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EDC de Eaven

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Entretien vers les Ailleurs

« Vous pleurez ? »
« Il n'y a que les faibles qui font ça, à ce qu'on dit. »
« Alors vous êtes faible ? »
« En ai-je le droit ? »
« Quel genre de personne a besoin d'une autorisation
pour être humaine quelques instants ? »

Effaçons les questions qui nous gêne, c'est là ce que nous avons toujours su faire de mieux. Omettons les réponses que personne ne veut réellement entendre, oublions les solutions que personne ne daigne appliquer. Regardons le château de cartes s'effondrer avec des yeux larmoyants. A ce jeu-là, personne ne nous bat.
« Pourquoi ne pas les rejoindre ? »

Ils appartiennent à un monde qui n'est pas encore le mien. Une barrière indéfinissable qu'on ne franchit qu'avec l'assurance du non-retour. Un monde qui n'a de cesse de se nourrir de rêves et d'âmes, quand il ne dévore pas les corps de cet appétit insatiable. Il y a des rêves auxquels je tiens encore, et une âme que j'aime à croire posséder aussi. Un peu.
« Alors pourquoi parler d'un nous ? »

Parce qu'un jour, un homme m'a dit que c'était à cette personne qu'il était grand temps que je conjugue. Alors j'ai essayé. Mais j'ai mal appris.
Parce que regarder le voile s'étioler, les murs s'effondrer, sans aller jusqu'à essayer d'en soutenir les briques à deux mains, c'est tout aussi coupable que les coups donnés dans le mur qui ont mené à cet effondrement. Quand on regarde faire sans user de ce qu'on a, du peu que l'on détient, c'est peut-être alors la pire des trahisons. Pas pour eux, ceux qui ne regardent plus depuis longtemps. Mais pour lui, pour elle, pour vous, moi. Nous.
« Qu'auriez-vous pu faire contre ça ? »

Je l'ignore. Tellement, et pas assez. Ce n'était peut-être pas ainsi, autrement, moins épris. Peut-être aurait-il fallu le voir comme une bataille, et ça en explique la maladresse. Peut-être même que ce n'est pas terminé, que ça commence à peine, que le fracas au loin n'est pas la fin, mais uniquement les tambours qui annoncent les chocs de lames à venir. Et qu'alors, je continuerai à brandir tout ce que j'ai : ce qu'ils m'ont appris, ce dont je me souviens, à ceux qui voudront apprendre, un jour, entre deux ombres.
« Alors vous prendrez part à la bataille ? »

Ce n'est pas ma place. Si j'ai énormément de respect pour ces soldats de tous les temps, je sais aussi que je n'aurais jamais ni la force ni le courage de leur ressembler. Ils ont un rôle perpétuel, et quoi que l'on en dise, ils joignent l'ombre et la lumière. Ils sont toujours en première ligne, ce sont eux qui lèveront le bras, ce sont encore eux qui feront que les batailles continueront d'exister, ils sont la lumière qui peut nous offrir la victoire. Mais dans l'ombre, car souvent, bien trop souvent, on ne les nomme pas, ils ne sont qu'Armée, on oublie leurs noms. Mais tant de noms sont oubliés maintenant, que peut-être plus personne n'y prête attention.
« Peut-être est-ce cela, votre bataille. Les oubliés ? »

Je l'ai cru. Longtemps. J'avais érigé toute ma vie sur un refrain entendu trop tôt, qui avait déjà bien trop d'écho en moi. "Pour savoir où l'on va, il faut savoir sur quoi l'on marche". Bien sûr que ça me tord le cœur de voir, d'entendre l'ignorance. Mais je sais aussi qu'on est tous l'ignorant de quelqu'un, qu'on a tous des choses à apprendre pour peu qu'on le veuille. Est-ce que je me bats pour les oubliés ? Peut-être qu'on peut dire ça, durant trop d'années où j'ai préféré ne pas regarder ce présent qui m'horrifiait déjà. J'ai monté avec des morceaux de cœur ces murs que certains nommerait un autel. Mais le présent rattrape, c'est une bataille que j'ai perdu.
« Je ne comprends pas. Quel est votre rôle alors ? Où est votre place ? »

Si Thallys m'a libérée pour un rôle précis, elle a soigneusement oublié de me le souffler à l'oreille. Je me le suis imposé, au point de me persuader que mon seul rôle était de les faire vivre. De n'être que cette ombre à ne jamais voir, jamais regarder, mais toujours derrière eux. De celle qui souffle pour les persuader qu'ils sont quelque chose, qu'ils pourraient faire tellement, qu'ils n'ont qu'à faire un pas pour monter des murs à leur tour.
« Derrière vos sourires, vous êtes défaitiste finalement. »

Non. Je ne l'étais pas hier encore. Et j'ai toujours espoir que demain soit une autre Éternité.
« Alors pourquoi pleurez-vous Eaven ? »

Peut-être... Que je pleure trop de choses, finalement. C'est ça, dans le fond. Je pleure ce que je n'ai jamais osé pleurer avec les années.
Je pleure les noms oubliés que je ne peux faire renaître de malheureux portraits, les promesses faites à jamais qu'il est si difficile à honorer. Je pleure ceux que j'aurais aimé retenir, parvenir à chérir. Des trêves et des rêves saupoudrés d'espoir dans le noir. Des valeurs trop en hauteur que les regards n'atteignent plus, celles qui font que chaque jour on s'effondre un peu trop. Je pleure un Empire trop piétiné qu'il en est mort, qui n'existe plus encore que dans les songes de pauvres fous qui croient toujours, si peu nombreux soient-ils. Je pleure un homme que j'aimerai sauver, des sourires perdus, et je crois même que je pleure l'amour d'une fille.
« Et ça, ce n'est pas défaitiste ? »

De l'extérieur. Sûrement. Mais je suis peut-être encore folle de croire que ce n'est pas la fin. Qu'il reste des choses à donner. Que tout ce qui s'effondre pourra se redresser.
« Pourquoi me dire tout ça à moi, maintenant ? Franchement. »

Vous me posez une question, j'y réponds. Vraiment franchement ? J'aurais préféré raconter tout ça à quelqu'un d'autre. Mais les confidences, ce sont comme les larmes. C'est traître, ça ne sert qu'un temps infime. On croit qu'après ça, on est plus léger, alors que ce n'est jamais le cas.
Sauf qu'à la différence des larmes, les confidences ne sont pas totalement inutiles. Elles permettent à ceux qui écoutent d'apprendre à connaître.
« Ce n'est pas à vous que je devais me confier.
C'est à lui. A elle. A eux. Qu'ils sachent enfin.
A moi, que je puisse me connaître un peu mieux. »



« Vous n'avez toujours pas répondu à ma question Eaven... »


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Merci, pour ce RP sorti de nulle part qui la dévoile peut-être un peu trop, sans être aussi métaphoré que d'habitude.
La mise en page est un peu différente, du fait que je n'ai quasiment pas modifier le contenu qui ne couvre pour une fois qu'un seul RP tout du long.

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