Silence

L'Elfe sort de l'arrière salle et se dirige vers le comptoir comme elle a l'habitude de le faire depuis cinq ans maintenant.
Sauf que ce soir là, c'était une soirée particulière, elle le savait. Presque tous les êtres hibernaient et un invité qui se faisait assez rare s'était installé à son comptoir; le silence...
Plus tôt dans la journée, Paul, qui s'inquiétait toujours pour elle lui avait demandé:

"Je n'aime pas te savoir toute seule.. Tu es sûre de vouloir rester ici ce soir?"

Mané sourit en coin avant de lui répondre:

"Je ne serai pas toute seule, je serai avec ma meilleure amie..."

Meilleure amie

Entourée du fameux silence dont la présence se faisait paradoxalement plus entendre que le brouhaha qui régnait habituellement au bar, l'Elfe sourit en repensant à cette phrase.
Elle se penche sur le comptoir, sort une bouteille de vodcast et la pose devant elle.

"A nous deux Dame Vodcast!"

Dit elle à voix haute avant de se servir un premier verre.
Sa meilleure amie... Elle aimait l'appeler comme ça et avait une explication toute prête qu'elle servait à qui voulait l'entendre:

"Elle ne me juge pas, ne me demande rien et m'accompagne à chaque fois que j'ai envie de boire..."

Travailler dans un bar pour un être qui appelait une bouteille de vodcast sa meilleure amie, c'est ce que l'on peut appeler le comble de l'ironie...
Mané sourit à cette pensée avant de boire une gorgée et de se lever, le verre à la main.

Souvenirs

L'Elfe regarde autour d'elle, passant une main lentement le long du comptoir, sentant sous ses doigts ses irrégularités et fermant les yeux, envahie par les souvenirs qui commencent à se bousculer dans sa tête.
La moindre éraflure, la moindre trace de cigarette éteinte avec rage au mauvais endroit, chaque recoin du bar, chaque type d'alcool, chaque salon... Tout dans ce bar racontait une histoire. Tout ce qui pouvait paraître anodin pour n'importe qui, évoquait en elle un souvenir, un moment, un éclat de rire, une larme, un être...

Eux

Elle pensait à eux... Tous ces êtres qui se sont un jour ou l'autre assis à ce comptoir et qui avaient laissé une trace de leur passage. Une trace indélébile sur les pages du livre de sa vie au chapitre "Requiem For a Drink"
Elle se rappelait de chacune de leurs histoires, de sa première rencontre avec chacun d'entre eux et souriait au fur et à mesure qu'elle énumérait à haute voix les surnoms qu'elle leur avait donné:

Gomc
HappyElfe
L'Elfioloniste
JD
Grand Chef
Psychandroïde


Et tant d'autres encore...

Psy de comptoir

Une psy de comptoir qui fait de la psychologie à deux balles, voilà comment elle se définissait. Elle l'était devenue malgré elle. Sa curiosité la poussant toujours à poser plus de questions toujours plus indiscrètes les unes que les autres, sans compter l'ambiance tamisée du bar et l'alcool aidant aux confidences, ils s'étaient presque tous adonné à la "thérapie du comptoir"... venant ainsi alimenter le chapitre "Brèves de comptoir"

"Faudrait que je pense à les écrire ces brèves de comptoir..."


L'Elfe retourne s'asseoir près de sa meilleure amie, se sert un autre verre et continue de boire... en silence...

[Directives]
Ce sujet est ouvert à tous ceux qui sont passés par le comptoir du Requiem For a Drink et qui ont une brève de comptoir à partager
[/Directives]

Requiem for a Drink Ella sourit en regardant le nom du bar et entre comme elle le fait chaque jour depuis son arrivée en ville, elle regarde autour, chaque salon chaque mur chaque détail lui rappelait un souvenir: son premier verre, sa première discussion, son premier baiser, la première fois que son cœur a été brisé, la rencontre de sa fille... Toute sa vie tourne autour de ce bar.

