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EDC de Amaryllis

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X. See The Light

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Mon passage en CMP semble produire de droles de choses... une illustration de la folie parmi tant d'autre. Telle que je la joue pour ma pionne en tout cas.



♪ See the light ♫



Un plongeon dans l'eau glacé, se laissant sombrer au plus profond d'un esprit malade. Profondeur d'un coeur poignardé, dans les abysses amenant à la folie. Célérité d'un monde s'écroulant, ses murailles s'effilochent en une poudre de roche fine, tel le sable soufflé par le vent des marées hautes. Une mer infinie, monstres des eaux jaillissant pour capturer leur victime et la faire encore une fois, sombrer.



La Blanche avance doucement, frolant le sable de son esprit. Plus rien n'a de sens. A part voir hurler son enveloppe devenue amère de tant d'années de blessures continuelles, cicatrices entachant sa chair et sa vie plus profondément qu'elle n'osera l'avouer.




En ouvrant les yeux, je me souviens avoir passé une main contre ces derniers. Geste fatigué du matin, esquivant la lumière filtrée à travers une fenêtre. Le smog n'aide pas à tout griser, les néons ont cette particularité d'illuminer toute la cité d'un rouge sanglant, quelques passages éclairs de passants faisant briller les vitres par alternance. Un grognement gronde au fond de ma gorge, léger souffle passant mes lèvres alors que je contemple le plafond strié d'appliques lumineuses qui me brise les prunelles. Un ordre est donné, l'implant dans ma nuque s'activant en faisant frissonner le câblage interne qui me hérisse les plumes. La lumière s’apaise pour n'être que tamisée, couvrant les angles de la pièce de délicieuses ténèbres.

Je sors mes jambes du drap couvrant mon corps et celui de mon amant. Une main gagne mon front, sentant quelques perles de sueurs ruisselantes le long de mon front puis de mes tempes. Un nouveau frisson me prend, comme une fièvre me grippant le cerveau, corps endolori. Je gémis doucement, quelle douleur lancinante. J'extrais une clope de mon paquet posé sur la table de nuit, zippo embrasant la tige d'une flamme tremblante comme ma main. Première inspiration, je tousse à m'en rompre les bronches. C'est mauvais.

''Baaah... cette merde va me tuer...''




Un profond cri résonne, il fait noir, complètement noir. Un environnement presque matriciel sans aucune lumière, purement fermé dans un néant total. Rien ne filtre à part ce puissant cri de rage. Car c'est bien la seule chose de perceptible ici bas. La haine et la colère enchaînant une âme autrefois puissante à un monde qui ne lui appartient plus.




Je me rappelle m'être levée. Sortant du nid plumeux en faisant voleter des plumes noires et blanches. Duvet recouvrant le sol sali de traces de cafey et de cendres. Les vautours ne sont pas forcément connu pour l'entretien ménager. Ou je fais partie des trois quarts de la populace n'en ayant juste rien à foutre.

Je garde ma clope entre mes lèvres, me les humectant d'un coup de langue avant de la coincer entre deux crocs. D'un pas fébrile, mes pieds nus frôlent le sol, mes bras recouvrant ma poitrine alors que la chair de poule apparaît progressivement sur l'ensemble de mon corps dénudé, une nouvelle algie me prend, la cigarette se coupe en deux pour finir par se consumer seule au sol. Je crache le bout restant dans ma bouche dans une injure bien sentie avant de me diriger vers la porte de la salle de bain juste à coté du lit que je pousse d'un mouvement d'épaule, elle se referme derrière moi dans un claquement sourd.




Un boulet au pied, on ne se sent que plus démunis. Observant la vie d'une autre face à une interface qui n'a de cesse de neiger. Quelques images de ci de là n'offrant que plus de torture, une contemplation douloureuse d'une vie défilant sans en être acteur, un simple pion, incapable de stopper la tempête à laquelle l'enveloppe fait face.




Je suis arrivée devant le lavabo, un peu haletante. Ce qu'il fait chaud... ou froid ? Je ne sais pas bien... je ne sais plus vraiment en fait. Je lève le regard sur un miroir, bien à ma hauteur, il me renvoi l'image d'une belle vautoure. Elle semble aller mal toutefois, les orbites un peu creusés, de longues cernes autour de ses deux prunelles éteintes... Carmin endormi... rêvant...Je finis par sortir de cette contemplation étrange, secouant la tête en me tapotant la joue, c'est moi. C'est bien moi.

Je souffle doucement, long soupir provenant du plus profond de mon corps. Je fais couler un peu d'eau chaude, de quoi m'asperger le visage alors que je place mes mains en coupe sous la source de vie dit on. Le bruit me rassure, cela suffit à couvrir tout le reste. Ce silence si pesant et ce bourdonnement incessant qui me vrille le crâne. Je les porte à mon visage, aspergeant la chair et sans doute, une bonne partie du sol. Mes yeux se redressent, je tente un sourire avant de le perdre. Qui me regarde ?




