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EDC de 11441

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Cacher

Adieu Fillettes

♫

Son regard figé éclaire l'écran de son Orion, les combinaisons défilent sans qu'il les voie. Un trou noir dans l'estomac, il fait ce qu'il peut pour ignorer les larmes qu'elle essuie à côté de lui.

Vieux. Émoussé. Négligeant.

Tous les deux attirés au même endroit, au même moment. La porte émet un doux chuintement pneumatique. Arrachant le câble du digicode, il entre en essayant de garder sa constance habituelle. Mais la lueur vacillante de ses yeux trahit sa tension. À chaque pas le long de l'interminable couloir, il se vide un peu plus de sa substance. Derrière lui, elle ponctue sa marche de reniflements à peine dissimulés. Lorsqu'il passe sa main sur la lourde porte métallique, les résidus de poudre qui filtrent par l'interstice s'agglomèrent en une boule compacte dans sa gorge.
Égoïste. Brisé. Abruti.

Ils parlent peu. Elle se remémore, il explore, sondant la profondeur de son propre dégoût à chaque pièce qu'il découvre.
Irresponsable. Aveugle. Ignorant.

Il fouille, essaie de trouver des traces, une explication, un lambeau de son histoire. Elle raconte. Chacun des mots qui sortent de ses lèvres tremblantes est un coup de dague qui le déchire un peu plus.

Ne pas se rompre. Ne pas craquer. Pas maintenant.

Côtes à côtes, perdus dans les souvenirs. Elle la fait revivre, il se noie dans ses regrets. Il l'a laissée seule trop souvent, trop longtemps, pris dans le tumulte de ses doutes et de sa lassitude.
Faillible. Indigne. Faible.

Il essaie de cacher sa honte derrière un écran de fumée, faisant rouler dans ses doigts raidis un zippo rongé de rouille. La seule chose qu'elle lui ait laissé. Il lui avait appris ce qu'il avait appliqué depuis des décennies. Cacher ce qu'on ressent pour les autres, pour les protéger. Pour qu'ils ne deviennent pas une cible, une faiblesse. Pour garder la tête froide. Peut-être qu'il aurait dû lui dire, au moins à elle. Ne pas cacher sa fierté quand il l'a vue grandir, inspirer, devenir un exemple. Ne pas dissimuler la peur et la rage qui assaillaient ses tripes quand quelqu'un osait la toucher. Lui montrer un peu de sa faiblesse.

Parce qu'il était plus faillible qu'il ne le laissait paraître, leur course s'était muée en chassé-croisé jusqu'à la ligne d'arrivée, au grand carambolage des vies éclatées. Et elle, assise à côté de lui. Redevenus des étrangers par la force des choses, par sa négligence à lui, dont le dernier lien s'est soudainement rompu. Toutes les pièces avaient fini par s'imbriquer, pour disparaître ensemble.

Il se lève, et allume une dernière cigarette avec le précieux briquet, dont le son mat sur le canapé, lorsqu'il l'y jette, sonne la conclusion de tout.
"À un de ses quatre, Sev'."

◊ Commentaires

  • Medea (153☆) Le 04 Septembre 2013
    C'est Preus la fillette !
    Ahem

    Joli article, j'ai limite un remord ou deux de ne pas avoir pensé à laisser un petit quelque chose chez elle, zut.

  • Medea (153☆) Le 04 Septembre 2013
    Non, pas le frigoooo ! Snif, sa magnifique collection d'alcool. Bande de monstre.

  • Irista (37☆) Le 04 Septembre 2013
    C'est toi le monstre gamine. T'as abandonné tout le monde, bouh, bouh.

  • Amar (211☆) Le 04 Septembre 2013
    Ha non !!!! Mais c'est pas vrai.

  • Kambei~7880 (258☆) Le 04 Septembre 2013
    Touchant, comme souvent avec cette plume. Merci!

  • Dhomochevsky~5237 (111☆) Le 06 Septembre 2013
    Wow, ça tape juste., héhé