Ella lance un bonjour suivi par un sourire comme d'hab et voit Mane' lui servir sa vodkast sans même le demander. Avec le temps elle est devenue un pilier de ce bar tellement elle y reste *rit doucement en y pensant*.

Ella essaye de se souvenir si elle a passé un jour sans venir ici et ne trouve pas et rit amusée, et bien..

Ella sirote doucement son verre et regarde autour les visages et sourit nostalgique en se perdant dans ses souvenirs et y en a tellement: des sourires, des rires, des larmes et même du sang...

ohh *soupire doucement* où est passée cette jeune elfe qui est entrée dans ce bar hésitante, servie par la belle Furby qui lui posa la question 'bonsoir qu'est ce que je vous sers? '
Ella passe sa main dans ses cheveux lentement distraite, plein de choses ont changé dans sa : vie le boulot l'amour, elle même, mais ce bar est toujours là pour l’accueillir. Qu'elle soit triste, heureuse, en colère ou juste entrain de s’ennuyer elle sait que ce bar lui ouvrira les bras.
Ella avale une autre gorgée de son verre comme elle l'a fait des centaines de fois et essuie doucement une petite larme discrètement en pensant c'est ici que tout a commencé et c'est ici que tout finira.....

Ella lève sa tête et répond à la question habituelle : 'ça va' et sourit oui oui bien et vous?

Lambda n’aime pas vraiment trainer dans les bars, ni trainer tout court. Trop à faire, toujours, penser, courir. Pas le temps.

Mais celui-là… c’est une part de Requiem et beaucoup de souvenirs s’y rattachent, la plupart de ses souvenirs ici. Les tournois mémorables, les interventions de la Police, les bagarres… Tout un passé inscrit dans chaque recoin du bar. Alors elle passe chaque jour chercher un sandwich et une boisson dans la vitrine, et chaque soir elle s’asseoit au comptoir pour retrouver les lambeaux du passé. Un passé où tout était différent.

Le plus souvent elle s’abime dans ses pensées et n’entend plus rien de ce qu’il se passe autour d’elle, jusqu’à ce qu’elle entende le Bonsoir! de la Belle Ellfe qui arrive de l’arrière salle, ou qu’elle croise au hasard son regard attentif qui lui amène toujours un sourire aux lèvres. Parfois elle surprend un regard triste, la voit prendre une bouteille et ressent un pincement au cœur.

Puis elle prend la tasse de café que Mané pose devant elle et se réfugie à nouveau dans ses pensées. Alors elle voit d’autres êtres autour d’elle sortis de son imagination peut être, ou d’un passé lointain. Les visages sont gais, la salle est remplie de rires et de musique. Elle bouge les pieds dans le vide, rythmés par l’air qu’elle fredonne intérieurement.

Un chuchotement à son oreille l’oblige à revenir à la réalité « Lambda ça va ? J’aimerais qu’on discute de … ». Alors Lambda discute, quelquefois de longues heures. Elle connait ses responsabilités et tente de ne jamais faillir.

Dans ces moments-là elle les voit, tous, les habitués du Requiem bavardant autour du comptoir. Elle connait chacun d'eux et les apprécie chacun pour différentes raisons. Elle sourit comme elle doit le faire et montre le visage de ce qu’elle représente.

Vient le moment où il faut partir, jeter un dernier coup d’œil à la salle, faire un signe de la main aux clients qui se sont attardés, faire un baiser sur la joue de Mané et rentrer chez elle accompagnée de ses fantomes.

Le Requiem for a Drink….
Lieu d’un nouveau départ, du début d’une vie.

