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EDC de Casey

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Cacher

Metamorphosis.

La chambre sombre filtrait à peine les premières lueurs timides à travers les persiennes, embaumant ainsi tout l'espace d'une chaleur artificielle étonnamment chaude sur le visage nu de l'endormi. Le brun s'éveilla lentement puis ouvrit rapidement ses mirettes sombres, posant ceux-ci sur son vide-poche en cristal noble, magnifiquement ciselé, posé sur le chevet de droite. Tandis que son Kender verdâtre multipliait les grimaces électroniques de son écran tactile. Il affichait des messages et d'obscurs logiciels allumés en arrière-plan. Le militaire émit un lourd grognement de lassitude alors qu'il opéra difficilement un mouvement franc pour s'extirper de ce lit douillet. Un réceptacle velouté et chaleureux, qui n'avait de cesse que de le retenir en son sein pour le blottir indéfiniment.
Couette éjectée, oreillers renversés, il saisit enfin son Kender pour consulter ses messages à la volée, bâillant à s'arracher la mâchoire. Il écarquilla rapidement les yeux en s'arrêtant sur un en particulier. Un sourire incroyable illumina son visage ronchon, à l'expression naturellement sévère. Un message aussi bref et concis que formel, dont chaque mot valait son pesant de cristal de farin.

"Monsieur Alvein, votre commande portant la référence n°0451 est bien arrivée chez nous. Vous pouvez en disposer dès à présent. Pour tout renseignement, veuillez contacter le Relais."
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Marcus Kincaid, armurier & pièces détachées.

