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EDC de Callian~48825

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Échos

Le feu s'élève, les flammes dansent à la fois agressives et douces. Je tends la main jusqu'à sentir ma peau se réchauffer douloureusement. J'ai si froid... si froid. L'intérieur n'est plus que ruines et désoeuvrement, bien que le masque soit retombé et que je puisse sourire, faiblement, mais sourire quand même lorsqu'il le faut. Même rire. Tu serais fier d'une telle maîtrise... Mes yeux se plongent dans l'abysse dévorant des flammes, c'est attirant n'est-ce pas ? Ma main s'avance encore, jusqu'à ce que la douleur soit presqu'insoutenable. J'ai envie de la plonger plus avant, d'un geste vif et déterminé, l'idée folle que derrière le rideau de feu, j'y trouverai la tienne et que je te sortirai intact de l'abîme. Mais rien de tel n'arrivera. Si je plonge ma main, elle n'en ressortira que mutilée et je crois que mon âme l'est déjà bien assez pour y ajouter les peines de la chair calcinée...
Ma main retombe le long de mon flanc, inerte, comme un corps sans vie, stoppé là dans son élan. Seuls mes yeux continuent à suivre la danse des flammes et je tends à présent l'oreille. Les crépitements murmurent des paroles oubliées, incohérentes, des bribes de souvenirs fragmentés. Mon coeur s'accélère tandis que j'ai l'impression que tu me parles, par delà les flammes. J'entends tout à coup un mot, soufflé dans un murmure, de cette voix que je reconnaitrais entre toutes. Je recule vivement, manquant me prendre les pieds dans un petit siège tendu de velours rouge et je m'éloigne, à pas rapides de ces lieux où la solitude semble m'ôter la santé de mon esprit.
Et l'écho de ta voix me poursuit...
Callian > Message sortant
-- Transmission du message en cours... en attente... transmission du message en cours... échec... correspondant inconnu. --
Je deviens folle. Vraiment je crois. Je t'ai entendu tout à l'heure aussi clairement que si tu t'étais tenu dans la même pièce que moi et pourtant, tu n'y étais pas. J'ai eu beau me tourner en tous sens, chercher partout les traces d'un quelconque passage, j'étais seule. Seule avec les flammes. Peut-être suis-je fatiguée, peut-être suis-je tout simplement à bout de forces. Tu me disais être là aussi pour me soutenir moralement. Ai-je le droit de me moquer ce soir alors que je panique face à une voix d'outre-tombe ? En ai-je seulement l'envie ? Parlons d'autre chose que de ma folie naissante, veux-tu ? D'un côté, tu n'as pas vraiment le choix à présent. C'est moi qui décide. Oui, et ça ne te plairait pas tant que ça je crois... Est-ce qu'on peut ressentir de la frustration dans l'au-delà ? J'espère bien. Histoire que tu apprennes un peu ce que cela fait.
Je ne trouve pas le sommeil. Dès que je ferme les yeux, les flammes sont là et ta voix aussi. J'ai l'impression que tu essaies de me dire quelque chose d'important mais je n'arrive pas encore à saisir les termes exacts. Ou peut-être n'ai-je pas envie de les saisir. Sans m'en apercevoir, je m'habille et je sors dans la nuit. Une nuit opaque, une nuit où beaucoup ont dû rejoindre le flot paisible des rêves ou du néant. Je me meus telle une ombre, sous la lumière blafarde des lampadaires de la ville qui jamais ne s'éteint. Pourquoi ne pas faire des achats ? C'est une occupation comme une autre.
La boutique est calme, déserte et je reste dans l'entrée tandis que mes yeux sans repos détaillent les rayonnages. Soudain, je me fais heurter par une présence, on entre dans mon espace vital et je recule. Pendant quelques infimes secondes qui s'écoulent au rythme de mon coeur saccadé, je crois t'apercevoir dans l'ombre. Mais la lumière ambiante dévoile d'autres traits que les tiens. La haute silhouette me présente des excuses pour avoir manqué me renverser, je réponds. Depuis combien de temps n'ai-je pas conversé avec un inconnu ? Les mots s'échappent de ma bouche, je suis trop fatiguée pour les retenir.
Tu parles trop petite...
Sans que je m'y attende, tu murmures à mon oreille ou plutôt dans ma tête. Les mots sont clairs cette fois-ci. Ça y est, j'entends des voix. Bon, ta voix. Merci, franchement. Ce n'est pas le moment. Mais malgré moi j'entre dans ce dialogue décalé où trois personnalités semblent jouter sans en avoir conscience. C'est un elfe, ça devrait te convenir non ? Je suis aimable, c'est tout.
Prends ton kevlar et rentre.
Je continue à parler, l'air de rien. Non, je ne rentre pas, pas tout de suite. Et puis pourquoi ? Pour me confronter aux flammes et aux rêves éveillés que tu m'infliges ? C'est moi qui décide à présent, tu te souviens ? La conversation est intéressante qui plus est, je ne vois pas pourquoi je jouerais les mauvaises têtes à cause des lubies de mon mentor décédé qui a soudain décidé dans sa grande mansuétude de venir me hanter d'une façon plus concrète...
Il me demande si j'ai quelqu'un pour m'entraîner. Je manque de dire ton nom, automatisme qui me fait l'effet d'une dague dans l'estomac. Tu seras toujours mon mentor. Toujours. Mais je ne peux t'évoquer ici, devant quelqu'un que je ne connais pas. Je parle de ma guide actuelle, de Flavie, que je considère plus comme une amie que comme une professeur d'ailleurs. J'ai blêmi tout à coup.
Allons... Reprends-toi.
Ce que je fais, triste sire. Pas besoin de me le rappeler. Toujours autant casseur d'ambiance hein ? Ça te ressemble tant. Malgré ce dialogue dans ma tête, avec moi-même - c'est forcément avec moi-même, il n'y a pas d'autre explication - je parle, avec une relative fluidité. Tu vois ? Je gère, comme toujours... Nous en sommes même à philosopher. En pleine nuit, quoi de plus approprié ? Arcanta, car c'est là son nom, me parle de son âge et j'essaie de lui expliquer qu'un grand nombre d'années peut être fièrement porté :

- Le vécu, c'est ce qui construit l'être. Que sommes-nous sans passé, juste des ombres.
  • Oui, mais le passé est lourd à porter parfois, le temps use toutes choses même les plus endurcies.

Non seulement je t'entends dans ma tête mais en plus, Arcanta semble soudain parler comme toi. Tu aurais pu me la sortir cette phrase...
Je l'aurais certainement bien mieux dit.
Je ne relèverai pas... N'oublions pas que tu es le plus intelligent, beau et humble des mentors. Je prends congé. Trop de souvenirs et d'échos dans mon esprit. La nuit et son manteau aphone sont peut-être propices à ces sortes d'égarements. La conversation m'a plu au demeurant, me sortant un instant du marasme et de l'apathie.
Rentre à présent.
Oui, je condescends à t'écouter. Je t'écoute toujours n'est-ce pas, même lorsque tu n'es plus qu'un écho du passé dans ma tête voire une pure invention confinant à la folie engendrée par ma solitude. Je rejoins les draps froids et me pelotonne tandis que je saisis ce que j'ai entendu dans les flammes. Mon nom, simplement mon nom. Derrière le rideau de feu, tu m'as appelée. Mais ce soir, je choisis de congédier les échos, les voix et le reste. Même si au fond, nous savons tous les deux, que comme pour chaque appel que tu fis, j'y répondrai...
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La voix dans la tête de Callian : 14972

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Héritage
10 Avril 2014
923√  7 1

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