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Je LE conjugue au présent

Créé par Inconnu le 17 Décembre 2012 à 21:52

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Inconnu Posté le 17 Décembre 2012 à 21:52 #1
Chambre de privation sensorielle XII – Centre Psychiatrique Impérial


«Au XXème siècle, cette méthode physiquement non-violente consiste à réduire autant que possible les perceptions sensorielles du sujet par le port d'un casque assourdissant pour le priver de l'audition, d'un bandeau (ou de lunettes) sur les yeux pour l'empêcher de voir et en privant celui-ci du toucher et de l'odorat, puis en l'isolant des contacts humains et des stimulations extérieures par l'enfermement dans une pièce étroite. Les effets, constatables au bout de quelques jours, sont des hallucinations comparables à des prises de drogue et aboutissent à une régression mentale et un chaos existentiel insupportable. »



Libéré de ses entraves, Paul se tient accroupi au milieu de la pièce, essayant de conserver ce qui lui reste de raison. Il n'avait plus le moindre souvenir de ce qui l'avait amené ici, ni du temps qu'il avait pu y passer. Il avait perdu la notion de jour et de nuit et les repas servis à intervalles irréguliers avaient la propriété de l'eau ; incolore, inodore et presque sans saveur.

Une voix grésille d'un haut parleur ; « Civis Sernine, vous êtes pathétique.... Où est donc passée votre esprit révolté ? Plus envie de polluer le canal AITL ? Tenez vous tant à votre misérable existence ?»

Au milieu du silence le plus total, le seul son perceptible est le battement du cœur, à condition d'appartenir à une espèce vivante. La fragile membrane séparant la fiction de la réalité menaçait à tout moment de se déchirer.

Entre souvenirs enfouis et des bribes d'existence, la glace et le feu, un mince fil qui le retient à la vie.

Paul lève les yeux vers le ciel et sourit étrangement en apercevant l'ombre d'un croissant doré ; Moony... Dans ses rêves étranges, elle est lumière, pâle reflet de l'astre solaire et si puissante que les océans sont ses vassaux. Une constellation lui adresse un clin d'oeil ; juste une illusion au travers des parois d'acier de sa cellule aseptisée.

La recherche d'un ailleurs plus acceptable, presque possible à cette condition, mais... A quel prix ? Ils avaient posé les conditions, point par point.

- Est ce donc à la destruction que l'humanité est vouée ?
- Je le crains, en effet... L'humain est bien trop faillible et porte en lui les germes de sa propre destruction.

Paul essai d'assembler dans son esprit fragilisé une suite de données cohérente, sans le moindre succès.

- Et Elle ?
- Elle pourrait... A condition que tu disparaisses, civis Sernine.
- Mais... Je ne suis plus !
- Tout est affaire de temps, mais votre existence ne tient plus à rien, oui. Vos réseaux sont définitivement coupés, vous êtes seul.
- Il y a encore tant à faire...
- TROP TARD ! Ce qu'il te restait s'est définitivement effondré... Paul.

Les murs gris de la cité, les vagues rayons de soleil frappants avec timidité les parois de la cellule ; le reflet de son visage, les rides au coin de ses yeux, ses lèvres, l'âge apaise les souffrances de l'âme... Chaque pas...

La douleur peut prendre de nombreuses formes et l'isolement est une mort bien cruelle.
Manerina~6356 Posté le 18 Décembre 2012 à 21:20 #2
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Journal d'une Elfoolique - Chapitre II


Sunny...

Plus de deux ans s'étaient écoulés.
Deux ans de silence.
Deux ans de regrets.
Deux ans à essayer de construire sur les ruines de ce qui aura été mon plus gros échec.

Quand l'amour est teinté de reproches, que l'attirance est repoussée par le dégoût, quand le virus est l'essence même du remède et que le manque se confond avec le sevrage, ne reste plus que le masque de l'indifférence posé sur le visage de la tourmente.

La raison s'est perdue dans les dédales d'un amour torturé et tortueux pendant que l'innocence se pendait à la passion, retenue de justesse par une volonté aussi fragile que fragilisée.

