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EDC de 65442

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Un couple


Ces deux-là, ils sont si beaux. On les envierait, d'ailleurs, tout le monde les envie. L'envie, en traversant le smog pour rejoindre leur villa domotisée ; en contemplant les holo-cadres où ils sont enlacés. Les sourires qui affleurent de tendre complicité. Ils sont beaux, vous savez.





Et la soirée,


aussi exquise que leur goût en ameublement, que leur conversation, que leurs airs avenants. On a si bien mangé, bu raisonnablement. Les robots qui s'agitent, en arrière-fond, doucement, sur le rythme dicté par – Madame - est conceptrice, entre autres talents. Une femme si belle, si sensuelle ; je me rappelle, des fois, fantasmant dans les draps, rêvant d'elle. Et Monsieur,

ah, Monsieur, lui aussi, je pourrais en parler ; riche et beau lui aussi, neurologue réputé, ils disent à l'hôpital, parfois, en riant, qu'il n'a même plus besoin de scanner la tête des gens pour savoir ce qu'il y a dedans. Ca me fait sourire jaune, je ne voudrais pas qu'il nous voie, dans mon crâne, Madame et moi, sous les draps, si sensuelles. Je ne voudrais pas le regard jugeant des holo-cadres. Et puis,


moi aussi, j'ai mes dons, sinon, je ne serais pas ici. Nous sommes humains, nous le sommes tous, sinon je n'aurais pas trouvé d'endroit où vider ma vessie. Monsieur m'indique la direction, Madame m'offre un sourire exquis. Je ne vous accompagne pas, qu'elle me dit, à mon tour je souris. Alors je monte à l'étage, une villa domotisée, c'est l'émerveillement à chaque recoin. Monter

l'escalier, partout les caméras, toilettes automatisées, rajuster mon mascara. C'est si beau, avancé, rigolo, ces toilettes, de les entendre parler. 'Commission terminée', 'Nettoyage effectué', 'Il attend juste que je crève'.. Je me retourne, interloquée, mais c'est déjà fini, cette voix artificielle, impersonnelle, si appliquée à la tâche. Assez interloquée, pour en hôte indiscrète,


sortir dans le couloir, direction l'atelier. Tous les deux, je les sais amateurs d'érotisme scénarisé, et les photos sont là, fièrement encadrées. Tous deux nus, lui debout qui la tient, devant lui, par ses cuisses écartées, et moi le rose aux joues devant Madame exposée. Elle avait encore des jambes de chair, des doigts fins hantant mes rêves. 'C'était déjà un moins bon plan-cul que mon étudiante'. La

voix, artificielle, chuintante, suffit à me faire trembler. Je descends, un peu blême, l'escalier, la magie est rompue. Malgré leurs sourires forcés, elle a confessé, il sait que je sais. Il marmonne une histoire sur un dernier café, elle, d'un claquement de doigts, le commande à ses serviteurs d'acier. Madame se domotise. Elle se sait condamnée. Les yeux des holo-cadres me regardent

avec haine

de troubler leur idylle fantasmée. Il voulait une notaire, pour quand, cybernétisation dépassant les 60%, elle serait non-humaine aux yeux de la loi. Il vendra la Villa. Je m'endetterai, je crois. Histoire d'enfin avoir un peu Madame pour moi. J'entremêle mes doigts à ses doigts d'acier fin, frôle doucement du pied ses jambes métallisées. Qu'elle comprenne au moins que quelqu'un peut l'aimer.


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Crédits image : the whispers - by lasztuka

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