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[Expédition] Les Dunes.

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HRP: J'ai fait une longue pause sur cet article, la faute à toujours vouloir retravailler les détails pour décrire le mieux possible l'atmosphère. Puis le temps aussi qui passe et d'autres articles, plus modestes, qui viennent s'insérer ici et là. Mais j'en suis venu enfin à bout. On sait toujours comment une histoire commence, mais jamais où, ni comment la conclure, en tous les cas. j'espère que cette lecture vous plaira. Prenez un bon café, et que le récit commence, en espérant vous faire voyager le temps de cette modeste lecture. Je profite aussi de cet aparté pour remercier l'équipe MJ, particulièrement Cryptic et Lars, qui assurent toujours!
PS: Chaque portion possède une musique, pour mieux vous imprégner de certaines ambiances que j'ai tenté malgré tout de retranscrire.
. : Ou des aires arides, pour l'Héritier de Tobias Hoblet : .
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Fragments du journal confidentiel de l'expéditionnaire Alvein C.
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Orion, jour 1.
Porte Sectorielle Sud.
21ch14, 11°C.
Hygrométrie à 74%.
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2/321.4 Orion. L'insatiable rébellion. Cela faisait quelques temps que je n'avais plus foulé de mes pieds, cette décharge couverte par le Smog persistant et épais. Au fond de moi, je ne puis dire avec certitude ce que j'abhorrais par dessus tout ; la race gnoll ou les orionites et leur doctrine mortifère. L'un et l'autre finalement n'étaient que l'avers et le revers d'une seule et même médaille. Un bel amas de cendre infertile. Une horde au service d'instincts les plus primaires, qui n'engendrent que chaos sur chaos. Ils m'ont contaminé par leur proximité et par leur sang. Une infecte souillure dont je n'arrive plus à m'en débarrasser, désormais. Car elle atteint au plus profond des coeurs et corrompt jusqu'à l'âme. Cette promiscuité imposée est comme une ombre qui m'enveloppe. Une ombre qui s'abat sur moi, pour mieux me parer de lambeaux taillés dans l'abime.
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Les rues mal éclairées, sont jonchées de déchets en tout genre ; de la canette de bière bon marché, aux seringues usagées. Les murs des taudis en décrépitudes, sont lézardés par l'empreinte du temps, tandis que des figures sales et nécrosées par la faim et la misère, me dévisagèrent. Je déambulai ainsi dans ces venelles malfamées, ces visages hagards tordus par la douleur, ne cessèrent de me toiser. De ces mines hallucinées émanèrent une paire de perles ternes et inquisitrices. Elles me lorgnèrent avec curiosité ; tous contaminés par la rage ou la haine. Je vis sur mon passage des ombres. Des ombres qui me suivirent et qui se querellèrent. Des visages et des figures. Dévisagent et défigurent.
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À leur hauteur, je perdis aussitôt de leur intérêt, et passai inaperçu. Mon brassard, mes plaques militaires et mon galon à la tête de mort, furent soigneusement rangés dans ma poche intérieure pour les dissimuler aux regards des impies.
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Dans cet enchevêtrement d'allées, je suis Personne, comme jadis Ulysse exilé loin de son foyer, pour faire triompher sa Cause. Ces pauvres hères me prirent pour un des leurs ; un rebelle à la cause perdue. Probablement l'effet de mon armure intégrale, faite d'un bordeaux rougeoyant - dans sa taquinerie manifeste, Thallys me dota d'une névrose bien utile. Ainsi, telle une rumeur, je continuai alors à me propager dans ces dédales de rues et de ruelles enténébrées, pour me diriger vers la porte sectorielle Sud.
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Je rêvai encore d'un jour lointain où toute la Cité. Toute. Serait unifiée sous une seule et même bannière ; celle des Hommes. Ces pensées fugaces me firent dériver à travers l'espace et le temps, si bien que la traversée d'Orion se fit presque en un clin d'oeil. Aussitôt ces pensées dissipées, je me retrouvai à côté de mes compagnons, devant l'imposante porte sectorielle qui mène au S6. Ils commencèrent déjà à activer la console sous leur sombre Poncho discret. Moi, je surveillai les artères adjacentes en prononçant quelques vers, pour que mon esprit volatil se raffermisse.
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"Semper Fidelis"
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[...]
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Avant que l'imposante porte sectorielle ne cède et ne leur dévoile ce qu'elle cachait, le militaire ferma longuement les yeux, derrière son casque intégral, pour trouver une paix intérieure avant d'entreprendre son grand voyage. Peu à peu et subrepticement, il glissait dans un rêve semi-éveillé. C'est alors qu'une réminiscence lointaine le cerna de toute part ; il se revoyait à la Domus Imperatoris, en pleine prière dans le transept, bien en face de l'imposant Buste. Tête baissée, il posait un genou à terre et ses paumes venaient se plaquer naturellement sur son genou gauche et sa cuisse droite. Posture d'humilité ainsi adoptée, il psalmodiait le Bréviaire des Impérialistes, seul. Car point de Librarius pour réciter l'office divin, ou entonner une messe liturgique en langue latine.
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À l'entour de lui sous le dôme, régnait un calme olympien. Le majestueux édifice renfermait une incroyable quiétude en son sein. Il s'y dégageait une réconfortante aura, une atmosphère paisible avec son bleuté cristallin. Ces lueurs opalines se réfractaient jusque dans les chapelles dérobées. Les mosaïques des vitraux, scintillaient allègrement au rythme des luminaires généreux, qui noyaient toute la nef.
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Le militaire sentait que les statues tout autour dans l'abside, posaient sur lui un regard lourd et pesant. Comme pour mettre à l'épreuve sa foi - certes inébranlable en Dieu -, en proie à une fureur destructrice et vengeresse. Car la croyance au divin n'est point une affaire de fanatisme obstinée, mais bien d'amour du prochain. Dans son cas, ce dernier fut entièrement consacré à l'Imperium et à son épouse. Le reste, totalement dissous avec la disparition de ses proches. Ainsi consumé par la rancoeur, il était peut-être trop tard.

