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La cité miroir ou les divagations

La ville a cette façon de s'adapter à nous. De renvoyer un reflet de ce que nous sommes.

Comme face à un miroir, on croise son regard à chaque coin de rue. Aussi bien dans les sombres vitres des immeubles que dans les flaques au sol troublées par la pluie qui s'abat inlassablement sur la cité.

Assit sur son neuvopack, le gris contemple les cieux. Ses iris assombries par les épais verres de ces binocles donnent au monde un air lugubre qui sied à son humeur morose. Depuis que son jeune disciple à quitter son entre elfique, il sent une pointe de tristesse tenter de percer son masque de désinvolture.

Alors ce temps insalubre, et l'isolement au sein du smog épais lui convient. Comme un jeune arrivant il repense à sa fausse innocence, dans la petite cuisine où ils se sont retrouvés, lui et son élève.

La manière qu'il a eut de mordiller la distance les séparant en reprenant son souffle, suite à une course épique dans les lieux, dont il ne garde aucun souvenir.

Son esprit était ailleurs comme souvent pendant les entrainements. L'elfe se laisse bercer par la monotonie des coups, de son propre cœur tambourinant dans sa poitrine alors que ces muscles demandent plus de sang pour continuer à s'animer et ne pas faiblir dans ces frappes inoffensives.
Oui, dans cette cuisine il aurait pu dérober les lèvres du jeune plumé sans vergogne. Avec son audace habituelle, franchir les limites et quémander davantage.

Mais au lieu de cela, il avait reculer sans rien faire.
𝙅𝙚 𝙩𝙚 𝙩𝙞𝙚𝙣𝙨 𝙖𝙪 𝙘𝙤𝙪𝙧𝙖𝙣𝙩, 𝙢𝙖𝙞𝙨... 𝙟'𝙖𝙞 𝙖𝙥𝙥𝙧𝙚𝙘𝙞𝙚 𝙫𝙚𝙣𝙞𝙧. 𝙇𝙚𝙨 𝙚𝙣𝙩𝙧𝙖𝙞𝙣𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩𝙨 𝙨𝙤𝙣𝙩 𝙩𝙤𝙪𝙟𝙤𝙪𝙧𝙨 𝙗𝙞𝙚𝙣, 𝙖𝙫𝙚𝙘 𝙩𝙤𝙞.
Perdu dans les brumes grisâtres il repense aux autres opportunités manqués. Ces mots qui ne seront jamais prononcés mais débordent parfois dans un soupir silencieux. La vie aurait pu être bien différente si il avait suivie chacun de ces désirs au lieu de se passer une bride vaine.

Son opposé lui manque parfois. La dureté de ces mots, la tendresse de ces geste. Aussi menaçant que réconfortant. L'un et l'autre était bien différent, l'un immaculé, l'autre souillé par le smog. Ils avaient pour seule passion commune de ce comprendre mutuellement. Son opposé, celui qui avait osé prononcé des mots autant effrayant qu'enivrant.
𝑗𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑖𝑚𝑒.
Son némésis, son grand regret. Un lointain souvenir maintenant qui restera un regret et un remord pendant encore des siècles sans doute.
Ils ne peuvent revenir en arrière, plus jamais ils ne seront allongés côte à côte, séparé par un mur créer de toute pièce par le gris.

Un fin soupir lui échappe, tout n'est que monotonie autour de lui. Ces mèches détrempées collant à sa peau livide telle une occulte créature sortie d'un esprit dérangeant cherchant à s'agripper à son hôte tel une sangsue.

Ainsi avachi, on croirait la créature d'un de ces récits. Une création difforme, souffrant aussi bien dans son corps que dans son âme. Ces ongles noirs viennent arracher à son siège de fortune l'un de ces tubes bleutés, luisant d'une faible lueur dans les ténèbres environnants.

Oui, la ville renvoie son reflet. Un être gris, parfois monotone, parfois animé de conviction. Autant étranger que la cité pour un nouvelle arrivant que familier pour un vétéran.

Après tout, la ville est un reflet de ceux qui l'habite autant que ceux qui y vivent la reflète.

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