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EDC de Medea

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I. Single point of failure

Single point of failure

Un regard désorienté. Des jambes marchant mécaniquement dans les bas-fonds de la ville. Sous le clapotis paresseux des pluies acides, des ouvriers corporatistes se ruent vers le bar labellisé le plus proche. Un clochard fouille la poubelle d'un technopole à la recherche d'un peu de ferraille dont il pourrait en tirer un ersatz de repas, décanillant à la vue des Bottes. La vue se décolore, le gris revient, celui des murs, celui des DG prétentieux accompagné de leurs conjointes aux robes nacarat, se dirigeant vers le propre, vers la Haute, me bousculant de leur arrogance.
Le sang coule en cette période mais cela ne l'affecte pas outre mesure. Se déplaçant comme le ferait un vestige d'une autre ère sur son propre territoire. La guerre est à notre porte. Une guerre plus insipide, une guerre vécue mille fois, une guerre intestine au sein de même rang. Une lutte fratricide.
Mensonge. Calomnie. Propagande.

Vie quotidienne pour eux, corporatistes.


Vie quotidienne pour eux, criminels.

Vie quotidienne pour nous, impériaux.

« J'aurais besoin de tes services rapidement. Et discrètement.»

Vous dormez si longtemps en cryo que vous ne ressentez pas à quel point la vie est moche. Quarante années impériales loin du temps, loin de tout et surtout, loin de vous. Les intrigues se sont démêlés pour mieux se réunir tels des hydres gastrolâtre. Mais plus rien ne compte désormais. Dreadcast avance avec ou sans vous. Abandonnez-le quelques instants et il continuera tout droit avec le seul craquement de votre colonne vertébrale sous ses chenilles pour se rappeler fugacement de votre piètre existence.
Le Trench se glisse dans la foule, profitant du bordel ambiant, un fin filet de fumée trahissant sa présence, renaudant tout bas contre son passé alimenté par son esprit de songe-creux.
« ♪ Dansons, dansons la, la valse cyber. ♪ »


« Aucun problème. Rapidement et discrètement. Je suis dispo. »


Tic-tac, l'horloge.
Tourne la page pour nous quatre
Que trop d'éloge
Pour une vieille bande d'acariâtre

~ ~ ~ ~ ~ ~

La mémoire est une compagne aussi luctueuse que malévole. Griffant votre âme en vous rappelant chaque échec. Vos satanés regards d'idolâtre s'arrêtant sur moi. Remplaçant mes lèvres et mes mots, narrant l'histoire à ma place en m'accusant de n'avoir rien su faire d'autre. Odeur de crime et d'effluves intimes, alcool de contrebande et basses vibrantes. Politique apocalyptique. Dolence lascinante tambourinant mes tempes. Sang d'innocent coulant d'entre leurs regards criant. Que cela s'arrête, je vous en supplie.
Ayez pitié.

«Combien ça coûtera ?»

«[...] 250k crédits.»


Tic-tac, l'horloge.
Tourne la page pour nous trois
Quittez donc vos loges
Après le départ du triste roi.

~ ~ ~ ~ ~ ~

Le masque se fige et la Légende de ton nom t'imbibe de son aura, contrôlant ton sourire jusqu'au bout de tes bras. Prenant le pas sur tes jambes et ton ire, tu n'agis plus pour toi mais pour eux dans le reflet de leurs propres souvenirs.
« ♫ Dansons, dansons jusqu'à nous y évanouir dedans. ♫ »
Arrogants.

« J'ai entendu parler de vos services. »

« [...] même prix que lui et disponible dès que vous le souhaitez. »

Ses éconocroques fondaient à toute vitesse, presque aussi vite que ces grains comptant inlassablement le temps s'écoulant lentement. Le stress, la peur, l'abandon, la solitude. Ton cœur se fait particule, particule écrasée par un étau. Tu tentes de remplir l'année puis l'heptade jusqu'au jour où ce cycle parait être heptade s'étirant tout une année. Las des conventicules suppurant d'hypocrisie et de promesse en l'air dans ce triangle de rien.
A défaut de pouvoir changer ton âme, tu changeras de visage.
« ♪ Du pareil au même, celle qui rongera jusque nos os et nos sang. ♪ »

Tic-tac, l'horloge.
Tourne la page pour nous deux
Rendons nos toges
Tout ça ne tenait que trop peu.


~ ~ ~ ~ ~ ~

Mon single point of failure. Celle qui reste et qui sera mur face à l'invasion exogènes. La corde l'étouffant mais dont sa vie dépend. Sous l'effet des opiacés, le doute vient. Sous la lumière aveuglante, une pensée d'un dernier instant, un dernier moment avant de laisser faire l'artisan. Tes lèvres s'engourdissent pour formuler quelques mots mais en vain. Et si elle me vendait ?
♫ La valse cyber, de celle qui nous délivre d'une ancienne ère ♫

L'égoïne de second choix tranche l'os bien plus brutalement qu'entre les mains d'un archiatre. Rapide, ne s’embarrassant pas de faire mine d'une quelconque précision chirurgicale. Ici la violence règne. Celle du craquement, du giclement se mêlant intimement aux lointains hurlements provenant de tes soubassements. Celle d'une chirurgienne véreuse, se délectant de la sensation fruitive du sang de ses victimes consentantes. Tu t'appliques, écartant, ramenant, saupoudrant, détruisant en recréant. Tes seringues côtoient marteaux, pinces et épingles pour recréer un nouveau visage, un nouveau regard.
« La route est étrangère désormais, ta chute a dissous l'anathème. Dernière chance de crier fort - au revoir - à cet endroit. »
Mais la porte claque, sans un mot pour le passé mais uniquement, comme seul lien d'attache, ce single point of failure.

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