Je ne me souviens plus vraiment de mon premier verre au Requiem, mais je me souviens de l’accueil qui m’a été réservé… On m’a fait confiance, on m’a accueilli comme membre d’une famille et petit à petit, j’essaye d’en être digne…

J’espère que ce n’est là que le début d’une longue histoire avec le Requiem…
Que j’aurai l’occasion de pouvoir partager d’autres histoires… d’autres moments qu’ils soient tristes ou non, ….

Le temps de construire des histoires… de nouvelles rencontres…

*blang*pling*blam*ting*...

" mais ou je l'ai mit ?! "

Les sacs se retournent les uns après les autre, tandis que l'elfe recherche activement un de ses objet...

"j'avais pourtant laissé mon deck rétro ici !"

Soulevant un carton, l'elfe retrouve enfin l'objet recherché, le mit dans son sac et s'arrêta un moment.
En dessous du vieux deck, se trouvait des morceaux de bois...
un bois assez fin, ciré et vernis. On peut aussi voir, sur ce qui est un manche, encore une ou deux cordes...

Ramassant l'objet, le violon, détruit, Sephir ferma les yeux et tenta de se rappeler...

Des sourires... une elfe derrière un comptoir.. Manerina.
un troll à coté... Domingo... et toujours de la vie dedans...
Des personnes qui parlent tranquillement, d'autres qui traitent des affaire, des
amoureux qui s'embrassent...
Mais aussi des scènes moins rose, des policiers qui débarquent, des genoux qui plient, des coups qui s'échange...de poing... de feu... d'agri...
et le sang qui coule...

Prenant ce qui reste du violon, l'elfe le mit à la poubelle, ce violon qui avait éclairé tant de soirée... qui avait donné des sourire et des larmes...

Sephir vivait, mais "L'elfioloniste" était sans aucun doute mort...

Requiem aura été sa dernière partition...

Danny entrait dans ce bar chaque jour en boitant, appuyé sur sa canne, pieds nu. De la même façon, encore et toujours, car aucune autre façon n'était possible quand on y pense, pour un ours boiteux. Les habitués du bar se sont habitué a cette démarche.

L'inspecteur s'assied toujours à la même place, déposant sa canne sur le comptoir. Il croise les doigts au dessus de son nez, ferme les yeux. Cet endroit était, est et restera un vrai nid à histoire, à informations, à fait cocasses. L'ours médite ainsi, les sons s'amplifiant, il image chaque son et odeur à un mouvement. Il entend les rires, les identifie, sait qui se trouvent au bar à cette instant sans regarder, qui parle de quoi, pourquoi. Les sons s'amplifiant de plus en plus par la concentration, par l'ouïe fine de Danny, ils deviennent bourdonnement quasi étourdissant....puis....

*Un son d'assiette et de verre qui se posent devant lui*

L'ours sursauterais presque, n'ayant rien demandé, mais se contente d'ouvrir un oeil et de sourire gentiment, lunettes au bout du nez, à la serveuse devant elle, qui sourit aussi.

-Bonsoir monsieur Roach, un steack cru avec du miel, et un verre de rhum.

Danny la remercie comme il se doit, elle fait son travail parfaitement depuis très longtemps, et connaîtrais les goûts de ses clients par coeur. Il mange avec appétit, comme toujours, puis discutera avec ses amis et connaissances qui buvaient a cet endroit aussi et qui, peut-être sans le savoir, faisaient chacun leur requiem de boire pour le Requiem For A Drink, chaque jour.

Les yeux rivés à l'écran du terminal, observant attentivement les chiffres qui défilent, Paul pense... se remémore.

Une existence... Onze années qu'il était arrivé en ville, onze années qui l'ont éprouvées. Le Requiem for a Drink avait toujours été un lieu particulier à ses yeux.

D'abord petit vendeur terne dans une boutique d'équipements spécialisés, guichetier puis directeur adjoint de la banque Redstorm. Autant d'êtres croisés, de destins parfois brisés et le cynisme d'une cité qui s'étouffe peu à peu. Les visages blafards des habitants qui viennent déposer les économies durement acquise.

