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EDC de L-X~19531

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26. Ad vitam...

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J'ouvre les yeux, chassant la multitude d'images qui ont hanté ma nuit. Ta tête repose sur ma poitrine tandis que ta main est encore crispée sur ma hanche. Machinalement, je murmure "Je suis là...". Cette phrase, destinée à apaiser ton sommeil aussi tourmenté que le mien ancre mon être dans la réalité de ce jour nouveau : je suis là. Doucement, ma respiration se reprend, mécanique des souffles, tandis que le tien est lent, après avoir été haletant ou rauque durant les heures de cette nuit qui s'achève pour moi. Avec lenteur et précaution, je m'extirpe de ce cocon de sérénité. La vie m'appelle et m'aspire dans son smog oppressé...
Le sas se referme dans un soupir de décompression. Les tubes sont là, alignés, livrant leur verdict. La centrifugeuse a achevé son labeur nocturne et le serveur ronronne d'attente. D'un effleurement tactile, elle extrait de leur veille les résultats en attente. Allèles, caractère, génotype, un séquençage s'opère et une structure s'affiche. Adénine. Thymine. Guanine. Cytosine. Le phénotype s'inscrit et son esprit carbure, analyse, enregistre, découpe et classifie. La cartographie se dessine et les branches s'élancent. Les parallèles s'affichent, les concordances s'absentent, la théorie s'annule et soudain, le postulat se reformule... Alors que ses mains concentrées à la tâche préparent une nouvelle batterie de tests, le processeur programme de nouvelles équations. Les heures passent. La vie s'analyse avec des chiffres. Le composé organique se calcule en théorème. Tout est familier pour elle, le robot au corps tellement humain. Tandis qu'elle lance de nouvelles études, une silhouette s'inscrit non loin, dans l'ombre de son rêve...
Avec une douceur infinie, ta main se glisse dans mes plumes indigo alors que ton sourire effleure la peau diaphane de ma gorge. Ton bras m'emprisonne doucement, enserrant ma taille et je m'abandonne à ta force paisible. Quelques mots d'amour coulent dans mon oreille et je soupire alors que dans ma poitrine tambourine une vie devenue bouillonnante, pulsant avec mon fluide si rouge épicé d'ocytocine et de phényléthylamine. Une pause. Un instant. Ta présence...
Il est temps de reprendre la route vers l'école. La blouse est posée, le sourire est calme quand elle rentre dans son bureau. Une nouvelle inscription à valider, des réponses à donner, la réunion commence... Avec une certaine fermeté, elle organise les groupes, répartit les rôles. Hochement de tête, sourire, un brin d'énervement pour secouer l'asthénie ambiante et un brin d'ironie parfois... "Nan mais le passé, on s'en fout, c'pas ça l'important." "Certes, sauf dans un cours d'histoire. Pour l'actualité, on ouvrira un magazine...". L'espace d'un instant, deux oreilles de "lapin" rose dansent leur rappel dans un coin de sa tête et elle chasse l'image de PlayOrc qui l'appelle tandis que la réunion se poursuit...
Ta cuisse contre la mienne infuse la chaleur rassurante de ta présence à mes côtés, comme toujours. A de rares moments, ta voix, grave et posée perce le piaillement environnant. Des souvenirs tu en as, à la pelle, et les dates que j'évoque comme "historiques" sont autant de morceaux de ta vie...
Encore quelques consignes, quelques sourires, des félicitations et puis le cours s'achève.
... alors tes bras m'attirent contre ton corps et tes lèvres s'écrasent sur les miennes avec l'autorité naturelle et précieuse que tu exerces sur notre nous, celui qui n'est plus au commun, celui qui nous enracine à l'éternité, celui qui nous exclue du monde au moins un instant...
... et l'instant suivant, elle passe le seuil de la galerie. Un an de travail, de créativité, à la fois artiste et muse, elle se fait l'hôtesse d'un rêve holographique et polychrome, depuis tant de mois programmé et orchestré, et qui éclot ce soir. Les sourires sont conviviaux, la danse est mesurée. La politesse est de mise dans cette ambiance à la sensualité de plumes. Au milieu de la réception, la gynoïde en robe de cocktail et talons est à la fois satisfaite et déçue. Son esprit se remet en marche pour trouver une autre recette afin de nourrir les âmes. Les couleurs d'une nouvelle exposition se mêlent déjà dans sa tête tandis qu'un sourire ourle ses lèvres bleues comme le turquoise du dernier tableau qu'elle a signé...
... et que tu viens mordiller doucement. Tes murmures se font sensuels alors que tes caresses se précisent dans le creux de mon dos. La nuit s'avance, le monde s'isole alors que la foule s'est dispersée mais au fond, qu'importe. Les étoffes glissent, ton envie trouve un écho dans mon désir qui s'éveille brulant. Ma peau se dénude, mon corps s'électrise...
... et s'enferme dans une armure de combat. Les bottes épaisses sont enfilées, puis les gants hydro et c'est au pas de course ou perchée sur l'overboard qu'elle rejoint la mêlée. Les cris, le crachat des armes à feu ou des insultes, le brouhaha des lames ou des poings qui s'entrechoquent, les coups qui s'encaissent et les corps qui se fracassent dans un gémissement de douleur, l'odeur du sang qui pénètre ses narines ou couvre sa peau perlée de sueur. La mécanique est là, celle des fluides et celle des gestes qui s'enchainent, familiers. Le souffle est haletant, les muscles se dénouent et les mouvements s'accentuent.
Mon regard croise le tien.
Encore un coup, encore un geste et la situation devient claire. La défaite se profile, manifeste, habituelle. Un mort, c'est un de trop, évidemment, mais il parait que c'était nécessaire. D'un coup d'overboard, elle s'éloigne du théâtre du carnage programmé, refusant de laisser aux chiens les restes de son être de chair. Elle file, comme une bombe. Module, T-Cast. Les insultes et provocations d'enfants frustrés en manque de sang l'indiffèrent. Elle trace dans la nuit, loin d'une lutte à laquelle elle se joint encore parfois, par devoir, mais qui ne lui apporte plus aucune satisfaction. Juste la vague tranquillité de sa conscience.
Rapidement, elle passe le seuil, remonte le couloir, son corps fiévreux transcende la douleur. Endorphine. L'excitation née du combat court encore dans ses veines brulantes. Adrénaline, dopamine. Le corps est rapidement libéré de son carcan, l'équipement bazardé dans un coin de la pièce, et les yeux aux prunelles dilatées sur un fond de bleu électrique rencontrent les pupilles fendues dans le feu mordoré d'un regard félin...
... Les mots n'ont plus de place autrement que chuchotés ou criés. Nos corps se livrent à une autre chorégraphie fiévreuse et passionnelle, furieusement charnelle ou voluptueuse. Osmose de nos plaisirs qui se mêlent et qui nous lient dans une étreinte toujours sublime. Nos êtres et nos souffles s'accrochent, s'attachent, dans une union à l'animalité brutale ou à la sensualité amoureuse. Tu es mon autre, mon mâle, mon maitre, mon amour, mon immortalité.
Fusion...
... ad vitam.

