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3.0 Putain de réveil

Marran année 316… 
Tu m’avais accueilli, j’avais déjà trahi pour toi, trahi des proches, un secteur il y a de ça presque 11 ans maintenant. Mais ce n’était pas ta faute. Nos secteurs sont dans une guerre, une guerre constante de l’information. Quoi de plus normal de faire son job?

C’était parmi les premiers mots que tu m’avais adressé sous le regard attentif d’une pléthore de nobles, haut-dignitaires et j’en passe. J’avais franchi le pas. Vendre deux vautours de mon entourage pour transfuge. Tirer un trait net, le geste vif. Et je n’ai pas eu de remord, pas sur le moment d’avoir franchi cette ligne. Traître, c’est ce que j’étais devenue.

Combien de fois as-tu prononcé cette phrase? Notre relation a drôlement évolué à tout les deux. D’abord de simples connaissances, on s’évitait, on se croisait. Après on a été présenté, amis. Tu as rapidement fait parti de la famille. Tu t’en es éloigné aussi. Mais j’étais là. Je te faisais confiance à toi. Parce que tu savais ce que j’avais fait. Tu savais ce que ça m’avait coûté.
Les tourments sont arrivés. Rapidement. Tu voulais baisser les bras. Et pour le coup, je me revoyais, juste avant mon amer trahison, je savais. Je savais que tu te fragmentais, des pans de toi s’effritait. J’ai doublé d’effort, redoubler ma présence, avec l’espoir fou que tu remontes la pente. Tu es devenu mon fils.

Les temps sur cette terre qui m’a accueillie étaient devenus de plus en plus difficile. Des déchirements sur des relents d’AMIG, on sentait la tension, le sang, l’impuissance d’un Empire qui sur papier aurait dû se montrer fort et clairvoyant. Mais fils, perdre espoir c’est admettre la défaite. Hujan m’est témoin, j’ai essayé de te pousser à te battre. L’échec est une leçon, pas une finalité.

Le cœur d’une mère et ses aléas. Pendant un temps j’ai vraiment cru. J’ai vraiment cru que tu avais trouvé quelque chose à laquelle te raccrocher. J’étais rassurée. Fils, mon rôle ce n’est pas de te couver, mais de te rentrer dedans quand ça ne va pas, te faire chier au possible. C’est aussi de te prêter une oreille attentive quand ton monde s’écroule et te secouer, te botter le cul pour que tu avances. Je crois que je ne me suis pas trop plantée sur ce pan. Sauf si…
« ... »
Ce matin-là la nouvelle…
J’ai serré la mâchoire, tu avais trahi, tu avais décidé de m’abandonner, d’abandonner ta famille, ton secteur. Non heureux des circonstances. Prisonnière de mon devoir, j’ai observé ton œuvre, révoltée à mon tour. Écoeurée.

C’est le premier sentiment qui m’a traversé. Tu venais de permettre à ceux avec qui j’avais grandi appris, mon secteur qui m’avait vu naître d’enculer à sec ma patrie d’adoption. Cette nuit a été amer. La chaleur des flammes de la Domus, de l’Ambassade… Nos rues repeintes du vermeille impérial, de l’ocre rebelle. La puanteur, la consternation, c’était trop.

C’est la seconde émotion. Je venais de me voir arraché mon fils. Traître. Qu’avais-je fait de travers? Est-ce que j’aurais pu le voir venir? Pourquoi il avait fait ça? Aurais-je vraiment pu changer quelque chose? Tant de questions qui nous accables quand c’est un proche qui commet un tel geste. Peu de réponses. Parfois on ne les obtient jamais. C’est triste.

C’était la dernière étape. Accepter. Lâcher prise. Traître. Trahir et être trahi. Souvent les cycles comme celui-là se répétait ad vitam dans la Cité. Il fallait accepter, puis avancer. Après tout. N’avais-je pas fait la même chose y’a presque 11 ans? Trahir. Est-ce que j’étais en droit de lui en vouloir? Chacun son chemin et son histoire. Mais au fond, il n’existe pas de transfuge sans trahison.
Putain de réveil...ouais.

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