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Son regard glissait d'un vitrail à un autre. Ces derniers contaient l'Histoire des Hommes, qu'elle fut dans la douleur et le sang, ou dans l'amour et la plénitude. Il était absorbé par un en particulier ; l'imagerie véhiculait une scène apocalyptique ayant eu lieu probablement en des temps immémoriaux. Il détourna son visage pour se concentrer davantage sur ses prières. À quelques coudés à peine du Buste d'Imperator, il sentait tous ses vieux démons s'exorciser par les quelques vers qu'il récitait à mi-voix. Il sentait presque la main de Zlatows, chaleureuse et puissante, venir lui taper contre l'épaule. De son air intrigué, il tourna vivement la tête sur le côté, au contact fantôme. Il pensait y voir le Cybermonk s'évaporer avec son allure digne, au détour des bancs des dernières rangées. Mais pas un seul bruit. Juste un écho lointain et vague, au son de sa voix basse qui hélait le nom de son mentor disparu.
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Zlatows, est-ce vous?
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Il se ravisait avec un sourire sincère et affectueux, en sa mémoire. La lumière irradiante, vacillait follement d'une arcade à l'autre, en enrobant chaque pilastre de son étreinte chaude. Les yeux du tireur avaient été assurément abusés par ce brasillement intense, qui donnait corps et âme à toute la Cathédrale.
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Évidemment, vous n'êtes plus là, mais vous marcherez toujours à mes côtés. Je le sais.
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Les mordorés brillaient d'un éclat rare, alors que finalement il s'apercevait que tout ceci n'était que le fruit de son imagination, une irrésistible illusion ; les statues inquisitrices, son mentor au sourire bienveillant, les démons fanatiques qui dansaient autour de lui d'un air provocateur, le sang qui maculait ses mains, la crosse de son FL et son vêture. Alors il continuait à faire pénitence, et tout cela disparut. Car le rêve dans le rêve, est finalement conté et compté.
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Il s'extirpa de cette petite somnolence furtive. En réalité, il ne s'était fait aspirer dans ce vortex du passé, que l'ombre de quelques cycle-minutaires, à peine. Ses compagnons commencèrent déjà à filtrer à travers l'étroit couloir qui mène vers Galibran. Les lourdes portes se refermèrent derrière eux, alertant ainsi tout le secteur impie.
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Fragments du journal confidentiel de l'expéditionnaire Alvein C.
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Galibran, jour 2.
Le No Man's Land.
13ch39, 42°C.
Hygrométrie à ~1%.
Hujer à 200 Skwiz.
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L'horizon proche qui nous fit apparaître le mur nord de Galibran, étiolé et ébréché par le temps, ravit nos yeux. Le No Man's Land, toujours fidèle à lui-même, fut englouti en quelque cycles de marche. Cette zone tampon est l'antichambre des mises en garde, alors que l'APM se désactive soudainement. Impossible de s'y habituer, même après dix expéditions. Cette sensation des plus désagréables dans la nuque, demeure vive. Mais le NML avertit toujours solennellement, en étalant la Mort au grand jour. Sans pudeur aucune, la terre rougeâtre dégueule et exhibe ses affres mugissants, qui n'attendent que les plus téméraires pour les saisir dans un silence effroyable. Mais je me tins debout, une nouvelle fois, tel un homme qui allait mourir de sa mort définitive, alors que le chaos régna tout autour de moi.
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Chemin faisant, j'évitai soigneusement les cratères et les obstacles qui jonchèrent le sol. Que de carcasses de véhicules calcinées, d'armures déchiquetées et de corps écorchés. Cette terre carbonisée, baigna dans un Smog léger et fort odorant, mixture improbable de tout ce cocktail en effervescence. Une insupportable effluence de chair incinérée et de métal fondu, plana dans l'air ténu et me prit au nez. Pourtant habitué à ces émanations âcres, je m'empressai d'activer mon filtre pour m'éviter un désagrément supplémentaire. Un véritable charnier sous nos yeux. Les miens étaient bien assez habitués. Aussi, je détournai le regard de ce sinistre spectacle, pour me concentrer davantage sur ma tâche d'éclaireur.
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Dans cette terre marquée des flammes inéluctables de l'Inferno, je regardai ma comparse du coin de l'oeil ; à peine tendue, mais bien sur ses gardes. Comment fait-elle pour être si sereine avec elle-même? Elle respire la paix intérieure malgré ses craintes. Comme un fleuve imperturbable, elle est une eau paisible. À comparer, je suis un violent torrent, une chute d'eau en ébullition perpétuelle. Ce n'est pas la peur. Car je n'ai point peur. Au contraire, je vis ma meilleure vie. Pourtant j'ai peur de moi-même, et du regard que me renvoie le Miroir. Parfois c'est le regard triste de Paladine, que je croise furtivement. Elle semble vouloir me dire quelque chose, mais sitôt que j'émerge, elle s'évanouie dans le poli de la glace, me laissant à mes songes.
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À proximité de Galibran, nous fûmes tous frappés par l'absence des cimes des arbres, censées se trouver derrière les murs ébranlés. Je me souviens encore de longues discussions que j'avais eu alors avec des explorateurs aguerris, me parlant d'une jungle incroyablement foisonnante, et à perte de vue. De toute évidence la confrontation avec le Primonatif renégat, se solda par une catastrophe écologique d'ampleur sectorielle. J'acquis de plus en plus la conviction intime, qu'une effroyable chose s'est déroulée dans cette jungle, au point de la faire totalement disparaître.
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[...]
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Le Désert.
19ch31, 64°C.
Hygrométrie à ~0.1%.
Hujer à 250 Skwiz.
