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EDC de L-X~19531

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33. Walking ghost phase

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"N'avez vous jamais emprunté un tunnel, sans savoir ce qu'il y a au bout ?
Ce tunnel a des néons bleus, plus j'avance, plus ils s'éclairent, mais, il y a quelque chose au fond, je le sais.
Quoi, par contre, je le saurai... "
La main crispée sur la rambarde, le regard fixé sur un point lumineux en mouvement qui peu à peu se fait engloutir par les ténèbres, la femme-robot s'efforce de rester de marbre, à l'image de la tendre elfe qui se tient à ses côtés. A l'unisson, leur être est en train de se briser en mille morceaux, dans le silence, avec la lenteur délicate d'une douleur qui promet d'être inextinguible sans qu'elles veuillent l'une ou l'autre le laisser paraitre.
Ses lèvres tremblent, laissant passer un souffle difficile.
Elle se ressaisit. Ne pas laisser couler cette fichue larme. Ne pas laisser trembler sa voix. Pour l'autre. Pour son amie dont les mille morceaux risquent de s'éparpiller à tout jamais. Porter un masque, comme un dernier hommage à celui à qui elles viennent de dire "Vale..." et qui avance pas à pas vers un adieu dans un pronostic fiable à 99% : celui là sera seul et sans fard face à "Elle", sa mort finale ou sa folie ; l'une ou l'autre se confondront à la fin dans une chimère, un absolu, non pas une raison de vivre que la gynoïde n'avait pas su devenir malgré toute sa volonté et son abandon à la déraison, mais face à une raison de mourir, loin de la désillusion et la déchéance...
Quand le sol tremble, scellant définitivement à la fois le tunnel et le destin de celui qui les quittait à jamais, les deux dernières femmes de sa vie viennent de mourir un peu...
Quelques minutes plus tard, la porte du lieu secret se referme mais la plaie reste béante...
"Je marche dans une villa vide, et mon corps s'emballe à chaque fois que j'approche d'un angle mort, d'un recoin, j'imagine tourner la tête et vous y trouver, alors que je n'y trouve que le vide, et le silence.
Ce silence..."
... assourdissant. Ce vide, oppressant. Plus rien pour le combler quand chaque millimètre carré des lieux familiers est empreint par le souvenir d'une présence obsédante qui ne laisse derrière elle que le poids de son absence. Étouffante. Le lit est froid comme l'odeur du tabac qui flotte encore dans le salon. Un verre traine sur le bord d'une table basse. Des empreintes, celles de ses lèvres, de ses doigts... Dans l'atelier, la moitié des tableaux évoquent sa mémoire, son profile ou sa vie. Jusqu'à la peau de son épaule, marquée à l'encre, glaciale, brulante... Et pire que tout, c'est son image sans sourire en projection, sa voix sans chaleur qui décrit une vérité odieuse qu'elle souhaiterait nier qui la prend au ventre. Au fer rouge, bien plus profondément que l'aiguille qui a incrusté ses volutes, plus que la lame qui a gravé sa joue, son héritage, son testament achèvent la mise à mort sans que le deuil ne puisse commencer...
Je fus simplement blessé par votre refus de prendre mon nom.
Je veux être votre femme... pas votre veuve.
Longtemps, les souvenirs se confondront à une illusion : l'idée merveilleuse d'avoir vécu la même histoire enferment la copie de femme dans un rêve brumeux qui n'est que la caricature d'une tragédie noyée dans le smog gris et sale. Et dans les vapeurs d'un vouloir parfumé de skiwi, cela restera ainsi : une histoire sublime qui finit mal, la chronique d'un drame annoncé dont on aurait non seulement voulu changer la fin mais aussi gommé les imperfections et les salissures, du massacre comme cadeau de fiançailles à la chaise métallique sous un néon froid comme lit d'amour, enchainés par le sang et la folie, là où l'acier rencontre la chair, par un 'oui' qu'elle a prononcé, vaincue, quand il n'a entendu que le 'non' qu'elle n'osait pas lui répondre...
Qu'est ce que la folie alors ?
Continuer...
"Ne partez pas. Je vous en supplie...".
Elle lui avait demandé, par principe, connaissant d'avance le refus qu'il lui opposerait.
Il était parti, par devoir, connaissant d'avance la fin qu'il rencontrerait.
Ou parce que c'était la seule façon qu'il avait de ne pas mourir...
Un héros en décohérence. Une fin en paradoxe pour ne pas être ordinaire.
Vale... ad aeternam.
"Nous suivons tous des traces.
Salve Myra. "

