à redire. Le Black Hat devait faire partie de ses commerces éphémères, dont l’existence au milieu du néant interrogeait toujours le vautour quant à la viabilité du projet. Quelle intention poussait un individu à lui faire voir le jour, ou la nuit, rectifia-t-il en silence.

À son approche, la brume épaisse s’écartait autour de sa silhouette pour se refermer à son passage. Il regretta de ne pas avoir pris de masque, suspectant la présence, résiduel, mais toxique d’une chimie meurtrière qui devaient transpirer du sol, pour s’oxyder et se transformer dans une danse millénariste infinie.

Il fit pression sur la lourde porte métallique dans le même silence que celui de ses pas sous cette brume, qui s’obstiner à faire disparaître toute emprunte sonore, toute identité. Par sécurité, son autre main resta dans la poche, sur la crosse de son pulseur.

L’intérieur du bar, faiblement éclairé par des lueurs tamisées, qui provenaient de sphères disséminées de manière judicieuse pour guider le visiteur au travers d’un mobilier désordonné. L’endroit semblait vide, à l’exception d’une silhouette derrière le comptoir, dont un geste trahit la présence. Il se dirigea vers elle, d’un pas assuré sans lâcher son arme au fond de son habit.

L’elfe qui lui faisait face ne parut pas surpris de sa venue. Elle abandonna sa tablette pour le dévisager sans la moindre gêne. Son physique à l’allure élancée en faisait un joli spécimen comme bon nombre d’individus femelles de son espèce. C’est sa coupe de cheveux et son maquillage tribal qui mettaient un terme à toute forme d’attirance, comme si elle avait pris soin de s’enlaidir pour mieux s’assortir à son environnement.

Comprenant que les us de l’empire devaient être bien éloignés de ces considérations, il opta pour un langage plus neutre, et l’aborda sur un ton qui trahissait son malaise.

— Salut, vous allez trouver cela idiot, mais je crois que je me suis perdu.

Elle le fixait droit dans les yeux en mâchouillant avec de nombreux effets sonores quelque chose, dont il ne tenait pas à connaître la nature. Un sourire était apparu sur ses lèvres couvertes d’un violet outrancier qui lui agrandissait la bouche de manière volontaire. Elle lui déclara, en le jugeant un peu vite comme si elle prenait un certain plaisir à partager sa déconvenue.

— Et ouais c’est ça de venir s’encanailler dans le sud, on finit par en perdre ses repères, y boit quoi le noble étranger ?

Plax comprit qu’il serait habile de sa part d’échanger un verre avec elle pour s’accorder ses faveurs, et réalisa aussi qu’il en avait besoin. Crapahuter dans des sous-sols désaffectés n’était pas de tout repos, et une longue marche l’attendait pour rejoindre le centre-ville.

— M’encanailler, pas tout à fait, je venais fouiller sur le vieux site industriel, et en ressortant du labyrinthe souterrain, j’ai pu constater que le jour s’en était allé. Il retira la main de sa poche pour la poser sur le comptoir plus détendu. Servez-moi un ce que vous voulez dans un grand verre, du moment que c’est frais et un peu alcoolisé ça fera l’affaire. Puis s’empressa de rajouter, si vous désirez m’accompagner, faites-vous plaisir, et ne vous imaginez pas que je tente de vous draguer, c’est purement égoïste, je déteste boire seul.

Il lui rendit son sourire, qu’elle sembla apprécier avant de se pencher pour ouvrir un frigo. Elle en sortit un cocktail scellé, d'une couleur similaire aux traits épais de ses peintures tribales qu’elle affichait sous les yeux, et se saisit d’une bière à son intention.

— Un glaneur dans l’usine, alors je retire ce que j’ai dit, respect. Elle fit tinter sa canette contre son verre aux formes ondulées qui lui fit songer à sa silhouette. Même les habitants du coin n’y vont pas dans ce gâchis, moi c’est Jess', ils échangèrent un regard qui leur fit comprendre qu’en d’autres circonstances ils auraient pu devenir ami, voire plus. Votre audace a-t-elle été récompensée ?

Il retira le film plastique qui obturait le verre, avec un léger regret d’être resté si évasif sur le choix de sa boisson.

— C’est difficile à dire, parfois on trouve des objets qui paraissent ne pas avoir le moindre intérêt et qui se révèlent très lucratifs et d’autres fois c’est l’inverse. Aujourd’hui je pense entrer dans la première catégorie dans l’espoir de ne pas me tromper, puis il conclut d’un ton sincère, moi c’est Plax, enchanté Jess.

Elle hocha la tête et posa sa bière pour s’emparer d’un long porte-cigarette à l’allure très élégante qui s’assortissait mal avec le reste de sa tenue, remarqua-t-il, comme s’il s’agissait d’un costume de circonstance.

— Ah ça la chance, il en faut toujours un peu dans tout ce qu’on entreprend. Se fier à son instinct est la meilleure des méthodes qui soit. Elle aspira pour relâcher une bouffée de fumée dont le parfum lui fit songer à un souvenir du passé sans qu’il parvienne à lui donner un nom, elle continua d’un air taquin. D’ailleurs, se fier à son instinct n’est-ce pas une pensée déviante pour un impérialiste dont toutes les règles du quotidien sont gravées dans les codex ?

Il leva son verre dans sa direction pour lui signifier qu’il l’accompagnait, avant de le porter à ses lèvres. Il découvrit étonner un goût de la même tonalité que les volutes de la fumée. Il laissa glisser le liquide sans précipitation au fond de sa gorge, et ne put s’empêcher d’être séduit par sa manière de penser, lui qui, il y a encore peu de temps, partageait l’identique réflexion. Il se rendit compte que comme elle a son égard, il l’avait trop vite jugé. Il s’était imaginé trouver une monosyllabe au QI réduit par l’alcool et les drogues.

— Non j’aime à croire avec un peu de naïveté que l’imperium nous dicte cela pour nous protéger. L’instinct pourrait se transformer en ferveur, puis en culte et enfin en hérésie, moi je ne l’utilise que de façon mesurée, je ne rêve pas de grandeur. Il but cette fois-ci une longue gorgée et reprit. Dans l’immédiat ma quête reste plus modeste, elle consiste à retrouver mon chemin, si vous pouviez m’indiquer la direction du T.Cast le plus proche, vous gagnerez en échange ma reconnaissance éternelle. Il termina sur un ton plus neutre, combien vous dois-je pour les deux consommations ?

Elle le scrutait à présent de manière énigmatique, un bras en travers de son ventre, le coude de l’autre qui tenait le porte-cigarette reposait sur le poignet du premier.

— Pour un T-cast il va vous falloir marcher un peu. Prenez à votre droite en sortant, gardez le cap, ça vous mènera à un passage sous terrain. Il vous évitera de traverser le complexe industriel, mais gare à vous il est parfois mal fréquenté. Une fois de l’autre côté, vous débouchez à l’est du quartier, enfilez la rue la plus large, elle vous conduira au T-cast, pour les consos’ ça fera cinq mille crédits.

Le prix se voulait prohibitif, mais il ne tenta pas de le discuter. Son cocktail l’avait détendu et cette discussion lui avait permis de mettre à bas certains préjugés. Il posa la somme sur le comptoir.

— Je vous remercie pour ce bref échange, ce fut un plaisir.

Elle reprit sa tablette et se remit à mâchouiller de manière bruyante.

— Plaisir partagé, courage pour le retour.

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