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Après une courte pause, nous empruntâmes un passage un peu tortueux et parsemé de gravats traitres. La brèche déboucha sur une étendue quasi infinie, où le Smog apparut bien plus vaporeux qu'à l'accoutumée. Des rayons solaires percèrent ce dernier, dans un phénomène absolument éblouissant et inédit pour moi. Le sol, quant à lui, très sec et mouvant, remplaça l'humus de la forêt, jadis luxuriante en ces lieux. Il ne subsista que cette étrange étendue de grains fins et dorés. Je bénis mon armure intégrale ; quelques courants d'air vicieux amenèrent une fine pellicule, qui s'inséra dans les moindres interstices de nos combinaisons. Mon Kender m'avertit alors d'une montée en flèche de la radiation environnante et pour couronner le tout, le thermomètre afficha une température délirante. Le désert aride était sous nos pieds.
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Nos ingénieurs prirent des échantillons de cette mystérieuse poudre granuleuse, avant que l'on ne dévia fortement de notre trajectoire initiale. Il fallait éviter autant que faire ce peu, le secteur Cyrius, fortement impacté par les radiations résiduelles. Malgré la distance, les effets ionisants firent affoler nos compteur Hujer. J'enclenchai la ventilation en circuit fermé, tandis que je m'assurai que la visière de mon casque fut hermétiquement bien fermée.
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Nous continuâmes à progresser tous ensemble, jusqu'à entrevoir les prémices de la fameuse Cité en ruine, où encore il y a quelques heptades, s'érigeait vers de vertigineuses hauteurs la Tour d'Ignis Calver ID37. D'ici, je pus admirer les vestiges de ce qu'elle fut par le passé. Peut-être que le désert eut raison d'elle. Toujours fut-il que certains d'entre nous affichèrent une mine bien peu rassurée.
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Cette chaleur continua de m'assommer, ce qui ankylosa davantage mon corps. Mais toujours concentré sur ma tâche, mon regard se porta loin à l'horizon, croyant y déceler entre les dunes quelque chose en mouvement. Je ne sais pas. Je ne sais plus. À cette indécision manifeste, un mastodonte surgit hors du sol, projetant des cailloux à plusieurs dizaines de mètres autour de lui. Certains, s'échouant d'ailleurs sur nous en une nuée impactante, tandis que le colosse cuirassé en profita pour nous faire face. Son aspect reptilien et rampant, rendit sa taille réelle difficile à jauger. Mais lorsqu'il se redressa sur ses pattes arrières, il devint nettement plus imposant.
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Aux mouvements frénétiques de sa queue, nous sûmes qu'il cherchait à en découdre. Aussi, sans entrer dans des réflexions complexes, j'ajustai directement mon fusil dans l'axe de sa gueule béante. À nos postures hostiles, il fila par où il était venu ; à travers le sol granuleux. Sitôt fuit, des vagues d'onde apparurent ici et là, lors de ses erratiques mouvements sous le sol. Il fallait filer de là et gagner rapidement la terre ferme du côté des ruines. Ce que nous fîmes, mais il nous prit en chasse.
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Je compris alors qu'il se repérait dans le sol, grâce aux bruits que nous émîmes à la surface. Il pouvait percevoir des échos lointains et ainsi nous localiser avec précision. Nous cassâmes alors le pas, en nous dégroupant. Nous courûmes ensuite en zigzaguant à travers les dunes, pour atteindre les sols durs vers la Cité. Là était notre salut. Mais c'était sans compter la persévérance des exogènes affamés. Car à cet instant, deux autres colosses écailleux et tout aussi énervés, sortirent du sol et prirent par la jambe notre Maître-nain. S'ensuivit alors une fusillade intense, qui bien que chatouilleuse pour les deux exogènes, permit néanmoins de leur faire relâcher notre ingénieur. Ainsi, nous pûmes enfin nous abriter dans les ruines, bien en sécurité.
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Les tanks sur pattes n'insistèrent guère davantage. Comme ils apparurent par le sol, ils disparurent dans le sol. Quant à nous, nous gagnâmes une position juchée bien en hauteur dans les ruines. Après m'être enquis de l'état du blessé, nous fîmes le point sur la situation. Nous nous mîmes ensuite à installer un campement de fortune, pour passer la nuit. Car tous éreintés par les événements, ils nous fallait absolument récupérer de notre éprouvante journée. En fin de soirée après m'être restauré, je me mis contre un muret délabré, pour rendre compte de notre périple.
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"Animus Meminisse Horret"
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Il ne fallait pas beaucoup de temps à l'explorateur, pour sombrer dans un sommeil léger. À peine quelques notes griffonnées dans son vieux carnet élimé, accusant désormais son âge, qu'il clignait frénétiquement de ses mirettes. Tout lui devenait flou. Son armure intégrale l'ayant épuisé jusqu'à la dernière goutte de sa sueur - il songeait peut-être à un système astucieux, qu'il aurait pu appeler "distille", histoire de récupérer son eau précieuse, dans cet enfer brûlant. Il repliait enfin soigneusement une de ses nombreuses cartes de la région, abondamment annotée et détaillée, avant de se caler confortablement sous sa couverture de facture militaire.
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Les yeux clos, qu'il glissait déjà dans un rêve agité, presque initiatique. Son corps reposait au calme, dans sa couchette, tandis que son esprit, lui, entreprenait un voyage onirique. Au-delà des dunes et du désert, il flottait sur une Terra Incognita. Vaste étendue dorée aux grains fins, bouillants et abrasifs sous le pied.
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À l'horizon inférieur, distordue par l'effet mirage, une silhouette éthérée fit irruption dans son champ de vision. Elle réapparut à deux portées de FL, voire moins. Il se tourna fébrilement vers elle, mais il fut cerné par une étrange et épaisse brume orangée. Bien plus volatile encore que le Smog gris. À travers elle, il se fraya un chemin à tâtons, vers l'apparition. Bientôt il discerna une nouvelle forme. Toujours la même. Peu à peu, cette dernière se découpa plus nettement. Lui apparurent alors très distinctement, les traits d'un homme d'une remarquable stature ; impérial et fier. Il remarqua aussi chez lui une certaine posture martiale ; épaules larges, tête haute et dos droit. Mais de dos, justement, il ne put distinguer son visage.