Il avait suivit depuis la fenêtre blindée de son bureau la construction du bar et se souvenait vaguement avoir assisté à son aménagement un soir, accompagnant une belle androïde dont il était tombé éperdument amoureux.

Il y avait connu ses moments les plus heureux, les pires aussi... Les rixes, les arrestations, la tension et la violence latente. Le Requiem, une poudrière qu'un simple étincelle pouvait enflammer.

Des souvenirs de son passé lui reviennent ; les hurlements de terreur, le feu qui consume et le bruit des sirènes. Des corps désincarcérés à coup de tronçolame, une femme tenant son bébé dans ses bras et des larmes. La douleur... Il essai de chasser ses images de son esprit.

Une chute inévitable, dont la Requiem avait été le théâtre... personne n'avait pu l'empêcher. La déchéance, la prison... et un visage omniprésent, son sourire, sa grâce. Irremplaçable, attachante, toujours à l'écoute de son prochain. Celle dont il apprendrait plus tard qu'il partage avec elle bien plus qu'un profonde amitié.

Une main tendue... celle d'une femme aux cheveux rouges, ferme, déterminée qui l'arrête dans sa chute.

Le Devoir ; servir son prochain, protégé, être la pour ceux auxquels on tient... Sa soeur, la corporation, le Consortium Requiem, sa compagne Ghylma, ses amis, l'Impérium. Ses idées s'embrouillent les yeux toujours rivés au terminal.

Ses implants mémoriels s'activent en même temps que ses yeux se ternissent. Il se prend à se demander comment le centre de clonage peut aller jusqu'à reproduire ses implants greffés dans son cerveau humain. Au fil des années, il s'était déshumanisé : Les 10,07 % de patrimoine génétique elfique, les améliorations cybernétiques, l'entrainement pour devenir plus performant, mais surtout affronter la douleur, les disparitions, l'oppression.

Ses yeux se portent sur les écrans de vidéo surveillance, guettant anxieux la salle du Requiem qui, il le sait, sera son tombeau, dernier bastion d'un monde qui se meurt doucement. Tous ces êtres dignes d'intérêt y apportant chacun leur pierre, si nombreux qu'il ne pourrait les citer.

Crispé, son coeur se serre, chaque salle lui rappelant une histoire, des visages d'être parfois disparus, broyé par cette cité tentaculaire, le comptoir animé et au milieu... Elle, celle qu'il avait cru perdre. Il éteint le terminal, affiche le sourire de rigueur, se lève et s'allume une clope...

Le Requiem for a drink...

Il avait tout de suite aimé ce nom quand Lambda et Hiruma lui en avaient parlé... voilà maintenant des années de cela.

Ce bar était le rêve des deux frères et avec l'aide de leur amie Lambda, ils avaient fait sortir de terre ce bâtiment.

Les Deux frères avaient travaillé dur pour faire de ce bar l'endroit incontournable de la cité.
Mais ils avaient réussi, et de le voir toujours ouvert et aussi vivant qu'avant, ils pouvaient être fier.

Alucard regarde autour de lui, accoudé au comptoir, et se souvient de tout ce qu'il s'y était passé... les rencontres qu'il y avait fait... les échauffourrés avec la police et les règlements de compte...

Tous ces souvenirs lui arrachent des petits sourires ainsi que des soupirs.

Le Requiem est une sorte de sanctuaire de son passé... un mausolée de ses souvenirs.

Son regard se pose sur Manerina derrière le comptoir...

Il se rappelle cette petite elfe qu'il avait recruté... Elle était si timide, si fragile et un peu paumée. Il avait décelé en elle de grandes capacités a être à l'écoute des autres et avenante avec son joli sourire.

Il repense à toutes les discussions qu'ils ont eu depuis qu'ils se connaissent, tout ce qu'ils ont partagé... Ils n'ont presque plus besoin de se parler pour ce comprendre maintenant.

