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EDC de 25968

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I - Aux deux frangins

Comment faire en ces temps-là pour vivre une vie d’homme ?
Les spasmes qui secouaient de plus en plus régulièrement la surface de la planète étaient le signe avant-coureur de la fin de l’Humanité. C’était peu de temps avant le Grand Chaos, mais déjà la Nature avait commencé à régurgiter l’Homme. Elle réagissait enfin au poison qu’elle avait trop longtemps laissé se développer. A coups de tsunamis, de glaciations, de virus, de monoxyde de carbone, Elle expectora la race humaine comme un chat se débarrasse d’une boule de poils.
Bientôt, la masse des sinistres bipèdes se retrouva réduite à une portion congrue. Et pourtant, bien que mises devant le fait accompli, jamais les orgueilleuses créatures ne reconnurent la moindre once de responsabilité dans leur funeste destin, elles mirent cela sur le compte des politiciens, des économistes, des chefs religieux, et de la fatalité.
Il ne resta bientôt au milieu des ruines de leur soi-disant « civilisation » qu’une poignée de tribus affamées qui continuaient de se prendre chacune pour le centre de l’Univers et se livraient entre elles une incessante guérilla – pathétique et ultime représentation de ce qu’ils appelaient l’Intelligence de l’Homme.
Deux frères plus orgueilleux encore que la moyenne continuèrent la lutte face à la puissance supérieure des éléments et bâtirent l’Imperium de Dreadcast. Ils y cultivèrent un nouveau modèle de société tout aussi absurde que le précédent, basé sur la futilité technologique, les armes et les castes. Mais créèrent toutefois ainsi le seul ilot de civilisation parmi les continents désertiques quasiment invivables.

Lennid n’avait jamais vu Dreadcast. Pour lui c’était une fiction, un conte pour enfants, une superstition destinée à entretenir le complexe de supériorité de sa race, ou à les rassurer devant leur effrayante solitude, devant leur indéniable fragilité – celle de la poignée de clans de l’extérieur.

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