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Ebloui par cette tempête de sable, le militaire appela à plusieurs reprises en sa direction. La silhouette continua à s'avancer à bon rythme, gardant ainsi une distance impossible à combler pour lui - surtout dans son rêve, car il lui semblait faire du sur-place. Mais taquine, la forme se tourna un peu vers lui et les traits devinrent plus clairs ; Tobias Hoblet, quoiqu'un peu fatigué et vieilli, arborait un faciès dur et martial. Il lui offrit d'ailleurs un bref sourire. L'adrénaline gorgea les veines du militaires. Le voir ainsi en "vrai", le fit trembler de tout son être.
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Père... Père! Je vous en prie, ne me laissez pas.
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Dit-il, alors qu'il accourrait vers lui de manière effrénée, manquant de trébucher sur tout et n'importe quoi. Comme si des obstacles inattendus apparaissaient devant lui, pour lui mettre des bâtons dans les roues, à dessein. Le Primonatif remua discrètement ses lèvres, pour souffler quelques mots crytpiques à son adresse.
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Casey, si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi. Souviens-t'en.
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Il chuta de tout son long, dans ce sable émeri, vaincu de plein fouet par son rêve. Il toussa fortement, alors qu'un énorme nuage de poussière l'envahissait. Après ses mots cryptiques, Tobias disparut littéralement à travers cette épaisse couche de sable volante, tandis que celle-ci, prenait le brun désormais à la gorge.
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Quel abîme?! Je suis perdu... Perdu, sans vous.
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Confus et dans sa détresse, il se releva en piteux état. Sa vue périphérique capta une nouvelle silhouette. Celle-ci plus fine, plus élancée, plus féminine. Le visage était celui de son épouse. Toute radieuse, elle arborait fièrement ses oreilles pointues qu'elle agita fébrilement à sa vue. Relevé, il s'élança à son encontre. À nouveau, comme si l'espace-temps se contractait et se distendait à loisir, il n'arrivait pas à l'atteindre non plus. Ses forces l'abandonnèrent, alors il hurla à son attention à plusieurs reprises, en vain. L'elfe semblait vaporeuse, tandis qu'elle survolait le sol avec grâce et légèreté. Finalement elle s'évanouit définitivement, à son tour. Sans qu'il ne puisse contrôler son corps, il émit un cri d'angoisse qui résonna dans sa propre tête, ce qui le fit définitivement émerger de ce cauchemar. Il était tout en sueur.
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Edi... EDI! EDI!!!
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Fragments du journal confidentiel de l'expéditionnaire Alvein C.
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Galibran, jour 3.
Les Ruines.
14ch36, 41°C.
Hygrométrie à ~1%.
Hujer à 150 Skwiz.

Je m'éveillai dans ma couchette, le corps tout crispé. Je cherchai à m'accrocher à quelque chose, en vain. Je constatai alors que j'étais trempé dans ma sueur, témoin si elle en fut, d'une nuit agitée littéralement sous oxylion saturé. Tout cela n'était qu'un rêve. Un autre. Je n'arrive plus à me débarrasser de ses épisodes fantasmagoriques. C'est toujours comme ça en expédition ; ma concentration m'accapare jusqu'à son paroxysme.
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À peine remis de mes émotions, un visage fermé se pencha par dessus moi. Les prunelles sombres me toisèrent avec insistance, comme pour m'interroger de ce qu'il se passait. Ma comparse en réalité venait pour me réveiller en douceur. Visiblement c'était un échec cuisant. Je dus l'inquiéter d'ailleurs, car elle me posa des questions sur mes préoccupations. Plutôt inhabituel de sa part, mais je la rassurai. Et rapidement, je m'extirpai de là pour faire un brin de toilette, bien à l'écart de tous.
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Je me remémorai les événements de la veille, en faisant le point avec les autres. Toujours fut-il que nous fûmes bien à l'ombre des ruines, ce qui nous apporta une fraicheur suffisante pour supporter les températures sur Galibran. À nouveau, de là où nous campâmes, nous pûmes discerner une véritable lumière visible, comme jamais mes yeux n'en virent. Le Smog parut très fin par endroit, laissant filtrer ainsi les fameux rayons solaires, que nos ingénieurs jugèrent dangereux. Malgré nos combinaisons intégrales, je ne m'y risquai pas. Au détour d'une bâtisse effondrée, je pus même constater la combustion d'un petit exogène mort. Son corps carbonisé se trouva sur la route de l'un de ces rayons mortels.
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Paquetages remballés, nous nous mîmes ensuite en marche à travers les ruines. Entre tous les débris qui jonchèrent le sol, un chemin quasi naturel s'ouvrit à nous vers la Tour Calver. Au loin, j'aperçus déjà ses fondations craquelées. Nous maintînmes une marche soutenue, malgré le terrain accidenté. Certains bâtiments donnèrent l'impression d'être sur le point de s'ébranler sur nos têtes. Mais c'était davantage l'atmosphère qui régna dans ces ruines, qui me mit mal à l'aise. Un calme oppressant presque assourdissant, nous suivit au pas et jusque dans les moindres failles des murs que nous empruntâmes. Il fallut faire silence et avancer avec extrême prudence.
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Après le franchissement d'une bute faite de décombres, mes yeux accrochèrent un bâtiment caractéristique. J'indiquai de la tête aux autres, le Centre de Clonage de Galibran tout en tapotant ma nuque. Il était dans un état miteux. Difficile de soupçonner une quelconque activité encore en son sein, si ce n'est la production de clones dégénérés. Dieu seul sait quelle aberration génétique peut en sortir.
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Je me surpris alors à prier en sourdine ; que jamais la pureté de mon clone ne se fasse happer par la souillure infecte Nexusienne. Cette pensée se fit plus obsédante et mes yeux s'égarèrent au lointain. L'arrière plan afficha un panorama flottant et distordu, créant toute sorte de mirages et d'illusions difformes. Point de père, ni d'épouse cette fois. Mais abusé par cet excès de luisance, je ne pus déceler à temps, les quelques tireurs d'élite qui s'étaient nichés bien en hauteur, dans les ruines avoisinantes. Un Halt! tonitruant, qui résonna en écho sourd à travers les rues, nous fit relever nos armes erratiquement. Après quelques tirs à nos pieds, nous obtempérâmes à l'injonction.
