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EDC de Neritheca

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Installation

Un rayon de soleil me réveilla…
Je me dressai brusquement, désorientée.
J’étais dans une belle chambre, délicatement meublée et décorée. Une magnifique armoire en chêne foncé, une commode assortie, un grand miroir sur pied, un fauteuil confortable à côté d’une belle bibliothèque remplie de livres et une coiffeuse en constituaient le mobilier simple et fonctionnel. Quelques tableaux ornaient les murs, éclairés par le soleil qui entrait à flots par deux grandes fenêtres. L’une d’elle était entrouverte et le voilage léger qui la masquait frémissait doucement sous le souffle d’une brise légère..
Tout me revint soudain en mémoire.
Regardant la jolie pendulette posée sur la table de nuit à côté du lit je poussai un cri.
10 heures déjà ... Je me levai rapidement.
Baracka se précipita vers la porte derrière laquelle j’entendais de petits grattements et des aboiements plaintifs. Je l’avais à peine entre ouverte qu’elle se rua en dehors de la chambre et j’entendis bientôt une joyeuse cavalcade dans l’escalier.
Je retournai m’allonger, prenant le temps de faire le point sur la journée qui m’attendait, me remémorant aussi les sombres événements de la veille.
Mais surtout je voulais réfléchir à l’attitude que j’allais adopter en présence de DonPhilippe.
Des pensées bien agréables me traversaient, agréables et effrayantes à la fois …
Il était le premier homme que j’approchais, rien ne m’y avait préparée, je ne savais interpréter ni ses paroles encore moins ses regards.
Quant à analyser ce que je ressentais, je ne le voulais pas pour l’instant. Il serait bien temps de le faire plus tard quand nous nous connaitrions mieux.
Mais je savais que je me mentais en prenant cette résolution, je sentais monter en moi un trouble bien étonnant rien qu’à l’idée de descendre le rejoindre.
Comme ma grand-mère me manquait … Son expérience de la vie, sa sagesse, son regard acéré sur nos semblables m’auraient été d’une si grande aide.
Prenant mon courage à deux mains, je sortis de la chambre et descendis doucement les escaliers. Mes pieds nus ne faisaient aucun bruit sur les marches en marbre de sa magnifique villa. Le soleil entrait partout dans le hall par de larges baies vitrées donnant sur le parc. Je voyais Baracka et les chiots courir, sauter, se poursuivre pour finir par se rouler dans l’herbe drue.
Je me sentais si rassurée d’être là, après toutes ces épreuves.
Je l’aperçus dans un fauteuil face à la cheminée et mon cœur un instant s’arrêta de battre. Il me tournait le dos, visiblement plongé dans des dossiers qu’il étudiait avec concentration. Je respirai un grand coup et entrai dans la pièce. J’avais cru ne faire aucun bruit et pourtant il se retourna vers moi. Ses yeux pétillaient de joie et un grand sourire illuminait son visage.
« Neri, j’ai cru que tu ne te réveillerais jamais. Tu as bien dormi j’espère »
Je m’approchai de lui et l’embrassai sur la joue avec un air dégagé.
« Merveilleusement bien DonPhilippe, merci »
Une délicieuse odeur de café et de pain grillé arrivait de la cuisine.
Je m’approchai de la machine à café et me servis une tasse.
« Tu en veux une aussi ? »
Il hocha silencieusement la tête, me regardant comme s’il ne m’avait jamais vue encore. Baissant les yeux sur ma tenue, je réalisai brusquement que je n’avais plus rien à me mettre en dehors de cette chemise qui me faisait ressembler à Simplet.
Je le regardai d’un air gêné et lui demandai :
« Est ce que je pourrai téléphoner tout à l’heure, Je n’ai plus rien à me mettre et cette tenue n’est pas vraiment adaptée. J’aimerais passer une commande si ça ne t’ennuie pas »
Il me regarda sérieusement « Je t’ai dit que tu étais ici chez toi, tu peux tout faire sans me demander l’autorisation. » puis prenant un air amusé il ajouta: « Elle te va très bien cette chemise, tu es très … sexy … »
Il vint s’installer à côté de moi, prit sa tasse tandis que je mangeai en silence, consciente des regards furtifs qu’il posait parfois sur moi.
