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EDC de Lucian

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Noces Funèbres

On dit que le mariage est un commencement.
Pour moi, ce fut deux fins.
Et deux fois, je me suis retrouvé seul à genoux, à supplier les murs de ne pas s’effondrer avec moi.
Kadath, le seul avant tous les autres. Avec ses yeux tels des puits noirs insondables et profonds et sa voix grave, rauque, venue des entrailles d'un monde que je n'ai jamais su apprivoiser. Quand il m'appelait Cian j'avais l'impression que le smog se pliait.
Il croyait être mon unique, et il l’était… jusqu’à Rem. Quand j’ai aimé Rem, je ne l’ai pas moins aimé lui. Je pensais qu’aimer deux hommes, c’était multiplier l’amour mais Kadath y a vu une division.
Je me souviens…

Il a dessiné un K au couteau, juste au-dessus de ma cuisse,en preuve que j’étais à lui, même en son absence.
Il m’a laissé une alliance au doigt et il m’a marqué au fer de son absence, un sceau de douleur et de promesse.
Il avait dit maximum un an. Je l’ai épousé avec la foi d’un amour qui résiste au froid, au vide, au temps. Ça fait sept ans et je l’attends toujours comme un veuf qui refuse d’admettre la mort.
Ma nuit de noces, je l’ai passée seul dans cette grande maison silencieuse.
Les draps du lit étaient froids, comme si lui aussi y avait été cryogénisé. Je n’ai rien su faire d’autre que hurler en silence. Je suis mort, un peu, cette nuit-là.
Mais j’ai continué, je me suis relevé et quelque part dans l’effondrement, il y avait Rem, mon démon de luxure à la beauté insolente, aux yeux d’argent et au cœur fêlé.
Je l’ai aimé à en perdre Kadath, je l’ai aimé à en saigner de culpabilité. Et ce fut mon crime, mon tourment, mon refuge. Il m’a aimé alors que j’étais à moitié vide, à moitié mort et pendant tout ce temps, son rêve à lui, c’était de m’épouser.
On s’aimait comme deux incendies, de ceux qui savent que l’amour, c’est parfois plus cruel que la guerre.
Il m'avait quitté puis était revenu, avec une bague que je n'ai jamais vue. Alors c’est moi qui lui ai demandé, encore. Comme une malédiction, comme si mon amour ne savait exister que dans l’adieu.
Il m’a regardé en attachant un fil rouge à mon poignet de ses doigts tremblants. Un fil pour dire : je t’aime, mais je pars.
Je lui ai dit que je l’aimais, comme on laisse partir un dernier souffle avant de se noyer. Puis il est parti. Pas le lendemain, le jour même, vers l’Empire, vers un rêve où je n’étais pas. Sans nuit de noces, sans main à tenir, juste un "je dois y aller".

Cette nuit-là, je suis rentré seul, encore. Et cette maison, si grande, si vide, m’a avalé tout entier. Il n'y avait pas de draps froissés, pas de rire, pas de main dans la mienne, juste le vide. J'en arrivais à rêver d'une pluie de boulons.
Et me voilà assis dans cette maison magnifique, vide de sens avec des souvenirs mais pas la chaleur, pas la voix de Kadath qui me disait "je reviens.", pas les yeux argentés de Rem qui brillaient quand il riait encore à mes côtés.
Je suis là, debout, riche, magnifique, peut-être mais détruit et sans âme. Là à caresser les murs qui me renvoient l’écho d’un bonheur que je n’ai jamais vraiment eu, à me dire que peut-être, je ne valais pas qu’on reste.
Et il ne reste de moi que ça :

Une alliance à l'annulaire
Un fil rouge au poignet
Une cicatrice à la cuisse
Un cœur qui ne sait plus s’il bat ou s’il saigne.
Je me suis marié deux fois et deux fois, on m’a dit "je t’aime" avant de disparaître.

Aujourd’hui, je suis l’homme aux noces funèbres, celui qu’on épouse pour mieux fuir.

◊ Commentaires

  • Stellijah (372☆) Le 23 Avril 2025
    {♥}

  • Asrunn (65☆) Le 25 Avril 2025
    ... à ce qu'il parait, demain est un autre jour.
    courage

  • Ipomée (156☆) Le 28 Avril 2025
    jette des boulons comme une vague de souvenirs salés mais joyeux. Pour espérer que la nuit sera plus douce malgré les larmes à l'âme
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