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Plutôt bien équipés, ils se présentèrent comme étant les hommes d'un certain Istas Cuna, gros bonnet de la pègre locale de toute évidence. Discrètement, j'activai la vision thermique de mon casque intégral. Je découvris qu'ils étaient absolument partout. Même perchés sur des plateformes inaccessibles, à première vue. Je baissai alors le canon de mon FL à verrou. Tout bon tireur que je suis, j'aurais pu en abattre deux, voire trois de ces tireurs. Mais le quatrième m'aurait envoyé dans les limbes éternelles ad patres. Hors de question de mettre en danger la vie de mes compagnons et la mienne.
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Après les avoir dénombré précisément, j'ordonnai le calme à la troupe. S'ensuivit alors des pourparlers avec ces contrebandiers à la petite heptade. Un homme de main à Istas Cuna, un certain Vynchius, apparut de derrière une masure pour se présenter à nous. Un drôle d'écureuil ; traits banals et accoutré d'une mosaïque de fripes improbables. Une fois à ma hauteur, je le jaugeai de haut en bas. Il ne dégagea aucune aura, ni charisme. À la différence des criminels pucés, nous pûmes néanmoins lire sur leur faciès, l'empreinte de la dureté de la vie. Des bras cassés peut-être, mais des bras cassés en surnombre et élevés à l'extérieur des murs. Rapidement, il nous emmena à leur camp de fortune et nous fit le topo de la situation. Une longue et âpre discussion fut entreprise, mais par chance, nos intérêts convergèrent d'une certaine manière et nous tombâmes tous d'accord.
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Un de ses traits de caractère qui me sauta aux yeux, c'est qu'il fut très loquace. Il bavarda énormément sur la situation topologique au Nord et à l'Est de DreadCast. Les autres profitèrent de cette occasion pour prendre du repos dans leur campement de fortune. Pendant que j'engloutis mes rations pour couper la faim qui me tiraillait, mon oreille prêta toute attention au gus qui débitait moult informations cruciales, concernant Galibran, Emperor et leurs abords. Je sortis alors mon vieux carnet élimé et une de mes nombreuses cartes bien jaunies par les affres du temps, pour l'annoter abondamment: Le Nord d'Emperor est vide, une brèche existe sur le mur Est de Galibran, une plante très rare et extrêmement toxique pousse uniquement à la surface d'Emperor ; l'Henem. Je pris note aussi - cette fois-ci mentalement - de son obsession pour les "trous" et les Titarus.
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Carte déclassifiée du Secteur 6
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Carte déclassifiée du Secteur 4
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La Tour.
17ch02, 37°C.
Hygrométrie à ~1%.
Hujer à 130 Skwiz.

Des dizaines d'hommes semblèrent s'affairer aux alentours des décombres de la Tour Calver. Précisément, là où le petit gang eut élu domicile, si nous pûmes appeler ça un domicile, pour un peuple nomade. En réalité cela s'apparentait plus à un énorme chantier. Notre attention d'ailleurs se fit attirer davantage par un creusement artificiel, dans le sol. Les remblais sur les côtés laissèrent place à une plateforme, qui se nivela vers les fondations de la Tour effondrée. Entre temps, un homme d'un certain âge s'approcha de nous. Plutôt bien vêtu lui, avec un plastron technologique étonnamment clinquant. Assurément le fameux Istas Cuna, chef invétéré de cette bande de tête à claques. Il se présenta puis beugla à son "majordome" Vynchius - le rapport entre les deux hommes semblait clair. Une fois la mascarade finie, je lui désignai du menton, d'un air suspicieux, la zone creusée par ses hommes. Il nous expliqua alors, avec le même débit de parole que son bras droit, que ces derniers travaillèrent au dégagement de l'entrée du Bunker d'Ignis Calver. Celui-là même à qui nous sommes venus rendre visite. Il nous informa ensuite de la présence très gênante, d'un ver des sables de quelques mètres de long. Rapidement un marché fut conclu pour les débarrasser de cet exogène gênant.
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Après avoir débarrassé le plancher, lui et ses hommes, nous considérâmes l'affaire plus sérieusement et surtout au calme. Nos ingénieurs courts sur pattes, mitonnèrent dans la foulée un cocktail explosif de leur cru. Le tout fut bien emballé et expédié vers l'exogène vorace. En réalité l'histrion qui leur sert de chef, minimisa très fortement la taille dudit ver. Il dépassa largement la dizaine de mètres de long. En réalité de la pacotille pour nous. Ce n'était rien du tout, comparé au Ver Géant auquel nous avions été confronté sur Ulrant. Au bas mots, il dépassa les cent mètres, pour une circonférence de cinq mètres de diamètre. Ce n'était pas un rejeton de Nematode, qui allait nous bloquer dans notre mission Impériale. Il fut rayé de la carte, de la même manière que nous rayâmes celui aux abords du C4. Il ne resta que de petits morceaux de viandes fumantes, ici et là. À bien y regarder, nous pûmes mêmes apercevoir des membres et des troncs salement sectionnés. L'oeuvre de la bête dans toute sa splendeur.
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Au terme de la manœuvre explosive, nous fîmes une petite visite des décombres à travers la crevasse. Celle-ci mena évidemment vers les profondeurs des fondations de la Tour effondrée. Nous nous assurâmes de la praticité du passage jusqu'au Bunker. Et il le fut. Cependant après une première porte qui se laissa ouvrir en y mettant un peu de notre force physique et après avoir traversé un long et étroit couloir éclairé seulement d'une petite veilleuse, nous tombâmes sur une seconde porte nettement plus récalcitrante. La seconde porte lourdement blindée et régie par un mécanisme électronique nous arrêta tout net. C'est alors que je remarquai combien le temps passa vite. Nous dûmes rebrousser chemin vers la surface pour déployer notre campement, en marge de ce trou béant. Il nous fallait beaucoup de repos, car la tâche qui nous attendait était des plus ardues. De mon côté, je m'empressai d'ingurgiter mes rations militaires pour enfin coucher dans mon carnet de voyage des détails cruciaux, notamment le croquis des exogènes rencontrés.