Je me levai pour laver ma tasse et la ranger puis je pris le téléphone. Appelant la boutique chez qui je m’habillais habituellement je commandai quelques tenues simples et confortables et demandai qu’on me les livre de toute urgence.
« Je vais prendre une douche, ça ne t’ennuie pas d’attendre le livreur, il ne tardera pas je pense »
« Bien sûr que non » me répondit-il en se resservant une tasse.
Je remontai et pris une douche bien chaude comme je les aime.
J’entendis un coup de sonnette, des pas montant dans ma chambre puis redescendre.
Sur mon lit étaient déposés quelques paquets. Je les ouvris et rangeai dans l’armoire les quelques affaires que je venais de recevoir, Puis choisis un jean et une chemise.
Je m’habillai rapidement, sans même jeter un œil au miroir, enfilai une paire de bottes en cuir retourné et descendis sans plus tarder.
DonPhilippe m’attendait dans l’entrée. Son regard me suivait tandis que je descendais les marches et je crus y lire de l’admiration. Mais je me trompais certainement, ma tenue n’avait vraiment rien d’extraordinaire …
« Je suis prête si tu veux, on peut aller chercher mes affaires, je suis désolée de te mettre en retard pour ton travail. »
« Ne t’inquiète pas » me répondit-il en souriant.
« J’ai tout mon temps, je ne travaille pas ce matin, je peux te consacrer toute ma matinée, enfin, ce qu’il en reste … » ajouta-t-il en se moquant gentiment de moi.
Et me prenant le bras, il m’entraina dans sa voiture.
Le trajet jusqu’à mon ancienne maison ne prit pas très longtemps, nous discutions tranquillement de choses et d’autres tandis que les chiots et Baracka faisaient les fous sur la banquette arrière.
DonPhilippe faisait tout pour me changer les idées et je lui en étais reconnaissante. C’était un moment difficile pour moi et je ne savais toujours pas si je prenais la bonne décision.
Un tas de caisses nous attendait devant le portail.
En un rien de temps, nous chargeâmes ces quelques affaires puis rentrâmes rapidement.
Il m’aida à décharger la voiture puis me laissa seule à la maison tandis qu’il se rendait à son travail.
Je regardai avec tristesse le peu qu’il restait de mon ancienne vie. Quelques babioles sans importance, quelques vêtements, quelques livres auxquels je tenais particulièrement et les petits trésors de mon passé. Il s’agissait de petites statuettes que j’avais sculptées, bien avant mon arrivée en ville, du temps où je vivais seule encore dans ma forêt.
L’une d’elle représentait Tagora. Je la sortis de sa caisse avec précaution et la posai sur la table de nuit de ma chambre. La contempler me plongeai toujours dans un état indéfinissable, partagée entre désespoir insondable, remord et rappel de moments heureux.
Une autre était le seul souvenir qu’il me restait de ma grand-mère, un profil maladroit qui voulait la représenter et que j’avais façonné peu avant mon départ du village. Il était fort mal réussi mais j’y tenais malgré tout.
Je rangeai rapidement tout le reste de mes affaires puis redescendis m’asseoir devant la cheminée pour tenter de faire le point sur mon avenir.
Tout d’abord je devais retrouver un logement. J’attrapai sur le bureau de DonPhilippe une feuille de papier et un stylo pour noter tout ce que je voulais faire dans l’après-midi.
En premier lieu, je devais acheter un carnet, j’avais vraiment du mal à m’en passer.