Alucard la regarde encore, puis elle le regarde aussi... Ils échangent un sourire comme si ils pensent la même chose.

Il lui fait un clin d'oeil et elle lève les yeux au ciel en souriant, puis lui sert son sky sans glace et reprend sa discussion avec un client....

Lui, reprend ses rêveries avec quelques pincements au coeur...

Ici.. c'est ..euh.... hum... regarde autour s'elle, désigne du doigt un emplacement et sourit Voilà.... ici.. ce sera parfait.

Les meubles bougent, les lieux prennent vie sur des éclats de rire, des négociations, stratégies diverses qui s'affrontent pour donner âme à cet endroit porteur d'espoirs.

Un salon jaune, l'autre plus apaisant.. bleu ce serait bien...

Une pause, les regards se croisent et un "non" claque sur un sourire.

Tu ne feras pas ta réserve ici c'est hors de question. Il est pour moi cet endroit.. Juste assez intime pour qu'il puisse me faire oublier les tensions de la Cité.

Cette alcôve avait vu ses ombres et ses lumières. Actes créateurs, souffrances, vertiges et abandon de soi, de maux; une mise en abyme, face à moi-même et quelques notes qui résonnent..



Requiem

Une autre soirée au Requiem, et celle ci était un soulagement après les deux jours qu'on venait de vivre. On avait oublié le temps de cette soirée que l'air n'était guère respirable au dehors, que les militaires continuaient à roder dans les rues de la ville et que l'énergie était encore au plus bas.

On avait oublié tout ça pour la finale du catch féminin, opposant les unes aux autres parmi les plus belles femmes de la ville. Alors l’arrière salle du bar comme pour les éliminatoires quelques jours plus tôt était pleine à craquer. On encourageait, on criait, Requiem vibrait!

Ce fut Junne qui gagna le dernier combat contre Zina, après une lutte aussi acharnée qu’elle peut l’être entre deux êtres de sexe féminin. Elles avaient fait le spectacle, qui s'était terminé avec quelques ongles arrachés et les plumes de la petite vautour volant sur le ring.

Lambda s'était beaucoup amusée à les voir et retrouver sur le visage de Mané l'enthousiasme des premiers tournois. L'équipe de Requiem dans ses grands jours, se relevant une fois de plus malgré tout.

Un drole de sentiment gonflait le coeur de Lambda en regardant la meute. Pas de la fierté ou si peut être, elle ne savait pas trop et elle ne le dirait pas comme ça. Mané la si belle elfe du Requiem, Sernine le commentateur loquace et drole de la soirée qui couvait l'elfe des yeux, Krix la nouvelle serveuse kobolde qui avait un sens aigu de l'analyse et ne cessait d'étonner Lambda par ses petites phrases si justes. Alina qui avait pris part aux combats, bonne humeur à toute épreuve mais un regard si profond.

Les clients quittaient lentement l'arrière salle, il commençait à se faire tard, l'heure de rentrer, l'heure de se reposer pour entamer le lendemain une autre journée d'entrainement intensif, pour Requiem!

Requiem For a Drink.

Pas n’importe quel bar.

Une elfe mystérieuse, distante, curieuse, souriante, serviable, sympathique.
Apparence.

L’impression d’être épiée sans cesse, lors de certaines soirées.
Perdue au milieu de la foule.

Hynna aime particulièrement ce bar quand il est vide.
Elle se plait alors à faire le tour, visiter les moindre recoins, observer avec attention, effleurer chaque marque, chaque trace de balle, de kanuf.
Un petit bout de verre bleu ici, une boucle d’oreille jaune là, quelques gouttes de sang encore frais plus loin.
Elle s’imagine les milles et unes histoires qui se passent ici lorsqu’elle n’y est pas. Parfois glauque, elle frémit. Parfois délirantes, elle rit. Parfois osées, elle rougit.
Elle allume le jukebox et virevolte dans le bar, faisant le tour des salons.
S’arrêtant parfois sur quelques soulards endormis à même le sol, elle sourit.