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L'après-midi battait son plein et le petit colis soigneusement scellé, fut ramené prestement chez lui. Plus précisément dans son atelier. Le coin était disposé dans l'aile nord de la villa, dans une partie bien à l'écart des lieux de vie. Le tout fut aménagé dans un esprit ergonomique. Si le militaire n'était pas dépourvu d'une certaine fibre artistique, la pièce elle, respirait le pragmatisme le plus pur. Toute de briquette insonorisée, on y retrouvait tout l'attirail nécessaire pour l'entretien et la réparation de ses armes, voire l'expérimentation. Tout était minutieusement bien entreposé; les chiffons pliés avec les produits d'entretiens trônaient sur des étagères bien en hauteur et à l'abri. La caisse à outils plutôt bien fournie et rangée, se trouvait au pied de l'établi à nanites. Sur un panneau de belle dimension et accroché au mur au dessus dudit établi, un tas d'outillage très complexe et à l'usage aussi précis qu'obscur. Plusieurs posters orientés sur la technique, mettaient en scène des fusils et des revolvers en coupe de profil ou en vue éclatée.
A l'opposé de l'établi, une table conventionnelle en granite poli, avec du matériel moins subtil mais tout aussi nécessaire. Dans une caisse grossièrement disposée sur ladite table, un chalumeau, plusieurs modèles de marteaux, de tenailles, de tournevis et de pinces, des synthé-huiles de natures et de viscosités différentes dégageaient des odeurs grasses, divers acides dont leurs effluves donnaient le tournis, dans des petits bacs des centaines de pièces détachées, du petit outillage classique, et au bout de la table, un gros étau aux mâchoires en tungstène.
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Enfin, dans un coin de l'atelier, entre deux armoires bien scellées, une petite table sur laquelle trônait une machine criante de technologie. Sur le devant, elle arborait un petit écran tactile, sur le dessus, un réservoir cylindrique sous haute pression en verre pyrex dans lequel barbotait une substance hybride: quatrième état de la matière, mélangé à la sublimation farine. Sur le côté droit de la machine, un réceptacle pour accueillir les douilles vides, prêtes au remplissage de ladite substance jaunâtre hautement énergétique. Devant l'appareil, des douilles vides étaient fièrement alignées, attendant patiemment leur chargement d'énergie farin, plasmique ou hybride. De l'autre côté, une presse à munition des plus traditionnelles, pour des cartouches utilisant la poudre noire classique. Là aussi, même rituel, quelques douilles de .500NE étaient dispersées au pied d'un bidon de poudre HighVelocity d'un kilogramme.
Très vite, il déballa avec fébrilité le petit paquet lourd posé sur la table, pour en sortir chacune des pièces parfaitement et distinctement protégées les unes des autres. Des vis de petites tailles, des ressorts courts, des cylindres rigides, des crochets divers, et bien d'autre pièces à la forme alambiquée si précise dans leur conception, qu'elles n'évoquaient rien de connu. Son deck, qu'il ne portait pas au poignet étrangement, se mit à clignoter et vibrer en douces mélodies, annonçant de fait un nouveau message.
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..//Connexion BB_24.
"Je suis libre maintenant pour t'aider. Ce soir, je ne le garantie pas. Je te rappelle que je taffe dans un bar."
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Un mince rictus se dessina aux commissures des lèvres masculines, alors qu'il décrochait déjà les yeux de son dispositif électronique posé sur le coin de l'établi, pour les porter rapidement sur ses précieuses pièces tant attendues. Dans son atelier, la luminosité se fit plus intense alors qu'il commanda vocalement celle-ci, en locution latine.
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Fiat lux. ...est la lumière fut.
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Les photons par milliards baignèrent le petit espace confiné de leur radiation dans une luminescence pure et blanche. D'habitude il exécrait au plus haut point cette blancheur vive, qui lui agressait la rétine, préférant plutôt une luminosité plus chaude, tirant sur la lueur naturelle d'une bougie ou celle de l'âtre crépitant. En l'occurrence ici, c'était tout-à-fait indiqué. Rarement il jubilait de la sorte, rarement il exprimait de cette façon son excitation, palpable même de dos à deux cent mètres, un soir, sous le smog épais. La découverte des éléments, un à un, le rendait franchement d'excellente humeur.
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C'est un peu plus tard que la brune annonça sa venue, comme promis. Nouvelle commande vocale pour lui ouvrir l'accès à sa villa, et bientôt elle fit irruption, intriguée, dans le petit atelier propret et bien rangé. Sans se faire prier, elle vint se coller et se pencher, pied légèrement relevé et mains derrière le dos avec ses gros yeux de curieuse, par dessus l'épaule du passionné. Un regard entendu entre les deux comparses, l'espace d'un clignement de cil, puis le déballage technique inévitable s'ensuit. Il y avait, dans la voix du militaire, une pointe de fierté et de je-me-la-raconte aussi. Le fanatisme des tireurs, n'était résolument point une légende urbaine. Elle prenait réellement forme humaine. Assurément, au royaume des tireurs, Casey en était le prophète-messager.
