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EDC de Phylène

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- L'Amour dans le lit.







Vous avez sans doute déjà imaginé tout un tas de coton moelleux, ou des paires de jambes et de bras s'enchevêtrant dans des contours scabreux pour pousser la chansonnette à des mots niais de deux amants en secret, qui pour une nuit d'esthètes s'appelleraient par de jolis petits noms. Il avait pourtant un grand "A" cet amour, il promettait beaucoup, un soupir, le roulement de vos yeux dans vos orbites en vous disant. "Ohlala, encore un nouvel abouchement qui répétera sans cesse qu'il aime, et comme il est bon d'être aimé." Mais non.


L'Amour dans le lit est d'une toute autre époque, oh, bien sûr il y aura la chair, des mots, des cris, mais ceux-là, sans vergogne seront sans doute un peu salit par le sang qui jalonne cet écrit. Mais avant de nous vautrer dans la torture et le sang qui vous fera pâlir, revenons un peu en arrière, au moment même où cette histoire commence. Cette véritable histoire d'Amour, avec un grand "A".


Je dois avouer, que je ne suis pas peu fier de mon forfait et c'est ma petite beauté qui me forgea la première à la mélasse. À cette époque, elle était ingénue à s'en rendre malade, -Plus encore qu'aujourd'hui-, elle était paresseuse, mon dieu, et passait ses journées à regarder tout un tas de documentaires, sur l'Empereur, ses aveux. Ses jours étaient solitaires, un peu d'alcool, beaucoup de viande, de la drogue, et le nid ressemblait plus ou moins à ces rues que la chiure des pigeons à rendu apocalyptique. C'est laid, ça pue, on préfère en choisir une autre, même-ci c'est un raccourcis.


Je me rappelle vaguement de ma naissance, je me souvient de sa peur, d'une course effrénée dans un bar pour s'y confiner. Grossière erreur. Le premier bonhomme entré, une elfe folle lui avait fait sauter la cervelle. " La reddition ou la mort. " Avait-elle dit d'une voix de méchante qu'on n'imagine que dans les films. Et tous ces gens qui bouffaient tranquillement, attablés à un comptoir dégoulinant la crasse et les anciennes bagarres. Ils avaient été plusieurs à mourir ce jour-là, plusieurs à nourrir la peur qui m'avait fait grandir. Tous de la même manière, et elle était là, à rester prostrée sur son verre, à crisser des dents sans jamais pouvoir fuir. C'était un premier jour étonnant, autant pour moi que pour elle, mais je l'ai trouvé amusant. Elle me répétait "Qu'ils étaient tous fous." Et moi de lui dire " Avoir une voix à qui l'on parle et qui nous répond, ce n'est pas un gage de folie peut-être ?"


Aaah... C'était le bon temps. Nous vivions tous les deux un rêve, elle dans le canapé, moi à l'observer, on ne faisait rien, on était bien. Et puis il y a eue cette fille qui a commencé à l'accoster, une drôle d'oiselle celle-là, et quand elle commençait à l'aimer... Elle est morte. Bien fait ! On ne me chaparde pas ma proie comme ça ! Tout de même. Mais elle a commencé à sortir, elle voulait tomber amoureuse, rencontrer le prince charmant, s'envoler par dessus les murs, vivre une idylle dans une forêt. " Regarde-toi ! " - Lui disais-je alors. " Qui voudrais de ta pelisse, tu es laide à faire peur, maigrichonne, ton visage n'est même pas beau à regarder. Tu devrais rester avec moi dans le canapé, on fumera des joints, il reste une bouteille, allez ne soit pas bête. "