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[art=http://www.dreadcast.net/EDC/L-X/Article=9243]=> 27 . ...non aeternam.[/art]

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Cet article n'existe pas RP. Les informations contenues sont inconnues de votre personnage.
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*Jill (Linda Hardy) in Immortel ad Vitam de Enki Bilal (2004)
Il était évidemment temps que je rende hommage à ce film extraordinaire dont est issu l'avatar d'L-X. A la base, c'est la seule chose que je lui avais emprunté, visage issu d'un souvenir finalement très embrumé d'un film un peu flou dans ma mémoire. Piquant les images à droite et à gauche, empruntant des bouts d'univers silencieux pour les implémenter au mien, je me refusais à revoir le film durant très longtemps, jusqu'à ce que L-X soit vraiment devenu un personnage à part entière sans craindre de se faire aspirer par l'imagination autrement plus forte, de Bilal et afin qu'elle ne devienne pas une autre Jill. Bien sur, il y a malgré tout des concordances, des similitudes... Bien sur, son sourire est celui de la femme bleue. Bien sur, sa plastique est celle de Linda Hardy et de nombreuses expressions se retrouvent chez l'une et l'autre, souvent par hasard, parfois par inspiration. Bien sur, certains mots prononcés par Jill comme ceux cités "Personne n'est comme moi" et "J'ai peur de devenir humaine" résonnent à la perfection avec la gynoïde à plumes... Et bien que Elix ne soit pas Jill, il fallait lui rendre hommage pour mieux les laisser vivre, chacune leur route.