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Esquisse du Saurus Galibranis
Esquisse du Ver des Sables

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À peine mes notes rédigées, une nouvelle fois la fatigue s'empara de moi à la dérobée. Comme un linceul qui enveloppa un corps livide sans vie ; mon corps s'alourdit peu à peu et mon esprit sombra dans un profond sommeil. Cette fois je ne fus en proie à aucune agitation nocturne particulière. Seulement un doux rêve, une furtive évasion qui me berça jusqu'au petit matin.
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"Qui vivra, verra !"
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La villa était plongée dans une pénombre toute enveloppante. L'âtre irradiait une lueur bleu farin, réchauffant ainsi doucereusement les lieux de vie et ses propriétaires. Les persiennes, elles, filtraient à peine une timide lumière émanant de l'extérieur. La Cité, bien que plongée dans la nuit profonde, restait toujours animée, au gré du Smog qui la recouvrait.
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Au coeur du salon, une douce mélodie se diffusait dans l'air. La blonde s'activait gracieusement sur le clavier du piano à queue, en quête d'un schéma musical. Elle échauffait ses petits doigts sur des gammes, avant d'agiter vivement ses petites oreilles pointues, au rythme des harmonies qu'elle composait. Elle tenait un thème, paradoxalement triste, comme souvent d'ailleurs. Ce qui contrastait toujours avec son humeur joyeuse.
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Derrière elle, bien engoncé dans son fauteuil rembourré et douillet, le brun se délectait d'un breuvage ambre qu'il dégustait dans un verre carré et épais. On lisait sur son faciès, pourtant sévère et marqué, une certaine plénitude ; un mélange de fatigue agréable et de confort indécent. Ses mirettes brillaient aux lueurs des candélabres artificiels, tandis qu'il se faisait plus studieux au concerto que son épouse lui offrait.
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Le militaire ferma enfin les yeux pour s'imprégner pleinement de l'atmosphère harabizante, qu'elle mettait en place. Les mordorés brillants témoignant de son état d'ébriété avancé, il déposa son verre, puis gratouilla distraitement la tête et les oreilles du petit écureuil roux, qui s'était mis en boule sur ses genoux. Seule sa belle queue ébouriffée, s'agitait en phase avec les accords que la blonde plaquait sur le clavier. Bientôt il ronronna entre deux jappements, tandis que le militaire fredonna un air par dessus.
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Fragments du journal confidentiel de l'expéditionnaire Alvein C.
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Galibran, jour 4.
Le Bunker dans la faille.
18ch07, 13°C.
Hygrométrie à ~10%.
Hujer à 50 Skwiz.
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Derechef, c'est ma comparse Mitsuko qui vint me secouer sans ménagement cette fois, pour m'éveiller. Elle surplomba son visage aux traits durs par dessus le miens, et finit par me toiser avec une moue réprobatrice. Elle dut faire la sentinelle, seule, tandis qu'elle me laissa me reposer. Elle ne me tint pas rigueur de mon manquement. À bien y réfléchir, elle ne m'en a jamais vraiment tenu rigueur.
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Entre temps, les ingénieurs s'affairèrent déjà sur le cas de la porte blindée au verrouillage électronique. D'ailleurs à peine mon barda militaire organisé, que j'entendis de vives échos de victoire filtrer à travers la bouche du tunnel artificiel, vers ladite porte blindée. Mes compagnons finalement eurent raison du système de sécurité. La porte blindée faisait bien son pesant de farin, aussi, nous nous mîmes tous ensemble pour la bouger. Nous nous prîmes à plusieurs reprises pour en venir enfin à bout. Réflexe de tireur ; j'avais déjà empoigné mes deux Guns, bien plus propice qu'un fusil d'assaut dans ce genre d'espace exiguë.
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Les nains furent assez fiers de s'illustrer dans cette épreuve de force pure. Tandis que ma comparse, qui évidemment ne rechigna pas à prêter main forte, souligna bien qu'elle ne faisait que dans la finesse. Et ainsi, un léger flot de discussion emplit l'atmosphère, si bien que nous fûmes bien surpris lorsqu'une nuée d'arachnides mécanisées nous attaquèrent subitement en déboulant sur nous, hors de la chambre forte. Ce fut une véritable armada qui surgit absolument de partout, via des petites trappes. Tandis que des mécanismes de mort, plus en hauteur, envoyèrent par plusieurs salves, des étoiles aussi tranchantes et affutées qu'une lame de farinium.
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Nous reculâmes hors de la salle piégée vers l'étroit couloir. Ainsi mieux repositionné, nous pûmes recevoir l'essaim dans le goulot d'étranglement avec toute notre puissance de feu. Une pluie de balles s'abattit alors sur la multitude de robots araignées, qui continuèrent à nous charger indifféremment. Après quelques cycle-minutaires où seuls le staccato de nos armes et le bruit strident du métal qu'on étripe, firent rage, le calme revint. Une odeur âpre plana longtemps après le carnage, mais il n'y eut aucun blessé à déplorer de notre côté, par chance. Hujan soit loué.
