Recherche

EDC de 25968

Bienvenue sur les EDCs de Dreadcast
Vous trouverez ici tous les articles rédigés par 25968

Cacher

Quoi, ma gueule ?

Renaître ainsi dans un nouveau corps n'était pas sans conséquence néfaste sur le psychique, d'autant que l'enveloppe en question n'était pas des plus banale.
La notion commune d'androïde renvoie en fait à pas mal de réalités différentes. Cela commence pour certains au 100% électro-mécanique, pour aller jusqu'au 95% organique avec un oeil en verre. Toujours est-il que lorsque l'on n'a pas vécu dans la peau d'un droïde on ignore tout du racisme dont ils peuvent faire l'objet. Et pourtant, quel droïde n'a jamais été traité de "boite de conserve", "vieux clou", "tas d'ferraille", "pantin rouillé", "vieille bécane", ou autre "pisse-lockheed" ?
Et encore, je vous passe les sempiternelles blagues du genre :
- Hé ! Suite ! t'es un vrai mauve ? Ton père était bleu et ta mère rouge ou bien l'inverse ?
  • Pour faire rougir un droïde, ne lui montrez pas vos fesses, utilisez un chalumeau.
  • Vous connaissez le comble pour un droïde ? Se choper des puces.
  • Pour connaitre le jour de décès d'un droïde, inutile d'être devin, il suffit de le retourner, la date de péremption est écrite sous la boîte.
En général, il faut peu de temps après son activation, pour qu'un droïde, commence à développer un complexe d'infériorité face à la race humaine, ou au contraire se surprenne à la dédaigner copieusement.
C'était ce syndrome de la tête de fer qui étreignit Suite au bout de 15 jours de service. Il se traduisit chez lui par l'envie irrépressible de changer sa face de robot en un minois humain, juste comme ça, pour être comme tout le monde, pour mieux s’insérer dans la vie active.
Et encore, Suite n'était pas, à la base, le plus mal loti des droïdes. Sa peau n'était pas en acier inox ou en cuivre martelé. Il n'avait pas non plus un module vocal à dix crédocs qui le faisait s'exprimer comme un gosse de 4 ans, un computer fossile, ou un interphone de drive-in. Mais il avait cette idée fixe de ressembler encore "mieux" à un humain ordinaire.
Il commença donc à rechercher des adresses de bio-plasticiens compétents. Un jour, au CIPE, il croisa Lucat et tomba sous le charme de sa poitrine hyper-réaliste. Il lui demanda la permission de toucher et constata que même la texture était excessivement bien rendue. Hélas, la droïde ignorait qui était l'auteur d'un tel miracle de la technologie.
On lui indiqua de prendre contact avec le docteur Shivah pour réaliser cette opération. Mais en recherchant dans sa base de données, il découvrit que Shivah l'avait torturé lors de sa vie antérieure et il préféra ne pas faire appel à ce soi-disant docteur en blouse blanche mais aux rangers crottés de boue et de sang.
Un dénommé Gecko lui recommanda Manérina pour cette opération et lui remit un flyer publicitaire. Il lança une courte exploration de base :
Manérina : artiste - tatoueur - reloocker - barmaid qui avait tenté de l'empoisonner à l'Ura - gentille - s'inquiète quand il tombe.

Il prit note sans hésiter de cette proposition et la contacta sur le champ pour passer une commande qui se résumait, disons... hum... à ceci :
L'opération n'était pas une opération médicale, mais un relooking superficiel : façonnage de quelques ajouts en latex pour le visage, pigmentation à l'aérosol, implantation d'une perruque et de sourcils - c'est tout.
Allez savoir pourquoi, tous ses amis poussèrent des holà! en prenant connaissance du projet. Trois d'entre eux (Mallory, April et Hynna) eurent une approche plus profonde que le simple rejet de cette future tronche d'humain moyen. Elles le persuadèrent, chacune à leur manière, chacune avec leurs mots, qu'être un droïde mauve c'était très classe et qu'il n'avait aucune raison de marcher en baissant la tête et encore moins de se la faire refaire.
Pourtant, Suite ne décommanda pas son rendez-vous avec Manérina. Il tenait, car c'était important pour lui, à prendre possession de son corps, à le modifier, à se l'approprier pour en être fier. Quelques heures avant de rencontrer Mané, il lui envoya un message personnel dans lequel il transforma le relooking profond en séance de tatouage. Il joignit au message le dessin qu'il voulait sur son crâne. Le soir même elle l'exécuta de main de maître.
Ce n'était pas un pas vers son humanisation, mais un considérable gain en estime de lui-même... S'humaniser, pour quoi faire ?

◊ Commentaires