Dans le silence d'une chambre, un skiwi à la main, la gynoïde passe sa nuit loin d'un lit redevenu conjugale, avec au ventre pour la première fois de son existence la certitude d'avoir trahi, d'avoir trompé, d'avoir menti. Au fond de l'âme, se trouve la souillure et non pas dans la peau de son épaule redécorée pour signer un nouveau pacte en palimpseste à une promesse... Le deuil se refuse. L'adieu au bord des lèvres ne parvient pas à en franchir la barrière. De la haine à l'amour, il n'y avait eu qu'un pas que leurs bouches avaient franchi. Passionnément. A la folie. Mais de l'amour à la mort, il n'y a qu'un vide.
La nuit passera jusqu'à sa fin, rappelant leurs aubes assassines, celles qu'ils avaient appris à haïr ensemble.
Seras-tu mort à l'aube ou au crépuscule? Quel fut ton dernier geste? Ta dernière pensée..?
"Cette nuit est froide, elle me glace et m’immobilise, me fige et m’empêche d'hurler.
Je force, je me débats, cela n'est que plus dur.
La chaleur s'éloigne, mes muscles se crispent, j'essaye de briser mes liens, en vain, et alors, je perds l'espoir de faire fondre l'eau gelée qui me retient.
Mes pupilles se rétractent, je réalise, mon cœur s'emballe, et se calme, lentement, refroidi, meurtri par le froid, les canaux se bouchent, ils craquellent, se gèlent, alors que mes pensées rebondissent dans sa cage gelée jusqu’à n'être plus qu'un écho au loin, laissant place au vide, le silence.
Le temps s'accélère, l'aube approche.


La seule lumière de la pièce vient de la projection holographique d'un couple figé par la peinture.
Une belle étreinte, mais lui regarde ailleurs, vers l'évidence. Elle, elle ne regarde rien mais ses pensées vont là où porte son regard. Vers l'inévitable.*
La main effleure la commande du holo.
Noir.
Les pas s'éloignent dans la pièce. La porte s'ouvre, se referme.
Silence.
"Ainsi Elix Striker, je vous souhaite une agréable continuation,
et je vous souhaite aussi beaucoup de courage.
Que l'Empereur vous garde, il m'a gardé déjà trop longtemps,
A jamais."


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Fin.

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[art=http://www.dreadcast.net/EDC/L-X/Article=12390]=> 34. Carpe Diem[/art]

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- "La walking ghost phase (littéralement en anglais : "la période du fantôme qui marche") est un intermède de «bonne» santé apparente, pouvant durer quelques jours, dans le cadre d'un syndrome d'irradiation aiguë de 10 à 50 Sv. Cette période aboutit au décès du sujet."
  • La formule sur l'image est celle de l'état du chat de Schrodinger, précisant d'avantage le "à la fois mort et vivant", comme l'est le personnage de Czevak dans l'esprit d'LX...
  • "Une belle étreinte, mais lui regarde ailleurs, vers l'évidence. Elle, elle ne regarde rien mais ses pensées vont là où porte son regard. Vers l'inévitable."* description par lJdKambei du portrait [art=http://www.dreadcast.net/EDC/L-X/Article=10689]"Folie pour folie..."[/art]
  • En noir, textes et paroles de Czevak, extraits d'échanges en jeu.

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Cet article n'existe pas RP. Les informations contenues sont inconnues de votre personnage.

◊ Commentaires

  • Akasha (0☆) Le 30 Décembre 2013
    [... N'étoile
    /me croira à jamais à son retour ]
  • Ethayel~30165 (769☆) Le 30 Décembre 2013
    Très touchant...
    Inutile d'en dire plus, ce serait superflu.
    J'aime.
  • Manerina~6356 (1567☆) Le 30 Décembre 2013
    Il est difficile de commenter tes articles sans avoir l'impression de faire un affront à une écriture que je ne saurai jamais égaler. Alors j'étoile en silence la plupart du temps. Ce commentaire expliquera au moins le silence sur les autres.
  • Hazel (363☆) Le 30 Décembre 2013
    Je ne peux que confirmer... Trop belle écriture... *
  • L-X~19531 (1540☆) Le 31 Décembre 2013
    Suis toute émue ....