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XIII. Les murmures dans les murs

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La pluie tombait ce jour-là en rideaux incessants, le genre de pluie qui mange la lumière et absorbe le son. Les néons faiblissants des tours cybernétiques semblaient sur le point de se dissoudre, leur éclat englué dans le smog acide qui s’accrochait aux toits et rampait dans les ruelles. C’était une nuit où la ville paraissait plus vivante que ses habitants, où chaque battement des générateurs semblait être un souffle profond et calculé jusqu'à la rupture. C’est là, dans un taudis miteux, que je les ai trouvés : cinq figures en quête d’un savoir que personne d’autre n’aurait même osé imaginer.
Et moi, m’immisçant dans cet échange épistolaire.

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Les jours gris n’étaient pas rares, mais celui-là semblait plus lourd que les autres. Les rues étroites déversaient une foule terne, leurs visages illuminés par des hologrammes publicitaires projetant des paradis de synthèse. Je n’avais pas vu l’Architecte depuis plusieurs années impériales. Quand j’ai poussé la porte d’un entrepôt abandonné sous une lumière grésillante, c’est son carnet que j’ai trouvé, posé sur une table bancale, un coin rongé par la moisissure. Les autres étaient là aussi, leurs murmures s’étouffant dès mon arrivée.

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La coupure a frappé la ville comme un coup de massue. Les générateurs ont crié, les lumières ont expiré, et le silence, ce silence si rare dans une cité aussi bruyante, a une fois de plus pris le contrôle. J’étais dehors, fouillant entre deux complexes résidentiels. Le vent portait des cendres fines, des résidus de machines trop vieilles pour tenir le rythme.

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Le quatrième point, comme les autres, n’était qu’un bâtiment anonyme, une tour sans nom, dévorée par le temps et les réaménagements de la ville. Je suis entrée seule, respirant l’odeur métallique des circuits brûlés et des câbles fondus. Les ombres dansaient au rythme des lumières intermittentes.

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La dernière date. Je suis retournée là où tout avait commencé, traçant mentalement les cinq points, l’étoile, la serrure. Une voix intérieure me hurlait de ne pas y aller, de laisser tomber ce qui avait déjà coûté tant de vies de mes camarades d'infortune. Mais je suis montée, chaque pas frappant les marches métalliques comme un marteau. La ville elle-même semblait m'observer, ses tours inclinées comme des prédateurs silencieux, ses hologrammes projetant des visages qui m’ignoraient tout en me jugeant.

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Aujourd’hui. La date s’inscrit dans ma chair comme une gravure sur un vieux circuit, brûlante et indélébile. Les néons vibrent d’un éclat étrange ce soir, une lumière plus froide, presque clinique, qui ricoche sur les murs d’acier et transforme la pluie en éclats de verre liquide. C’est dans cette lueur artificielle que la pièce manquante m’a frappée, brutalement, comme un code s’imposant sur un écran noir. Comme si cette lumière, pour une fois présente, me pointait une zone d'ombre jusqu'alors.
Cinq dates. Cinq événements. Et un lieu qui revient sans cesse, en silence, dissimulé dans les logs et les archives : ce bastion d’acier où les murmures des murs semblent résonner plus fort.
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Informations sur l'article
Réminiscences
30 Novembre 2024
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10☆
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◊ Commentaires
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Billie (209☆) Le 30 Novembre 2024
Olala, je suis noyée dans mes émotions. -
Aexe (120☆) Le 30 Novembre 2024
Chaque pas en avant et chaque regard en arrière laissent discerner ce qui ne devait être vu.
Nul hasard ne règne ici-bas. *