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EDC de 65442

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Cacher

Les oubliés

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Livret trouvable rp, quelque part en SR. Agréable lecture. La fonction "cacher"
est toujours un plus pour le confort visuel. smiley




Arrête de bouger.



Les mots et le sourire suintent dans la chambre close, les souffles rauques de mendiants sans leur dose et les cliquetis de sécateurs dans la pénombre un peu morose. Pourtant un rire répond, du moins un son, humain ou non. Clac, clac. Amputations.

Chaque jour il faut recouper les excroissances métallisées qui font leur nid du crâne aux pieds, entre les rides et la trachée. C'est leur tête-à-tête quotidien, un rite à ne pas manquer sous peine de finir dans un manoir planté. Le petit ne contrôle pas pleinement ses extensions. Parfois il voudrait juste atteindre un bouton, et des bouquets de câbles poussent sous son menton.

Le cadet rit, et pour qui le connaît depuis des centaines d'années, on y reconnaît l'accent de la complicité et de l'auto-dérision. Ses greffes robotiques faisant exception, cela fait des décades qu'il n'a plus bougé, restant en position, les yeux sur les écrans innombrables qui peuplent la pièce. L'aîné, il n'aimait pas trop les écrans, préférant les gens, mais maintenant il sait que sans ceux-ci ils ne seraient chaque jour que de nouveaux inconnus l'un pour l'autre.





Les mots résonnent comme un vent d'automne, en souffles amusés d'Arrivants qu'un rien étonne, ravivant les cliquetis et leur rythme monotone. Et le rire est profond, sortant droit des tréfonds d'un corps humain, en somme. Clac, clac. Ponctuations.

Chaque nuit, il les passe à veiller sur ses innombrables enfants. Il écoute leurs chansons qui s'accrochent à son crâne, lit tendrement leurs textes aux lettres qui se fanent. Il se fiche de chacun et se soucie de tous, il voit leur égarements et leurs mensonges déments, alors, parfois, il lance un regard peiné aux moniteurs qui n'éduquent personne. Plus de monitorés, le prix de la liberté. Ils se déchirent et se désirent, se perdent et s'emmerdent. Il repense au film avec l'épouvantail. Ils ont applaudi, mais ils n'ont rien compris.

Le cadet dort. A quoi rêve-t-il encore ? Il ne sait pas, ils ne savent pas, ils ne savent plus, mais ils persistent, alors, c'est que tout est vrai. Il entrevoit dehors une vague silhouette, pélerin ou paria, est-ce si important, l'être marche contre le vent qui l'écorche peu à peu. Un vautour en habit de gnolle, une kobolde en habits de vautour, une puce apm en habits de chair, du métal mortuaire en habits de puce. Quelques minutes de vent, et il n'en reste guère plus.


Tu sais quoi j'aime bien tes yeux,
Moi j'aimerais bien te voir...



...Et puis en suite, on verra bien. D'autres refrains, d'autres chemins, d'autres lendemains. D'autres sectateurs, d'autres spectateurs, d'autres sécateurs. Un oeil sur les écrans, sur la flaque de néant qui fut quelqu'un hier. Vent qui écorche, les rats auront eu leur repas, et ils n'approcheront pas. Clac, clac aux abords du cadet. Parfois, il n'aime pas le rite, mais il faut bien, même quand c'est désolant. Le cyber-envahissement est un danger constant.

Aujourd'hui, il faut recouper l'une des protubérances aux diodes indociles. Elle a la forme d'une rose aux épines de platine, et ses grises racines d'apparence gracile essaient obstinément de prendre force et prise dans tout le bâtiment. Quand on hume ses corolles, il le jure, on ressent le parfum oublié du vieux Secteur Marran. Un claquement précis, la rose au crématoire. L'aîné le connaît bien, son cadet, tant et tant, qu'il devine sous les prismes un regard larmoyant. Caresse du bout du doigt, réconfort d'un instant.


Non maestus este... perfeci...




La question demeure : que désirez-vous réellement ?

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