Lorsque ce qui nous élève au plus haut nous leste du poids des remords, ne reste de l'ascension qu'un pathétique flottement entre deux...

Entre deux réalités.
Entre deux vérités.
Entre deux volontés.
Entre deux vies.
Entre deux morts.

Plus de deux ans se sont écoulés, et l'oubli continue encore de me narguer au loin, refusant la seule étreinte que j'implore.

La douleur peut prendre de nombreuses formes et la mémoire en est une.
Inconnu Posté le 20 Décembre 2012 à 22:54 #3

Cellule IX – Centre Psychiatrique Impérial


Je me réveille encore avec un énorme gueule de bois en essayant de me rappeler de quelle manière inédite j'ai réussi à me mettre dans la merde, emportant avec moi mes amis, proches, collègues.



Je tend le bras vers mon réveil matin ; « Bordel ! 10H00 du mat', c'est trop tôt !  Qu'est ce que j'vais faire des 3h00 qu'il me reste avant la première dose de kronatium, le premier verre de skiwi ? »

Je consulte mon com' ; « Qui va me couvrir d'insultes ce matin ? Est ce que j'ai tenté d'humilier un grand fonctionnaire de l'Impérium ? J'ai agressé un agent du Cercle de l'Orient ou un caïd de la pègre ? J'vais me lever au trou ou au centre de clonage demain matin ? »

Je regarde autour de moi et on dirait que c'est ma chambre ;  « Une chance, j'aurais pas à prendre la fuite en caleçon avec mes fringues sous le bras ce matin. Je soulève les couvertures ; personne... Ça c'est mauvais signe ! Avec qui j'sors déjà ? J'ai embobinée qui ? »

J'enfile un truc qui traîne par là ; « C'est mauve, probablement pas à moi. Une fiancée ? Une coloc' ? Un tueur à gage ? Non ! Quand un de ces types rentre chez toi, tu sors d'une cuve, pas de ton pieu... Et puis, ils se trimbalent rarement en peignoir mauve. Bordel ! Fichue mémoire ! »

Navigation au radar jusqu'à la salle de bain ; « Putain de miroir ! J'ai une gueule de déterré et c'connard m'renvoi mon image ; ça manque de tact, vu le prix qu'il m'a coûté, il pourrait se montrer plus flatteur et il ne m'épargne ni les rides, ni les balafres. C'est incroyable cette façon de reproduire instantanément une image, ce truc doit regorger de technologie et c'est à peine plus fin qu'un deck. »

« Si j’essaie de retracer un chronologie, j'y trouve trop de trous... » Le miroir m'adresse un sourire grivois ; «  C'est pas c'que tu penses connard ! J'parle de ma putain de mémoire ! » Et je me dirige vers la cabine de douche ; « Ce truc me rend malade, je sais pas exactement d'où je sors cette impression, mais il me semble que de la flotte devrait couler de cette pomme : Je lui demande quand même pas de tomber et révéler l'attraction universelle ! Juste quelques gouttes d'eau, mais en ressortant, je m'sens quand même moins sale, extérieurement parlant, naturellement. »

J'me demande où ça va ; « Expédié en pcv en secteur rebelle ? Mortier pour une annexe de l'ambassade Impériale ? Mon repas de ce soir ? » On devrais sans doute pas se poser ce genre de questions, ça m'fiche la gerbe et j'enfile un costume gris pâle.

Le gris, il n'y a rien de mieux pour se fondre dans ce paysage, on te confond même pas avec un autre type, on te vois pas. Tu passes pour un immeuble en plus petit, on t'accroche une pancarte « à louer » et t'es plus vrai que nature.

Je passe la porte et sort mine de rien... « Personne ne va te descendre, Paul, parce que tu n'sais rien et qu'au pire, ils n'en savent rien. Et puis franchement, même si tu savais tu la bouclerais, hein ? Pendant trois heures, au moins. »

Un bout de chemin jusqu'à un bar ; n'importe lequel mais avec une préférence pour le Requiem, pour... Son sourire à elle et que c'est ma famille sans doute. Parce que mon sang coule entre ces murs ou alors l'alcool du Requiem coule dans le mien ?

