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Mon histoire

Je m’appelle Neritheca, je suis Outrilienne.
Pour nous l’art de guérir est placé au dessus de tout, ma grand-mère était la meilleure guérisseuse de notre clan et elle m’a tout appris, je devais lui succéder…
J’ai eu une enfance heureuse, passant mon temps à courir dans les champs et les forêts, à me baigner dans les ruisseaux, à jouer avec les autres enfants du clan.
Mais ce que je préférais par-dessus tout c’était lorsque ma grand-mère m’emmenait avec elle pour ramasser des plantes médicinales. Elle m’apprenait à distinguer celles qui guérissent de celles qui tuent, me montrait où les trouver, quand les ramasser, comment les conserver, quelle partie de plante utiliser et pour quel usage.
Son savoir était immense, sa passion à guérir les gens et à les soulager de leur souffrance faisait d’elle la meilleure dans ce domaine.
Elle m’avait tout naturellement choisie pour lui succéder, sentant en moi la même passion de guérir que celle qui l’animait. Elle m’encourageait d’ailleurs à venir au secours de tout animal blessé, considérant que c’était pour moi la meilleure des formations.
Le premier animal que je ramenais était un jeune lièvre qui avait une patte arrière brisée, et ma fierté fut sans borne lorsqu’il repartit un mois plus tard en faisant de grands bonds dans la clairière…
Mais je fus aussi très malheureuse de perdre ce petit animal auquel je m’étais attachée.
Les années s’écoulèrent ainsi, au rythme d’enseignements qui me passionnaient, et des animaux que je ramenais pour les soigner… Des animaux de plus en plus gros...
Et un jour je recueillis un bébé panthère noire.

Elle était toute petite, à peine quelques jours, elle n’ouvrait même pas les yeux, sa mère avait disparu, je l’avais trouvé seule criant sa détresse dans sa tanière.
J’étais restée plusieurs heures dissimulée, attendant de voir si sa mère finirait par revenir. Le soir venu j’avais regagné la maison en laissant la petite panthère toujours seule. Mais dès le lendemain j’y retournais, le bébé était toujours là mais il n’avait même plus la force d’appeler. Je ne pouvais pas la laisser ainsi, je l’emmenais donc avec moi.
Mon retour au village provoqua un scandale.
Que je soigne des animaux blessés pour apprendre à soigner plus tard mes semblables, passe encore mais de là ramener une panthère !
Ma grand-mère voulut m’expliquer que c’était la loi de la nature, ce bébé avait perdu sa mère, l’ordre naturel voulait qu’il meure aussi, nous n’avions pas à intervenir, tout comme parfois nous ne pouvions pas soigner certaines maladies.
Mais je tins bon et refusai de laisser mourir cette belle petite panthère.
Je la nourrissais, la soignais, l’aimais …Je devins sa mère et elle fut comme ma fille… Tagora, ma belle panthère …
Nous grandissions ensemble, ma grand-mère ayant renoncé à essayer de me séparer d’elle et je continuais mon apprentissage auprès d’elle.
Mais au village la désapprobation était de plus en plus forte.
Il faut dire qu’une fois adulte Tagora se révéla une magnifique panthère noire, d’une taille impressionnante, ce qui n’était pas pour rassurer les villageois. Pourtant elle ne se montra jamais agressive, évitant même de se rapprocher du village, préférant la forêt où nous nous retrouvions souvent, nous étions inséparables…
Six années heureuses passèrent, six années d’insouciance et de bonheur …
Jusqu’au jour où je fus réveillée par des rugissements de douleur.
Je me précipitai dehors, elle était là, se traînait vers moi, m’appelant dans sa détresse, une flèche fichée dans le poitrail. Déjà ses beaux yeux verts se voilaient, je me jetais sur elle, je l’enlaçais, elle posa sa tête sur mon épaule, rugit une dernière fois et ferma à jamais les yeux. Elle avait eu tout juste la force de se traîner jusqu’à moi pour me dire adieu ….
Je hurlais ma douleur ! Je hurlais ma colère !
Cette flèche qui l’avait tuée, c’était une des flèches du village ! J’étais trahie par les miens ! Elle était sans défense, ne se méfiant pas de nous, elle nous considérait comme sa famille, et quelqu’un avait profité de sa confiance pour l’abattre !
Mais qui ? Qui …
Ma rage effraya les villageois qui s’étaient rassemblés, attirés pas mes cris, ma grand-mère tenta de me calmer…
Je ne peux pas, je ne veux pas, je ne veux plus …
Je les regardai tous et vis que jamais je ne connaitrais la vérité.
C’était l’année de mes 18 ans, je devais devenir leur guérisseuse à la fin de l’année et je les hais tous.
Plus jamais ça …
Je rentre dans la maison, prends mes quelques affaires.
Passant à coté du corps de mon amie j’extrais la flèche et la brandit devant tout le village effrayé, atterré :
« Je n’oublierai jamais … »
Et leur tournant le dos, me chargeant du corps de ma belle amie,les yeux pleins de larmes, la haine au cœur, je les abandonne …
J’erre longtemps, m’éloignant le plus possible des miens pour rejoindre la clairière que nous aimions tant et je l'y dépose.
Mais je ne veux plus de ce monde, je ne veux plus de l’injustice, je me jure une chose, je la vengerai en vengeant les innocents, en punissant tous les lâches qui choisissent de s’attaquer à plus faible qu’eux.
Cette flèche qui l’a tuée tuera les traîtres et les assassins.
Je connais les plantes, je guérirai les faibles et les innocents et j’empoisonnerai les coupables…
Sans pitié …
Cela fait deux ans que j’ai pris cette décision, vivant seule dans la forêt, coupée des miens à tout jamais, uniquement entourée des animaux que je continue à soigner. Eux seuls savent me donner l’amour que je recherche et la paix à laquelle mon cœur aspire.
Cependant aujourd’hui, au détour d’un chemin, alors que je ramassais des plantes pour confectionner mes remèdes, je me suis trouvée face à une elfe magnifique.
Je suis Eledhwen, me dit-elle, et je suis une sorcière.
« Je connais ta douleur, et je sens la colère qui gronde en toi.
Je veux t’aider, tu le mérites. Malheureusement, jamais tu ne trouveras la paix dans ce monde.
Mon peuple, par mon intermédiaire, a une proposition à te faire. Je connais un moyen de te faire traverser les siècles. Tu te réveilleras dans un autre monde, un monde plus évolué que celui-ci mais encore plus traître aussi.
La mission que tu t’es confiée, tu la rempliras dans une ville corrompue, nommée Dreadcast, où les faibles souffrent et où les brigands tuent et volent en toute impunité. C’est là bas que tu réussiras à redonner un but, un sens à ta vie.
Sache seulement qu’il n’y a aucun retour possible, tu perdras tout, et tu ne reverras jamais ta grand-mère.
»
  • « J’ai déjà tout perdu, seuls les animaux qui m’entourent me manqueront … »
  • « Alors bois ça. »
Prenant la coupe qu’elle me tendait, jetant un dernier regard autour de moi pour ne rien oublier de ce qui avait été ma vie jusqu’alors, les yeux plongés avec confiance dans les siens je bus tout le breuvage jusqu’à sa dernière goutte et sombrai rapidement dans l’inconscience.
A mon réveil, je me suis trouvée aux portes d’une ville telle que je n’en ai jamais vue, une ville immense…
Une nouvelle Neritheca venait de naître...
J'allais franchir des portes m'offrant une nouvelle vie.
Une page douloureuse était tournée, une autre allait s’ouvrir…

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le passé
27 Mars 2012
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