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Retour à la vie

Je retrouvai avec plaisir ma maison.
Tout était encore en place, comme si rien n'était jamais arrivé, un rêve, un cauchemar plutôt ... Baracka aussi paraissait heureuse d'avoir réintégré les lieux, elle parcourait la maison en tout sens comme pour y retrouver une trace, une odeur étrangère qu'elle devrait dorénavant reconnaitre pour nous prémunir de tout danger.
Je fis le tour avec elle, la maison était si grande isolée aussi et une sourde angoisse se tapissait toujours au fond de mon coeur.
Arriverais-je jamais à m'en débarrasser ?
Tout paraissant normal, je finis par me détendre et j'allai chercher dans la réserve attenante à la maison, quelques bûches et du petit bois pour tenter de réchauffer l'atmosphère. Le feu démarra tranquillement et bientôt une douce chaleur monta dans la maison. Les flammes répandaient une belle lumière, projetant des ombres mouvantes sur les murs et les meubles m'entourant.
Quelques bougies éclairaient la pièce où je me tenais, assise face à la cheminée. J'étais sur le point de m'assoupir quand Baracka me rappela à l'ordre en feulant doucement.
Il est vrai que je l'avais négligée ces quelques heures durant et elle paraissait affamée. Je me levai péniblement, tout mon corps était encore douloureux et le moindre mouvement me rappelait les épreuves endurées la veille.
Le frigo était encore plein et je préparai la gamelle de ma belle amie qui se jeta goulûment sur son contenu.
Puis elle me manifesta son désir de sortir, probablement pour chercher quelques menues proies en guise de dessert ...
Je lui ouvris la porte, elle sortit de son pas tranquille, toujours à l'affût, cherchant dans la nuit les odeurs qui allaient la guider vers une malheureuse victime.
Elle se retourna vers moi, me donna un grand coup de tête affectueux comme pour me remercier d'avoir repris courage et disparut dans la nuit.
Je rentrai, regrettant déjà son absence. La solitude me pesait tant maintenant...
A nouveau sans appétit, je me dirigeai vers la pile de courrier qui s'était amoncelée depuis la veille et m'apprêtai à ouvrir la première enveloppe lorsque le téléphone se mit à sonner.
Une belle voix douce, que je reconnus sans hésitation fit bondir mon coeur.
Mon bel inconnu, DonPhilippe ainsi s'était-il présenté à moi, me proposait de partager avec lui son diner tout simple dit-il... Des macaronis au jambon, gratinés au four.
Une vague de souvenirs déferla sur moi. C'était mon plat préféré, celui que me préparait ma grand mère il y a si longtemps, aux temps heureux qui précédaient mon arrivée dans cette ville.
Ma grand-mère, Tagora ...
Soudain anéantie de douleur, de tristesse, je restai silencieuse.
" Neri ? Tu es toujours là "
Sa voix inquiète, un peu hésitante comme s'il craignait d'avoir été trop téméraire, me ramena à la réalité et c'est avec un ton plus assuré, plus dégagé, que je finis par accepter son invitation.
Il me donna son adresse et je promis de l'y rejoindre au plus tard dans deux heures.
Je me précipitai dans la salle de bain, toute joyeuse à l'idée de ne pas passer cette soirée seule et encore étonnée de la rapidité avec laquelle j'avais accepté son invitation. Un presqu' inconnu ...
Et pourtant, inexplicablement, tout en moi rêvait de continuer à faire sa connaissance, une confiance venue d'on ne sait où, un trouble qui m'envahissait au souvenir de son regard, de sa voix...
Je restai un long moment dans un bain brûlant comme je les aime, délassant mes membres encore endoloris. Puis je m'habillai avec soin, sans aucun maquillage, artifice que je n'ai jamais utilisé ni dans ma forêt bien sûr ni même depuis mon arrivée à Dreadcast.
Je renonçai aussi à discipliner mes cheveux encore mouillés, ils n'en feraient de toute façon qu'à leur tête une fois sortie dans la nuit humide pour rejoindre la maison de DonPhilippe.
J'enfilai ensuite mon manteau et sortis, sifflant Baracka pour qu'elle me rejoigne et m'accompagne.