◊ Commentaires

  • Ethayel~30165 (769☆) Le 02 Août 2013
    Chère Lilix,
    Tu oses dire que tu transpirais face à cet exercice que tu as maintenant couché sur le papier avec brio.
    Légèreté et mélange des univers font de ton article un véritable plaisir de lecture.
    J'aime, tout simplement.
  • Laetitia~35211 (358☆) Le 02 Août 2013
    Très beau texte et très bel hommage..
  • Swan~3150 (689☆) Le 02 Août 2013
    *Dépose délicatement une étoile bien méritée entre les plumes bleutées*
  • Akasha (0☆) Le 03 Août 2013
    est fan *-*
  • L-X~19531 (1540☆) Le 03 Août 2013
    Merci à vous.
    Oui, il fallait bien qu'un jour j'écrive sur cette histoire d'amour hors du commun qui lie Arcanta et Elix depuis plus de 10 ans mais je redoutais de sombrer dans le cucul-la-praline ou le gnian-gnian... J'espère avoir évité l'écueil.
    @Danzel : j'ai pensé à toi, entre autre, et à tous les joueurs venus me dire "Han! Je viens de voir Immortel! J'ai pensé à toi! Comme il est trop... trop... ce film..."
  • Siouka~35641 (583☆) Le 03 Août 2013
    Super bien écrit, mais avec une légère économie d'adjectifs et d'adverbes ça ferait moins sirupeux. Là, j'ai juste peur pour mon diabète. Le dernier paragraphe, par exemple, est limite caricatural. Et puis cette rime "amour / toujours" c'est compliqué de trouver plus banal pour une fin. Est-ce la banalité de la relation que tu désirais souligner ? Honnêtement, je pense que tu n'as pas évité l'écueil que tu pressentais.


    "Les cris, le crachat des armes à feu ou des insultes, le brouhaha des lames ou des poings qui s'entrechoquent, les coups qui s'encaissent et les corps qui se fracassent dans un gémissement de douleur, l'odeur du sang qui pénètre ses narines ou couvre sa peau perlée de sueur. La mécanique est là, celle des fluides et celle des gestes qui s'enchaînent, familiers. Le souffle est haletant, les muscles se dénouent et les mouvements s'accentuent." Voilà qui est très bon !

    Oui, je sais... meilleur c'est et plus je suis difficile.

    Etoile.
  • N2CV (82☆) Le 03 Août 2013
    Superbe texte et très belle histoire!
  • L-X~19531 (1540☆) Le 03 Août 2013
    @Siouka Bien vu pour le "amour" & "toujours". Et comme ça m'est sorti naturellement, je me dois d'en tirer la conclusion qui s'impose : JE suis gnian-gnian! Raté donc. Il faut croire que suis plus douée pour écrire sur la baston que sur la passion. Je savais que d'écrire un texte qui dit "tout va super bien, L-X est heureuse", ce serait bien plus complique que "houlalala trop malheureuse" ou "bouhou! colère!" thèmes sur lesquels je me suis déjà bien répandue. C'pas pour rien que je n'écris plus depuis des lustres : les gens heureux n'ont pas d'histoire... Bref, je pourrais te dire que le "toujours" a un sens réel pour eux, que le texte s'appelle "ad vitam" et que "mon éternité" ça faisait encore plus présomptueux, mais en fait, j'ai pas d'excuse!
    Quant à la surcharge d'adjectifs et d'adverbes, presque toujours par 3, c'est mon style ou mon travers.
  • Dhomochevsky~5237 (111☆) Le 03 Août 2013
    C'est vrai que c'est chiant les gens heureux ^^
    Super beau texte
  • L-X~19531 (1540☆) Le 04 Août 2013
    Du coup, changement du dernier mot qui finalement était si... évident.
    Merci à N2, Dhomo et même à Val pour son commentaire si parlant!
  • Irista (37☆) Le 04 Août 2013
    Tout a été dit, un superbe texte, que je ne me lasse pas de relire !
  • Kmaschta (236☆) Le 06 Août 2013
    Jurachi presque aussi réducteur qu'un mauvais critique de cinéma x)
    C'est pas gnan-gnan, je trouve. Ca va dans la suite logique etat-transition du personnage qu'on peut découvrir rien qu'en lisant son EDC. Et pour ca, bravo !

    Pour le reste, qui vivra verra. Pour ceux qui vivent.