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Un parfum familier - 5 (Non référencé)

Sur le mur, à la place du flux d’actualité, un signal de couleur rouge en très grandes lettres apparaissait.

MESSAGE AUDIO - ETAN —

La diffusion s’était mise en veille pour laisser les commandes aux appareils connectés. La lumière était toujours tamisée, l’intérieur de l’appartement se noyait dans le silence.

Le vautour se réveilla, la bouche pâteuse et l’esprit pas très clair. Il papillonna plusieurs fois des paupières, avant de se redresser, l’air hagard. Il s’interrogea. Pourquoi sa lentille matricielle ne l’avait-elle pas informé ?

COMMANDE — LECTURE MESSAGE — ETAN —

La voix de son ami emplit la pièce, pendant qu’il se levait pour préparer un cafey.

— Salut Plax, un vautour qui ne reste pas connecté, j’avoue que tu me surprends, tu dois être le seul de ton espèce. Bon ! j’ai fait le tour de ton sac à viande. Je te livre un résumé, j’ai du boulot qui m’attend. Tu as des traces d’hallucinogènes de synthèse 25I-NBOMe et 25C-NBOMe, pas de quoi te tuer, mais bien assez pour déclencher des dissociations visuelles comme tu me l’as souligné, ça doit venir du cocktail. Ajoute des résidus de somnifères, une prise de la veille, je suppose, pour t’endormir, et surtout, aucune toxine ni bactérie ni même virus qui tenteraient de se multiplier.

Plax l’écoutait, son Mug de cafey à la main et se dirigea vers un store qu’il écarta avec deux de ses doigts.

— … Comme tu m’avais l’air soucieux et que je sais que tu n’es pas du genre hypocondriaque, j’ai poussé un peu les recherches, avec ta plume…

La fenêtre donnait vers l’ouest, et aucun bâtiment ne jouxtait le sien, un nœud lui serra la gorge.

— … un collègue a pratiqué un séquençage de ton génome, et là, je dois avouer que ça laisse songeur. Tu n’ignores pas que notre mode de vie l’altère au quotidien, on nomme cela l’Epi-génétique, mais dans ton cas, cette adaptation semble atypique. Tu crées des modifications qui restent dans les critères de ton espèce, avec la particularité de subirent des influences non endémiques au secteur, comme si tu ne vivais pas ici, tu vois l’idée ?

Plax avait du mal à saisir les observations de son ami, et en même temps, ces immeubles qui disparaissaient, cet hôpital qui changeait de place, n’était-ce pas un peu ce qu’il tentait de le lui expliquer ?

Son esprit tout juste éveillé, mi du temps à laisser ses pensées circuler. C’est le résumé d’Etan qui l’aida à relier ce qu’il le lui décrivait, à un fait bien concret. Sa lentille. Il porta aussitôt la main sur son visage par réflexe. Cet implant, connecté à la matrice, était modélisé sur son génome, si elle avait cessé de fonctionner, c’est qu’elle ne le reconnaissait plus.

La déduction tenait la route, et sans écouter la fin du message il se précipita vers la salle de bain, s’approcha tout près du miroir pour l’ôter. D’une main il gardait sa paupière grande ouverte et de l’autre, avec son index et son pouce se saisit de la prothèse en douceur. Il cligna plusieurs fois des yeux pour laisser son nerf optique s’adapter, avant de regarder à nouveau son reflet.

La différence n’était pas criante, mais il remarqua tout de même une variation de couleur entre ses deux iris.

La rage lui monta.

— Bordel, elle a mis quoi dans mon verre !

Désemparé, il retourna dans son salon, ses mains tremblaient. La menace était bien réelle, il devait agir et vite, il le sentait à présent, son existence en dépendait. Il s’arrêta de faire les cent pas, son regard se posa sur sa table basse, là où se trouvait son pulseur, juste à côté de l’artefact découvert la veille.

Il se figea un court instant. Son apparence venait encore de changer. Il s’en saisit pour l’observer de plus près. Son contact demeuré froid, mais le marbrage rouge écarlate qui le parcourait avait disparu, remplacer par un schéma informatique complexe, composé d’un réseau finement ouvragé de la taille d’un cheveu.

Il réalisa ne rien connaître à son sujet, tout était allé si vite depuis… depuis qu’il l’avait trouvé.

— Qu’est-ce que tu es ?

Quel pouvait être le rôle de cet objet singulier ? Avait-il une relation avec tous les événements qui se déroulaient ? Il lui parut difficile de faire une liaison avec sa prise d’hallucinogène, et pourtant, face au danger qui le menaçait, il ne pouvait l’exclure de l’équation, admit-il en silence.

Un plan d’action s’imprima dans sa tête, il connaissait un kob’ en basse ville qui possédait un atelier clandestin très bien équipé. Suffisamment pour faire cracher les secrets de ce cube. Après il se rendrait au Black Hat, et avant ce soir, il aurait des réponses.

Il se prépara sans traîner et sortit.

Disparaître du secteur, son esprit assimilait la menace. Se métamorphoser en apatride, un anonyme, une anomalie qui risquait la peine capitale, si la puce qu’il portait refusait de l’identifiait. Son corps deviendrait la proie des âmes condamnées, et leur servirait de festin dans la plus grande quiétude.

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