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Nous passâmes ensuite l'encolure de l'imposante porte blindée, non sans vigilance cette fois, et nous pénétrâmes enfin dans la salle forte ; nous découvrîmes alors une sorte de pièce très spacieuse et raffinée, un halo de lumière éclaira un fauteuil avec un verre et une bouteille. Ces derniers furent disposés sur une table qui juxtaposa le fauteuil. Une lumière tamisée imprégna peu à peu la pièce, dévoilant une collection gigantesque de babioles divers et variés, dont certaines semblèrent avoir une fonction qui m'était totalement inconnue. J'eus une étrange sensation, comme si quelqu'un fut encore là, tapis dans un recoins sombre. Alors mes yeux furent mis à l'épreuve ;
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Quelques vitrines avec divers objets exposés aux fonctions obscures, un grand écran holographique éteint dans le fond de la pièce, une photo d'Ignis Calver avec Elana Tobinski ID63, autographiée, que je qualifierais de compromettante, d'anciennes bouteilles probablement d'alcools rares et raffinés, quelques dispositifs étranges épars ici et là, enfin un buste à l'effigie du Primonatif renégat, Ignis Calver alias Nikolas, mégalomane narcissique, amateur d'arme de tir et d'alcools forts. Je viendrais presque à détester ma passion pour l'art du tir, tellement que mon désir d'être aux antipodes de ce que représente cet homme, est intense.
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C'est donc plus précautionneux qu'à l'accoutumée que nous scannâmes toute la salle, mais nous ne trouvâmes rien qui eut été, de près ou de loin, assimilé à un quelconque dispositif piégé. Ce ne fut qu'une simple pièce de vie, avec tout le confort nécessaire pour tenir plusieurs années. Cependant un petit piédestal mettant en valeur un petit coffret derrière une vitre, attira notre attention. Après ouverture de celui-ci, nous constatâmes qu'il renferma effectivement une puce APM fortement érodée par le passage du temps. Après examen rapide de cette dernière, nous découvrîmes que ce fut celle d'Aessa Amstrade ID51. Notre mission fut en quelque sorte accomplie, mais je restai bien frustré de ne pas avoir pu déniché le Pulseur du criminel notoire, en guise de trophée personnel.
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Sans trainer davantage dans le Bunker, nous rebroussâmes chemin vers l'extérieur, où régnait toujours une atmosphère brûlante et étouffante. Istas Cuna ainsi que ses hommes de mains, nous attendirent sur une bute bien en hauteur, aux abords des ruines. Tandis qu'un groupe de ses acolytes, s'efforcèrent toujours de déblayer la zone comme des forcenés acharnés.
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Nous échangeâmes quelque peu avec le contrebandier en chef, avant de rendre compte de l'état des lieux du Bunker ; il n'y avait rien ni pour eux, ni pour nous. Personne n'avait rien pour personne finalement, mais nous tînmes bien secrète la découverte de la puce APM. Nous continuâmes à échanger sur des sujets variés, comme la géopolitique, les "affaires qui vont mal" pour ces brocanteurs du dimanche, ou encore sur cette étrange plante toxique qu'on collectionne et négocie à plusieurs millions de crédits, appelée Henem. Enfin, aucune trace nulle part du corps d'Ignis Calver, cela eut le désagréable effet de me renfrogner tout le reste de la soirée.
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Après de promptes salutations, nous prîmes rapidement congé du négociant ambulant, et regagnâmes dans la foulée notre petit campement en marge de leurs grandes fouilles. La nuit nous enveloppa rapidement et avec elle, les piaillements incessants des huluberlus cessèrent. Le calme qui s'en suivit, apaisa mon corps et mon âme. Visiblement ils eurent mis fin à leur bruyante entreprise d'excavation, en tout cas pour ce soir. De toute manière, tout ceci ne nous concerne plus désormais ; demain nous prendrons le chemin du retour vers notre Foyer. J'espère que cette dernière nuit en Galibran sera reposante car j'en ai grand besoin. Une longue route nous attend et j'ai besoin de toutes mes facultés martiales pour ramener mes frères d'arme à bon port. À nouveau, je sombrai peu à peu dans un profond sommeil.
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"Si Vis Pacem, Para Bellum"
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Fragments du journal confidentiel de l'expéditionnaire Alvein C.
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Galibran, jour 5.
Le point d'eau.
13ch07, 58°C.
Hygrométrie à ~5%.
Hujer à 250 Skwiz.

Je me levai très tôt ce jour-ci, tandis que Mitsuko bavait encore dans sa couchette en une posture que je qualifierai de contorsionniste. Je préférai la laisser se reposer, il n'y avait pas d'urgence, bien que nous fûmes clairement sur le départ. De mon côté, barda prêt, je pratiquai un peu d'exercice pour le maintien de ma forme. Je profitai d'ailleurs de l'écosystème de ce secteur, particulier et radicalement différent du nôtre, pour prendre un peu "l'air". Air sec certes, mais air bien plus pur que celui de Marran. En tout cas sur Galibran, il n'y a pas de Smog épais et persistant à vous donner de l'asthme. Je constatai aussi que j'eus récupéré pratiquement une heptade d'insomnie, grâce à cette nuit réparatrice. Peut-être le fruit d'une mission qui touchait à sa fin et avec elle, moins de pression sur mes épaules.
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Je continuai paisiblement ma promenade, mais quelque chose m'attira hors du campement, plus précisément vers l'amoncellement de débris que les hommes de Cuna amassèrent en abondance. C'est alors que je vis dépasser ce qui me semblait être le canon d'un fusil d'assaut de gros calibre. Après examen rapide, il s'avéra que c'était un antique modèle qui équipa les troupes du BIC d'Ignis Calver. Un Galib Ram chambré en 7.62 FMJ. Plutôt satisfait cette fois, j'eus passé presque toute la matinée à le lustrer avant de le ranger dans mon paquetage, en veillant à bien le désarmer. Il fallait faire une révision complète du mécanisme interne, avant de pouvoir essayer cette carabine d'un autre temps.

YMi Galib Ram 7.62
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Une fois tous prêts, nous rebroussâmes chemin, en prenant un passage qui mena jusqu'à un point d'eau que notre éclaireuse elfe eut repéré plus tôt. Ce fut de petites mares disséminées ici et là, suffisantes pour remplir nos gourdes. Nous veillâmes chacun à filtrer celle-ci avant d'en boire, grâce aux pastilles purificatrices de l'ASICS. Nous remarquâmes ensuite, que cette petite oasis était en fait le fruit d'un travail artificiel ; de petits exogènes d'un petit mètre et aux pattes griffus en étaient les artisans.
