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EDC de Callian~48825

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Renouer

Mal... Bien... Peu importe, si tu fais ce qui te semble légitime.
Très bonne réponse. Oui, je le pense.
Si je te demande si tu as une montre, me donnerais-tu l'heure ?
Que ferais-tu donc de l'heure dans notre monde parfois si déconnecté de tout ? Je te donnerai ma montre.
Toi je t'adore, tu reviens entière.
Oui, mais toi tu as choisi la cryo. Je ne comprenais pas le silence soudain, il m'a fallu un moment pour me rendre compte de l'évidence. Les départs sont légions, vers la mort froide ou la stase glacée. Cette éternité clonée encore et encore semble tous vous user et j'imagine que viendra l'heure où j'en serai au même point. Blasée, comme vous. J'irai moi aussi choisir ce sarcophage de glace, sur quelques paroles échangées, l'air de rien. Mon regard se posera sur les gens et les choses, amorphe, puis plus rien... le vide.
Ce vide, je le rêve déjà mais même lorsque vous croyez dur comme cristal que vous n'avez plus rien à perdre, ce sont les attentions et les sourires qui vous ancrent là, malgré vous. Des secours et des mains tendues, même les plus inattendues, comme la tienne. Tu dois encore me raconter ton histoire, je n'oublie pas. Je serai là pour te le rappeler lorsque tu décongèleras, sache-le.
En attendant, j'ai choisi l'inconnu et certainement une future tourmente. Par envie, par nécessité ? Me confronter à l'extérieur pour mieux revenir ou pour mieux partir ?
Un après-midi, différent des autres car je mets le nez dehors. Mieux, je vais dans un bar. Ça ne m'est pas arrivé depuis... longtemps. Mon mentor était encore de ce monde et j'étais allée partager un verre d'eau avec Flavie. Ce passé me semble si lointain. L'atmosphère de ce bar est pourtant comme immuable. Bien que j'y mette pour la première fois les pieds, les sons, l'odeur, le nez des gens dans leurs consommations, un ensemble vivant, classicisme d'un secteur. J'ai l'impression d'être un fantôme si bien que je stoppe dans l'entrée, un instant. Le temps de respirer quelques secondes, de repousser une bouffée de panique. Alors que je rejoins l'elfe que je dois voir, il apparaît soudain, au détour d'une table. Mon ami. Je le considère toujours ainsi, bien que nous ne nous parlons plus vraiment... Il prend place, j'ai l'impression que nous nous sommes quittés hier. La marche du temps ici est si déroutante parfois. Il entame la conversation et aussitôt nous parlons de l'expédition. Vous êtes nombreux à sembler souhaiter que je revienne entière. Je ne suis pas sûre d'en avoir envie pour ma part mais je réponds que si, bien sûr je ferai attention.
Ce n'est pas parce que l'on ne se croise plus trop que j'oublie tous les moments de réconfort et de sympathie que j'ai vécus avec toi. Alors je ne veux vraiment pas que tu partes...
Je reste comme toujours campée sur mes positions. Partir, je le dois. Mais il semblerait que revenir, je le doive aussi à présent. Prendre conscience que son existence est reliée à celle des autres est déroutant. En m'enfermant, j'ai oublié ce principe élémentaire de la vie en communauté.
Le lendemain, j'ai mon communicateur en main et je tape un message. Il est temps de renouer, temps de s'extirper des limbes et du confort de n'être qu'une âme de passage. Mon message n'appelle plus de réponse, je crois qu'il s'agit plutôt d'excuses voilées. Comme s'il était nécessaire de régler certaines choses avant de partir, avant de risquer de ne plus reparaître.
Parce que fut un temps, converser tous les deux était juste bien. Parce que fut un temps, nous avons été proches et que tout ne peut disparaître juste dans le silence.
Tu es en train de dire que je te manque ?
Tu as toujours su comprendre ce que je voulais dire. Oui, notre amitié me manque. Même si je sais que je ne la mérite plus à tes yeux.
[...]
Comme tu l'as dit, certaines choses ne peuvent êtres effacées.
Tu veux dire, les choses bonnes comme les mauvaises ?
Oui, les bonnes comme les mauvaises.
Effacer. Ce serait si simple. Si tentant. Cryogéniser les souvenirs puis les laisser se fondre et disparaître. Mais je ne serai alors plus réellement moi. Nous ne serions que des âmes grises qui se croisent, incapables de se lier. Alors je prends les bonnes choses, comme les mauvaises. Je cesse là le dénigrement. Oui, il est temps de renouer.
Renovo : fortifier, recommencer, rappeler à la mémoire...
Te rappelles-tu du temps où nos âmes battaient à l'unisson. Avant qu'elles n'aient chu, fracassées, dans leur envol précipité. Je me dis que si je rappelle ces âmes à ma mémoire malade, alors elles renaîtront. Indestructibles.

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Héritage
29 Avril 2014
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