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EDC de Medea

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II. Came-isole psychique

« L'argent est loin d'être synonyme de pouvoir. L'argent, c'est un Trench flambant neuf qui s'usera rapidement sous les pluies acide. Le pouvoir, lui, c'est d'ordonner au smog. »

Une ruelle bondée.
Un kobold rôde. Des habits amples sous laquelle ses mains crasseuses se récurent mutuellement la saleté sous les ongles avec la pointe d'un kanuf, l'oeil aux aguets. Cherchant son larcin du soir comme la foutue saloperie incapable de subvenir correctement à ses besoins. Plus loin, deux orcs montant la garde devant une bâtisse. Même en étant payé pour surveiller une porte, ils étaient incapable de contenir leurs pulsions de méta. Gonflant leurs muscles en s'insultant. Ce besoin viscéral de savoir qui cogne le plus fort. Ces insultes. Cette haine.
Crachat dédaigneux.

S'extirper d'ici. Survoler cette fange grouillante n'étant pas digne de faire partie de l'Histoire. S'enfermer au fond d'un taudis. Des mains tremblotantes viennent chercher du réconfort auprès de son vieux stock de dermes. Le plastique de protection se déplie avec un plaisir manifeste mais bien moins intense que celui de sa maîtresse.
Plusieurs vies à se démener. Survivre. Puis essayer de tirer son épingle du jeu. Mettre de l'argent de côté. Mais tout ça pour quoi ? Ne pas garder le sale goût du liquide de cuve en bouche ? Sentir poindre un battement en observant son compte en banque ?
Quelle trace laissons-nous ?

« Non, il me fait beaucoup trop peur.»

« Ah ça. C'était un grand homme pour sûr.
On en fait plus des comme ça tu sais ?»

« T'as besoin d'un service ?
Tu sais à qui causer. »

« Paix ! »

« J'ordonne, tu obéis. »

« Apportez moi un rasoir. »


Ces personnalités déchus auréolés d'autorité. Où réside cette puissance ? Ce satané respect ? Grand comme petit, nordiste comme sudiste, pauvre comme riche. L'argent ni les exploits n'ont fait leurs pouvoirs. Ce n'était que de simples outils pour arriver à leurs fins.
Les dermes se multiplient, s'accrochant tels des tiques qui, à défaut d'aspirer son fluide vitale, lui en injecterais un autre, bien plus viral. Orgie narcotique. Pupilles dilatées, sueur chaude et murmure mensonger. Une idée germe, celle de s'échapper. Mais de quoi ? L'impression d'être dans une cage, être infiniment petit. Quelque chose d'irréel. Sa vie ?
Cette impression d'être une intrusion au sein de son propre corps après chaque mort. Est-ce si naturelle que ça d'être réincarné en un corps si familier et étranger à la fois ?
Être un simple cobaye. Non, plutôt une simple donnée. De celle qu'on copie inlassablement à l'infini. Pensée qui germe, plan qui s'accomplit. Elle avait le patrimoine génétique à la hauteur de ses ambitions. Que faire désormais de cette méta-plèbe suintante ? Comment passer à l'étape suivante ?
♫ Sous cette seringue,
Une pensée naît,
Celle d'une folle-dingue,
Pensant avoir les faits. ♫

La résurrection, les incohérences. La négligence, les aberrations. Le roi insoumis et ses partisans. L'ensemble de ces cycles renaissants. Les mensonges et les demi-vérité. Tout ces méta' qu'il faudrait exterminer.
Il y a quelque chose là, derrière. De presque palpable. Qu'on pourrait presque effleurer si cette douleur ne nous tiraillait pas. Elle hurle, cette chair où vous résidez. Les ongles se font serres, râpant chaque surface, s'entaillant mutuellement. Cherchant une sortie, un goulot d’étranglement.

Les ruelles se font dédale obscurs où siègent la folie. Son crâne se fait cuve bouillonnante d'énergie où des souvenirs malveillants crépitent, des monstres hurlant trop près de la sortie.
Ses mains cherchent une prise. Comme. Comme cette fois où elle a chutée. Si longtemps. Si loin.
Ce voyage par-delà la mort, celle qu'elle aura fait sans lui, celle où elle aura abandonnée sa propre chair et côtoyé ceux n'en possédant qu'une seule et unique. Ses yeux se révulsent sous la pluie, tandis que son corps tremblotant lutte contre son esprit cherchant à s'esquiver. Les lézardes aux murs se fissurent, véritable gouffre béant l'aspirant dans l'autre sens, trimbalant son corps comme le ferait un troll d'un nouveau-cloné. Au loin, un grondement imperceptible, presque infime. Comme. Comme un roulement de tambour.
Puis, d'un claquement de doigt, d'un seul, un corps en paix disparaît aux lueurs caractéristiques de la téléportation post-mortem. L'esprit ravagé, lui, subsiste bien au-delà de la mort, allant même jusqu'à lui donner du cor.

Ne pleurez pas son sort.
Elle sera là d'ici peu
Celle étant sans mentor
Part contre votre Dieu.
Pleurez tout vos clones, ceux-là même,
Qui n'auront plus une seule once de temps,
Quand de ses mains sonnera l'anathème,
Elle ravagera, pour sûr, votre présent.



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