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EDC de Callian~48825

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Songe d'une nuit...

...parce que je rêve encore d'une paume dans la courbe de mes reins. Une paume froide... comme la mort.
Le sac tombe dans un bruit sourd sur le sol de l'entrée. Je retrouve mes marques, laissant la lumière éteinte, avançant à tâtons, frôlant le velours du canapé au passage. J'hésite à m'y laisser choir, fatiguée, tandis que l'équipement rejoint le sol et que j'effeuille ce corps pâle et maigre. Mes pupilles se dilatent et je scrute les ombres de la chambre, en face de moi. Les ombres m'appellent ce soir et je veux les revêtir. Dormir dans tes draps à toi, me nicher à ce que j'imagine être ta place, chercher les vestiges de ton passage, ton odeur, les échos de ta peau. J'avance et l'ombre me happe alors que j'inspire soudainement, comme avant de plonger... dans l'oubli, dans le souvenir ? Un frisson me parcourt, mais ce n'est pas de la peur, c'est autre chose... Ce genre de frisson que je n'ai pas ressenti depuis longtemps. Bien trop longtemps. Mes yeux fouillent l'ombre, ma bouche s'entrouvre prête à t'appeler. Je sais que quelque part, dans l'ombre, tu es là, à m'attendre. C'est impossible et pourtant, chaque fibre de mon être vibre à l'unisson avec ta respiration, que j'entends distinctement. Ma main s'accroche à la cloison, encore en dehors de la pièce, l'ancre qui me retient à la réalité et je lâche aussitôt, sans me poser de question.
Mes narines palpitent et j'inspire une nouvelle fois, profondément, autant pour calmer les battements de mon coeur que pour localiser mon visiteur. Alors j'avance dans un coin de la chambre, que je connais à présent par coeur. C'est chez moi mais ce soir, ça ne l'est pas, je tremble, j'ai l'impression de faire quelque chose de défendu. Je tends la main et la pulpe de mes doigts rencontrent ta peau. Ma gorge se serre tandis que l'émotion m'étreint. J'ai l'impression de ne jamais m'être tenue, ainsi dans mon plus simple appareil, face à quelqu'un. Je sens ton regard effleurer les contours et alors que je me rêvais esquisse oubliée, le dessin prend vie. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante. Ma paume trace sa voie sur les côtes que je sens saillir sous la peau. Ta maigreur elfique, si semblable à la mienne, j'y ferais déjà courir ma langue afin d'y quérir le sel de ta peau, si je n'étais pas subjuguée par ton apparition.
C'est bientôt ta main que je sens, dans la courbe de mes reins, pour m'attirer à toi et j'entre naturellement dans la danse, découvrant avec surprise que je connais les pas, je connais le parcours, je connais la grande geste de l'intimité qui me lie à toi. Je l'avais juste oubliée jusqu'alors... J'inspire une nouvelle fois ton odeur que je connais comme la mienne et je me hisse sur la pointe des pieds pour poser mes lèvres dans ton cou, juste sous la mâchoire, mon corps contre le tien, crevant d'envie de réduire encore plus la distance, le désir tiraillant déjà mes entrailles. En découdre là, debout. Perdre l'esprit et les sens à la fois. Je mords la peau, tes doigts se referment sur mon poignet, m'ôtant l'illusion de contrôler la situation et j'abandonne là les vestiges de mon esprit qui appelle à ce que tu le possèdes.
Mon dos contre la vitre, le noir smog en toile de fond, l'ombre occultant mes yeux, je te sens qui me toise. Je relève la tête, souhaitant rencontrer le regard que j'imagine impérieux. Ma main s'est agrippée à ton avant-bras pour ne pas tomber, je sers, fort, plus fort, pour t'intimer à réagir à cette note insoumise. Mes yeux se font mutins, ma langue caresse mes dents qui ont goûté ta peau puis vient humidifier mes lèvres. Je te mets au défi de silencer mes mots avides et mon air revêche. Viens prendre ce qui t'appartient, je ne le laisserai pas sans combattre. Tu fonds sur moi avec la rapidité que je te connais, ta bouche soumets la mienne avec force, je t'en ménage l'accès, et ta main comprime ma nuque, tes doigts s'emmêlent dans mes cheveux. Les miens touchent ce qu'ils peuvent, caressant ou griffant dans leur précipitation, faisant mine de repousser pour mieux t'appeler. Ma paume s'aventure à prendre la mesure du désir partagé, à frôler puis imprimer un mouvement sur la peau veloutée. Je te sens sourire contre mes lèvres malmenées.
Impatiente...
Je le suis. Je l'ai toujours été. Tu as par trop frustré mes envies. La vitre dans mon dos n'est plus froide, tout mon corps lutte pour ne pas devenir un feu dévorant, pour ne pas céder à la perspective délicieuse et immédiate de s'avouer déjà vaincu, de se laisser prendre enfin. Mes murmures deviennent des gémissements d'imprécation. Ta bouche quitte la mienne pour venir murmurer à mon oreille et chaque mot m'arrache un frisson supplémentaire, et mes jambes se nouent autour de ta taille, dans une lutte qui n'en est plus vraiment une. Je te veux, comme je t'ai toujours voulu. Je te veux avide de ravager, encore et encore, ce que j'ai toujours souhaité t'abandonner. Je veux me perdre et te perdre avec moi. Mes reins se cambrent et en un seul mouvement la danse entamée continue. Chaque sursaut m'arrache le peu de raison qui me reste et dont je ne veux plus. Mes mains s'accrochent à toi, cherchant à retenir l'assaut, l'encourageant à la fois, je pense que j'en suis à psalmodier ton nom. Je redoute la fin et pourtant je l'appelle. Mais je sais que je vais lâcher prise, car c'est là ce que tu as décidé. J’accède enfin à la requête, je ploie, tous mes muscles prêts à rompre, j'ai l'impression de me désincarner et j'entrevois ce dont nous rêvons tous : la possibilité de fusionner avec l'autre, de le faire sien, de devenir lui, de se fondre et de se perdre. Reste, je t’en prie, reste. Reste en moi.
J'ouvre les yeux dans le lit froid. Je n'interroge pas les ombres, je sais que tu n'es plus là. Mon corps se souvient pourtant de ton empreinte. Tu m'as abandonnée, incomplète... je me force à me rendormir aussitôt, souhaitant de toutes les forces qui me restent te retrouver, là, patientant... dans les ombres de la chambre.
Je ne suis jamais bien loin petite...
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19 Mai 2014
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