Réveil en sueur les pieds et les poings ligotés ; «  Où suis je ? Oh merde ! »

« Sur une durée suffisamment longue... Non attendez ! Revenons en arrière ; le problème, c'est qu'on ne meurt pas. »
Inconnu Posté le 23 Décembre 2012 à 19:49 #4

Bureau des admissions XIII – Centre Psychiatrique Impérial


Je suis sur que c'est l'assistant du secrétaire adjoint du sous directeur de l'asile qui me toise du regard derrière son beau bureau en chêne de synthèse qui fait tellement vrai qu'un écureuil a du y élire domicile.

Mon regard parcourt la moquette à la recherche des traces de l'animal ; elle est plus épaisse que mon matelas, soigneusement lavée et peignée comme la perruque de mon interlocuteur. Il me dit qu'on va me rendre mes effets personnel ;

« Pourquoi faire ? »

Parce que je suis guéri, il me dit, mais de quoi, je l'ignore encore. Son discours passe par une oreille, sort par l'autre et je me dit que depuis le temps que j'ai pas pu me laver les mots qui sortent doivent être passablement grossiers.

Je suis muté d'un asile à l'autre, le plus grand. Il m'explique que je vais pouvoir reprendre une vie normale « gagner des crédits, les dépenser et reprendre une place dans la société » et je me dit que là c'est sur, ça va tout arranger. Je ne sais toujours pas depuis combien de temps je suis ici et je suis tellement joyeux que je l'embrasserai bien, si... Si ça avait été une interlocutrice, si elle avait plus de sex appeal qu'un distributeur de glukoz light, si deux mètres de bureau d’authentique simili chêne ne nous séparaient pas.

« Avez vous des perspectives de carrière ? Un endroit où loger ? »

Je jette un virtuel coup d'oeil derrière mon épaule ;

« Une baraque à moitié hypothéquée. Dans le meilleur des cas, Tharios a fait fuir les huissiers, au pire il en a fait un tripot clandestin. » et j'me dis que j'aurais peut être du confier mes maigres économies à Furby.

« De la famille ? Des amis qui pourraient vous aider ? »

« Ma sœur et je puis dois avoir quelques amis à qui je n'ai pas créer trop d'ennuis. Vous n'auriez pas une ou deux pix' au frais par là ? Histoire de fêter ça quoi ! »

Il se penche sur son ordinateur et je doute que ce sois pour appeler le service d'étage. Signe de mon étonnante perspicacité, le type qui passe la porte est grand et large comme troll. D'ailleurs une observation à peine plus poussée révèle qu'il s'agit effectivement d'un troll. C'est juste que... c'est que la blouse blanche, ça va à un troll comme un tutu rose à lady Winrunner.

Le nouvel arrivant pause sa grande main sur mon épaule, tandis ce que monsieur perruque impeccable me gratifie d'un sourire contraint. Il semble pressé de se débarrasser de moi et par le plus grand des hasards, c'est tout à fait réciproque.

On me conduit jusqu'à un comptoir grillagé percé d'une ouverture au travers de laquelle un gnome me tend deux grands sac poubelle pleins ;

« Cadeau de la maison ! Et bonne chance » et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « parallélépipède rectangle », je me trouve dans la rue, un sac dans chaque main.



Je sais que j'ai besoin d'une douche et ça tombe bien ; il pleut averse lorsque je prend mon chemin.
Inconnu Posté le 08 Janvier 2013 à 01:08 #5

Salle d'interrogatoire XI - Centre Psychiatrique Impérial


Des soldats de l'ombre ou l'ombre de soldats ? Oui, nous formions une petite armée anonyme, sans uniforme, parce qu'une arme peut suffire à faire un soldat. Notre bannière, c'était l'odeur de la poudre, du sang et de la sueur. C'est ainsi que nous nous sentions vivant, un rêve dans la tête, l'espoir dans les yeux de nos sœurs et frères d'arme.



Vous voulez savoir si nous partagions les mêmes objectifs ? Nous avions pris le parti de ne pas parler ; parce qu'on ne sait jamais qui se cache derrière un mur, à qui appartiennent les oreilles, alors autant se taire.