Mais elle s'est entêté. Oh, je vous vois déjà venir avec vos vieux sermons. La liberté, et si elle ne t'aimait plus, il fallait la laisser. JE SUIS LE SEUL QUI SACHE CE QU'ELLE AIME... Hm... Bon... J'ai dû prendre, le gnoll par la couenne, comme on dit. Elle est tombée amoureuse. Evidemment. Mais, et contre toute attente, elle était beaucoup plus facile à... Elle était beaucoup plus facile. Et de l'une à l'autre, à l'autre encore, dans son incapacité à choisir, comme c'était radieux de la voir gésir, parce qu'elle avait mal la petite. Oh l'égoïste ! Et moi alors ? Elle appelait sans cesse son amour en disant d'une voix abrutissante " S'il te plaît arrête ! Je ferais tout ce que tu voudras. " Elle ne comprenait sans doute pas que c'était ce que je voulais qu'elle fasse. Alors elle continuait, et plus encore, elle pensait qu'en se faisant du mal, peut-être j'en aurais marre, que je la laisserais tranquille. Elle me disait, "Je t'en prie, je t'aimerais toujours, je ne t'oublierais pas. " Mais chaque coucherie l'amenait vers un peu plus de censure.


Oh, pas ce regard avec moi. Je sais très bien ce que vous pensez, et vous aurez raison. Mais qu'aurais-je dû faire ? La laisser m'abandonner, moi, qui après tant de mots, tant de réconfort, tant d'Amour !.. Était laissé sur le bas-côté. Non, je ne suis pas de ce genre, là. Alors, j'ai fait mes plans, je l'ai laissé tranquille, j'ai tâtonné l'espace, j'ai appris à me tenir coi. Je m'insufflais de toute la vigueur qu'elle récupérait, j'admirais sa beauté se transformer en femme, elle n'était plus la petite créature fragile que je connaissais, elle était un joyaux, elle est devenue mon bijou, mais aujourd'hui, je la tient.


C'est là, qu'on se souvient.


Le lit, n'est pas seulement le contour d'un amour plus passionné. Il s'adresse d'un certain esthétisme, il est rond, ou carré, une parure de soie pour l'encadrer, un peu moins coquet, le coton synthétique vous ira comme un gant. Il est le centre de la vie même, il a vu la mort plusieurs fois, il a sentis la chaleur, le trouble, il a vu plus qu'une caméra au mur. Le lit, c'est un espace différent, le temps n'y est pas coutumier, en sortir, c'est quitter sa valse, y retourner, c'est continuer l'instant. Le lit à ses propres vicissitudes, le lit, c'est aussi votre gardien. Imaginez-vous, dans votre lit, le monstre à votre porte, qu'importe ses pouvoirs, ne pourra jamais passer vos draps, imaginez alors, que le monstre couche avec vous chaque nuit, que le souffle que vous ressentez sur votre nuque, ce soit le monstre qui l'abjure. Pourriez vous sentir, la sueur qui perle à votre front, le rictus qui babille, la glace qui tombe dans votre dos. Qu'auriez-vous fait si le monstre s'était investit de la chair pour y prendre vos mains, que l'envie débordante de votre bouche, se lie à une langue plus vilaine, et comme le poison d'une sirène, vous enferme dans un carcan de suie. Auriez-vous pleuré ? Auriez-vous aimé ? Qui pourrait protéger vos songes, si dans la nuit la plus sincère, le monstre avait dégoupillé la lie de votre corps, se l'était approprié. Que de vos plus belles peurs, vos cauchemars ritualisés, vous deveniez le monstre, et que le monstre devienne... Vous.



Spoiler (Afficher)
Ce texte sera plus commode à lire en "Cacher". Il faut être curieux des talons.
Quelques personnages ont été mentionnés. Phylène a douze ans. Merci à tous ceux qui participent à son envolée.

◊ Commentaires

  • Jinta~58437 (734☆) Le 12 Juin 2018
    smiley Bon aniv', à la petite Phyphy. :*
  • Tex~59497 (178☆) Le 13 Juin 2018
    J'adore ta plume. ☆ ♥
  • Asajj~42272 (688☆) Le 13 Juin 2018
    J'étoile juste pour le dernier paragraphe. ♥ smiley
  • Phylène (1896☆) Le 13 Juin 2018
    Comme il est perfide ce lit. Mais le canapé a ses déboires et ses déconvenues.
    @Jinta@Dienye ♥
    @Tex ... Oh you. ♥
    @Asajj Soit pas mauvaise langue, serpent. è.é ♥
  • Alexf (56☆) Le 11 Janvier 2019
    y a pas a dire, tu sais ecrire!