Bien, bien. Donc là on a le percuteur Velox à pointe d'irodium. J'ai pensé à une pointe de diamant. Au final peu d'intérêt au vu de l'échelle de Mohs, l'Irodium est un excellent compromis. Moins fragile que le diamant, plus dur que l’or et enfin plus résistant que le titane.
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Ca y est, la jeune femme était bel et bien prise dans le piège Caseyen. Quoi qu'elle semblait plutôt attentive au professeur qui parlait ex cathedra. Elle l'écouta avec son air studieuse imperturbable. Le brun laissa enfin de côté le percuteur imposant, pour manipuler un petit cylindre composite, drôlement évidée sur son pourtour, qu'il lui posa sous le nez.
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Ce petit truc-là c'est le Hop-Up Vario. C'est un petit mécanisme très important pour maintenir la douille et lui appliquer un blocage variable... comme sa vitesse de rotation dans le canon. Ce qui a pour effet d'en réduire considérablement les effets de Coriolis, sur un fusil de longue portée. Mais sur un revolver, par exemple mes doubles Magnum .44, le Hop-Up Vario sera totalement inutile. Non seulement il réduira la puissance de feu, mais en plus l'effet de Coriolis n'a aucune conséquence sur des portées effectives aussi courtes.
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Le petit mécanisme fut délicatement posé et rangé, pour ensuite agripper d'une poigne ferme un ressort, puis une imposante culasse flambant neuve, qu'il manipulera sous toutes ses coutures.
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C'est un nouveau ressort allégé avec sa culasse anti-vaccum, traitée au nikasil. Le moment inertiel en est nettement amélioré et le coefficient de frottement, on est sur des chiffres vraiment excellents pour un FL. Le système anti-vaccum est ce qui se fait de mieux, surtout pour des longueurs de canon de plus de cinq cent cinquante millimètres.
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Enfin, il se tourna pour saisir la dernière pièce de sa commande; un petit mécanisme miniaturisé et fort complexe. A ce stade, ses yeux marrons brillaient intensément comme rarement.
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Ah...et là...voilà la pièce maîtresse toute sublime de technologie. Le verrou à basculement automatique.
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On touchait là au point d'orgue, au clou du spectacle, au verrou même. En bref, l'objet de toutes ses attentes, arrogant de rigidité, racé et infiniment mystérieux, trônait là, sous le regard toujours interloqué de l'humaine, toujours attentive et interdite. Il reprit longuement sa respiration, s'étira brièvement et adopta une nouvelle posture plus droite, digne d'un Librarius dans la Domus, puis poursuivit avec une voix des plus posées possible. Il jeta un regard avisé sur la femme, dont ses yeux continuaient de s'enflammer d'une passion qui ne cachait plus son nom.
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Je ne suis pas peu fier de le dire; c'est ma conception. J'ai tout élaboré moi-même. Je t'explique la chose. Normalement tu dois réarmer physiquement le Fusil Laser, dite arme à répétition, comme elle possède un chargeur de minimum deux cartouches. Après cela dépend des kits que tu apposes dessus aussi, ça peut monter jusqu'à huit cartouches.
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La brune sortit finalement de son mutisme, tournant son joli minois vers lui. Néanmoins elle semblait toujours perdue par tant de débauche technique. Et de fait;
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Je comprends déjà plus rien, Casey. mots qui trahissaient l'égarement de la brune face à autant de technicité.
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Il entrait dans une phase où il ne tenait physiquement plus en place. Il gesticula de partout, communiquant à sa comparse, de toute évidence noyée, sa passion. Ainsi donc, il se mut pour lui mimer en concordance de ce qu'il racontait, le réarmement d'un FL avec verrou originel, dans un air désinvolte, moquant presque le mécanisme qu'il utilisait pourtant d'ailleurs en temps normal.
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Attends, je t'explique. Donc, après chaque tir, il faut réarmer le FL. En réalité c'est un terme impropre, c'est plutôt extraire la cartouche cramée. Le verrou d'origine agit plutôt comme un extracteur, tandis que la nouvelle balle se loge dans la chambre prête à être tirée. Ici j'ai scié l'appendice du verrou et je lui ai couplé un mini mécanisme de mon cru pour rendre ce process' semi-automatisé. Après chaque coup, la douille s’éjectera par cette fente-ci, d'origine d'ailleurs, via le mécanisme automatisé. On appuie juste sur la détente jusqu'à ce que le chargeur se vide.
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Les explications ainsi données à la jeune femme restèrent malgré tout abscons. Elle qui n'était résolument pas versée dans ce genre de domaine technique, faisait l'effort de suivre le passionné électrisé. Les fameuses pièces restèrent éparpillées sur le plan de travail en granite, annonçant le début du démontage. Le visage du militaire se tourna vers la brune, un rictus offert, puis un bras masculin s'enroula autour de la taille féminine la ramenant à côté de lui, face au plan de travail. Devant eux, toujours ces pièces aux formes uniques. En arrière plan, le Fusil Laser originel, celui-là même qui avait connu tout un pan dans la vie militaire du brun, patientait sagement. Il s'imposait là, long et fier, pour opérer sa métamorphose prochaine.

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