Nos ventres criaient famine et nos gorges « justice », pour tous les déshérités, les sacrifiés, ceux qui avaient été laissés sur le carreau. Et nous hurlions nos colères, parce que ça nous donnait la sensation d'exister.

Nous longions les murs de cette ville crasseuse, toujours à l’affût, essayant de protéger ce qu'il nous restait. Notre dignité peut être ?

Nous buvions, plus que de raison sans doute, nos verres d'amertume jusqu'à la lie.

Vous me demandez si je me repend et naturellement, je devrais vous répondre « Oui » pour que tout ça soit finit. Pour ne plus avoir à répondre à vos questions, ne plus retourner dans cette chambre de misère, mais de toute façon rien ne m'attend de bon là dehors.

Vous voulez savoir si j'éprouve des remords ; non, il n'est pas question de justice là, mais de devoir. Bien sur, vous ne savez pas ce que c'est d'entendre, impuissant, les appels d'une femme violée sous vos fenêtres : Tout ça n'arrive pas de votre coté des barricades.

Nous survivions de nos boutiques à la sueur de nos fronts quand vous vous prélassiez dans vos bureaux cossus, dans vos luxueuses organisations, traitant les individus comme des statistiques derrière l'écran de vos ordinateurs.

Combien ont disparus ? De notre coté, du vôtre ? Parmi les quidams dans les rues ?

Une seringue plantée dans mon avant bras et je sens la drogue couler dans mes veines, mais celle-ci ne me procure pas la sensation de bien être habituelle ; elle me brûle, me ronge. Je hurle et je prend conscience que je leur dirais ce qu'ils veulent savoir, tôt ou tard.

Ils apprendrons même des choses que j'ignore et des têtes tomberont : Inutile de s'encombrer d'une vérité gênante. Les larmes me montent aux yeux, de douleur, d'humiliation...
Inconnu Posté le 01 Mai 2013 à 16:51 #6
Centre de clonage - aile VI




L'air hagard, le regard vide, il entre dans le centre de cryogénisation, souffle sur la vitre glacée y formant un nuage de buée et d'une main tremblante, se met à écrire sur la paroi du caisson :

Parce qu'avant le centre d'arrivé, tout est sombre, une mémoire volée, un passé effacé et que tu es lumière, je LE conjugue au présent.

Parce que le futur n'est qu'un champ flou d'avenirs possibles, que tu n'es pas la comptable de ces probabilités et que tu es clarté, je LE conjugue au présent.

Parce que l'amour n'est pas un instantané, qu'il existe en nous et nous suit jusqu'au bout, je LE conjugue au présent.

Parce qu'Imperator t'aime et veille sur toi comme sur tous les siens, parce qu'il est à la fois pluriel et singulier, je LE conjugue au présent.

Parce que le masculin ne l'emporte pas toujours , que le possessif n'est pas un bon adjectif, que l'impératif devrait être prohibé, je LE conjugue au présent.

Parce que JE T'AIME s'accorde au féminin, au masculin et au participe présent pour que personne ne reste de coté.

Parce que je ne connais que le présent du vindicatif et que la vie conjuguée s'écrit à l'imparfait du subjectif, accepte ces mots comme ... un présent.

Il se relève et un vautour hurle quelques mots en direction de la cellule de cryogénisation, le centre est rempli d'êtres qui parlent, se lamentent, chuchotent. Quelques échanges de paroles, une furieuse envie de s'enivrer...

D'une démarche chancelante, il sort lentement de la pièce, les épaules tombantes. La porte claque lugubrement derrière lui et la pluie dégouline sur son vêtement alors qu'il tourne dans une ruelle.
Manerina~6356 Posté le 01 Mai 2013 à 17:56 #7
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Journal d'une Elfoolique - Chapitre XVIII

Et pendant qu'il conjugue au présent son passé,
elle accorde au singulier son avenir.

Assis par terre dos à dos,
ils s'empêchent de tomber l'un l'autre
sans même se regarder.

Le malheur ne se conjugue,
ni ne s'accorde...
... il se partage.