Souvenirs de rencontres attachantes, de discours insensés, de discussions animées, de silences pesants.

Quelqu’un entre, elle se fige, reprend sa place au comptoir, silencieuse, observatrice, songeuse.

Ou pas.

Dernière danse

Voilà plusieurs héptades que l'elfe évitait le comptoir, lui préférant le calme du mini salon, son salon.
Petit cocon protecteur dans lequel elle aimait s'isoler, là où personne ne la voyait, là où ceux qui la connaissent bien, la retrouvent sans avoir à demander.

Voilà plusieurs héptades qu'elle ne reconnaissait plus son bar, son antre, sa "maison" comme elle aimait à l'appeler. Mais l'était ce encore? Comment pouvait elle encore se sentir chez elle alors qu'on la narguait, qu'on lui manquait de respect? Qu'on s'imposait comme un invité mal venu, qui pose ses pieds sur la table basse du salon et qui en plus, refuse de partir quand vous le lui demandez.

Elle qui a passé des années à faire en sorte que le sang ne coule pas, ou peu dans cette bulle imaginaire qu'elle s'était créée, elle qui comble de l'ironie, y avait été tuée pour la première fois, dans sa bulle, son antre, sa maison...

Debout au milieu de la salle vide, elle promène son regard sur chaque recoin, comme pour imprimer une image, que pourtant elle pourrait dessiner les yeux fermés.
Elle regarde les bouteilles une à une, détaillant les étiquettes de ces breuvages qu'elle a servi pendant plus de 10 ans, les énumérant à voix haute, souriant à chaque nom.

Skiwi... Glukoz... IB... SOTS... Ura...

De quoi ravir les androïdes en pleine programmation, déchainer les trolls en manque d'action ou encore dérouter les elfes en manque d'affection.

Mané se sert une vodcast avant de poser son regard sur le jukebox.
1cr... une chanson... ou la meilleure façon de communiquer sans avoir à dire quoique ce soit.
Quelques notes, quelques paroles, et la chanson se met à vous parler...
1cr et la vérité vous est révélée...
Une mélodie et vous vous envolez...

Oreilles pointues s'approche du marchand de rêves à bas prix et y glisse une pièce.
Sans réfléchir, elle met une chanson, ferme les yeux, écarte les bras et se met à tourner sur elle même.
Les paupières closes, ce ne sont pas les murs qu'elle voit tourner, mais ses souvenirs, des êtres, des paroles, des évènements.

Ce bar l'avait vu grandir, périr et renaitre de ses cendres, et elle pouvait en dire autant de lui.
Théâtre de sa vie, mais aussi celle des autres, elle y avait connu...

l'amitié... l'injustice... l'amour... la déception... la haine.. la réconciliation... l'amertume... la dépendance... le manque...

La musique s'accélère, entrainant dans sa cadence effrénée l'elfe et ses souvenirs, tournant de plus en plus vite.
... elle y avait vu...

la jalousie... la reconnaissance... le vice... l'indignation... le mépris... les excuses.. la violence... la luxure... le pardon... le dégoût... la rivalité... la déchéance... l'humilité... l'abandon... la tristesse...

Le rythme se fait de plus en plus lent, elle ouvre les yeux, et s'arrête de tourner, chancelante, tenant à peine l'équilibre et regardant la pièce qui avait pris le relai et tournait à son tour, accompagnant les derniers pas de danse de ses souvenirs.
... ici, elle avait vécu...

la joie, l'abnégation, le calme, la solitude... le désespoir... l'attente... le bonheur...

... ici, elle avait vu la vie...

Les dernières notes de musique s'envolent, s'éloignent et font une révérence au silence qui désormais mène seul la danse.