Puis aller dans une agence immobilière et déposer une nouvelle demande de location pour mon ancienne maison. J’appellerai le propriétaire avant de partir pour la lui annoncer. J’espérais qu’elle serait encore libre. Je m’y étais beaucoup plu, j’avais commencé à la faire mienne avant ce fâcheux événement. Tiens… j’avais dit fâcheux, hier encore j’aurais dit dramatique …
La vie reprenait décidément le dessus.
Je voulais ensuite me rendre au CIPE pour chercher un nouvel emploi. J’envoyai tout d’abord un message à mon ancien employeur pour le prévenir, vendeuse à nouveau chez Deadly Sins me conviendrait bien d’autant que j’y retrouverais DonPhilippe…
Je sortis d’un pas décidé et expédiai en vitesse toutes ces formalités qui marquaient mon nouveau départ dans la ville.
Sur le chemin du retour, je m’arrêtai au supermarché proche de ma nouvelle demeure et achetai de quoi préparer le repas de ce soir.
Cuisiner pour deux, voilà qui était nouveau pour moi…
DonPhilippe serait peut-être heureux de trouver le repas prêt à son arrivée. Je voulais le croire en tout cas.
J’avais choisi de faire un gratin dauphinois, le plat que me préparait toujours ma grand-mère lorsque j’étais un peu triste. Il avait le don de me redonner le moral.
Je n’étais qu’une piètre cuisinière mais j’étais décidée à faire des efforts pour remercier DonPhilippe de tout ce qu’il faisait pour moi.
Etait-ce juste de la reconnaissance d’ailleurs … Ou tout simplement l’envie de partager un moment heureux avec lui.
Arrivée à la maison, je trouvais deux messages qui me donnèrent le sourire. J’avais récupéré mon ancien logement et Linky m’avait engagée à nouveau dans sa boutique. Qu’il était bon de savoir que je n’étais pas oubliée de mes amis.
Je sortis de mon sac la bouteille que je venais d’acheter pour la mettre au frigo. Je voulais fêter ces bonnes nouvelles avec DonPhilippe et je croyais savoir qu’il aimait particulièrement le champagne. Je préparai ensuite mon gratin et le mis au four, espérant secrètement que DonPhilippe ne tarderait pas trop.
Pour tromper mon impatience, je m’occupai de Baracka et des chiots, leur donnant leur côte à l’os habituelle, changeant leur eau, le regardant ensuite jouer dans le parc.
Mais sans arrêt, instinctivement, mes yeux se portaient sur la pendule puis sur ma montre puis à nouveau sur la pendule. Les aiguilles me paraissaient immobiles.
Je montai dans ma chambre et regardai dans la penderie la robe que j’avais commandée ce matin. Oserais-je la mettre ?
Je la retirai de son cintre et la plaquai devant moi, elle était si belle … Sa couleur s’accordait parfaitement à mes yeux. J’hésitai encore, la mettre ou pas …
J’entendis soudain le bruit d’une voiture dans l’allée et m’approchai de la fenêtre. C’était sa voiture bien sûr…
Avec un peu de regret, je raccrochai la robe dans la penderie et descendis en courant. J’avais juste le temps de regagner la cuisine.
Il entra peu après et m’appela du hall :
« Neri, tu es là ? »
Je sortis de la cuisine pour le rejoindre. Il était là, un énorme bouquet de roses à la main, l’air un peu emprunté comme s’il ne savait pas qu’en faire.
Je m’approchai de lui et pris le bouquet qu’il me tendait. Ma main effleura la sienne, je reculai précipitamment tandis que son regard toujours aussi énigmatique restait fixé sur moi.
« Elles sont magnifiques, merci DonPhilippe, tu es si gentil »
Il eut un petit sourire satisfait et m’entraina vers le séjour.
« Viens, je te donne un vase. »
S’arrêtant à la porte de la cuisine, il me regarda avec surprise.