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Ceci sera certainement ma dernière entrée dans mon carnet de voyage, avant d'arriver dans notre cache secrète, sur Orion. Je prends, avec mes compagnons, une dernière fois un peu de repos bien mérité. Après quelques rations ingurgitées et une gorgée de notre eau purifiée, il nous faudra reprendre la route pour le meilleur et pour le pire.
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"Ad Majorem Dei Gloriam.
Ad Majorem Humanitatis Gloriam.
Ad Majorem Imperatoris Gloriam."
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Fragments du journal confidentiel de l'expéditionnaire Alvein C.
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Retour sur Orion, jour 6.
Cache Impériale.
02ch17, 9°C.
Hygrométrie à ~90%.

Au loin, à une portée de FL, nous pûmes apercevoir plusieurs petites tentes bien rangées, et même un comptoir de vente. Visiblement un autre campement, avec d'autres négociants, s'était établi aux abords des ruines. Galibran était vraiment le carrefour des trafiquants en tout genre. Il ne manquait plus que des caravaniers chevauchant des Acutus surgissent du Grand Désert, pour venir me proposer toutes sortes d'armes de tir exotiques. Mais je crois que ce serait trop fantasmer. Nous prîmes la décision d'y faire un crochet rapide, mais une petite vingtaine d'individus tous armés, nous dévisagèrent d'une manière qui ne me plut guère. Notre escouade ne traina pas plus que nécessaire. Nous reprîmes rapidement la route, et à peine après une dizaine de cycles minutaires, nous nous retrouvâmes à nouveau devant cette immense masse granuleuse à perte de vue ; une infernale étendue désertique.
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Photo du Commando Casey Alvein, A317T Eugéniste
Photo du Commando Exodus du Nexus

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Alors que je scrutai l'horizon, une étrange gêne m'assaillit. Je ne pus mettre des mots sur cette subite sensation. Nous restâmes néanmoins tous sur nos gardes. Puis ex nihilo, un cri déchira le lourd silence qui nous accompagnait jusqu'alors. Ce cri émana du camp que nous eûmes quitté à peine un cycle horaire auparavant. Pour rendre compte de la situation, je pris appui sur un rocher, en me positionnant avec mon fusil de précision vers le Sud-Est. À travers ma lunette de visée tactique, je vis les contrebandiers, du moins leurs torses et leurs têtes, virevolter dans les airs, répandant sang et tripailles. Des rafales de fusils d'assaut retentirent à plusieurs reprises. Un staccato tonitruant mêlé à des hurlements étouffés quasi ininterrompus, ce qui nous glaça l'échine. Le ménage fut fait en un temps record, par le Commando Exodus. Puis ce fut des bruits lourds et un son plus "mécanique" et terrifiant, qui effaça définitivement les cris de détresse en arrière plan. Une lueur rouge intense, fendit le ciel sans prévenir. C'était l'oeuvre du Nexus. Le Nexus était en marche avec leurs effroyables Sentinelles de mort.
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Esquisse du Maellus Caput
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Nous prîmes rapidement le large à travers la plaine sablonneuse, au pas de course. Nos vieilles connaissances encuirassées profitant de l'occasion inespérée d'être sur leur "terrain", tentèrent une attaque opportuniste sur notre escouade. Nous pûmes les repousser cette fois avec plus d'aisance.
C'est alors que nous vîmes tout autour de nous, ces aberrations difformes et abjectes, oeuvre sombre du Nexus, quadriller toute la zone. Cette fois, ils furent à nos trousses ; ils nous scrutèrent au loin, cherchant probablement à nous surprendre en gagnant du terrain. C'est alors, le temps d'un battement de cil, que je confessai une certaine crainte en mon for intérieur. Crainte de voir mon génome pur, altéré par ces répugnantes choses. Nous réussîmes néanmoins à les distancer, grâce au sol meuble de cette interminable étendue de sable. Aussi, nous ralentîmes l'allure pour économiser nos forces. Orion ne se trouva qu'à quelques cycles horaires de marche, tout au plus. Le reste de la soirée se déroula pratiquement sans heurts. À partir du NML et jusqu'à notre cache secrète sur Orion, nous traversâmes la zone en portant notre Poncho de l'ASICS. Nous nous activâmes davantage pour nous fondre dans la masse orionite, après avoir passé la porte sectorielle.
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Tout Orion est maintenant alerté. Une petite pause pour engloutir nos rations et reprendre nos esprits (et moi, de rédiger ces notes), avant de décamper d'ici aux petites aurores, tout-à-cycle.
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"La Bellum Omnium Contra Omnes"
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◊ Commentaires

  • Edwige (21☆) Le 18 Mai 2023
    First. Mais j’ai pas lu évidemment, comme toujours. 🤡
  • Stiny~49460 (386☆) Le 18 Mai 2023
    Je m'y prendrai à plusieurs reprises pour tout lire, mais je ne peux que saluer le boulot monstre.
  • Swen (493☆) Le 18 Mai 2023
    J'ai lu que le carnet, pour ne pas me spoil trop le pion... !
    Toujours intéressant de voir l'évolution du BG
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    Et RIP la jungle !
  • Kindle (0☆) Le 18 Mai 2023
    Tout lu et comme toujours "propre" ⭐️
  • Casey (439☆) Le 18 Mai 2023
    @Edwige 🤡
    @Bellamy, c'est comme une BD, faut juste regarder les images BG. ;-)
    @Stiny à ton aise et bonne lecture à toi.
    @Tharz évidemment, cet article se module, les passages narratifs peuvent être "skippés", car effectivement ça dévoile énormément sur la personnalité de l'intéressé.
    @Kindle merci !
  • Alexf (56☆) Le 25 Mai 2023
    quel boulot ! et j'ai pas fini de tout lire. Mais c'est superbe