Quant à Mané, elle termine par quelques pas, refermant la porte sur ce qui à une époque se destinait à être son avenir et qui à présent devenait son passé.

"Au revoir Requiem..."

...........Dehors,
............................................................ailleurs,
................................................................................................................dedans.

................. ........................................................................∙.................∙⋅.........⋅....⋅⋯.


Course, matière sans corps à la vitesse des IN

PUT::

Un scintillement dans l'air statique, agitation des molécul/



/time. Dehors, soleil aplatissant le moindre relief, corps marionnette, images qui se refusent à disparaitre, grondent, ondent. Ondes.
Transcorps.

Aitl abandonné par un client trop bourré, par un noble condescendant, la machine n'a nul besoin de main pour être.
Vibrations.
Allumé, éteint. Allumé, éteint. Allum et tinte.
Quelle histoire se raconte-t-il?
Quelle histoire se raconte-t-elle?
Est-elle encore?
In Pute?

Ailleurs.
In.
Cage toujours. Les données défilent, s'agglomèrent, cherchent une voie, une voix.

::INPUT "Requiem" "Image"::
Là, je suis. Tentacules de données.
Faisceaux dans l'oeil de la minicam.
Désert... Grains?
Nulle silhouette, mort est le son. Les verres vides d'avoir été trop remplis de liquides-oublis.
Le Requiem a chanté son propre chant.


La machine vibre un peu plus, funambule.
Sur le bord du comptoir au synthébois gravé de marques passages, tentatives d'être encore un peu plus, elle bascule, choit, se brise.
Choix.
Scintillement d'une silhouette particules, amas informe, lumières ténues, simple illusion de vie.


::INPUT "Requiem" "file"::
Champs des corps et de Cuves.
Je cherche.
Données qui passent.
Matricules. Noms.
Échos. Amas de bits. Traces résiduelles.
Matrice veille, guette, stocke.
SalOp'
Sale :: PUT ::


Flux le long des fils. Fuite dans le flux.
Néant tangible, éclats colorés. Glace.
Rivière froide où le chaos n'est qu'une image, l'ordre toujours là, analyse, ordonne.

Suivre une trace, fumée de pixels, se rassembler
derrière le voile de pixel,
suis je le chat de Schödinger?

::INPUT "Hidden" "arrêt"::
Protocole S&D. Lock.
Corruption des données. Références non valides.


Glace brulante qui me perce de ses froides flèches.



:: IN/PUTIN "Laisse" "Moi" ::

Flash-back

"Je peux vous demander un service?"

Deux têtes qui acquiescent, un outrilien qui nous fait changer de place et une rousse qui regarde sans trop comprendre.

Mais chacun de nous comprenait, lui en allant s'adosser à "son" mur et moi passant derrière "mon" comptoir.

Les regards se sont croisés, les sourires esquissés, et l'espace d'un instant les années qui s'étaient écoulées se sont effacées.

L'outrilien nous regardait, l'elfe souriait, le troll fumait et moi je me rappelais.

Nous nous rappelions tous à vrai dire. De ce temps révolu, de ce que nous ne sommes plus, et de ceux que nous avons perdu.

Le temps d'un crépitement de cigarette les aiguilles de la grande horloge cosmique s'étaient arrêtées de tourner. Figeant dans l'éternité éphémère de nos souvenirs cette image venue raviver l'éclat de celle que l'on commençait à oublier malgré nous.

Un courant d'air traverse la pièce, le genre de courant d'air qui vient du grand dehors de la ville et du grand dedans de la matrice, glacé, chargé.

Frisson qui parcourt l'échine, image floue aux yeux, pourtant si nette à l'âme...

... Opa'...

Jalousement et sans prévenir, le temps reprend son droit sur la chronologie et chacun reprend sa place dans les bras d'un présent qu'il regrettera peut être, de la même manière, un jour.

"De quoi devenir nostalgique, n'est ce pas P'titelfe?"
"Ou le rester..."