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EDC de 25968

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VII - A mi-chemin

Une vague de joie sans nom s’empara de Lennid qui, du haut de son échelle hurla sa joie, sa délivrance. Il lâcha prise et se laissa tomber, euphorique, sur le tas de grain déjà accumulé en-dessous de lui. Il nageait en plein rêve, sentait pour la première fois de sa vie l’espoir envahir tout son être. Sa chute fut amortie par la montagne de céréales et il roula en riant jusqu’au bas de la pente molle et pleine des promesses d’un avenir meilleur. Arrivé en bout de course, c’est à peine s’il remarqua le morceau de ferraille qui déchira sa combinaison et effleura jusqu’au sang sa cheville. Il restait là, plusieurs minutes, les yeux embués par l’émotion, à plat ventre, jouant à faire s’écouler l’avoine entre ses doigts gantés. Il était prêt à entrer au Guinness Book avec à son actif le plus énorme porridge du monde.
Il se redressa enfin de toute sa hauteur et sentit en lui circuler un souffle nouveau, le souffle de l’honneur retrouvé, celui de héro de l’humanité. Et même si, curieusement, sa cheville lui faisait mal, il emplit son sac à dos de grain et retourna fièrement jusqu’au grand hall. Il imaginait déjà l’accueil triomphal que lui réserveraient les siens dans quelques jours.
Certes, il méritait bien le statut du plus grand renifleur de la planète, certes il avait décroché la timbale. Bien vite pourtant, il fut ramené à la dure réalité : la fatigue accumulée, le lourd sac de grain sur son dos, sa cheville éraflée qui enflait étrangement, le soleil de plomb à l’extérieur de la caverne, les trois jours d’eau qu’il lui avait en réserve pour un périple de quatre… Mais il avait déjà trop accompli pour flancher maintenant. Pour reprendre la route avec le maximum de chances de son côté, il se délesta de toutes ses affaires inutiles, ne conserva que le sac de céréales, sa combi antiradiations, sa réserve d’eau et une petite pelle afin de pouvoir s’ensevelir dès que le soleil montait dans les cieux.
Il traversa le grand hall, celui jonché des squelettes de quadrupèdes et ressortit de la caverne. Il faisait encore nuit. Il pensa à sa femme, à son fils, à sa famille, à son clan. Ils avaient besoin se lui, il était leur espoir et leur guide. Ca n’avait pas été facile de les laisser derrière lui dans la ville morte, de partir en éclaireur, mais il avait dût le faire. Avec eux, il aurait été ralenti, il n’aurait pas pu se laisser gouverner par son instinct, pas pu faire de choix, ni prendre de risques. Avec eux, jamais il n’aurait découvert cette manne inespérée. Là-bas il restait de l’eau potable mais plus rien à manger. Ici il y avait toute la nourriture du monde, mais rien à boire. Entre les deux, quatre jours de désert.
A chaque pas de plus en plus douloureux, il prenait conscience que quelle de fût l’énormité de sa découverte, il n’avait pour l’instant rempli que la moitié de sa mission. Avant que le soleil ne se lève, lentement, il s’éloignait des greniers. Il boitait.

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