« Tu as préparé le repas ? Quelle bonne idée, je meurs de faim … Mais d’abord, installe toi dans ton fauteuil, je te prépare un cocktail puis tu me raconteras ta journée. Je ne repartirai que tard au travail. »
« Attends, j’ai acheté du champagne, pour fêter mon installation et te remercier pour ta gentillesse, j’en prendrais bien une coupe pour changer. »
Il me sourit, alla chercher deux coupes dans le buffet en noyer qui trônait dans la salle à manger et partit à la cuisine chercher la bouteille, tandis que j’arrangeai les fleurs dans le vase qu’il m’avait donné.
J’allai ensuite m’asseoir dans le fauteuil que je m’étais approprié depuis mon arrivée.
Baracka me rejoignit, se coucha à mes pieds, DonPhilippe m’apporta une coupe dans laquelle le champagne pétillait doucement et m’embrassant sur le front me murmura à l’oreille :
« A toi … reste aussi longtemps que tu voudras ».
Je retins mon souffle, mais il se releva bien vite gardant pourtant les yeux plongés dans les miens. Je n’arrivais pas à détourner le regard quand Babar et Vodka entrèrent en courant dans la pièce pour sauter sur Baracka, bousculant au passage DonPhilippe qui manqua tomber et lâcha sa coupe qui se brisa sur le sol.
J’éclatai de rire et me levai pour ramasser les éclats de verre avant que les chiots ne se blessent tandis qu’il partait à la cuisine chercher de quoi éponger le champagne répandu.
La soirée passa si vite …
Je lui racontai mes différentes démarches, ma joie d’avoir retrouvé un travail, mes espoirs pour l’avenir. Il me parla à son tour de sa vie, son travail chez Deadly Sins, ses projets pour le futur. Il avait un solide sens pratique et semblait si sûr de lui.
J’aimais l’écouter raconter les anecdotes qui ponctuaient ses journées, les mille et une bêtises de Babar et Vodka. Je riais de ses plaisanteries et me laissais bercer par sa voix si douce et réconfortante.
Par moment, je me mettais à rêver, quelle pourrait être ma vie si je restais là, dans cette maison, près de lui. J’en avais tellement envie, je sentais mon cœur accélérer à cette idée.
Quand 23 heures sonnèrent à la comtoise du salon, il se leva.
« Il est temps que je retourne au travail. Repose-toi encore cette nuit, tu commenceras demain matin, Linky comprendra bien. Je t’attendrai et nous irons déjeuner ensembles. »
Il se leva, prit son manteau et après m’avoir jeté un dernier regard, sortit dans la nuit. J’entendis sa voiture s’éloigner puis le silence retomba sur la maison. Seul le bruit rassurant de la comtoise et les soupirs des chiots endormis, roulés en boule contre Baracka mettaient un peu de vie dans la pièce plongée maintenant dans l’obscurité.
J’avais éteint toutes les lumières. J’aimais cette pénombre tranquille de la nuit et m’approchant de la fenêtre, l’ouvris en grand. Du jardin montait le chant des grillons, les branches des grands chênes bruissaient sous le souffle d’un vent léger et des nuages masquaient par moment une pleine lune magnifique. Les parterres de fleurs multicolores, un magnifique chèvrefeuille planté non loin de la fenêtre, exhalaient un parfum grisant.
Je respirai à pleins poumons cet air doux et frais de la nuit, retrouvant un instant les sensations que j’éprouvais il y a si longtemps maintenant dans ma forêt, me remémorant avec émotion les longues promenades, les parties de chasse dans lesquelles Tagora m’entraînait les nuits de pleine lune.
Je refermai à regret la fenêtre.
Il était temps de tourner la page, d’oublier mon ancienne vie et d’aborder avec confiance celle qui s’ouvrait aujourd’hui.
Baracka leva la tête en me voyant passer devant elle, posa la patte sur les deux chiots endormis comme pour s’excuser de ne pas m’accompagner cette nuit. Je lui caressai la tête en passant :
« Reste avec eux, ne t’inquiète pas, on est en sécurité ici »
Je montai lentement les marches pour regagner ma chambre.
Ma décision était prise maintenant, je resterai.
Advienne que pourra …

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