Elle fut bien vite à mes côtés et d'un pas rapide nous remontâmes les rues pour arriver peu après devant une belle villa. Je vérifiai l'adresse, griffonnée rapidement sur une feuille. C'était bien là.
Prenant mon courage à deux mains, le coeur battant la chamade, j'appuyai sur la sonnette.
L'interphone grésilla.
" Neri ?"
Prenant une voix faussement assurée je répondis
" Oui, c'est moi, je suis un peu en avance peut-être ..."
" Pas du tout, entre vite "
Et le portail s'ouvrit devant moi tandis que je distinguai un peu plus loin, sa haute silhouette qui m'attendait.
En quelques pas, je fus à ses côtés et je ressentis à nouveau cette paix, cette confiance qui m'avait envahie lors de notre première rencontre. Inexplicablement, Baracka poussa comme un ronronnement à sa vue. Je la regardai, étonnée, elle fixait sur lui ses yeux verts et semblait subjuguée elle aussi.
Il me prit par le bras et m'entraina rapidement à l'intérieur.
Un adorable chiot me regardait approcher et je retins Baracka, inquiète de sa réaction. Le chiot s'approcha et ignorant toute peur, inconscient probablement vu son jeune âge, lui donna un grand coup de langue sur le nez en aboyant joyeusement. Baracka parut interloquée et j'éclatai de rire à la voir aussi surprise.
Puis il partit en courant, Baracka sur ses talons et tous deux se roulèrent comme des fous sur le beau tapis installé devant la cheminée. Ils repartaient ensuite, traversant la maison à grand bruit, en une cavalcade effrénée pour revenir sans cesse sur le tapis devant la cheminée. Ils s'endormirent soudain, lassés de leurs jeux, serrés l'un contre l'autre, Babar agitant comiquement ses petites pattes de bébé comme s'il continuait à jouer en rêve, Baracka, une patte posée sur son cou comme pour le protéger.
Je levai les yeux vers DonPhilippe qui paraissait aussi amusé que moi.
" Il s'appelle Babar et je viens juste de l'adopter, je suis heureux qu'ils s'apprécient, ce sera une bonne occasion pour se revoir "
Il se tut soudain, regrettant sans doute son audace mais je le rassurai d'un sourire. Il m'entraina dans le salon avec, semble-t-il, un léger soupir de soulagement.
Dans le séjour, de hautes flammes s'élevaient dans la cheminée, la table était mise avec raffinement, une odeur délicieuse venait de la cuisine.
DonPhilippe revint avec deux verres de cocktail de pamplemousse.
" J'ai cru remarquer que c'est ce que tu aimais " me dit-il.
" C'est vrai, on dirait que tu lis en moi"
Je m'installai dans le fauteuil qu'il venait de m'installer devant la cheminée et le regardant en souriant à nouveau, lui demandai de me raconter sa journée.
Il s'anima et me conta avec force détails ses démarches pour trouver du travail, avec humour la perte de son carnet que je lui avais offert peu avant avec sensibilité et finesse son regard sur la ville et les questions que cela lui posait .
Je ne me lassais pas de l'écouter, il avait un véritable talent de conteur.
Un vrai talent de cuisinier aussi, son repas était délicieux, le meilleur que j'avais mangé depuis bien longtemps.
Le temps passa sans que je m'en rende compte tant je me sentais bien.
Si vite, trop vite ...
Regardant la belle pendule à balancier au doux tic tac, je me levai et annonçai mon départ. Je cru lire comme un regret dans ses yeux mais il se leva à son tour et me tendant mon manteau, m'accompagna jusqu'à la porte.
" Merci pour cette belle soirée DonPhilippe, il y a bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé "
Il parut sur le point de dire quelque chose mais se ravisa. Je lui déposai un léger baiser sur la joue et tournant rapidement les talons pour qu'il ne voie pas mon trouble, remontai l'allée pour rentrer chez moi.
Je crus entendre " Reviens vite" mais peut-être était-ce seulement le vent qui agitait les branches des grands chênes qui bordaient l'allée...

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le passé
28 Mars 2012
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