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La mort à nouveau

Quelques jours étaient passés ...
Certains souvenirs s'estompaient, d'autres restaient dans mon esprit, plus forts que jamais.
Ceux de mon récent assassinat disparaissaient progressivement, la journée tout du moins, occupée que j'étais dans mon nouveau travail. J'étais retournée chez Sins Counter et j'y avais retrouvé des amis qui peu à peu m'aidaient à oublier.
Mes journées étaient rythmées par les heures passées dans le hall d'enchères où je travaillais comme vendeuse et celles qui me conduisaient au CIE pour reprendre des cours de combat et de tir.
Je n'ai jamais aimé ces cours et ils me pesaient d'autant plus que j'avais pu constater qu'ils ne m'aidaient en rien face à un agresseur tel que celui à qui je venais d'avoir à faire.
Je détestais cette atmosphère bruyante, malodorante et plus que tout cette promiscuité avec des gens dont le seul désir était de progresser pour tuer le maximum de leurs semblables. Les armes me faisaient horreur et j'étais bien décidée à ne jamais en acquérir, quitte à mourir une nouvelle fois.
Quant aux cours de combats, c'était encore pire, je ne supportais plus que quiconque m'approche ni porte la main sur moi.
Mes nuits, elles, étaient peuplées de cauchemars où je revivais ce lâche assassinat, qui me tenaient ensuite éveillée, des heures durant, assise dans mon lit, tremblante et en larmes. Baracka se pressait à mes côtés, sentant ma terreur et tentant de me rassurer par de longs coups de langue et force ronronnements et coups de tête affectueux.
DonPhilippe prenait régulièrement de mes nouvelles avec une attention qui me touchait plus que je ne voulais me l'avouer. Il se comportait toujours avec une gentillesse et une courtoisie à nulle autre pareille, mais toujours avec retenue ce qui me laissait supposer que je n'étais pour lui qu'une amie de qui il avait envie de prendre soin, par pitié peut-être, un peu comme un grand frère le ferait d'une soeur pas suffisamment raisonnable pour vivre sans conseil dans cette ville cruelle.
Il me proposait parfois, pas assez souvent cependant selon mon coeur, de passer juger de ses talents culinaires. J’aimais tant ces moments privilégiés où nous parlions de choses et d’autres, de tout et de rien, de notre travail, de nos goûts, assis devant sa cheminée, un verre de cocktail à la main, suivant en riant les mille facéties de Baracka et Babar, auquels s’était jointe depuis peu une adorable petite chienne prénommée Vodka. Tous trois formaient une si joyeuse bande.
J’acceptais bien entendu avec joie mais ces moments étaient douloureux aussi tant il pouvait parfois être était distant, timidité, indifférence, je n’arrivais pas à faire la part des choses aveuglée que j’étais par ce sentiment qui grandissait au fond de mon cœur et que je voulais ignorer par crainte de souffrances encore plus grandes.
La vie reprenait donc peu à peu son cours.
J’avais déposé une nouvelle candidature auprès de notre PCI pour le poste de DI du CIPE et j’attendais la réponse du conseil à la fois avec angoisse et impatience.
Lorsque ma demande se fut vue acceptée et mise aux voix, je sautai sur mon téléphone pour annoncer cette bonne nouvelle à DonPhilippe.
« Tu fais comme tu veux Neri » me dit-il, mais je sentais bien à son ton que je l’avais à nouveau déçu.
« Tu sais que c’est dangereux et que tu n’es peut-être pas suffisamment prudente pour ce genre de poste, mais fais comme tu le sens »
Je me sentis glacée par son ton, j’avais tant besoin de son avis, de son soutien, de son approbation surtout, de le savoir à mes côtés aussi.
« Viens ce soir si tu veux, nous en parlerons et je te préparerai des macaronis au fromage et jambon comme tu les aimes »
Sa voix avait changé à nouveau, tendre et attentive. Je sentis fondre tous mes doutes et raccrochai après lui avoir promis de passer.
Peu après, à ma grande joie, je reçus le message m’annonçant mon élection au poste que je convoitais. Me remémorant les consignes de prudence que mes amis m’avaient maintes fois répétées, je me mis en route pour rejoindre mon nouveau poste.
Les messages de félicitations se succédaient, aucun cependant de DonPhilippe …
Je me lançai avec enthousiasme dans mes premières démarches, prenant ainsi possession du poste qui m’avait été attribué, reconnaissante de la confiance que Saizo et les conseillers m’avaient accordée.
Les heures filèrent sans que je m’en rende compte, j’étais à nouveau imprudente.
« Ne restez pas trop longtemps dans votre direction » m’avait dit un ami très cher et de très bon conseil.
Il était si tard déjà et DonPhilippe devait m’attendre.
Je pris mon manteau, sortis en courant et remontai les rues le plus rapidement possible. Je voulais passer chez moi me changer et surtout prendre Baracka qui se ferait une joie de retrouver ses deux amis.
J’arrivai enfin devant la maison, composai rapidement le digicode et m’engouffrai dans le hall en appelant Baracka.
Seul le silence me répondit et le bruit de mes pas dans la grande demeure glaciale. Un courant d’air faisait voler les rideaux. J’appuyai sur le commutateur pour éclairer la pièce et vérifier la cause de ce courant d’air, j’étais pourtant sûre d’avoir fermé toutes les fenêtres.
Rien …
Au fond de la pièce j’aperçus soudain comme une ombre, quelqu’un était là, tapi dans la nuit à l’affût de mon retour.
Comment était-ce possible ?
Un ronflement s’éleva soudain, un rougeoiement apparut au bout d’un tube tenu par l’ombre que je distinguais maintenant un peu mieux, mes yeux s’habituant enfin à l’obscurité.
Le ronflement toujours plus fort me tétanisa.
Fuir, il fallait fuir …
J’en étais incapable, une force incompréhensible me paralysait.
Baracka apparut soudain à mes côtés le poil hérissé, prête à bondir sur l’inconnu. Elle grondait et bandait tous ses muscles pour me défendre.
Je la retins et lui criai
« Non Baracka, cours … Va chercher DonPhilippe ! »
Se tournant vers moi, elle hésita un moment puis partit.
Je ne voulais pas qu’elle meure, tout mais pas ça… pas elle …
Quant à moi, j’étais prête maintenant …
Des coups s’abattirent soudain sur moi, partant d’on ne sait où et brutalement, dans un hurlement terrifiant, une flamme immense sortit de la bouche qui me faisait face.
Tout mon corps s’embrasa, la douleur qui m’envahit fut si intense que je sombrai rapidement dans une inconscience bienfaisante.
Ma dernière pensée fut pour DonPhilippe qui m’attendrait vainement ce soir …
Et pour Baracka qui trouverait auprès de lui, de Babar et de Vodka une nouvelle famille.

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le passé
28 Mars 2012
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