Elle hurle encore une fois, soupir de douleur accompagné de longs pleurs plaintifs. Une véritable enfant de la déchéance, perdre face à une immondice. Quelle honte. Et quelle profonde douleur. La conscience redresse un visage sans doute fictif, lutte acharnée pour récupérer ce qui est perdu. Plus aucune force, rien ne présage sa victoire.




Un rictus me contemple du coin de la pièce. Je le sens, là. Dans mon dos, contre ma nuque, un souffle me caresse les plumes. Deux yeux jaunes sortent de l'ombre ainsi qu'une main, non... des serres de pierres, armes griffus, de longs doigts bougeant avec une telle lenteur que je pourrais imaginer qu'il ne s'agit que d'un simple rêve, une statue que j'ai un jour par lubie installée dans ce coin de la pièce.

Je me retourne vivement, aux aguets. Mes yeux fixent le point où se tient la créature mais je contemple le vide. Un vide. Le mien ? Attendez... Il me veut du mal. ÇA te veux du mal... Non ! Ca ne m'appartient pas ! Mais je le sens encore, juste là, dans mon dos, derrière moi. Ma nuque me brule, je suis infectée. Ma dernière plongée m'aurait laissé des séquelles ?

Je me tourne encore une fois, glissant sur l'eau répandue sur le carrelage pour tomber lourdement. Ma joue entre en contact avec le sol froid, quelque part, ça me fait du bien. Avant de ressentir à nouveau cette oppression. Un danger va arriver. Va m'arriver. Je dois l'enlever, retirer l'infection à la source sinon... Tu vas mourir... crèves...




En crescendo, l'écran finit par afficher une image en noir et blanc. Un carrelage peut être. Quelques traces de liquide au sol mais c'est bien trop épais pour n'être que de l'eau. Et la vautoure était assez bon médecin pour savoir qu'elle contemplait du sang. Giclant par intermittence. Bientôt, l'image se fige en un magnifique rouge sanguinolent, illuminant l'espace ténébreux de filons carmins.

''Bouges... BOUGES ! Bordel !"





Ma main parcoure l'espace près de mon implant. Elles sont couvertes de sang mais je l'entend encore, murmurer à mon oreille. Il veut que je retire l'implant. Et... et si je ne le fais pas...? Je vais... Meurs... La porte de la salle de bain s'ouvre dans un claquement sinistre, les couleurs n'ont plus de sens, entachées comme les vieux holo films, image coulant grassement en un kaléidoscope sans aucun sens. Je le vois. Le monstre de mes cauchemars. Il sort de l'ombre, sa main griffue tendue vers moi. Il ne m'aura pas ! Pas moi !

Je m'allonge au sol pour saisir l'azmat traînant non loin dans un tiroir. Drôle de prise de conscience. Je pointe le canon de mon arme vers la chose en hurlant à plein poumons toute ma peur, des larmes roulant sur mes joues que je sens s'évaporer contre mon corps fiévreux.




La plongeuse observe la scène, impuissance phénoménale avant d'écarquiller les yeux. Elle crit de toutes ses forces sans oser laisser plus de place à la peur qui lui tord le ventre. Un cri de désespoir s'accompagne d'une fissure dans ce monde renfermé. La vitre se brise, laissant voir la main de Yang face à elle. Ainsi que l'azmat tendu devant le front du gris.



Mes mains tremblent, le monstre s'approche encore en murmurant des paroles incompréhensibles provenant d'un autre monde, d'une autre Matrice. Ces yeux jaunes m’envoûtent avant de me terrifier. L'arme est pointée sur la tempe alors qu'il se tient à quelques centimètres de mon visage. La patte vient caresser ma joue comme la glas que j'ai tant attendu mais je ne veux pas succomber... Je ne veux pas mourir...

Mon index tient la gâchette, il attend une impulsion nerveuse pour la presser mais une odeur me bloque. Aussi étrange que cela puisse paraître, un parfum me fait hésiter, une douce fragrance captivante que je ne connais que trop bien. J'entend aussi un miroir se briser, un long cri me parvient. Le bruit d'une arme tombant au sol alors que mes yeux sont déjà clos, expression de souffrance. Mes mains tapent contre mes oreilles, maculant mes cheveux blancs d'un pourpre sanguin.




Et je brise ma coquille, ma conscience vole en éclats lumineux telle des morceaux de verres qui me font voir milles et une couleur avant de converger en un seul spectre d'un blanc pur pour me faire revenir. La cénesthésie me revient comme chacun de mes sens, je vois, j'entends et je sens...



...Cette main frôlant ma joue et ce regard rouge robotique m'observer dans une expression de pure inquiétude. Un murmure vers moi, m'affirmant qu'il m'aime et que ce n'est qu'une crise de plus. Que je suis, en sécurité. Avec lui.




Ma réalité prend forme, dans le monde physique, dans mon secteur, dans ma maison, dans cette salle de bain, dans mon corps. Mon esprit n'est plus fragmenté et je le vois m'observer d'un air inquiet et doux.



Ce parfum.




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Ama'
03 Mars 2020
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